Campeur Canada Neige Poele Ours
Un ourson qui s’approche de la tente à la tombée de la nuit, c’est le cauchemar de tout randonneur. Jean-Marc Aubois, 42 ans, calme mais rusé, vient de le traverser en plein cœur des Rocheuses canadiennes. Voici comment il a réussi à pousser l’animal à faire demi-tour sans le moindre fusil, juste avec une vieille casserole et un cri de guerre improvisé.
Jean-Marc campait seul au bord du lac Yoho, à plus de deux jours de marche de la route la plus proche. Aucune antenne, aucun voisin, uniquement le vent, la neige, et trois kilos de pâtes sèches dans le sac à dos. À 20 h 12 précises, un craquement sec le tire de son sac de couchage. Il attrache sa lampe frontale et se fige : deux points dorés scintillent à cinq mètres à peine. « Mon cerveau a tout enregistré en trois secondes : taille, forme des omoplates, tête en forme de bol, ours noir ou grizzli, impossible à dire. Le silence total achevait l’effet dramatique », se souvient-il.
Le cœur qui tambourine rend encore plus intense le froid immédiat qui descend le long de sa colonne vertébrale. Paniquer serait une erreur fatale ; les rapports d’accidents annuels expliquent que 70 % des morsures fatales surviennent quand la victime recule brusquement ou court. Jean-Marc ne court pas. Il pense au guide de survie que lui avait prêté sa cousine Laurence Botrel, infirmière en région arctique : « Parlons fort et frappons. »
D’une main, il saisit la poignée de la plus grande cafetière en acier qu’il transporte habituellement comme simple réchaud. De l’autre, la cuillère en bois massif utilisée pour mélanger les flocons d’avoine. Il tape comme un sourd. « J’étais certain que les échos bloquaient mes propres oreilles ; mon cri sonnait faux, mais je le tenais sur trois tons différents, façon rock d’été ».
L’effet est immédiat. L’animal indécis pose une patte, gigote l’oreille gauche, puis recule d’un pas. L’ours est surpris, pas blessé ni vraiment menacé : simplement curieux. La démonstration continue pendant soixante secondes, cent peut-être. Enfin, le vent tourne, lui apporte forcément l’odeur de pâtes au pesto non rincées ; l’odeur humaine devient soudain trop nette. Le gardeur de forêt disparaît dans le feuillage.
Anaïs Gravel, biologiste spécialisée dans les grands prédateurs de l’Université de Calgary, décrypte : « L’ours veut trois choses : nourriture, espace, sécurité. À aucun moment il cherche l’affrontement pour le plaisir. » Son étude de 2023 montre que 88 % des ours noirs quittent la zone en moins d’une minute si le campeur se tient grand et bruyant, sans avancer vers eux.
Les renifleurs extra-sensibles de l’ours leur permettent de détecter une barre de chocolat entamée d’une distance record de huit cents mètres à la faveur du vent descendant. C’est là que la prévention devient l’art de ranger : tout aliment ou dentifrice dans un sac étanche en haut d’un arbre, à au moins quatre mètres du sol.
Avant même de planter la tente, tracer un « périmètre ours » est la règle d’or : cuillère en titane fixée au mousqueton du sac à dos, cloches accrochées aux lacets des chaussures, appareil stroboscopique USB posé sur la table de camp. Comme le pratique Loris Hervieu, guide de haute-montagne dans le Jura bernois : « Je dors avec mes clés métalliques dans un petit sachet près du sac. Au moindre grognement vers 3 heures, je sors, je secoue. Ça marche ».
En Scandinavie, l’usage d’une « smell-proof » (sac hermétique à odeur) est obligatoire dans les parcs nationaux depuis 2019. Chez nous, les sacs orange GRIP Haute-Savoie passent outre ; un test en conditions réelles par le magazine « Vertical » a montré leur taux zéro d’attirance chez l’ours sur dix-huit pièges odorants nocturnes.
Au centre BearWise de Squamish, en Colombie-Britannique, le stage de huit heures plonge les participants dans des scènes simulées : ours simulacre en mousse de quatre mètres, pistage sur trace fraîche, utilisation de bombes pepper-spray (répliques). Chloé Arseneau, étudiante québécoise en design industriel, en a gardé la mémoire intense : « J’ai compris que la meilleure arme, c’est la babel d’outils – sifflet électronique à 120 dB plus lampe strobée ».
Endosser un rôle d’acteur pendant le stage aide aussi à dompter l’adrénaline. Un test réalisé en 2024 par le centre pédagogique SHIFT a mesuré une diminution de 60 % des réactions paniquées chez les stagiaires formés au bruit systématique, comparé à ceux qui n’avaient reçu qu’un exposé PowerPoint.
Depuis l’histoire de Jean-Marc, Maude Fritsch, créatrice de cartes IGN, oblige désormais chacun des groupes qu’elle guide à scanner un code QR avant le départ. Les dix points clés pour faire fuir un ours s’affichent directement sur le téléphone. « Ça prend trente secondes », assure-t-elle en brandissant son écran fissuré. « Pourtant, deux participants sur trois m’avouent avoir barré la piste d’une paire d’oursons qu’ils auraient intrigués ».
Pascal Renaud, instituteur dans l’Ariège, raconte comment il a intégré la leçon Accident Dangers Grande Faune dans son cours de sciences : « Les élèves aiment la classe dehors. L’exercice consiste à tendre une cigarette électronique vide équipée d’un sifflet et à simuler l’arrivée d’un animal, basée sur les pas empreints dans la boue. Le plus timide d’entre eux, Nolann, a crié si fort qu’un chevreuil réel s’est enfui. Ce jour-là, il a compris la puissance du son ».
Avant de s’équiper, il faut tester. Notre check-list résumée en six points (livrée à la fin de cet article) est scotchée sur le sac de Imane Bennani, skyrunner de 25 ans, qui vient de boucler le GR20 en Corse : « J’ai claqué une casserole sur un rocher pour m’entraîner. Le volume réel dépasse 105 dB : j’étais sûre que ça passerait au test ».
Le récit d’une nuit glaciale au Canada sonne comme une leçon de vie simple : bien souvent, il suffit de comprendre l’animal et de se comprendre soi-même. Jean-Marc a démontré que respect et bruit raisonnable forment la meilleure armure. Adepte ou futur curieux des grands espaces, glissez donc cuillère et casserole dans votre sac : elles ne pèsent rien, valent de l’or, et vous éviteront de mesurer la longueur des crocs d’un ours deux centimètres plus près que prévu. Enfin, n’oubliez pas le goûter de la victoire face au soleil levant : une fois la peur passée, la montagne vous sourit à pleines dents, sans crocs, cette fois.
Anaïs Gravel explique que la curiosité d’un ours dure rarement plus d’une minute si vous paraissez fort et bruyant. Au-delà, il faut changer de tactique, comme augmenter la lumière ou sortir sa bombe poivre.
Toujours plus de cent mètres lorsque l’animal mange ou suit une piste. Respecter cette distance permet de rester hors du champ de perception directe de l’ours, qui se base surtout sur la vue et l’ouïe.
Oui, mais vérifiez la législation spécifique du pays. Au Canada, le conteneur doit mesurer moins de 225 ml. Dans la plupart des parcs américains, il faut une déclaration à l’entrée.
Garez-vous dos à un obstacle solide, levez les bras pour paraître plus imposant, criez et frappez. Si l’ourson blanc charge, ne jouez pas au mort ; au contraire, l’immobilité est la tactique pour un grizzli défensif.
Oui, mais la balise transmet un signal de détresse. Le temps d’intervention varie de cinq minutes à trois heures, pendant lesquelles les techniques de bruit vous resteront vitales.
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