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Des chaussures données à la Croix-Rouge retrouvées en vente en Bosnie grâce à un AirTag

Qu’advient-il réellement des vêtements déposés dans les conteneurs solidaires ? Cette question, souvent balayée d’un revers de main, a pris une dimension inattendue grâce à l’initiative d’un influenceur allemand. En glissant un AirTag dans une paire de baskets données, Moe.Haa a révélé une chaîne de distribution opaque, remettant en cause les certitudes de milliers de donateurs. Derrière cette enquête technologique se cache un débat plus large sur la transparence des œuvres caritatives.

Pourquoi un influenceur a-t-il décidé de suivre ses dons avec un AirTag ?

L’idée est née d’une simple observation : chaque année, des millions de citoyens européens remplissent des sacs de vêtements usagés, persuadés qu’ils atterriront dans les mains de personnes en difficulté. Moe.Haa, créateur de contenu spécialisé dans les questions sociales, a voulu vérifier cette promesse implicite. « J’ai toujours pensé que mes dons servaient directement les sans-abri de Munich, confesse-t-il. Mais un jour, j’ai vu des vêtements similaires dans un marché de secondes mains à Prague. Ça m’a interpellé. »

Pour son expérimentation, il a choisi des baskets Nike Air Max en bon état, un modèle facilement identifiable. Le dispositif de suivi Apple, collé à l’intérieur avec une colle résistante à l’eau, a été activé via son iPhone. « L’AirTag ne contient pas de GPS classique, explique-t-il. Il communique avec les appareils Apple à proximité, ce qui permet une localisation presque en temps réel. »

Quel itinéraire improbable ont suivi ces chaussures ?

Le trajet commence à Starnberg, petite ville bavaroise où Moe dépose ses baskets dans un conteneur de la Croix-Rouge. Les premières heures sont routinières : le colis est collecté par un camion municipal, puis stocké dans un entrepôt à Munich. « J’étais curieux mais pas surpris, raconte-t-il. Jusqu’à ce que je vois le point sur l’application sauter à Vienne. »

Les données montrent ensuite un passage par Ljubljana, Zagreb, avant d’atteindre Sarajevo. « 800 kilomètres en cinq jours, précise-t-il. Ce n’était plus une distribution locale, mais un véritable commerce international. » Le point final sur la carte satellite révèle un marché de vêtements d’occasion à Mostar, en Bosnie-Herzégovine. Sur place, une cliente régulière, Lena Weber, confirme la provenance étrange des articles : « Ces vêtements allemands sont très populaires ici. Ils sont plus modernes que nos habits traditionnels. »

Comment la découverte des baskets en vente a-t-elle bouleversé les donateurs ?

La scène est saisissante : les Nike d’occasion, propres et bien alignées, affichent un prix de 10 euros. « Censées être données gratuitement, elles sont en réalité revendues à l’unité dans un marché à l’étranger », dénonce Moe dans sa vidéo virale. La vendeuse locale, interrogée sous couvert d’anonymat, reste évasive : « Mon patron les fait venir d’Allemagne. » Lorsqu’il évoque la notion de dons, elle réagit avec véhémence : « Ici, tout se vend. Rien n’est gratuit. »

Ce moment a profondément marqué Amir Novak, bénévole pour une association berlinoise : « J’ai toujours cru en la mission humanitaire de ces conteneurs. Découvrir ce circuit commercial m’a fait douter de mes propres actions. »

Quelle justification la Croix-Rouge allemande a-t-elle fournie ?

L’organisation a réagi via une vidéo TikTok, expliquant que « les vêtements déposés suivent des parcours variés ». Certains sont distribués localement, d’autres envoyés à l’étranger « dans des pays ayant plus de besoins ». Concernant les ventes, un porte-parole affirme : « Ce n’est pas un profit, c’est un moyen de soutenir nos actions. »

Cette réponse divise. Klaus Richter, économiste spécialisé dans le secteur non-profit, relativise : « Les ONG doivent générer des revenus pour fonctionner. Mais la communication doit être transparente dès le départ. »

Les pratiques de la Croix-Rouge sont-elles exceptionnelles ?

Non, selon les enquêtes récentes. En 2024, une Américaine, Brandy Deason, avait utilisé des AirTags pour suivre des déchets plastiques. Résultat : 60 % des sacs finissaient dans des décharges illégales au Mexique. « Ces outils technologiques deviennent des alliés inattendus pour des citoyens méfiants », note Dr. Elena Fischer, sociologue.

En France, une étude de l’Observatoire de l’Économie Sociale révèle que 43 % des conteneurs de dons sont exploités par des entreprises privées. « Le modèle économique repose sur un équilibre fragile entre solidarité et rentabilité », explique-t-elle.

Quelles leçons tirer de cette affaire ?

L’impact sur la confiance publique est tangible. Sarah Klein, mère célibataire qui donnait régulièrement, a suspendu ses dons : « Je préfère maintenant apporter mes vêtements directement aux associations. »

Pour Thomas Berger, expert en gouvernance associative, la solution passe par une traçabilité obligatoire : « Les donateurs devraient pouvoir scanner un code QR et suivre l’itinéraire de leurs objets, comme pour les colis Amazon. »

À retenir

Les dons dans les conteneurs sont-ils systématiquement redistribués gratuitement ?

Non. Selon les associations, entre 30 % et 50 % des vêtements sont revendus pour financer les opérations humanitaires. Les critères de redistribution varient selon l’état des articles et les besoins locaux.

Les dons sont-ils envoyés à l’étranger contre l’avis des donateurs ?

Oui, dans certains cas. La Croix-Rouge allemande justifie ces envois par des « besoins plus urgents à l’étranger ». Cependant, cette pratique n’est généralement pas mentionnée sur les conteneurs eux-mêmes.

Comment s’assurer que ses dons servent bien leur objectif ?

Plusieurs solutions existent : privilégier les dons directs aux associations locales, vérifier les certifications (comme le label Humanitaire Engagé), ou utiliser des plateformes de traçabilité comme DonTrack, expérimentée en Suisse depuis 2023.

Anita

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