Cgt Alerte Hopital Lannion Manifestation Paris
Alors que le système hospitalier public français vacille sous le poids d’une crise structurelle de plus en plus criante, les voix des soignants s’élèvent enfin, portées par une détermination que les années de sous-financement et de dégradation des conditions de travail ont forgée. À Lannion, dans les Côtes-d’Armor, comme dans de nombreux autres établissements de province, les professionnels de santé ne se contentent plus d’alerter : ils passent à l’action. Une délégation de douze salariés, tous membres de la CGT, quitte le nord de la Bretagne pour rejoindre Paris le 9 octobre 2025. Leur objectif ? Faire entendre leur cri d’alarme au cœur du pouvoir, lors d’une manifestation nationale organisée par la Fédération CGT santé et action sociale. Leur message est clair : le modèle actuel de financement à l’acte étrangle les hôpitaux, et la situation est désormais intenable.
À l’hôpital de Lannion, les signes de l’effritement se multiplient. Les services, autrefois pleinement opérationnels, fonctionnent désormais au ralenti. Les retards dans les soins, les annulations de chirurgies, les pénuries de matériel médical : les témoignages des soignants peignent un tableau alarmant. Élodie Renouard, infirmière en réanimation depuis dix-sept ans, raconte : On arrive le matin en espérant que le matériel sera là. Parfois, on doit improviser avec des solutions de fortune. On a manqué de cathéters pendant trois jours la semaine dernière. C’est inédit.
La dégradation n’est pas soudaine, elle s’étend sur plusieurs années. Pascal Lasbleiz, élu CGT et technicien en imagerie médicale, insiste : Ça fait des lustres qu’on sonne l’alerte. On nous répond par des vœux pieux, mais rien ne change. La tarification à l’acte, c’est un système qui pousse à faire plus pour gagner plus, mais qui ignore totalement la qualité des soins, la charge mentale et physique du personnel.
Les conséquences se font sentir sur tous les fronts. Les urgences sont saturées, les patients attendent parfois plusieurs heures avant d’être pris en charge. Les médecins, débordés, voient leurs plannings surchargés. Les agents d’entretien, eux aussi en sous-effectif, peinent à maintenir des conditions d’hygiène optimales. On fait le job, mais on sent qu’on est au bord du gouffre , confie Malik Troadec, agent de service hospitalier depuis quinze ans.
Le modèle de financement à l’acte, instauré progressivement depuis les années 2000, repose sur une logique comptable : chaque acte médical est facturé, et l’hôpital est rémunéré en fonction du volume de prestations réalisées. En théorie, cela devrait inciter à l’efficacité. En pratique, cela crée une pression insoutenable sur les équipes.
On est payés pour faire des scanners, pas pour prendre le temps d’expliquer aux patients ce que leurs résultats signifient , souligne Sophie Ménard, radiologue. On nous demande de produire, encore et encore, mais sans les moyens humains ni matériels.
Ce système favorise également les établissements urbains, mieux dotés, au détriment des hôpitaux de proximité comme celui de Lannion. Moins de patients, moins d’actes, moins de financement : une spirale infernale. On est pénalisés pour notre localisation , ajoute Pascal Lasbleiz. Alors qu’on joue un rôle crucial dans l’accès aux soins en zone rurale.
Le modèle actuel ne prend pas en compte les coûts réels de fonctionnement : entretien des locaux, formation du personnel, gestion des urgences imprévues. Résultat, les hôpitaux accumulent les déficits, réduisent les effectifs, et voient leur capacité d’accueil diminuer.
Derrière les chiffres et les rapports, il y a des vies. Des vies de professionnels qui, chaque jour, doivent faire face à des situations de plus en plus difficiles. On a l’impression de trahir nos patients , confie Élodie Renouard. On sait qu’ils méritent mieux, mais on n’a pas les moyens de leur offrir ce qu’ils devraient avoir.
Le moral est en berne. Les dépressions, les burn-out, les démissions : les phénomènes se multiplient. J’ai vu trois collègues partir en moins d’un an , raconte Malik Troadec. L’un a eu une dépression, une autre a changé de métier, le troisième a pris sa retraite anticipée. C’est triste. On a tous donné des années de notre vie à cet hôpital.
Le manque de reconnaissance alimente aussi la colère. On nous dit “merci” pendant la crise du Covid, mais après, on nous laisse tomber , déplore Sophie Ménard. On n’est pas des ressources humaines, on est des humains.
Le 9 octobre 2025, douze salariés de l’hôpital de Lannion prendront la route de Paris. Ce n’est pas une délégation choisie au hasard : elle représente la diversité des métiers hospitaliers. Infirmières, techniciens, agents d’entretien, radiologues… Tous unis par la même urgence.
Leur participation à la manifestation nationale organisée par la Fédération CGT santé et action sociale n’est pas symbolique. Ils veulent interpeller directement les décideurs politiques. On ne vient pas pour faire du tourisme , lance Pascal Lasbleiz. On vient pour dire que ça suffit. On veut des engagements concrets, pas des promesses en l’air.
Leurs revendications sont claires : un changement de modèle de financement, un renforcement des effectifs, une revalorisation des salaires, et une reconnaissance réelle du travail des soignants. Il faut sortir du financement à l’acte et revenir à une dotation globale qui prenne en compte la réalité du terrain , insiste-t-il.
La mobilisation à Paris s’inscrit dans un mouvement plus large. D’autres hôpitaux de province, de Normandie à l’Occitanie, ont rejoint l’appel. Ce qu’on vit à Lannion, d’autres le vivent aussi. On n’est pas isolés , précise Élodie Renouard.
La CGT ne se contente pas de dénoncer : elle propose. Le principal chantier est la réforme du financement hospitalier. Il faut basculer vers un système de dotation globale, basé sur les besoins réels de la population et des équipes , explique Pascal Lasbleiz. Ce modèle permettrait de stabiliser les budgets, de planifier à long terme, et de réduire la pression à la productivité.
Autre proposition : le recrutement massif de personnel. On ne peut pas continuer à faire plus avec moins , affirme Sophie Ménard. Il faut embaucher, former, et surtout, retenir.
La revalorisation salariale est également au cœur des revendications. Les salaires n’ont pas suivi l’inflation, encore moins la charge de travail , souligne Malik Troadec. On ne demande pas à devenir riches, mais à vivre dignement de notre travail.
Enfin, les syndicats appellent à une refondation du rôle des hôpitaux de proximité. Ils sont le socle du système de santé , insiste Pascal Lasbleiz. Il faut les renforcer, pas les fermer ou les réduire à des simples centres de soins ambulatoires.
Jusqu’ici, les réponses du ministère de la Santé ont été jugées insuffisantes par les soignants. Des mesures ponctuelles, comme des enveloppes d’urgence ou des campagnes de recrutement, sont perçues comme des rustines sur une digue fissurée.
On a eu droit à des déclarations, mais pas de plan de fond , critique Pascal Lasbleiz. On nous parle de “modernisation”, mais on sent surtout la casse.
Les élus locaux, eux, commencent à s’alarmer. Plusieurs maires du Trégor, dont celui de Lannion, ont signé un appel commun pour la sauvegarde de l’hôpital. C’est un service public essentiel , affirme le maire, qui souhaite rencontrer les représentants du ministère.
Mais les soignants restent sceptiques. On a déjà eu des réunions, des comités, des groupes de travail , rappelle Élodie Renouard. Rien n’a changé. Cette fois, on veut des actes.
La question est cruciale. Alors que la population vieillit et que les besoins en soins augmentent, les hôpitaux de territoire comme celui de Lannion sont plus que jamais indispensables. Mais leur survie n’est pas garantie.
Si on continue comme ça, certains services vont disparaître , prédit Sophie Ménard. Et quand on fermera le service de chirurgie ou de maternité, les patients devront aller à Rennes ou à Brest, à plus de 100 km. Ce n’est pas acceptable.
Le risque est aussi social. On perd non seulement un hôpital, mais un pilier de la communauté , ajoute Malik Troadec. Ici, on soigne, mais on emploie aussi. Des dizaines de familles dépendent de cet établissement.
La mobilisation du 9 octobre pourrait marquer un tournant. On espère que cette marche vers Paris fera réagir , dit Pascal Lasbleiz. Mais si rien ne change, on sera prêts à aller plus loin.
La situation à l’hôpital de Lannion n’est pas une exception. Elle est le reflet d’un système de santé public en crise, étouffé par des logiques comptables, des choix politiques discutables, et une absence de vision à long terme. Les soignants, qui ont donné leurs forces pendant des années, n’acceptent plus de servir de variable d’ajustement. Leur mobilisation à Paris en octobre 2025 n’est pas un simple cortège : c’est un appel au secours lancé à la nation. Un appel à repenser ensemble ce que doit être un hôpital public : un lieu de soin, de solidarité, et de dignité pour tous, patients comme professionnels.
Les soignants de l’hôpital de Lannion se mobilisent car ils estiment que la situation est devenue intenable : pénuries de matériel, sous-effectifs, pression croissante liée au financement à l’acte, et dégradation des conditions de travail. Ils rejoignent une manifestation nationale à Paris pour exiger des réformes structurelles.
Le financement à l’acte pousse les hôpitaux à privilégier le volume de prestations au détriment de la qualité des soins et du bien-être des équipes. Il pénalise les établissements de province, qui ont moins de patients, et ne prend pas en compte les coûts réels de fonctionnement.
Les manifestants demandent un changement de modèle de financement, un renforcement des effectifs, une revalorisation des salaires, et une reconnaissance du rôle vital des hôpitaux de proximité dans l’accès aux soins.
La CGT propose un basculement vers une dotation globale, le recrutement massif de personnel, une revalorisation salariale, et une politique de santé territoriale renforcée pour préserver les hôpitaux de proximité.
Le risque est la fermeture progressive de services essentiels (chirurgie, maternité, réanimation), ce qui obligerait les patients à se déplacer sur de longues distances et fragiliserait l’accès aux soins en milieu rural.
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