Babyboom Inattendu Terres Natae Pont Scorff
Dans le sud du Morbihan, niché entre les méandres de la rivière Scorff et les bois touffus de la Bretagne profonde, le parc animalier des Terres de Nataé vit une transformation profonde. Ce lieu, autrefois modeste réserve de biodiversité, s’impose aujourd’hui comme un acteur majeur de la conservation et de la reproduction d’espèces menacées. L’été 2024 restera marqué par une effervescence de vie : de nouvelles naissances, des projets ambitieux, et une vision claire d’avenir. Entre émotions, enjeux scientifiques et rêves d’expansion, plongée au cœur d’un sanctuaire où la nature reprend ses droits.
Cet été, le parc a vibré au rythme des premiers cris des nouveau-nés. Parmi les espèces les plus attendrissantes, les pandas roux ont fait sensation. Quatre petits, deux femelles et deux mâles, ont ouvert les yeux sous l’œil attentif de leurs parents et des soigneurs. Leur fourrure rousse flamboyante et leurs gestes maladroits en ont fait des stars instantanées auprès des visiteurs. Léa Guivarch, une jeune biologiste spécialisée en comportement animal, raconte : La naissance de quatre pandas roux en une seule saison est exceptionnelle. Ces animaux sont sensibles au stress, et chaque naissance réussie est une victoire pour l’équipe.
Les castors n’ont pas été en reste. Quatre petits ont vu le jour, bien que l’un d’eux n’ait malheureusement pas survécu. C’est difficile à vivre, confie Julien Berthier, soigneur depuis dix ans. Mais on sait que la nature a ses lois. Ce qui compte, c’est que trois petits se développent bien, avec une croissance régulière et des comportements exploratoires typiques de l’espèce.
Les espèces exotiques ont également contribué à cette vague de renaissance. Un ouistiti pygmée, minuscule primate aux yeux immenses, a été observé grimpant avec assurance sur les branches de son enclos. Un mangabey à collier, singe rare d’Afrique de l’Ouest, a donné naissance à un petit particulièrement vigoureux. Et du côté des primates arboricoles, un bébé atèle à tête brune s’est montré curieux, s’agrippant aux poils de sa mère pour explorer son nouvel environnement.
Côté volatiles, les ibis rouges et les ibis à tête chauve ont enrichi la biodiversité du parc. Leur plumage flamboyant attire immédiatement le regard, mais c’est surtout leur comportement social qui intéresse les ornithologues. Les ibis sont des indicateurs écologiques précieux, explique Camille Le Roux, chargée de suivi des oiseaux. Leur reproduction réussie ici signifie que nos zones humides sont bien gérées, avec une qualité d’eau et une alimentation adaptées.
Les naissances ne sont pas le fruit du hasard. Elles s’inscrivent dans une stratégie de conservation active, soutenue par des partenariats internationaux. Les Terres de Nataé participent à des programmes de reproduction en captivité, notamment ceux coordonnés par l’EAZA (Association européenne des zoos et aquariums). Ces programmes visent à préserver la diversité génétique des espèces menacées, en vue d’un éventuel réintroduction dans la nature.
Le parc a progressivement renforcé son engagement. Il y a dix ans, on accueillait surtout des animaux en provenance d’autres parcs, souvent pour des raisons de retraitement, explique Sébastien Musset, directeur des Terres de Nataé. Aujourd’hui, nous sommes capables de gérer des cycles complets de reproduction, avec un suivi vétérinaire, une alimentation sur mesure, et des enclos conçus pour limiter le stress.
C’est cette expertise qui a permis d’attirer l’attention de réseaux internationaux. Le cas du rhinocéros noir est emblématique. Espèce gravement menacée en Afrique, avec moins de 6 000 individus recensés à l’état sauvage, sa reproduction en captivité est cruciale. Les Terres de Nataé s’apprêtent à accueillir plusieurs spécimens dans le cadre d’un programme coordonné avec des réserves d’Afrique du Sud et des centres de recherche européens. Ce n’est pas une décision prise à la légère, précise Musset. Il faut des infrastructures adaptées, un personnel formé, et une vision à long terme. Mais c’est une responsabilité que nous assumons.
L’extension des Terres de Nataé, passant de 12 à 32 hectares, représente bien plus qu’un agrandissement physique. C’est une mutation écologique, scientifique et pédagogique. Le projet, attendu depuis 2021, a enfin reçu un avis favorable des autorités locales et environnementales. Cette validation marque un tournant.
Les 20 hectares supplémentaires seront dédiés principalement à la faune africaine. Les girafes, actuellement limitées dans leurs déplacements, bénéficieront d’espaces plus vastes, avec des parcours naturels, des points d’eau et des zones d’ombre adaptées à leur physiologie. Les hippopotames, dont l’enclos actuel est jugé trop exigu, auront accès à des bassins plus profonds et à des zones de terre ferme pour se reposer.
On ne parle plus de zoo, mais de sanctuaire , insiste Élodie Fournier, chargée de l’aménagement des espaces. L’idée est de recréer des écosystèmes fonctionnels, où les animaux peuvent exprimer leurs comportements naturels : marquage territorial, recherche de nourriture, interactions sociales.
L’extension permettra également d’accueillir de nouvelles espèces, en lien avec les programmes de conservation. Outre le rhinocéros noir, des espèces comme le léopard d’Afrique ou le serval pourraient intégrer le parc. Des zones humides seront aménagées pour les oiseaux migrateurs, et des forêts secondaires seront plantées pour les primates.
Derrière chaque naissance, chaque projet, il y a des hommes et des femmes passionnés. Leur quotidien est fait de vigilance, de patience, et d’émotions fortes. Thomas Lenoir, soigneur des primates, raconte : Quand tu vois un bébé ouistiti faire ses premiers pas, tu ressens une forme de fierté. Ce n’est pas “ton” animal, mais tu as contribué à son bien-être, à son développement. C’est un lien particulier.
Le travail des soigneurs est de plus en plus technique. Ils utilisent des logiciels de suivi comportemental, participent à des formations continues, et collaborent avec des vétérinaires spécialisés. On ne se contente plus de nourrir les animaux, explique Aïcha Bendjelloul, vétérinaire du parc. On étudie leurs rythmes biologiques, on adapte les environnements en fonction de leurs besoins, on intervient en cas de stress ou de maladie avec des protocoles très précis.
La dimension émotionnelle n’est jamais loin. La perte d’un castor nouveau-né a été vécue comme un échec, mais aussi comme un apprentissage. On a revu la température de l’eau, les matériaux du nid, la surveillance nocturne, détaille Julien Berthier. On ne baisse pas les bras. Chaque expérience, même douloureuse, nous rapproche de la réussite.
Au-delà de la conservation, les Terres de Nataé jouent un rôle économique et social majeur. Situé à Pont-Scorff, à quelques kilomètres de Lorient, le parc attire chaque année des dizaines de milliers de visiteurs. L’extension devrait permettre de doubler cette fréquentation, créant des emplois supplémentaires et stimulant l’économie locale.
Des écoles du Morbihan organisent régulièrement des visites pédagogiques. Les enfants sont fascinés par les pandas roux, mais ce qu’ils retiennent surtout, c’est le message de protection de la nature , note Marion Le Goff, enseignante en cycle 3. Le parc propose des ateliers sur la biodiversité, le changement climatique, et l’extinction des espèces.
Des partenariats sont aussi noués avec des universités. Des étudiants en biologie ou en écologie viennent y effectuer des stages. C’est un terrain d’étude exceptionnel, souligne le professeur Denis Moreau, de l’université de Rennes. On observe des comportements, on teste des protocoles, on évalue l’impact des aménagements. C’est de la recherche appliquée au service de la conservation.
L’avenir est prometteur, mais semé d’obstacles. Le financement de l’extension reste un enjeu. Si des subventions publiques ont été obtenues, des appels à dons et des partenariats privés sont en cours. On ne veut pas sacrifier la qualité pour aller vite , insiste Sébastien Musset.
La gestion des nouvelles espèces, notamment le rhinocéros noir, nécessitera des investissements humains et techniques conséquents. Ces animaux sont puissants, sensibles, et demandent des espaces sécurisés. Le parc devra aussi sensibiliser le public à la gravité de la situation des rhinocéros dans la nature, menacés par le braconnage et la perte d’habitat.
Enfin, l’équilibre entre accueil du public et bien-être animal reste délicat. On veut que les gens soient proches, mais pas trop proches , résume Élodie Fournier. Des aménagements discrets, des chemins en hauteur, des zones d’observation silencieuses seront mis en place pour respecter cet équilibre.
Les Terres de Nataé ne sont plus seulement un parc animalier. Elles incarnent une ambition : celle de devenir un pôle de conservation, d’éducation et d’innovation écologique. Entre naissances miraculeuses, projets d’envergure et engagement humain, ce lieu breton trace une voie nouvelle pour la cohabitation entre l’homme et le vivant. Dans un monde où les espèces disparaissent à un rythme effrayant, chaque petit panda roux, chaque ibis en bonne santé, chaque mètre carré d’extension, devient un acte de résistance. Et peut-être, un espoir.
Plusieurs espèces ont donné naissance à des petits cet été : quatre pandas roux (deux femelles, deux mâles), trois castors survivants sur quatre, un ouistiti pygmée, un mangabey à collier, un bébé atèle à tête brune, ainsi que des ibis rouges et des ibis à tête chauve.
Oui, les Terres de Nataé sont impliquées dans des programmes de reproduction coordonnés par l’EAZA. Le parc s’apprête notamment à accueillir des rhinocéros noirs dans le cadre d’un projet international de préservation de l’espèce.
Le parc passera de 12 à 32 hectares, avec une extension de 20 hectares dédiée principalement à la faune africaine, dont les girafes, les hippopotames et bientôt les rhinocéros noirs.
L’objectif est de créer des écosystèmes plus vastes et naturels pour améliorer le bien-être animal, favoriser la reproduction d’espèces menacées, et renforcer le rôle éducatif et scientifique du parc.
Oui, le parc reste ouvert au public durant les travaux. Certaines zones pourraient être temporairement fermées, mais les principales attractions restent accessibles, avec des informations régulières communiquées aux visiteurs.
En février 2026, quatre astronautes embarqueront pour un tour de la Lune lors de la…
Une passion née de livres, d’images stellaires et de rêves d’enfance. Jean-Charles Cuillandre incarne une…
Un traqueur GPS pas cher et ultra-efficace pour ne plus perdre ses affaires ? Le…
En Bretagne, deux villages testent un nouveau dispositif pour lutter contre les déserts médicaux :…
Des molécules organiques complexes, précurseurs de la vie, détectées dans les geysers d’Encelade grâce à…
Des chercheurs français ont créé du cartilage humain fonctionnel à partir de pommes décellularisées, une…