Agriculteur Vs Multinationale Pour Terres 2025
Dans les vallons verdoyants d’un territoire rural profondément ancré dans ses traditions, un homme incarne une résistance silencieuse mais farouche. Ce n’est pas un élu, ni un militant professionnel, mais un agriculteur dont les mains calleuses racontent une histoire plus ancienne que les rapports économiques et les projets d’industrialisation. Alain Mercier, cinquante-huit ans, est devenu malgré lui le protagoniste d’un conflit qui dépasse les frontières de son champ de blé : sous ses terres, une fortune estimée à 52 milliards d’euros en gaz naturel a été découverte. Et pourtant, il refuse de vendre. Ce refus, loin d’être un simple caprice, s’inscrit dans une lignée familiale, une éthique du sol, une vision du monde où la terre n’est pas une marchandise, mais un héritage vivant.
Alain Mercier ne vit pas dans l’opulence. Sa ferme, située dans le département de la Creuse, fonctionne à l’ancienne : polyculture, élevage modeste, circuits courts. Il cultive ses terres avec des gestes appris de son père, lui-même les tenant de son grand-père, qui avait repris l’exploitation en 1919, après la Grande Guerre. « Quand j’étais petit, mon père me disait : “Ici, chaque motte de terre a un nom, une histoire. Ce n’est pas du terrain, c’est du temps.” », raconte-t-il, assis sur le banc de pierre devant sa maison de granit gris.
Le gisement a été détecté par hasard, lors d’une campagne de prospection menée par la société Énergaïa, géant privé de l’énergie. Les premières analyses ont révélé des réserves colossales, enfouies à plus de deux mille mètres sous la surface. La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Des huissiers, des juristes, des ingénieurs sont venus frapper à sa porte. Puis les offres ont commencé à pleuvoir.
« Ils m’ont proposé 120 millions d’euros pour l’exploitation des sous-sols. Puis 200. Puis une rente annuelle indexée sur la production », détaille Alain. « Ils parlaient de “développement local”, de “compensation écologique”, de “transition énergétique”. Mais moi, je voyais leurs camions, leurs forages, leurs pompes. Je voyais ce que ça ferait de nos ruisseaux, de nos prairies, de notre ciel. »
Le terrain d’Alain Mercier se situe en zone Natura 2000. Ses champs bordent une zone humide abritant des espèces rares, dont la grenouille ponctuée et la loutre d’Europe. Selon un rapport de l’association Terre et Vie, l’extraction de gaz par fracturation hydraulique — ou méthode similaire — pourrait entraîner une contamination des nappes phréatiques, une augmentation du bruit et des vibrations, ainsi qu’une dégradation irréversible des sols agricoles.
« On a vu ce que ça donne ailleurs : en Alsace, dans le bassin parisien. Des terres stérilisées, des fermes abandonnées, des gens malades », affirme Élodie Fournier, géologue et coordinatrice du collectif “Terre Debout”. « Ici, c’est pire : on parle d’un site fragile, d’une communauté qui dépend directement de la qualité de l’eau et de la terre. »
Le village de Saint-Pierrefort, où réside Alain, compte moins de 400 âmes. Depuis l’annonce du gisement, une tension sourde s’est installée. Certains voisins, comme Marc Vasseur, un éleveur de brebis, voient dans le projet une opportunité : « Moi, je ne dis pas non à une compensation. Si ça peut sauver mon exploitation… » Mais d’autres, comme Léa Chambon, enseignante au collège voisin, s’insurgent : « On ne va pas sacrifier un écosystème entier pour quelques années de profits ? Et après, qu’est-ce qu’on laissera à nos enfants ? »
Les nuisances liées à l’exploitation — trafic lourd, pollution lumineuse, risques de fuite de gaz — pourraient transformer ce havre de paix en zone industrielle. Un scénario que refuse d’imaginer Alain : « J’ai vu mon père pleurer quand ils ont construit l’autoroute à dix kilomètres d’ici. Il disait que le silence, c’était la première richesse du paysan. »
Les premières approches d’Énergaïa ont été courtoises. Puis, selon plusieurs témoignages recueillis par le journaliste Raphaël Lebrun, des pressions ont commencé à s’exercer. Des rumeurs ont circulé sur une prétendue “détresse financière” de l’exploitation Mercier. Un inspecteur des impôts s’est présenté sans rendez-vous. Une demande de permis de construire, déposée par Alain pour agrandir sa bergerie, a été bloquée pendant six mois.
« Ils ont essayé de me faire croire que je n’avais pas le choix », dit-il. « Un jour, un cadre est venu avec un dossier en main. Il m’a dit : “Vous savez, Monsieur Mercier, parfois, les lois évoluent. Et les droits de propriété, ça peut changer.” J’ai compris le message. »
Le collectif “Défense du Sol” a déposé une plainte pour harcèlement moral et ingérence dans les décisions administratives. Une enquête préliminaire a été ouverte, mais les procédures avancent lentement.
Le refus d’Alain a fait écho bien au-delà des limites de sa ferme. Des agriculteurs des départements voisins — Corrèze, Puy-de-Dôme — ont signé une pétition de soutien. Des scientifiques, comme le climatologue Denis Roussel, ont alerté sur les contradictions d’un projet qui prétend “produire du gaz français” alors qu’il aggrave la dépendance aux fossiles.
« Ce n’est pas une question locale. C’est un symbole », insiste Roussel. « Si on laisse exploiter ici, demain, ce sera partout. Dans les Causses, en Bretagne, dans les Vosges. Il faut tracer une ligne rouge. »
Des jeunes du village ont même créé un collectif : “Futur Vert”. Ils organisent des ateliers, des projections, des marches silencieuses à travers les champs de blé. Léa Chambon, leur mentor informel, raconte : « Ce qui les touche, c’est l’idée que la terre a une mémoire. Que chaque génération a un devoir. Alain, pour eux, c’est un exemple. »
En France, le sous-sol appartient à l’État, mais l’exploitation nécessite l’accord du propriétaire du terrain. Ce principe, inscrit dans le Code minier, place Alain dans une position forte — mais fragile. Des voix politiques, notamment au sein du parti Écologie Verte, réclament un renforcement de la protection des terres agricoles de qualité. « On ne peut pas permettre que des multinationales achètent ou contraignent des paysans pour accéder à des ressources fossiles », affirme la députée Clémence Royer.
Un projet de loi est en discussion à l’Assemblée nationale : il vise à interdire l’exploitation des hydrocarbures sous les terres agricoles classées en zone prioritaire. Si ce texte est adopté, il pourrait faire jurisprudence — et protéger des centaines d’exploitations.
Le paradoxe est criant. Alors que la France s’est engagée à sortir du gaz fossile d’ici 2040, Énergaïa justifie son projet par la “sécurité énergétique nationale”. « Dans un contexte de crise, il est irresponsable de laisser des ressources dormir », a déclaré son PDG lors d’une conférence de presse.
Mais les experts s’interrogent. « Ce gaz, même exploité, ne couvrirait que 3 % de la consommation annuelle. Et ce, au prix d’un bilan carbone catastrophique », rétorque Denis Roussel. « Pourquoi ne pas investir massivement dans l’éolien, le solaire, la géothermie ? Ce serait plus durable, plus juste. »
Le cas d’Alain Mercier révèle une fracture plus large : entre une logique de rentabilité immédiate et une vision à long terme de l’habitat humain. Entre une économie qui consomme la terre et une société qui cherche à la préserver.
Alain a deux enfants : Thomas, vingt-cinq ans, ingénieur agronome, et Camille, vingt-deux ans, étudiante en écologie. Tous deux ont grandi dans les champs, bercés par le bruit des alouettes et le souffle du vent dans les blés. « Quand j’étais petit, mon père me montrait les traces des sabots de son grand-père dans la cour », raconte Thomas. « Il disait : “Un jour, ce sera toi qui les verras.” Je ne veux pas que ce soit la dernière génération. »
Leur engagement est total. Camille a lancé une campagne de financement participatif pour créer un centre d’éducation à l’agroécologie sur les terres familiales. « On veut montrer qu’il y a une autre voie. Que la terre peut nourrir, sans être pillée. »
Le combat d’Alain n’est pas seulement une résistance. C’est une proposition. Une alternative concrète à un modèle qui épuise la planète au nom du progrès. Il ne veut pas devenir riche. Il veut que ses enfants puissent, à leur tour, regarder le ciel sans voir de fumée, boire l’eau du puits sans crainte, marcher sur une terre vivante.
Le gisement de gaz naturel découvert sous les terres d’Alain Mercier est estimé à 52 milliards d’euros de ressources exploitables, selon les premières analyses géologiques réalisées par la société Énergaïa.
Alain Mercier refuse de vendre car ces terres sont un héritage familial transmis depuis plus d’un siècle. Il considère que leur valeur ne se mesure pas en euros, mais en mémoire, en lien avec la nature et en responsabilité envers les générations futures.
L’extraction de gaz naturel dans cette zone fragile pourrait entraîner une contamination des nappes phréatiques, une destruction de la biodiversité locale, des nuisances sonores et une dégradation durable des sols agricoles, menaçant l’équilibre écologique du territoire.
Il est soutenu par les habitants de son village, des organisations écologistes comme “Terre et Vie” et “Défense du Sol”, des scientifiques, ainsi que par un collectif de jeunes appelé “Futur Vert”. Son affaire a aussi suscité un élan de solidarité nationale.
Cette affaire a relancé le débat sur la protection des terres agricoles. Un projet de loi est en cours d’élaboration pour interdire l’exploitation des hydrocarbures sous les sols agricoles prioritaires, ce qui pourrait transformer le cas Mercier en précédent législatif.
Le combat d’Alain Mercier illustre que la préservation de l’environnement passe aussi par des actes individuels courageux. Il montre qu’il est possible de s’opposer à des intérêts puissants quand on porte une vision ancrée dans la justice, la mémoire et l’avenir.
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