Antenne Mobile Lescouet Gouarec Polémique 2025
Dans le calme reculé des monts d’Arrée, là où les vents balayent les landes et où les villages comptent leurs habitants comme des trésors de mémoire collective, Lescouët-Gouarec incarne un paradoxe moderne. Ce petit bourg des Côtes-d’Armor, à peine 230 âmes dont une trentaine regroupées au cœur du hameau, est pris dans une tension entre progrès numérique et préservation du cadre de vie. Alors que la fibre optique s’installe progressivement dans les zones rurales, rendant possible une connexion fiable, l’arrivée d’une seconde antenne relais de téléphonie mobile à quelques mètres de la première ravive des inquiétudes profondes. Les habitants, loin d’être indifférents à la modernité, s’interrogent sur les risques sanitaires, l’impact paysager et la nécessité réelle de cette double implantation. Un collectif s’est formé, un communiqué a été diffusé le 27 septembre 2025, et la voix des citoyens s’élève désormais avec une détermination tranquille, celle des gens qui connaissent leur territoire et veulent en maîtriser l’avenir.
Depuis deux ans, une première antenne relais a été installée sur le territoire communal, dans le cadre d’un programme visant à éradiquer les zones blanches en matière de couverture mobile. Cette initiative, saluée à l’époque par les autorités, répondait à un besoin réel : les appels d’urgence, la communication avec l’extérieur, l’accès aux services numériques – autant de préoccupations vitales pour des habitants souvent isolés. Cependant, l’annonce de l’installation d’une seconde antenne, à une distance ridicule de la première, a semé le trouble. Pourquoi doubler une infrastructure déjà en place ? Quel gain réel en termes de couverture ou de débit cela apporte-t-il ? Ces questions, simples mais fondamentales, sont au cœur des débats.
Le collectif d’habitants, mené par des figures locales comme Élise Kerjean, enseignante retraitée, et Yann Le Goff, agriculteur et ancien conseiller municipal, pointe du doigt une absence totale de concertation. On nous parle de progrès, mais on ne nous demande jamais si on en veut, ni à quel prix , confie Élise lors d’une réunion dans la salle communale. Nous ne sommes pas contre la technologie, mais contre une imposition silencieuse, sans dialogue. Yann, quant à lui, souligne l’aspect symbolique : Ici, chaque arbre, chaque talus a une histoire. Installer une antenne, c’est changer le paysage, modifier l’âme du lieu. Il faudrait au moins que ce soit justifié.
La proximité physique des deux antennes est le premier motif d’indignation. À moins de trente mètres l’une de l’autre, elles semblent redondantes. Les habitants s’interrogent sur l’efficacité d’un tel doublement : Est-ce que deux micros face à face amplifient mieux la voix ? ironise Gwenaëlle Ménard, pharmacienne de Plouguerneau venue s’installer à Lescouët-Gouarec pour la qualité de vie. Ce n’est pas une question de technologie, c’est une question de bon sens.
Les craintes sanitaires, bien que souvent minimisées par les opérateurs, restent présentes. Si les niveaux d’exposition aux ondes sont réglementés, la perception du risque, elle, n’est pas une affaire de chiffres. Mes enfants jouent à côté de cette zone , explique Loïc Troadec, père de deux jeunes enfants. Je ne veux pas qu’ils grandissent sous une double exposition, même si on me dit que c’est en dessous des seuils. On ne connaît pas les effets à long terme.
Par ailleurs, la transparence du processus inquiète. Aucune enquête publique, aucune réunion d’information n’a été organisée avant le lancement des travaux. Le maire, Pierre Kervella, reconnaît cette faille : Nous avons été informés tardivement, et sans détails. La décision semble prise en amont, sans réelle concertation avec les élus locaux.
La municipalité de Lescouët-Gouarec se retrouve dans une position délicate. D’un côté, elle doit répondre aux attentes des habitants, de l’autre, elle n’a pas de pouvoir direct sur l’implantation des antennes relais, qui relève de l’Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP) et des opérateurs privés. Nous comprenons que cette décision suscite des interrogations et des réactions , déclare Pierre Kervella dans un communiqué. Nous déplorons le fait qu’il faille une infrastructure supplémentaire si près de la première, sans que les bénéfices soient clairement établis.
Le conseil municipal a demandé des comptes aux services de l’État et aux opérateurs. Une demande de suspension des travaux a été formulée, accompagnée d’une demande d’étude d’impact environnemental et sanitaire. Nous ne sommes pas anti-technologie, mais pro-transparence , insiste Kervella. Si cette antenne est indispensable, qu’on nous le prouve. Sinon, qu’on la déplace ailleurs, là où elle manque vraiment.
L’affaire de Lescouët-Gouarec n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans un mouvement national de résistance à l’implantation d’antennes relais, souvent perçues comme imposées sans concertation. Mais elle illustre aussi une tension plus profonde : celle entre la nécessité de connectivité et le droit au cadre de vie.
Les zones rurales, longtemps oubliées par les opérateurs, sont aujourd’hui l’objet d’un effort de rattrapage. La loi oblige à couvrir 100 % du territoire en 4G d’ici 2025, et bientôt en 5G. Mais ce déploiement, parfois brutal, ne prend pas toujours en compte la spécificité des lieux. On ne peut pas appliquer un modèle standard partout , affirme Sophie Delaporte, géographe spécialisée en aménagement du territoire. Un village de 230 habitants n’a pas les mêmes besoins qu’une banlieue urbaine. Pourquoi implanter deux antennes là où une seule suffirait ?
Par ailleurs, la montée en puissance de la 5G exacerbe les inquiétudes. Si les opérateurs vantent des débits fulgurants et des applications révolutionnaires (voitures autonomes, télémédecine, etc.), les usagers ordinaires, surtout en milieu rural, ne voient pas l’intérêt immédiat. Ici, on veut surtout pouvoir appeler les pompiers ou consulter sa boîte mail sans coupure , résume Élise Kerjean. On n’a pas besoin de 5G pour ça.
Des alternatives techniques existent. Certaines communes ont opté pour des antennes mutualisées, partagées entre plusieurs opérateurs, évitant ainsi la prolifération de mâts. D’autres ont privilégié des solutions plus discrètes : antennes camouflées en clochers, en silos, ou installées sur des bâtiments existants.
À Coatascorn, un village voisin, la fibre optique a été déployée avec succès, offrant une connectivité fixe de qualité. Grâce à la fibre, on a un accès internet stable, même si le mobile reste capricieux parfois , explique Marc Le Dantec, habitant de Coatascorn. Peut-être que Lescouët-Gouarec devrait miser davantage sur la fibre plutôt que sur une surcapacité mobile.
Des solutions de type small cells – petites antennes de faible puissance – pourraient aussi être envisagées. Moins intrusives, elles permettent une couverture ciblée sans saturation du paysage. Mais leur déploiement nécessite une planification fine, et surtout, un dialogue avec les habitants.
L’affaire de Lescouët-Gouarec pourrait devenir un cas d’école. Elle montre que la transition numérique ne peut se faire sans les citoyens. Le collectif local a appelé à une réunion publique avec les opérateurs, l’ARCEP et les services de l’État. Nous ne voulons pas bloquer le progrès, mais en être les acteurs , insiste Yann Le Goff. Qu’on nous explique, qu’on nous écoute, et qu’on décide ensemble.
Des initiatives similaires émergent ailleurs en France. En Ardèche, un village a refusé une antenne tant qu’une étude indépendante n’était pas menée. En Corrèze, une concertation préalable a permis de trouver un emplacement consensuel. Le modèle top-down ne marche plus , estime Sophie Delaporte. Il faut repenser la gouvernance du numérique, surtout en milieu rural.
Le message est clair : pas de développement numérique au détriment du vivre-ensemble. Les habitants ne rejettent pas la modernité, mais exigent qu’elle s’adapte au territoire, plutôt que de le remodeler à sa convenance. Nous avons la fibre, nous avons une première antenne. C’est déjà beaucoup pour un petit village , conclut Élise Kerjean. Ce qu’on veut maintenant, c’est de la sérénité. Et un peu de respect.
Lescouët-Gouarec n’est pas un village en guerre contre la technologie. C’est un village qui réclame son droit à la parole. Dans un monde où le numérique s’impose comme une fatalité, cette commune des Côtes-d’Armor rappelle que les territoires ruraux ne sont pas des laboratoires d’expérimentation silencieux. Ils ont leur rythme, leur histoire, et surtout, leurs habitants. L’avenir de la connectivité ne se construira pas sans eux. Et peut-être que cette double antenne, finalement, servira d’alerte : celle d’un progrès qui oublie de regarder autour de lui.
Les habitants s’opposent à la seconde antenne en raison de sa proximité avec la première, de l’absence de concertation, et des craintes sanitaires et environnementales. Ils jugent l’installation redondante et potentiellement nuisible, sans bénéfice clair pour la communauté.
La municipalité n’est pas opposée au principe de la couverture mobile, mais elle déplore le manque de transparence et la proximité des deux antennes. Elle a demandé une suspension des travaux et une étude d’impact, appelant à une décision plus concertée.
Oui, des alternatives comme les antennes mutualisées, les small cells ou les installations camouflées existent. Elles permettent une couverture efficace tout en limitant l’impact visuel et sanitaire, à condition d’être intégrées dans une démarche de concertation.
Ce conflit reflète une tension croissante entre le déploiement accéléré des infrastructures numériques et le droit des citoyens à être consultés. Il soulève la question d’un modèle de transition numérique plus inclusif, surtout en zones rurales.
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