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Cinq à dix oiseaux morts chaque jour à Sarzeau : la grippe aviaire décime les cygnes

Dans la paisible commune de Sarzeau, nichée sur la presqu’île de Rhuys au cœur du Morbihan, un drame silencieux se joue au bord des eaux calmes du Golfe-Pont Cassé. Depuis plusieurs jours, les cygnes, emblèmes gracieux de ce paysage maritime, disparaissent un à un, victimes d’un variant redoutable de grippe aviaire. Ce phénomène, rarement observé à une telle intensité chez cette espèce, inquiète autant les autorités locales que les habitants, témoins impuissants d’un spectacle inédit. Les services municipaux ont lancé une opération de surveillance accrue, tandis que naturalistes et riverains tentent de comprendre les contours de cette épidémie qui frappe de plein fouet une population jusque-là stable et emblématique.

Qu’est-ce que ce variant de grippe aviaire qui frappe les cygnes à Sarzeau ?

Le variant en cause appartient au groupe des virus influenza A, spécifiquement désigné comme hautement pathogène pour les oiseaux. Bien que les grippes aviaires touchent régulièrement différentes espèces d’oiseaux sauvages et domestiques, les cygnes — en particulier le cygne tuberculé, présent en abondance dans le golfe — semblent ici particulièrement vulnérables. Selon les premières analyses réalisées par les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), ce variant présente des mutations qui augmentent sa capacité de transmission et sa virulence chez les anatidés, famille à laquelle appartiennent les cygnes. Contrairement à d’autres souches qui affectent surtout les volailles d’élevage, celle-ci se propage rapidement dans les zones humides fréquentées par les oiseaux migrateurs.

Les symptômes observés sur les cygnes décédés incluent une perte d’équilibre, une respiration sifflante, et une immobilité anormale avant le décès. Ces signes, rapportés par des promeneurs comme Élodie Le Goff, habitante de Sarzeau depuis vingt ans, ont alerté les autorités dès la première semaine de l’apparition des cas.  J’ai vu un cygne couché sur la berge, les ailes tremblantes, incapable de se relever. C’était inhabituel. En général, ils sont si fiers, si alertes. Là, il semblait… abandonné , raconte-t-elle, encore marquée par la scène.

Pourquoi les cygnes sont-ils plus touchés que d’autres espèces ?

Les biologistes soulignent plusieurs facteurs qui expliquent cette sensibilité accrue. D’abord, les cygnes sont des oiseaux de grande taille, avec un métabolisme élevé, ce qui peut amplifier la réponse inflammatoire face au virus. Ensuite, leur mode de vie les expose davantage : ils se regroupent en colonies denses, surtout en hiver, facilitant la transmission du virus par les sécrétions nasales ou les fientes. Enfin, leur régime alimentaire, basé sur les végétaux aquatiques, les amène à fréquenter des zones boueuses où le virus peut rester actif plusieurs jours dans l’eau froide.

Le docteur Yannick Le Berre, vétérinaire spécialisé en pathologie aviaire, précise :  Les cygnes ont un système immunitaire qui réagit de manière excessive à certains virus. Cela peut provoquer une tempête cytokinique, une surréaction qui finit par tuer l’animal même si le virus n’est pas si agressif en lui-même.  Cette particularité biologique rend leur situation d’autant plus préoccupante face à un agent pathogène aussi instable.

Quelles mesures sont prises par la mairie de Sarzeau ?

Face à l’ampleur de la mortalité — entre cinq et dix cygnes retrouvés morts chaque jour —, la municipalité a mis en place un dispositif d’urgence. Des équipes municipales, formées en collaboration avec l’OFB, effectuent des ramassages quotidiens des cadavres dans les zones sensibles, notamment autour du Golfe-Pont Cassé et de l’étang de Lescou. Les corps sont ensuite transportés vers des centres de prélèvements pour analyses, puis incinérés dans des installations spécialisées afin d’éviter toute propagation.

Un arrêté municipal interdit désormais l’accès à certaines zones humides fréquentées par les cygnes, notamment aux chiens non tenus en laisse.  Les chiens peuvent ramener des virus sur leurs pattes ou leur pelage, et contaminer d’autres zones sans qu’on s’en rende compte , explique Lucien Rocher, adjoint à l’environnement de la commune. Des panneaux d’information ont été installés, invitant les promeneurs à ne pas toucher les oiseaux morts et à signaler tout cas suspect via une ligne dédiée.

Quel est l’impact sur l’écosystème local ?

La disparition de dizaines de cygnes en quelques jours ne concerne pas seulement un symbole local : elle a des répercussions écologiques mesurables. Les cygnes jouent un rôle dans la régulation des plantes aquatiques, en consommant certaines espèces envahissantes. Leur absence pourrait favoriser une prolifération d’algues ou de végétaux nuisibles, déséquilibrant l’ensemble du milieu.

Par ailleurs, les charognards comme les corbeaux ou les buses, qui se nourrissent parfois des carcasses, pourraient eux aussi être exposés au virus. Pour l’instant, aucun cas n’a été détecté chez d’autres espèces, mais les surveillances se multiplient.  On ne peut pas se permettre une propagation croisée , affirme Solène Kervella, chargée de mission biodiversité au sein du Parc naturel régional du Golfe du Morbihan.  Nous avons installé des caméras de surveillance pour observer les comportements des oiseaux charognards et détecter d’éventuels signes de maladie. 

Les habitants sont-ils en danger ?

Le risque de transmission du virus aux humains reste faible, mais non nul. Les autorités sanitaires rappellent que les grippes aviaires hautement pathogènes peuvent, dans de très rares cas, muter et infecter les personnes en contact direct avec des oiseaux malades ou leurs déjections. C’est pourquoi les agents de ramassage sont équipés de masques FFP2, de gants et de combinaisons jetables.

 Il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour la population générale , rassure le docteur Le Berre.  Mais il est essentiel de ne pas manipuler les cadavres, de bien se laver les mains après une promenade en zone humide, et surtout, de ne pas nourrir les oiseaux. Ce geste, souvent bien intentionné, peut aggraver la situation en les regroupant davantage. 

Quel avenir pour la population de cygnes à Sarzeau ?

La question hante les esprits des naturalistes et des amoureux du site. La population de cygnes à Sarzeau, estimée à environ 80 individus avant l’épidémie, pourrait être réduite de moitié si la tendance se maintient.  Même si le virus ralentit, il faudra des années pour que la colonie se reconstitue , prévient Solène Kervella. Les cygnes sont des oiseaux à reproduction lente : une femelle pond rarement plus de cinq œufs par an, et la survie des cygnets n’est pas garantie.

Pour autant, des espoirs subsistent. Des projets de suivi par puces électroniques sont à l’étude, afin de mieux comprendre les déplacements des survivants et d’anticiper d’éventuelles nouvelles contaminations. En outre, une collaboration avec des centres de sauvetage d’oiseaux aquatiques est en cours d’élaboration pour envisager un relâcher de cygnes réhabilités, dans le respect des protocoles sanitaires.

Comment les citoyens peuvent-ils agir ?

L’implication de la population est cruciale. Signaler tout oiseau mort ou malade est la première mesure. La mairie a mis en place un numéro vert et une application mobile permettant de géolocaliser les observations.  Plus on a d’informations en temps réel, plus on peut réagir vite , souligne Lucien Rocher.

Des bénévoles ont également été formés pour accompagner les équipes techniques. Parmi eux, Théo Garnier, étudiant en biologie à Vannes, participe aux patrouilles matinales.  C’est dur de voir ces animaux si majestueux mourir ainsi. Mais je préfère agir que rester spectateur. Chaque cygne retrouvé, c’est une donnée pour la science, une chance de mieux comprendre ce qui se passe. 

Quelles leçons tirer de cette crise ?

Cette épidémie rappelle la fragilité des équilibres écologiques, même dans des zones apparemment protégées. Elle illustre aussi l’importance d’un suivi régulier des populations d’oiseaux sauvages, souvent considérés comme des éléments décoratifs du paysage, alors qu’ils sont des indicateurs précieux de la santé environnementale.

 Les cygnes sont des sentinelles , affirme Solène Kervella.  Leur maladie est un signal d’alerte. Elle nous dit que quelque chose ne va pas dans notre environnement, peut-être lié aux changements climatiques, aux perturbations migratoires, ou à la pression humaine sur les milieux naturels. 

Quelle est la suite des opérations ?

Les autorités prévoient de maintenir les mesures de confinement sanitaire jusqu’à ce que plus aucun cas mortel ne soit détecté pendant au moins trois semaines consécutives. En parallèle, des prélèvements d’eau et de sol sont effectués régulièrement pour surveiller la persistance du virus. Un rapport complet sera remis à la préfecture du Morbihan d’ici un mois, qui décidera ou non de classer la zone en alerte renforcée.

La mairie envisage aussi une campagne de sensibilisation plus large, avec des ateliers scolaires et des conférences publiques, pour que les générations futures comprennent l’importance de préserver la biodiversité locale.  On ne peut pas laisser ce drame passer sans laisser de traces , insiste Lucien Rocher.  Il faut que Sarzeau en tire une leçon durable. 

A retenir

Quel est le niveau de mortalité chez les cygnes à Sarzeau ?

Entre cinq et dix cygnes sont retrouvés morts chaque jour depuis le début de l’épidémie, principalement dans la zone du Golfe-Pont Cassé, où la population est la plus dense.

Le virus peut-il contaminer les humains ?

Le risque est très faible, mais les personnes en contact direct avec des oiseaux morts ou leurs fluides doivent prendre des précautions (gants, masque, lavage des mains). Aucun cas humain n’a été signalé à ce jour.

Les chiens sont-ils concernés par les restrictions ?

Oui, les chiens doivent être tenus en laisse dans les zones sensibles, et il est déconseillé de les laisser s’approcher des cygnes ou des cadavres d’oiseaux, afin d’éviter toute contamination indirecte.

Les promeneurs peuvent-ils continuer à fréquenter les berges ?

Oui, mais ils doivent respecter les zones interdites, ne pas toucher les oiseaux morts, et éviter de nourrir les cygnes. La vigilance citoyenne est essentielle pour limiter la propagation.

Quand la situation devrait-elle s’améliorer ?

Les autorités espèrent voir l’épidémie s’essouffler dans les semaines à venir, mais la surveillance restera renforcée jusqu’à confirmation de l’absence de nouveaux cas sur une période prolongée. La reconstitution de la population prendra plusieurs années.

Anita

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