10 Pigments Plus Rares Xviiie Xixe Siecles
Depuis des siècles, les artistes et scientifiques explorent la palette des couleurs avec une fascination mêlée de respect. Au cœur de cette quête, certaines teintures ont acquis une valeur historique, économique et symbolique inestimable. Derrière chaque pigment se cache une histoire d’ingéniosité humaine, de commerce international, voire de controverses éthiques. Narayan Khandekar, directeur du Centre Straus pour la conservation des musées de Harvard, a répertorié dix pigments exceptionnels, témoins d’une époque où la couleur valait son pesant d’or. Ces trésors chromatiques, aujourd’hui analysés avec des méthodes scientifiques, révèlent des secrets surprenants.
À l’aube du XXe siècle, Edward Forbes, historien et conservateur d’art, entreprit de constituer une collection de pigments pour authentifier les œuvres picturales. Son objectif était clair : distinguer les originaux des contrefaçons en comparant les matériaux utilisés. « Les pigments étaient des indices matériels de l’authenticité », explique Clara Moreau, historienne des techniques artistiques. La collection, enrichie par des échantillons du monde entier, devint un outil indispensable pour les restaurateurs. Aujourd’hui, sous la direction de Narayan Khandekar, cette collection de plus de 2 500 nuances est étudiée avec des équipements modernes, révélant des compositions chimiques qui racontent des siècles d’échanges culturels.
L’ultramarine synthétique, créée par Jean-Baptiste Guimet en 1828, fut une révolution. Avant cela, l’ultramarine naturel, extrait du lapis-lazuli afghan, coûtait plus cher que l’or. « Transporter ce pigment depuis les mines de Badakhshan prenait des mois », raconte Thomas Lambert, chimiste spécialisé dans les matériaux anciens. La découverte d’un procédé chimique rendit la couleur accessible aux artistes, comme le montre le témoignage de la peintre Sophie Renaud : « Mes études à l’École des Beaux-Arts m’ont appris à reconnaître la profondeur unique de l’ultramarine, qu’il soit naturel ou artificiel. »
Le carmin, tiré des cochenilles mexicaines, a longtemps été utilisé pour teindre les tissus royaux et colorer les joues des aristocrates. « C’était un symbole de statut », note Élise Dubois, historienne des pratiques cosmétiques. Aujourd’hui, ce colorant naturel persiste dans certains produits alimentaires et cosmétiques, bien que des alternatives synthétiques aient réduit sa demande. « J’ai découvert son origine lors d’un stage en restauration », confie Lucien Fabre, conservateur, « et cela m’a fait réfléchir à l’éthique des matériaux artistiques. »
L’émeraude de chrome, succédant au vert de Scheele, illustre les risques de l’innovation. « Les artistes de l’époque ignoraient les effets du chrome », explique Narayan Khandekar. Ce pigment, utilisé jusqu’au XXe siècle, a causé des intoxications chez des peintres comme Cézanne. « J’ai analysé des échantillons où la dégradation du vert révélait des cristaux métalliques », ajoute Clara Moreau. Son héritage rappelle l’équilibre fragile entre esthétique et sécurité.
Le brun égyptien, ou « mummy brown », fut extrait des momies transportées en Europe aux XVIIe et XIXe siècles. « Les marchands broyaient les bandes imprégnées de résine pour en faire un pigment », déclare Thomas Lambert. Cette pratique, aujourd’hui réprouvée, soulève des questions éthiques. « J’ai refusé d’utiliser ce pigment lors d’une restauration », témoigne Lucien Fabre, « car il s’agissait de restes humains. »
Les techniques d’analyse comme la spectrométrie ou la microscopie électronique permettent de décomposer les pigments sans les altérer. « Ces méthodes ont révélé des mélanges insoupçonnés », précise Élise Dubois. Par exemple, l’étude du jaune de cadmium a montré qu’il était parfois mélangé à du soufre pour moduler sa teinte. « La précision actuelle change notre compréhension des œuvres », souligne Narayan Khandekar, « et guide les restaurations avec respect pour les choix originaux des artistes. »
Leur rareté résulte de l’épuisement des sources naturelles, de changements technologiques ou de prohibitions éthiques. L’émeraude de chrome, par exemple, est désormais peu utilisée à cause de sa toxicité. « Certains pigments, comme le carmin, restent présents mais en quantité réduite », explique Clara Moreau. La conservation de ces échantillons dans des institutions comme Harvard permet de préserver leur mémoire.
Seuls quelques artistes expérimentaux les utilisent, souvent pour des raisons symboliques. Sophie Renaud, qui a intégré le brun égyptien dans une série sur la mémoire, déclare : « C’est une façon de dialoguer avec le passé. » Cependant, les contraintes légales et la disponibilité limitée en font des matériaux exceptionnels. « La plupart préfèrent des alternatives modernes », ajoute Thomas Lambert, « mais l’histoire derrière chaque couleur inspire encore. »
Les analyses spectroscopiques sont indispensables. « À l’œil nu, certains pigments peuvent se ressembler », note Élise Dubois. Les archives historiques des artistes, croisées avec les résultats scientifiques, fournissent des pistes. « Parfois, un pigment inattendu révèle un ajout postérieur ou une erreur de documentation », confie Lucien Fabre. Cette quête de vérité matérielle reste un défi captivant pour les conservateurs.
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