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14 millions de Français concernés : ces médicaments ne seront plus remboursés dès 2025

En 2026, un changement profond s’apprête à bouleverser le parcours de soins de millions de Français souffrant de maladies chroniques. Une réforme en attente de signature va mettre fin à une protection longtemps considérée comme acquise : le remboursement à 100 % de tous les médicaments pour les patients en Affection de Longue Durée (ALD). Jusqu’alors, ces personnes bénéficiaient d’une exonération totale, peu importe la nature du traitement. Mais à compter du 1er février 2026, cette règle va être assouplie pour une catégorie bien précise de médicaments, ceux jugés à « service médical rendu » (SMR) faible par la Haute Autorité de Santé. Une décision qui, derrière un discours d’efficience budgétaire, soulève des inquiétudes légitimes sur l’équité du système de santé et l’impact concret sur la vie des malades.

Pourquoi cette réforme est-elle mise en place ?

Le contexte est clair : l’Assurance maladie doit réaliser 5,5 milliards d’euros d’économies en 2026 pour maintenir l’équilibre de son budget. Dans ce cadre, chaque poste de dépense est passé au crible. Une revue conjointe menée en 2024 par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale des finances (IGF) a identifié plusieurs leviers d’économies, dont l’un des plus rentables concerne précisément les remboursements des médicaments à SMR faible pour les patients en ALD.

Le rapport est sans appel : supprimer l’exonération pour ces traitements permettrait d’économiser 90 millions d’euros par an. Un montant bien supérieur à celui attendu de la réduction du remboursement des cures thermales, qui passera de 100 % à 65 % pour les mêmes patients, générant seulement 25 millions d’euros d’économies. Ces chiffres expliquent en partie la priorité donnée à cette mesure, même si son impact humain n’est pas mesurable en euros.

Quels traitements seront concernés par la baisse de remboursement ?

Les médicaments visés ne sont pas des spécialités coûteuses ni des thérapies innovantes, mais des produits du quotidien, présents dans la plupart des foyers. Leur utilisation est fréquente, parfois indispensable pour maintenir un confort de vie acceptable chez des patients déjà fragilisés par une maladie chronique.

Gaviscon®, largement utilisé pour soulager les brûlures d’estomac liées au reflux, fait partie de la liste. Pour Camille Fournier, 58 ans, diabétique de type 2 depuis plus de quinze ans, ce traitement est presque quotidien. « Mon traitement principal est bien pris en charge, mais les effets secondaires, comme le reflux, sont constants. Je prends Gaviscon deux à trois fois par semaine. Aujourd’hui, c’est remboursé intégralement. Demain, je devrai payer 5 euros par boîte. Multiplié par douze mois, ça fait plus de 300 euros par an. Ce n’est pas anodin. »

Quels autres produits du quotidien sont concernés ?

Spasfon®, utilisé pour les douleurs abdominales, est également sur la liste. Pour Élodie Vasseur, 42 ans, atteinte de sclérose en plaques, ce médicament est un soulagement précieux lors des poussées de spasmes. « Je ne le prends pas tous les jours, mais quand j’en ai besoin, c’est vital. Ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Si je dois commencer à compter chaque euro, je risque de retarder la prise ou d’attendre que la douleur devienne insupportable. Ce n’est pas une bonne gestion de la maladie. »

Les soins de confort sont-ils devenus des dépenses superflues ?

Dexeryl®, crème émolliente pour les peaux sèches, est un autre exemple. Pour les patients sous traitements lourds — chimiothérapie, corticoïdes, traitements immunosuppresseurs —, les troubles cutanés sont fréquents. « Ma peau se fissure en hiver, explique Thomas Lemoine, 63 ans, sous traitement pour une polyarthrite rhumatoïde. Sans Dexeryl, je ne peux pas dormir correctement. C’est un soin de base, mais il me permet de fonctionner. »

Meteospasmyl®, contre les ballonnements, et Bétadine®, antiseptique classique, complètent cette liste. Tous ces produits coûtent entre 2 et 6 euros, des montants qui peuvent sembler négligeables, mais qui s’accumulent rapidement quand on doit en utiliser plusieurs, parfois en alternance, sur une base régulière.

Comment le remboursement va-t-il changer ?

Actuellement, les patients en ALD bénéficient d’un remboursement à 100 % pour tous leurs médicaments, y compris ceux à SMR faible. À partir de février 2026, ce taux passera à 15 %, alignant ces patients sur le régime standard de l’Assurance maladie. Autrement dit, ils devront assumer 85 % du coût à leur charge.

Et la complémentaire santé ne comblera pas automatiquement ce fossé. Seules les mutuelles dotées d’options spécifiques prendront en charge une partie ou la totalité de ces médicaments. Pour les personnes aux revenus modestes, souvent déjà touchées par des maladies chroniques, souscrire à une option plus chère n’est pas toujours envisageable.

Quel impact sur les ménages les plus vulnérables ?

« On parle de 14 millions de patients en ALD, rappelle le docteur Sophie Renaud, généraliste à Lyon. Beaucoup vivent avec des pensions d’invalidité, des salaires réduits ou des retraites modestes. Pour eux, chaque euro compte. Ce n’est pas seulement une question de confort, c’est une question de dignité. »

Le risque, selon elle, est que certains patients renoncent à des soins pourtant indispensables à leur bien-être. « On connaît déjà le phénomène du renoncement aux soins pour les frais dentaires ou optiques. On pourrait bientôt l’observer pour des traitements cutanés, digestifs, ou antalgiques simples. »

La médecine à deux vitesses est-elle en marche ?

C’est l’une des principales inquiétudes exprimées par les associations de patients. « Cette réforme creuse un fossé entre ceux qui peuvent se permettre de payer leurs soins de confort et ceux qui ne le peuvent pas », alerte Mélanie Béranger, porte-parole de l’association Santé Chronique France.

« Les maladies chroniques ne se limitent pas à la prise d’un traitement principal. Elles affectent tous les aspects de la vie : la digestion, la peau, le sommeil, la mobilité. En considérant ces traitements comme secondaires, on nie la réalité du vécu des patients. »

L’association craint aussi une forme d’injustice territoriale. « Dans les zones rurales, où l’accès aux soins est déjà compliqué, un patient pourrait éviter de consulter pour un simple reflux ou une irritation cutanée, pensant que ce n’est “pas grave”. Mais ces symptômes, s’ils s’aggravent, peuvent mener à des complications bien plus coûteuses pour le système de santé. »

Les mutuelles seront-elles capables de compenser ?

La réponse dépend des contrats souscrits. Certaines mutuelles haut de gamme couvrent encore ces médicaments, mais leurs cotisations peuvent dépasser 100 euros par mois. Pour un retraité vivant avec 1 500 euros mensuels, ce type d’option est inatteignable.

« On assiste à une privatisation progressive de la prise en charge », analyse le professeur Antoine Dubois, économiste de la santé à l’université de Bordeaux. « L’État se désengage sur des postes jugés mineurs, et c’est le secteur privé — les mutuelles — qui reprend le relais. Mais ce n’est pas solidaire. Cela dépend du porte-monnaie. »

Quelles alternatives pour les patients ?

Face à cette réforme, les patients sont invités à anticiper. Certains pourraient se tourner vers des alternatives moins chères, comme les génériques ou les produits d’entretien de la peau non médicamenteux. Mais ces solutions ne sont pas toujours adaptées.

« Dexeryl a une formulation spécifique pour les peaux très sensibles, souligne le pharmacien Julien Moreau, à Toulouse. Les crèmes ordinaires peuvent irriter davantage. Et pour un patient sous corticoïdes, c’est contre-productif. »

Un autre levier serait la prévention. « En ajustant l’alimentation, en évitant certains médicaments irritants, on peut réduire les besoins en Gaviscon ou Meteospasmyl », explique le docteur Renaud. Mais là encore, cela suppose un accompagnement médical régulier, souvent limité par les délais de consultation.

Quel sera l’impact global sur le système de santé ?

L’économie attendue est de 90 millions d’euros, soit moins de 2 % des économies globales visées. Mais le coût humain pourrait être bien plus élevé. « Si les patients renoncent à des soins de base, on risque d’observer une augmentation des complications, des hospitalisations évitables, des arrêts maladie prolongés », prévient le professeur Dubois.

Des études internationales montrent que des soins de confort, bien pris en charge, réduisent à long terme les coûts globaux. Un patient dont la peau est correctement hydratée, dont les douleurs digestives sont maîtrisées, est plus stable, plus autonome, moins dépendant des soins aigus.

Quand et comment la réforme sera-t-elle appliquée ?

Le décret est en attente de signature. Son application est prévue pour le 1er février 2026. Les patients en ALD recevront probablement une information via leur caisse d’Assurance maladie, mais le niveau de clarté reste à confirmer.

« Il faut que l’information soit précise, accessible, et accompagnée de conseils », insiste Mélanie Béranger. « Un patient ne doit pas apprendre qu’il n’est plus remboursé en arrivant à la pharmacie. »

Quelle est la position des pouvoirs publics ?

Le ministère de la Santé n’a pas encore communiqué officiellement sur le sujet. Mais les documents internes cités par Le Parisien montrent une volonté d’ajuster les dépenses sans remettre en cause le cœur du dispositif ALD. « Il ne s’agit pas de supprimer la protection, mais de la recentrer sur les traitements essentiels », selon une source proche du dossier.

Cette distinction entre « essentiel » et « accessoire » reste toutefois subjective pour les patients. « Quand on vit avec une maladie chronique, tout ce qui améliore la qualité de vie est essentiel », résume Camille Fournier.

Conclusion

La réforme du remboursement des médicaments à SMR faible pour les patients en ALD marque un tournant. Elle traduit une pression budgétaire croissante sur le système de santé, mais aussi une évolution dans la perception de ce qui est « soin » et ce qui est « confort ». Pour des millions de Français, ces produits du quotidien ne sont ni superflus ni accessoires : ils font partie intégrante de leur gestion de la maladie. En les rendant payants, la réforme risque de créer une fracture invisible, mais bien réelle, entre ceux qui peuvent continuer à vivre dignement avec leur pathologie, et ceux qui devront faire des choix impossibles.

A retenir

Qu’est-ce que le SMR faible ?

Le Service Médical Rendu (SMR) est une évaluation réalisée par la Haute Autorité de Santé pour mesurer l’efficacité d’un médicament. Un SMR faible signifie que le bénéfice clinique du produit est jugé limité par rapport aux alternatives disponibles ou à l’absence de traitement.

Quels patients sont concernés ?

Les quelque 14 millions de personnes en Affection de Longue Durée (ALD), qu’il s’agisse de diabète, d’insuffisance cardiaque, de cancer, de sclérose en plaques, ou d’autres pathologies chroniques éligibles au 100 %.

Quand la réforme entrera-t-elle en vigueur ?

Le 1er février 2026, selon les informations actuelles. Le décret n’est pas encore signé, mais son application est prévue à cette date.

Les mutuelles prendront-elles le relais ?

Seules les complémentaires santé disposant d’options spécifiques couvriront ces médicaments. La majorité des contrats standards ne prévoient pas cette prise en charge, ce qui laisse une part importante de la dépense aux patients.

Peut-on renoncer à ces traitements sans danger ?

Dans certains cas, oui, mais cela dépend du patient. Pour d’autres, ces médicaments sont cruciaux pour éviter des complications ou maintenir une autonomie. Le renoncement peut avoir des conséquences indirectes sur la santé globale.

Anita

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