Dahlias Plante Oubliee Jardin Ete
Si les roses ont leurs romantiques, les tulipes leurs admirateurs et les pivoines leurs inconditionnels, les dahlias méritent bien leur place parmi les stars du jardin. Souvent négligés au profit de fleurs plus classiques, ces tubercules venus du Mexique révèlent pourtant des trésors insoupçonnés. Dans l’allée fleurie du jardin de Valérie Arnaud, paysagiste amateur depuis quinze ans, les dahlias volent chaque été la vedette. « C’est devenu une passion que je ne soupçonnais pas. Leur générosité florale et leur palette chromatique sont incomparables », confie-t-elle en coupant délicatement une fleur pour en faire un bouquet.
Si le dahlia est aujourd’hui une habituée des jardins européens, son histoire commence bien loin de nos contrées. Originaire des hauts plateaux mexicains, cette fleur était déjà cultivée par les civilisations précolombiennes. « Quand j’ai découvert que les Aztèques utilisaient les tubercules de dahlia comme nourriture et médicament, cela a changé mon regard sur cette plante », raconte Théo Vasseur, botaniste spécialisé dans les plantes historiques. Cette double utilisation, ornementale et utilitaire, explique peut-être l’engouement rapide pour cette fleur après son introduction en Europe à la fin du XVIIIe siècle.
Alors que beaucoup de jardins perdent de leur éclat en fin d’été, ceux qui accueillent des dahlias connaissent une seconde jeunesse. « Mi-août, quand mes rosiers commencent à fatiguer, c’est comme si mes dahlias prenaient le relais avec une énergie incroyable », observe Clara Dujardin, propriétaire d’un jardin remarquable en Normandie. Cette floraison tardive, qui peut durer jusqu’aux premières gelées, comble un vide esthétique dans le calendrier du jardinier.
Avec plus de 40 000 cultivars enregistrés, le choix peut sembler vertigineux. Pour Antoine Leclerc, pépiniériste spécialisé, « la clé est de mixer les formes et les hauteurs : des pompons bas en bordure, des cactus géants en fond de massif, et pourquoi pas quelques variétés à collerette pour le volume ». Cette stratégie permet de créer des scènes dynamiques où chaque variété trouve sa place.
La patience est de mise avec les dahlias. « J’ai longtemps fait l’erreur de les planter trop tôt, raconte en souriant Élodie Roux, jardinière débutante. Maintenant, j’attends systématiquement la mi-mai, quand les lilas sont en fleur. » Ces plantes frileuses demandent un sol réchauffé et un emplacement ensoleillé. « Dans mon jardin breton assez ombragé, j’ai dû créer des poches de soleil spécialement pour eux », explique Marc Forestier, qui a transformé son potager en jardin d’ornement.
La préparation du sol est cruciale. « Je creuse toujours des trous deux fois plus larges que les tubercules et j’ajoute un mélange de compost et de corne broyée », conseille Sophie Lenoir, membre d’une société d’horticulture locale. Le tuteurage préventif, surtout pour les variétés hautes, évite bien des déconvenues. « Après avoir vu mes plus beaux spécimens couchés par un orage, je ne prends plus de risques », confie-t-elle.
Dans la plupart des régions, les tubercules ne résistent pas au gel. « La première année, j’ai tout perdu par négligence », se souvient Nicolas Beaumont, jardinier amateur. Depuis, il a adopté une méthode rigoureuse : « Dès les premières gelées, j’arrache les tubercules, je les laisse sécher à l’air libre quelques jours, puis je les stocke dans des cagettes avec de la tourbe légèrement humide dans mon garage. » Ce rituel automnal garantit des plants vigoureux chaque printemps.
Parmi l’océan de possibilités, certains cultivars se distinguent. « Pour les débutants, je recommande ‘Bishop of Llandaff’, très résistant et florifère », suggère Amélie Charpentier, responsable d’une jardinerie en Île-de-France. Pour les amateurs de formes spectaculaires, ‘Karma Choc’ avec ses pétales sombres fait sensation. « Et impossible de ne pas craquer pour ‘Thomas Edison’, un dahlia décoratif aux fleurs énormes et parfaitement symétriques », ajoute-t-elle avec enthousiasme.
Comme toute plante, les dahlias ont leurs faiblesses. « Les limaces peuvent causer des dégâts importants sur les jeunes pousses », met en garde Pierre Lambert, qui a opté pour des barrières en cuivre autour de ses plants. L’oïdium peut aussi ternir le feuillage en fin de saison. « Une bonne circulation d’air entre les plants et des arrosages au pied permettent de limiter les risques », conseille-t-il.
Le mariage des dahlias avec d’autres plantes permet de créer des tableaux saisissants. « J’associe souvent des dahlias rose pâle avec des verveines de Buenos Aires et des graminées légères », décrit Laurence Moreau, dont le jardin a été primé l’an dernier. Pour un effet plus contemporain, les mariages avec des feuillages pourpres ou argentés créent des contrastes saisissants.
Attendez début mai, lorsque tout risque de gelée est écarté, pour mettre vos tubercules en terre.
Supprimez régulièrement les fleurs fanées et n’hésitez pas à couper des bouquets – cela encourage la production de nouvelles fleurs.
Certaines variétés offrent des pétales comestibles et des tubercules nutritifs, à condition d’éviter tout traitement chimique.
Au fil des saisons, les dahlias deviennent bien plus qu’une simple plante ornementale. Pour beaucoup de jardiniers comme Camille Duvall, qui en cultive une centaine de variétés différentes, « c’est une véritable passion qui se renouvelle chaque année ». Entre leur histoire fascinante, leur incroyable diversité et leur générosité florale, ces fleurs venues d’ailleurs ont tout pour séduire les jardiniers en quête de couleurs et de originalité.
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