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Bitcoin : pourquoi il devient si difficile de s’en procurer sur les plateformes en 2025

Le 5 octobre 2025, les marchés financiers ont été secoués par un événement sans précédent : le Bitcoin a franchi la barre des 125 000 dollars, atteignant un sommet historique qui dépasse de 1 000 dollars son précédent record établi en août. Cette envolée spectaculaire, portée par une conjonction de facteurs politiques, institutionnels et structurels, a relancé le débat sur l’avenir de la cryptomonnaie reine. Mais derrière cette performance fulgurante se cache une réalité inquiétante pour les nouveaux investisseurs : le Bitcoin devient de plus en plus rare sur les bourses d’échange. Une pénurie inédite depuis sept ans, qui révèle une mutation profonde des comportements des détenteurs. À travers témoignages, analyses et données, plongée dans une tendance qui pourrait redéfinir le marché crypto.

Qu’est-ce qui explique la flambée du Bitcoin en 2025 ?

La hausse de 87 % du cours du Bitcoin en un an ne s’inscrit pas dans un vide. Elle résulte d’une série de décisions stratégiques prises à l’échelle mondiale, notamment aux États-Unis. Depuis le début de son second mandat, Donald Trump a fait des cryptomonnaies un pilier de sa politique économique. Ses déclarations publiques en faveur du Bitcoin, son soutien à l’adoption de lois assouplissant la régulation, et son appel à la création de réserves fédérales en Bitcoin ont instillé un sentiment de légitimité jusque-là absent. Pour Élodie Mercier, économiste à la Banque Fiducia, « Trump a réussi là où d’autres ont échoué : transformer le Bitcoin d’un actif spéculatif en symbole de souveraineté financière. Ce n’est pas seulement une politique, c’est un discours qui résonne avec une frange croissante de la population ».

Cette dynamique politique s’est accompagnée d’un autre phénomène clé : l’institutionnalisation du Bitcoin via les ETF spot. Depuis leur arrivée officielle à Wall Street en 2024, ces fonds négociés en bourse ont permis aux grands investisseurs institutionnels — fonds de pension, gestionnaires d’actifs, banques — d’acheter du Bitcoin sans avoir à gérer directement les clés privées. Pour Mathieu Laurent, trader à Paris, « les ETF ont été un catalyseur. Ils ont ouvert les vannes de l’argent institutionnel, qui auparavant hésitait à s’engager dans un marché perçu comme trop volatile ou opaque ».

Pourquoi est-il si difficile d’acheter du Bitcoin aujourd’hui ?

Malgré l’enthousiasme généralisé, une tension s’est installée sur les plateformes d’échange. Comme le révèle BFM Crypto le 7 octobre 2025, de nombreuses bourses, dont Binance et Coinbase, peinent à fournir du Bitcoin aux nouveaux investisseurs. La raison ? Une raréfaction massive des réserves disponibles. Selon Matthew Sigel, responsable recherche chez VanEck, 14 milliards de dollars de Bitcoin — soit environ 114 000 unités — ont été retirés des principales plateformes en seulement deux semaines.

Les chiffres sont éloquents. Au 4 octobre 2025, Binance et Coinbase ne détenaient plus ensemble que 2,83 millions de Bitcoin, selon Cointelegraph. CryptoQuant, une plateforme d’analyse on-chain, affinait ce chiffre à 2,45 millions, soit le plus bas niveau en sept ans. Pour contextualiser, c’est moins que ce qu’elles détenaient en 2018, au plus fort du précédent cycle haussier. Cette chute brutale n’est pas due à une baisse de la demande, mais à un changement radical de comportement des détenteurs.

Que font les détenteurs de Bitcoin avec leurs avoirs ?

La tendance observée est claire : les investisseurs, particulièrement les gros portefeuilles (les « whales »), retirent massivement leurs Bitcoin des bourses pour les stocker dans des portefeuilles dits « froids ». Ces dispositifs, souvent des clés matérielles ou des solutions hors ligne, permettent de conserver les actifs en dehors de toute plateforme centralisée. C’est une stratégie de sécurité, mais aussi un signal de confiance à long terme.

« Je ne veux plus dépendre d’une entreprise pour garder mon argent », explique Julien Kessler, ingénieur informatique à Lyon, qui a retiré 15 Bitcoin de Coinbase fin septembre. « Les histoires de faillites comme FTX ou Mt. Gox ont marqué les esprits. Maintenant, je garde mes clés, je suis seul maître à bord. » Ce choix, de plus en plus répandu, est renforcé par les incitations à la détention : les cycles de halving (réduction de la création de nouveaux Bitcoin), la pression inflationniste persistante dans les économies traditionnelles, et la perception croissante du Bitcoin comme un « or numérique ».

Quelles sont les conséquences d’une telle pénurie sur les bourses ?

La raréfaction du Bitcoin sur les bourses a plusieurs effets immédiats. D’abord, elle augmente la pression à l’achat. Moins d’offre disponible, même avec une demande stable, pousse les prix à la hausse. Ensuite, elle fragilise les plateformes elles-mêmes. Moins de liquidités signifie des spreads plus larges, des temps de transaction plus longs, et une moindre attractivité pour les nouveaux utilisateurs.

« C’est un cercle vertueux pour le prix, mais un cercle vicieux pour l’accessibilité », résume Camille Nguyen, analyste chez CryptoWatch. « Les bourses se retrouvent dans une position délicate : elles doivent rassurer les utilisateurs tout en perdant leur principal actif de référence. » Certaines ont réagi en proposant des solutions alternatives, comme des produits dérivés ou des prêts de Bitcoin, mais cela ne résout pas le problème fondamental : la cryptomonnaie disparaît des circuits d’échange centralisés.

Est-ce le début d’un nouveau paradigme pour le Bitcoin ?

La tendance actuelle pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire du Bitcoin. Pendant des années, l’essentiel des transactions s’est fait sur des bourses centralisées. Aujourd’hui, on assiste à une désintermédiation progressive : les détenteurs préfèrent la possession directe, quitte à sacrifier la liquidité immédiate. Ce mouvement rappelle celui du marché de l’or dans les années 1970, lorsque les particuliers ont commencé à stocker physiquement leurs lingots, méfiants envers les banques.

Pour Thomas Régnier, historien des systèmes monétaires, « nous sommes en train de vivre la maturation du Bitcoin. Il passe d’un outil de spéculation à un actif de réserve. Ce n’est plus seulement un moyen d’échanger, c’est une forme de patrimoine. Et comme tout patrimoine, on le protège, on le cache, on le transmet ».

Cette évolution est aussi facilitée par les progrès technologiques. Les portefeuilles froids sont aujourd’hui plus accessibles, plus intuitifs, et mieux sécurisés. Des solutions comme les multisigs (signatures multiples) ou les portefeuilles héritables permettent même de planifier la transmission en cas de décès, un enjeu majeur pour les familles fortunées.

Quels enseignements tirer de cette situation pour les nouveaux investisseurs ?

Pour ceux qui souhaitent investir pour la première fois depuis 2018, l’accès au Bitcoin n’a jamais été aussi compliqué. Les plateformes affichent des délais de livraison allongés, des frais plus élevés, et parfois des impossibilités de retrait. Certains utilisateurs rapportent même des messages d’erreur lors de tentatives d’achat.

« J’ai voulu acheter 0,5 Bitcoin sur Kraken, et on m’a dit qu’il n’y en avait plus en stock. Je devais attendre une semaine », raconte Léa Dubreuil, étudiante en économie à Toulouse. « J’ai fini par passer par un vendeur privé, mais j’avais peur de me faire arnaquer. » Ce type d’expérience illustre le risque croissant pour les néophytes : dans un marché tendu, la tentation de recourir à des canaux non régulés peut s’avérer dangereuse.

La leçon est claire : investir dans le Bitcoin aujourd’hui ne se limite plus à cliquer sur un bouton. Il faut comprendre les enjeux de sécurité, de stockage, et de timing. « Le Bitcoin n’est plus un produit plug-and-play », prévient Julien Kessler. « Si tu veux en posséder, il faut être prêt à en assumer la responsabilité. »

Quel avenir pour les bourses de cryptomonnaies ?

L’avenir des bourses centralisées est désormais incertain. Face à la désaffection des détenteurs de Bitcoin, elles doivent repenser leur modèle. Certaines, comme Coinbase, investissent massivement dans la sécurité et la transparence, publiant régulièrement leurs réserves. D’autres, comme Binance, se diversifient vers les services financiers décentralisés (DeFi) ou les stablecoins.

Mais le défi reste immense. « Les bourses risquent de devenir des portes d’entrée, mais plus des lieux de conservation », estime Camille Nguyen. « Elles pourraient se transformer en guichets de distribution, comme les banques pour les lingots d’or, mais sans en garder le stock. »

Dans ce nouveau paysage, les acteurs qui survivront seront ceux capables d’offrir de la valeur ajoutée : conseils, sécurité, intégration fiscale, ou services de custody institutionnel. Pour les petits investisseurs, cela pourrait signifier des coûts plus élevés, mais aussi une meilleure protection.

Conclusion

La flambée du Bitcoin à 125 000 dollars en octobre 2025 n’est pas qu’un simple cap symbolique. Elle est le symptôme d’une transformation profonde du marché : le Bitcoin quitte progressivement les bourses pour intégrer des portefeuilles privés, plus sécurisés, plus durables. Cette pénurie sur les plateformes, inédite depuis 2018, reflète une maturité accrue des détenteurs, mais aussi une nouvelle barrière à l’entrée pour les nouveaux venus. Entre opportunité et prudence, le marché crypto entre dans une ère nouvelle, où possession rime avec responsabilité.

A retenir

Le Bitcoin a-t-il vraiment atteint 125 000 dollars ?

Oui, selon plusieurs sources financières comme BFM Crypto et Ouest-France, le Bitcoin a franchi la barre des 125 000 dollars le 5 octobre 2025, dépassant son précédent record de 124 000 dollars établi en août. Cette hausse s’inscrit dans un mouvement de +87 % sur un an.

Pourquoi y a-t-il une pénurie de Bitcoin sur les bourses ?

La pénurie est due à des retraits massifs de Bitcoin vers des portefeuilles froids, hors ligne. En deux semaines, 114 000 unités (14 milliards de dollars) ont été retirées des principales plateformes. Les détenteurs préfèrent assurer eux-mêmes la garde de leurs actifs pour des raisons de sécurité et de confiance à long terme.

Est-ce dangereux de stocker du Bitcoin sur une bourse ?

Oui, car les bourses sont des entités centralisées, exposées à des risques de faillite, de piratage ou de régulation. L’effondrement de FTX en 2022 a montré que les utilisateurs pouvaient perdre l’accès à leurs fonds. D’où la tendance croissante vers les portefeuilles personnels, surtout pour les détenteurs à long terme.

Que doivent faire les nouveaux investisseurs face à cette pénurie ?

Les nouveaux investisseurs doivent être patients et prudents. Ils peuvent rencontrer des retards ou des impossibilités d’achat sur certaines plateformes. Il est conseillé de privilégier des solutions sécurisées, d’éviter les vendeurs privés non vérifiés, et de prévoir un portefeuille froid dès l’acquisition.

Les ETF Bitcoin spot ont-ils contribué à cette hausse ?

Oui, l’arrivée des ETF Bitcoin spot à Wall Street a permis aux investisseurs institutionnels d’acheter du Bitcoin de manière régulée et simple. Cela a attiré des flux massifs d’argent, renforçant la demande et soutenant la hausse des prix, tout en légitimant l’actif aux yeux des marchés traditionnels.

Anita

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