Un compte d’épargne inconnu offre 3,71 % aux mineurs en 2025 — et pourrait vous concerner

Dans un contexte économique marqué par des taux d’intérêt bas et une inflation persistante, les Français cherchent de plus en plus des alternatives fiables pour préserver et valoriser leur épargne. Le Livret A, longtemps considéré comme le pilier de l’épargne populaire, peine désormais à convaincre avec son rendement net de 1,7 %. Pourtant, un produit méconnu, mais d’une redoutable efficacité, émerge discrètement des circuits classiques : un compte de dépôt spécialisé, géré par la Caisse des Dépôts via la Banque des Territoires, qui affiche un taux de rémunération de 3,71 % brut — soit environ 2,6 % net après prélèvement forfaitaire unique. Ce dispositif, bien que peu visible, représente une opportunité significative pour une catégorie bien précise de mineurs. Son existence soulève à la fois des questions de justice financière, de protection des jeunes vulnérables et d’innovation dans l’accompagnement des talents émergents.

Quel est ce compte d’épargne méconnu qui surpasse le Livret A ?

Derrière ce produit discret se cache un outil de protection financière conçu pour des mineurs placés sous la tutelle de l’aide à l’enfance, mais aussi pour les jeunes actifs dans des domaines atypiques : artistes, mannequins, compétiteurs de jeux vidéo, ou encore influenceurs. Contrairement aux livrets classiques, ce compte n’est pas proposé au grand public. Il est géré par la Banque des Territoires, une entité de la Caisse des Dépôts, dans un cadre réglementé et sécurisé. Son taux de 3,71 % brut est particulièrement compétitif, bien supérieur à la moyenne des livrets jeunes, qui oscillent entre 2 % et 4 % net, selon les établissements comme le CIC ou certaines fédérations du Crédit Mutuel. Ce rendement avantageux n’est pas le fruit du hasard : il s’inscrit dans une logique de protection des revenus de jeunes souvent exposés à des flux financiers irréguliers ou à des situations familiales fragiles.

Pourquoi un taux si élevé pour une catégorie spécifique ?

La justification de ce taux exceptionnel repose sur une double mission : sécuriser des fonds souvent sensibles, et favoriser l’émancipation financière des bénéficiaires. Pour les enfants placés, les allocations de rentrée scolaire, les aides sociales ou les compensations liées à des accidents peuvent représenter des sommes non négligeables. Sans protection adéquate, ces fonds risquent d’être mal gérés ou détournés. Ce compte agit comme un bouclier : il garantit la conservation du capital tout en générant des intérêts significatifs. Pour les jeunes talents, la situation est différente mais tout aussi critique. Léo Mercier, un jeune streamer de 17 ans originaire de Lyon, a vu ses revenus exploser après une vidéo virale sur une plateforme de jeux. « J’ai gagné plus de 15 000 euros en six mois, mais personne ne savait comment les gérer. Mon tuteur a appris l’existence de ce compte par hasard, et maintenant tout est bloqué jusqu’à mes 18 ans, avec des intérêts qui tournent. C’est rassurant. »

Le dispositif répond donc à un besoin réel : empêcher l’exploitation ou la dilapidation des revenus des mineurs, tout en leur offrant un socle financier solide à leur majorité. Fin 2024, la Caisse des Dépôts estime que près de 190 000 jeunes pourraient en bénéficier, mais beaucoup restent encore dans l’ignorance de cette possibilité.

Comment fonctionne la protection des fonds ?

Le compte est entièrement bloqué pendant la minorité du bénéficiaire. Ni les parents, ni les tuteurs, ni les mandataires ne peuvent y accéder librement. Seuls des retraits exceptionnels, liés à des besoins éducatifs ou médicaux précis, peuvent être autorisés par décision administrative. Cette contrainte, souvent perçue comme restrictive, est en réalité une garantie. Camille Dubreuil, tutrice légale d’un enfant placé à Marseille, témoigne : « Avant, les aides étaient versées sur mon compte, puis je devais justifier chaque dépense. C’était lourd, et parfois mal compris par l’administration. Là, l’argent de l’enfant est à l’enfant. Il grandit avec, et il en deviendra pleinement propriétaire. »

Le mécanisme de rémunération est simple : les intérêts sont calculés mensuellement sur le solde du compte, et capitalisés chaque année. La flat tax de 30 % s’applique automatiquement, ce qui simplifie la gestion fiscale. Le rendement net, autour de 2,6 %, reste largement supérieur à celui du Livret A, même si ce dernier bénéficie d’une fiscalité avantageuse. Pour les jeunes artistes ou influenceurs, cette rémunération permet de transformer des revenus souvent volatils en un patrimoine durable.

Comment récupérer les fonds à la majorité ?

À 18 ans, le bénéficiaire devient titulaire du compte et peut demander le transfert des fonds. La procédure est majoritairement dématérialisée : une pièce d’identité, un RIB et une copie intégrale de l’acte de naissance sont nécessaires. Le suivi de la demande se fait en ligne, gratuitement, via un espace sécurisé. Ce système, mis en place pour fluidifier l’accès, a été salué par les services sociaux. « On constate moins de blocages administratifs », note Élodie Rambert, travailleuse sociale à Toulouse. « Avant, certains jeunes attendaient des mois pour récupérer leur argent. Maintenant, le processus est clair et traçable. »

Des exceptions existent toutefois : les majeurs sous tutelle ou les mineurs émancipés doivent effectuer leur demande par courrier, accompagnée d’un justificatif de situation juridique. Ce cadre strict vise à éviter toute récupération abusive par des tiers. Pour Clara Nguyen, une jeune danseuse étoile à 19 ans, ce dispositif a été salvateur : « J’ai commencé à gagner de l’argent à 14 ans avec des spectacles, mais ma mère gérait tout. Quand j’ai découvert que j’avais un compte bloqué avec plus de 12 000 euros, j’ai été choquée… et soulagée. C’était mon argent, protégé. »

Pourquoi ce produit reste-t-il méconnu ?

Malgré ses atouts, le compte reste confidentiel. Son accès restreint en est la première raison : il n’est pas proposé en agence, ni mis en avant dans les campagnes bancaires. Il relève d’un dispositif d’État, activé par les services sociaux, les établissements scolaires ou les caisses d’allocations familiales. Or, la coordination entre ces entités est parfois lacunaire. « On ne reçoit pas toujours les informations en temps utile », reconnaît Julien Ferrand, directeur adjoint d’un foyer de l’aide à l’enfance à Lille. « Parfois, l’enfant quitte le dispositif avant qu’on ait pu ouvrir le compte. »

En outre, les parents ou tuteurs ne sont pas systématiquement informés des droits associés à ce produit. Certains le découvrent par hasard, lors d’une demande de dossier social étudiant ou d’une recherche sur les aides aux jeunes artistes. Pourtant, la Caisse des Dépôts met à disposition un site dédié, avec des guides et des simulateurs. Des efforts de communication restent à faire, notamment auprès des écoles de spectacle, des fédérations esports, ou des plateformes numériques où évoluent les jeunes influenceurs.

Quelles sont les perspectives d’élargissement du dispositif ?

Face à l’essor des économies numériques et à la précarité accrue de certains jeunes, des voix s’élèvent pour élargir l’accès à ce compte. Des députés ont déposé des propositions visant à inclure tous les mineurs ayant des revenus professionnels, qu’ils soient artistes, freelances ou créateurs de contenu. « Ce n’est pas une niche pour quelques privilégiés, mais un outil de justice sociale », plaide la sénatrice Agnès Tournier, spécialiste des politiques jeunesse. « Pourquoi un jeune entrepreneur de 16 ans ne bénéficierait-il pas de la même protection qu’un enfant placé ? »

La Banque des Territoires étudie ces suggestions, mais reste prudente. « Notre mission est de protéger des publics vulnérables ou exposés », explique Thomas Lefebvre, responsable des produits d’épargne jeunesse. « Ouvrir le dispositif à tous les mineurs aurait un impact budgétaire important. Mais nous réfléchissons à des solutions complémentaires, comme des livrets jeunes à taux incitatifs, ciblés sur les revenus atypiques. »

Comment intégrer ce compte dans une stratégie d’épargne globale ?

Pour les familles ou tuteurs concernés, ce compte ne doit pas être vu comme une fin en soi, mais comme une pièce d’un puzzle financier plus large. Il peut être combiné à d’autres dispositifs : le Livret Jeune, le PEL, ou même des investissements encadrés via un compte-titres ordinaire. L’objectif est de construire une base solide pour l’indépendance future du jeune. « On a mis 8 000 euros sur son compte bloqué, mais on a aussi ouvert un PEL avec des versements mensuels », raconte Sophie Marquant, mère d’un jeune mannequin de 16 ans. « À 18 ans, il aura plusieurs options : études, création d’entreprise, ou simple sécurité financière. »

Les conseillers de la Caisse des Dépôts recommandent une approche personnalisée. « Chaque situation est différente. Il faut évaluer les revenus, les projets, le niveau de maturité financière. Ce compte est une sécurité, pas une contrainte. »

A retenir

Quel est le taux de rémunération de ce compte ?

Le compte offre un taux de 3,71 % brut, soit environ 2,6 % net après prélèvement forfaitaire unique de 30 %. Ce rendement est bien supérieur à celui du Livret A, actuellement à 1,7 % net.

Qui peut ouvrir ce compte ?

Il est réservé aux mineurs placés sous la protection de l’aide à l’enfance, ainsi qu’aux jeunes artistes, mannequins, compétiteurs de jeux vidéo et influenceurs générant des revenus professionnels.

Comment accéder au compte ?

L’ouverture est initiée par les services sociaux, les établissements scolaires ou les organismes de gestion des droits d’auteur. Le mineur ou son tuteur ne peut pas l’ouvrir directement en banque.

Que se passe-t-il à la majorité ?

À 18 ans, le bénéficiaire peut demander le transfert des fonds en ligne, en fournissant une pièce d’identité, un RIB et un acte de naissance. Le suivi de la demande est accessible gratuitement.

Peut-on retirer l’argent avant 18 ans ?

Non, le compte est bloqué. Des retraits exceptionnels sont possibles uniquement pour des motifs précis, justifiés et approuvés par l’administration.

Est-ce que ce compte pourrait être étendu à d’autres jeunes ?

Des discussions sont en cours pour élargir le dispositif, notamment aux mineurs entrepreneurs ou créateurs de contenu, mais aucune décision n’a encore été prise.

Ce compte de dépôt, bien qu’encore confidentiel, illustre une innovation discrète mais puissante dans la protection des jeunes générations. Il allie sécurité, performance et justice financière, dans un contexte où l’épargne peine à trouver du sens. Pour les centaines de milliers de mineurs concernés, il pourrait bien devenir le socle invisible de leur avenir. Pour le reste du public, il pose une question simple : pourquoi certains jeunes méritent-ils une protection financière que d’autres n’ont pas ?