Collection Exceptionnelle De 3000 Cactus Finistere
En plein cœur du Finistère, là où les champs de blé et les fermes traditionnelles semblent écrire une histoire immuable, une aventure botanique singulière s’est dessinée au fil des décennies. Ce n’est pas un jardin ordinaire que l’on découvre à Guipavas, mais une oasis de verdure exotique où cactus, aloès et succulentes prospèrent comme s’ils n’avaient jamais quitté leurs terres d’origine. L’histoire de la cactuseraie de Creisméas est celle d’un père curieux, de deux frères passionnés, et d’un rêve qui a poussé là où personne ne l’attendait. Entre innovation agricole, transmission familiale et respect de l’environnement, ce lieu raconte bien plus qu’une simple collection de plantes rares : il incarne une transformation profonde, à l’image de ces espèces qui s’adaptent à des sols inconnus pour y trouver leur équilibre.
En 1987, alors que les Labat cultivaient encore des légumes sur leurs terres, un cadeau insolite allait bouleverser leur trajectoire. Un missionnaire de la confrérie de Saint-Jacques, de retour d’Haïti, remit à leur père un rejet d’agave. Ce bout de plante exotique, fragile et inconnu dans cette région humide et tempérée, aurait pu être oublié. Mais la curiosité du paysan de Guipavas fut piquée. Il décida de le planter, non pas en serre, mais en pleine terre, comme un défi lancé à la nature bretonne. Contre toute attente, la plante survécut, puis prospéra. Ce succès inattendu sema une idée : et si d’autres espèces du même type pouvaient s’acclimater ici ?
C’est cette question qui a conduit André et Pierre-Henri Labat, alors jeunes agriculteurs engagés dans la culture de tomates, à réfléchir à une reconversion radicale. Pierre-Henri, aujourd’hui âgé de 62 ans, se souvient : Notre père nous montrait cette plante comme une curiosité, mais pour nous, c’était une révélation. On s’est dit qu’il y avait peut-être là une autre façon de faire de l’agriculture, plus en phase avec notre époque. Ce fut le début d’un long apprentissage botanique, nourri par des lectures, des échanges avec des spécialistes, et surtout, une observation attentive des réactions des plantes au climat local.
La décision de quitter la production maraîchère classique pour se consacrer aux succulentes n’a pas été prise à la légère. À l’époque, la tomate représentait une activité rentable, mais aussi épuisante, soumise aux aléas des marchés et aux contraintes des cultures intensives. On passait nos journées dans des serres surchauffées, avec des traitements chimiques, des cycles de production infernaux , raconte André Labat. On sentait qu’on perdait le lien avec la terre, avec le vivant.
Le tournant s’est opéré progressivement. D’abord, quelques essais en coin de jardin. Puis, des serres spécialement conçues pour réguler l’humidité, le soleil et la température, permettant aux cactus et aux aloès de se développer comme dans leurs milieux naturels – déserts mexicains, régions arides d’Afrique du Sud ou pentes ensoleillées des Andes. On a tout repensé : l’orientation des bâtiments, les matériaux, l’arrosage. L’objectif était de créer un équilibre, pas de forcer la nature , explique Pierre-Henri.
Aujourd’hui, la cactuseraie abrite près de 200 espèces différentes. Certains cactus atteignent plusieurs mètres de haut, d’autres, minuscules, ressemblent à des bijoux vivants. Les aloès, aux feuilles épaisses et luisantes, poussent en touffes serrées, tandis que les euphorbes, souvent confondues avec les cactus, ajoutent une touche d’étrangeté à ce paysage inattendu.
Le paradoxe saute aux yeux : comment faire prospérer des plantes du désert dans une région réputée pour ses pluies fréquentes et son climat océanique ? La réponse tient à une ingénierie fine et à une observation constante des besoins des végétaux. Les serres sont conçues pour capter un maximum de lumière tout en évacuant l’humidité. Les sols sont drainants, composés de gravier, de sable et de terre pauvre en matière organique – exactement ce dont ces plantes ont besoin.
Ce qu’elles craignent le plus, c’est l’eau stagnante , précise André. En Bretagne, on a l’avantage de ne jamais avoir de gel extrême, mais on doit compenser par une gestion très précise de l’arrosage. On arrose peu, mais profondément, et seulement quand le sol est sec.
Les frères Labat ont également appris à lire les signaux des plantes. Un cactus qui jaunit, un aloès qui ramollit – chaque symptôme est analysé comme un langage. Ce n’est pas de la culture intensive, c’est de l’écoute , sourit Pierre-Henri. On ne domine pas la nature, on dialogue avec elle.
Chaque année, près de 7 000 visiteurs franchissent les portes de la cactuseraie. Des familles, des écoles, des passionnés de botanique, mais aussi des curieux venus découvrir ce lieu improbable. Ouverte les mercredis et samedis après-midi, ainsi que pendant les vacances scolaires, la cactuseraie propose des visites guidées, des ateliers pour enfants, et bien sûr, une boutique où l’on peut repartir avec sa propre plante.
Ce que les gens aiment, c’est de toucher, de sentir, de comprendre , raconte Sophie Le Goff, enseignante en école primaire à Brest, qui y emmène régulièrement ses élèves. Mes CM2 sont fascinés par les formes, les épines, les fleurs parfois énormes qui sortent de nulle part. C’est une leçon de biologie vivante.
Pour d’autres, comme Thomas Rivoalen, photographe amateur, le lieu est une source d’inspiration. J’y suis venu par hasard un dimanche pluvieux. J’ai été sidéré par la beauté de certaines espèces. J’ai passé deux heures à photographier un seul cactus, dont les ombres changeaient avec la lumière du jour. C’est un lieu magique, presque secret.
Pour les frères Labat, la cactuseraie n’est pas seulement une activité économique, c’est un mode de vie. Moins de salariés, une gestion plus humaine du temps, une production vendue en direct – tout est pensé pour préserver un équilibre entre travail, nature et qualité de vie.
On a fait le choix de la sobriété , explique Pierre-Henri. On ne cherche pas à produire en masse. On veut que chaque plante soit en bonne santé, bien accompagnée. Et puis, on est là tous les jours. On voit grandir chaque spécimen. C’est une relation.
André ajoute : On a aussi voulu montrer qu’une autre agriculture est possible. Pas forcément plus rentable, mais plus durable, plus respectueuse. Ici, on n’utilise ni pesticides, ni engrais chimiques. On recycle l’eau, on utilise des matériaux naturels. C’est une ferme qui respire.
Alors que le réchauffement climatique modifie les conditions de culture en Europe, la cactuseraie de Creisméas pourrait bien être un modèle précurseur. Ces plantes, résistantes à la sécheresse et nécessitant peu d’eau, pourraient devenir des alliées précieuses dans un contexte de ressources hydriques limitées.
On a déjà été contactés par des jardiniers urbains, des collectivités, des architectes paysagistes , note André. Ils cherchent des espèces adaptées aux toits végétalisés, aux jardins secs, aux espaces publics faciles à entretenir.
Pierre-Henri voit là une opportunité : On n’a pas vocation à devenir une multinationale du cactus. Mais on peut transmettre ce qu’on a appris. Former, conseiller, inspirer. Ce serait une belle manière de prolonger l’aventure.
Malgré l’apparente réussite du projet, la vie à la cactuseraie n’est pas sans obstacles. Le manque de main-d’œuvre qualifiée dans ce type de culture est un frein majeur. Ce n’est pas un métier que l’on apprend à l’école , souligne Pierre-Henri. Il faut du temps, de la patience, un vrai intérêt pour les plantes.
La gestion des visiteurs, aussi, demande une attention constante. On veut rester ouverts, mais sans perdre l’âme du lieu , précise André. Pas question de devenir un parc d’attractions. Ici, on vient pour découvrir, pas pour consommer.
Et puis, il y a les caprices du climat. Un hiver trop doux, un printemps trop humide, une canicule inattendue – chaque variation oblige à réajuster les pratiques. On n’est jamais tranquilles , rit Pierre-Henri. Mais c’est aussi ce qui rend le métier vivant.
Avec l’âge, la question de la relève devient centrale. Les deux frères n’ont pas d’enfants impliqués dans le projet, mais ils ne désespèrent pas. On a formé plusieurs stagiaires, des jeunes passionnés , dit André. Certains sont partis, d’autres sont restés. On espère que l’un d’eux, un jour, reprendra le flambeau.
En attendant, ils documentent tout : les techniques de culture, les associations d’espèces, les erreurs passées. On veut laisser une trace , conclut Pierre-Henri. Pas seulement des plantes, mais une manière de faire.
La cactuseraie de Creisméas est devenue un lieu de référence dans le monde des plantes succulentes en France. Elle participe à des échanges internationaux, reçoit des chercheurs, collabore avec des conservatoires botaniques. Mais son impact le plus fort est local : elle a changé le regard des habitants sur ce qu’est une ferme, sur ce qu’est une plante, sur ce qu’est une vie possible en milieu rural.
Avant, on nous prenait pour des fous , se souvient André. Maintenant, les gens viennent nous demander des conseils pour leurs jardins. Ils comprennent que la diversité, c’est aussi une forme de résilience.
Tout a commencé en 1987, quand le père d’André et Pierre-Henri Labat reçoit un rejet d’agave d’un missionnaire de retour d’Haïti. Cette plante exotique, plantée en pleine terre en Bretagne, a survécu contre toute attente, semant l’idée d’une culture alternative aux légumes traditionnels.
Près de 200 espèces de cactus, aloès et autres succulentes sont aujourd’hui cultivées à la cactuseraie de Creisméas, dans des serres spécialement aménagées pour imiter leurs milieux naturels.
La cactuseraie accueille environ 7 000 visiteurs chaque année, notamment les mercredis et samedis après-midi, ainsi que pendant les vacances scolaires.
Épuisés par les contraintes de la culture intensive de tomates, André et Pierre-Henri Labat ont choisi de se reconvertir vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement, fondée sur l’écoute des plantes et la sobriété énergétique.
Oui, par son approche durable, son adaptation aux changements climatiques et sa promotion de plantes résistantes à la sécheresse, la cactuseraie de Creisméas incarne une forme d’agriculture alternative, à la fois écologique et humaine.
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