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Alcool frelaté au Koweït : 13 morts et des dizaines de graves intoxications en 2025

Un silence pesant plane sur les quartiers où l’on ne parle plus qu’à voix basse. Un drame silencieux, mais violent, a frappé une communauté entière. Ce n’était pas un accident de chantier, ni une épidémie classique. C’était un verre. Un simple verre, offert dans la convivialité, devenu vecteur de mort. En quelques jours, un alcool frelaté a transformé des soirées de détente en cauchemar médical. Entre soins d’urgence, décès inexpliqués et aveuglement soudain, les témoignages affluent. Ce que l’on croyait être une intoxication isolée s’est révélé être une crise sanitaire aux ramifications profondes. Derrière chaque victime, une histoire. Derrière chaque verre, une chaîne de négligences, de trafics, et d’un vide législatif que l’on croyait maîtrisé.

Combien de personnes ont été touchées par l’alcool frelaté ?

Depuis samedi dernier, 63 cas d’intoxication ont été recensés dans les hôpitaux du pays, selon un communiqué officiel relayé par lindependant.fr. Les symptômes sont apparus de façon brutale : vertiges, nausées, douleurs abdominales, puis, chez les plus gravement atteints, une détresse respiratoire fulgurante. Les services d’urgence ont dû s’organiser en temps réel, activant des protocoles d’urgence rarement utilisés. « On a vu arriver des patients en groupe, comme s’ils avaient tous participé à la même soirée », raconte Samir Benali, médecin chef des urgences à l’hôpital Al-Farabi. « Certains parlaient encore, d’autres étaient déjà inconscients. On a compris très vite que ce n’était pas une intoxication alimentaire classique. »

Les analyses biologiques ont révélé la présence de méthanol, un alcool industriel hautement toxique. À faible dose, il provoque des troubles visuels ; à dose élevée, il peut entraîner l’insuffisance rénale, la cécité permanente, voire la mort. Le traitement est complexe : il faut administrer un antidote spécifique, souvent de l’éthanol ou du fomepizole, ajuster le pH sanguin avec du bicarbonate, et, dans les cas critiques, mettre en place une hémodialyse d’urgence. « Le méthanol est un assassin silencieux », explique le Dr Benali. « Il se transforme dans le corps en formaldéhyde et en acide formique, qui attaquent le système nerveux central. Une heure de retard peut faire basculer un patient vers la réanimation. »

Quelles sont les conséquences médicales les plus graves ?

Le bilan est lourd : treize décès ont été confirmés, et des dizaines de patients restent hospitalisés. Parmi eux, cinquante et un ont nécessité une dialyse d’urgence, signe d’une atteinte rénale sévère. Trente et un autres ont été placés sous assistance respiratoire, révélant un impact systémique du poison. Mais l’une des séquelles les plus terrifiantes concerne la vision. Vingt et un cas de troubles visuels majeurs ont été signalés, dont plusieurs cas de cécité totale. « Le nerf optique est extrêmement sensible à l’acide formique », précise le Dr Lina Chahine, ophtalmologue au centre hospitalier de Salmiya. « Certains patients nous disent qu’ils voient comme à travers un brouillard noir. D’autres ne distinguent plus que des ombres. Même avec un traitement rapide, la récupération n’est pas garantie. »

Les équipes médicales ont mis en place des suivis pluridisciplinaires : néphrologie, neurologie, ophtalmologie, et soutien psychologique. « On ne soigne pas seulement un organe, on soigne une vie bouleversée », souligne Farid Bouzid, coordinateur des soins intensifs. « Imaginez : un homme de 34 ans, père de deux enfants, qui se réveille après trois jours de coma et apprend qu’il ne verra plus jamais. Ce n’est pas qu’un cas médical, c’est un drame humain. »

Qui sont les victimes de cette intoxication ?

Les victimes appartiennent majoritairement à une communauté d’expatriés asiatiques, employés dans le secteur du bâtiment. Beaucoup travaillent pour la même entreprise, logés dans des dortoirs collectifs. « Ils partagent tout : les repas, les chambres, les moments de détente », explique Ravi Nair, travailleur social spécialisé dans les droits des migrants. « Dans ce contexte, une bouteille circule facilement. Un collègue dit : “J’ai trouvé un bon prix”, les autres suivent. Personne ne se doute que ce qu’ils boivent est du poison. »

Les enquêtes montrent que ces travailleurs, souvent isolés loin de leur famille, cherchent des moyens d’échapper à la pression du travail et à la solitude. L’absence d’alcool licite sur le territoire pousse certains à recourir à des circuits clandestins. « L’offre légale n’existe pas, donc la demande se tourne vers l’ombre », analyse Ravi Nair. « Et quand un produit est vendu à moitié prix, personne ne se pose de questions. »

Pourquoi l’alcool frelaté circule-t-il malgré l’interdiction ?

Le Koweït interdit l’alcool depuis des décennies. L’importation est illégale depuis 1964, et la consommation a été criminalisée dans les années 1980. Pourtant, la demande persiste, surtout parmi les expatriés. Cette prohibition stricte a créé un vide que les circuits clandestins comblent. « C’est un paradoxe classique : plus on interdit, plus on crée un marché noir », note Amal Al-Rashid, chercheuse en politiques publiques. « Et dans ce marché, la qualité n’est pas la priorité. Ce qui compte, c’est le prix et la discrétion. »

Les premières investigations pointent deux individus d’origine asiatique, soupçonnés d’avoir distribué les boissons frelatées à plusieurs dizaines de travailleurs. Les autorités judiciaires ont ordonné leur arrestation et lancé une enquête sur les filières d’approvisionnement. Les corps des victimes ont été transférés à la médecine légale pour autopsie, afin de confirmer les causes exactes du décès et établir des liens entre les cas.

Les conditions de fabrication de ces alcools artisanaux sont inconnues, mais les experts redoutent des distillations improvisées, réalisées dans des garages ou des arrière-salles, avec des produits chimiques dangereux. « Parfois, on utilise de l’alcool à friction, du dissolvant, ou même de l’antigel », révèle le Dr Benali. « Ce n’est pas de l’alcool frelaté, c’est un cocktail de solvants industriels. »

Comment la prohibition alimente-t-elle le trafic d’alcool frelaté ?

La population active du Koweït compte des millions de travailleurs venus d’Asie du Sud, notamment d’Inde, du Népal et du Bangladesh. Beaucoup vivent dans des conditions précaires, loin de leurs familles, avec peu de loisirs légaux. Dans ce contexte, l’alcool devient un refuge, même s’il est interdit. « Ces hommes ne boivent pas par plaisir excessif, mais pour oublier », insiste Ravi Nair. « Un verre, c’est un moment de chaleur humaine. Le problème, c’est qu’ils n’ont pas accès à un produit sûr. »

Après des saisies répétées de stocks illégaux, les trafiquants ont adapté leur modèle : au lieu de transporter de grandes quantités, ils produisent localement, à petite échelle. Ces micro-distilleries artisanales sont difficiles à détecter et encore plus à contrôler. « C’est un marché diffus, invisible, qui se nourrit de la vulnérabilité », ajoute Amal Al-Rashid. « Tant qu’on ne traitera pas la demande, on ne pourra pas éradiquer l’offre. »

Comment éviter que de tels drames ne se reproduisent ?

La crise actuelle a mis en lumière les failles d’un système de santé public débordé, mais aussi d’un cadre de prévention inefficace. « Il faut agir vite, mais surtout agir intelligemment », affirme Farid Bouzid. « Inspections ciblées, campagnes de sensibilisation dans les langues des travailleurs, signalements facilités : tout cela peut sauver des vies. »

Les hôpitaux ont mis en place des check-lists pour détecter les signes précoces d’intoxication au méthanol. Des équipes mobiles ont été déployées pour renforcer l’accueil dans les centres les plus touchés. La coordination entre services — urgences, néphrologie, ophtalmologie — s’est intensifiée pour éviter les retards dans les soins. « Chaque minute compte », répète le Dr Chahine. « Si on identifie le méthanol en moins de 12 heures, on peut éviter la cécité. Après, c’est trop tard. »

Parallèlement, les autorités sanitaires appellent à une meilleure traçabilité des produits, même illégaux. « On ne peut pas contrôler ce qu’on ne connaît pas », souligne un responsable de la santé publique, qui préfère rester anonyme. « Il faut que les travailleurs puissent signaler sans crainte, que les médecins puissent remonter l’information sans risque juridique. »

Quelles mesures concrètes peuvent prévenir de nouvelles intoxications ?

Les experts s’accordent sur plusieurs axes d’action. D’abord, renforcer la pédagogie : informer les communautés expatriées des dangers du méthanol, en utilisant des supports adaptés (affiches, vidéos, réunions dans les dortoirs). Ensuite, améliorer l’accès aux soins : garantir que tout patient suspecté d’intoxication soit pris en charge immédiatement, sans barrière administrative ou linguistique. Enfin, consolider les filières de signalement : créer des canaux sécurisés pour que les travailleurs puissent alerter sans craindre de représailles.

« On ne peut pas demander à des gens de vivre sans aucune échappatoire, et s’étonner qu’ils prennent des risques », conclut Ravi Nair. « Ce n’est pas seulement une question de santé, c’est une question de dignité. »

A retenir

Qu’est-ce que l’alcool frelaté et pourquoi est-il si dangereux ?

L’alcool frelaté désigne des boissons alcoolisées contrefaites, souvent fabriquées avec du méthanol, un alcool industriel hautement toxique. Contrairement à l’éthanol, le méthanol est métabolisé en acide formique, qui attaque le système nerveux, les yeux et les reins. Même de faibles quantités peuvent provoquer des séquelles irréversibles ou la mort.

Comment reconnaît-on une intoxication au méthanol ?

Les premiers symptômes ressemblent à une ivresse classique : nausées, vertiges, vomissements. Mais après 12 à 24 heures, apparaissent des troubles visuels (baisse d’acuité, vision floue), des douleurs abdominales, une respiration difficile, puis une détresse neurologique. Un retard de traitement augmente fortement le risque de cécité ou de décès.

Qui est le plus exposé à ce type d’intoxication ?

Les populations vivant dans des pays où l’alcool est interdit ou fortement taxé sont particulièrement vulnérables, surtout lorsqu’elles n’ont pas accès à des produits sûrs. Les travailleurs migrants, isolés et souvent mal informés, sont parmi les plus à risque, car ils peuvent recourir à des circuits clandestins pour des raisons économiques ou sociales.

Que faire en cas de suspicion d’intoxication ?

Il faut se rendre immédiatement aux urgences. Le traitement repose sur l’administration rapide d’un antidote (éthanol ou fomepizole), l’ajustement du pH sanguin et, si nécessaire, une hémodialyse. Plus l’intervention est précoce, plus les chances de survie et de récupération sont élevées.

Peut-on empêcher la circulation d’alcool frelaté ?

Éradiquer complètement ce phénomène est difficile, mais on peut réduire les risques par des mesures combinées : sensibilisation, accès à des soins rapides, signalements facilités, et répression ciblée des filières de production. Une approche uniquement répressive ne suffit pas ; il faut aussi répondre aux besoins humains sous-jacents.

Anita

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