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Découverte de thorium dans le Cantal : une manne énergétique déjà vendue à une société chinoise en 2025

Dans les montagnes escarpées du Cantal, là où les vaches salers broutent paisiblement sous un ciel souvent plombé, un petit village niché entre vallons et forêts est soudain entré dans les feux de l’actualité mondiale. Ce n’est ni pour ses fromages ni pour ses paysages, mais pour une découverte géologique d’ampleur : des gisements importants de thorium, un minerai rare dont les applications énergétiques pourraient redéfinir l’avenir du nucléaire. Pour les habitants, cet espoir s’est vite transformé en amertume. Car avant même que l’on parle d’exploitation, les droits sur ces terres avaient été cédés à une société étrangère, par des chemins obscurs et sans concertation locale. Ce récit, à la croisée de l’économie, de la géopolitique et de l’intime, raconte comment un village français est devenu l’enjeu d’un bras de fer silencieux entre souveraineté nationale et appétit mondial pour les ressources rares.

Quelle a été la nature de la découverte dans le Cantal ?

Une trouvaille fortuite au cœur des terres agricoles

En mai 2023, Jean-Marc Viallet, éleveur de vaches laitières depuis trente ans sur les hauteurs de Saint-Étienne-de-Carlat, creusait un nouveau puits pour irriguer ses prairies. En déplaçant des blocs de roche, il remarque des éclats métalliques aux reflets argentés, inhabituels dans cette région calcaire. Intrigué, il en rapporte quelques morceaux à un ami géologue de l’université d’Aurillac. Les analyses, d’abord discrètes, révèlent une teneur élevée en thorium – un élément rare, stable, et prometteur pour les futurs réacteurs nucléaires à cycle fermé.

« J’ai tout de suite imaginé des emplois, des jeunes qui reviendraient au village, peut-être même une usine de traitement locale », raconte Jean-Marc, assis sur le banc devant sa grange, les mains calleuses serrées autour d’un mug de café. « On vit ici avec le sentiment d’être oubliés. Quand j’ai appris ce que contenait ma terre, j’ai cru qu’on allait enfin exister. »

Un potentiel énergétique mondial

Le thorium, bien que moins connu que l’uranium, suscite un intérêt croissant dans le domaine de l’énergie nucléaire. Moins radioactif, plus abondant, et produisant moins de déchets à longue durée de vie, il est vu comme une alternative durable aux réacteurs traditionnels. Des pays comme l’Inde, les États-Unis ou la Chine investissent massivement dans la recherche sur les réacteurs au thorium. Or, la France, jusqu’alors peu active dans ce secteur, se retrouve soudain détentrice d’un gisement stratégique – sans en avoir conscience.

Qui détient les droits d’exploitation du thorium ?

Une transaction opacité via une filiale française

Alors que les rumeurs de la découverte s’ébruitent, un journaliste local plonge dans les archives foncières. Ce qu’il y découvre est sidérant : dès 2020, les droits miniers sur une grande partie du territoire communal ont été cédés à une société baptisée « New Horizons Global », immatriculée à Lyon. L’entreprise, apparemment française, est en réalité une filiale d’un consortium chinois spécialisé dans les matières premières stratégiques : China New Energy Group.

« Ce type de montage est fréquent », explique Élise Rambert, juriste spécialisée en droit minier. « Une entreprise étrangère crée une entité locale pour contourner les réglementations ou bénéficier de certaines exonérations. Ici, le contrat a été signé sans appel d’offres, sans consultation, et sans que la mairie n’ait été informée. »

Un silence assourdissant des autorités

Le maire de la commune, Laurent Bonnet, affirme n’avoir jamais été mis au courant. « On nous parle d’un contrat signé par l’État, via la DREAL, mais personne ne nous a consultés. Nous ne savons même pas à combien s’élèvent les compensations, ni si elles existent vraiment », déplore-t-il. Selon des documents obtenus par des associations de vigilance, la transaction aurait été justifiée par des arguments de “sécurité énergétique nationale” et de “partenariats stratégiques”. Mais aucune clause ne garantit de retombées locales.

Quels impacts sur la communauté locale ?

Un rêve brisé pour une économie en déclin

Le village de Saint-Étienne-de-Carlat compte 342 habitants. Depuis vingt ans, il perd chaque année quelques familles, quelques commerces, une école sur deux. Marie-Ange Laroche, institutrice depuis 1998, a vu ses classes se vider. « Quand on a appris pour le thorium, j’ai pensé : enfin, une chance. Mes élèves pourraient avoir un avenir ici, devenir ingénieurs, techniciens, travailler dans une filière d’avenir. »

Le sentiment d’injustice est profond. « On nous dit que c’est une ressource nationale, mais quand il s’agit de bénéfices, c’est toujours ailleurs qu’ils atterrissent », ajoute-t-elle. « Nous, on n’a même pas le droit de savoir ce qui va se passer sous nos pieds. »

Peur de la dépossession culturelle et environnementale

Au-delà de l’économie, c’est l’identité du lieu qui est menacée. L’extraction du thorium nécessite des opérations lourdes : forages en profondeur, traitement chimique, stockage de déchets radioactifs. Le risque de pollution des nappes phréatiques, déjà fragile dans cette zone karstique, inquiète les habitants.

« On ne veut pas devenir une zone industrielle au milieu des pâturages », affirme Camille Vernet, jeune bergère qui a repris l’exploitation familiale. « Notre fromage AOP, c’est notre patrimoine. Si l’eau est contaminée, tout s’effondre. »

Quel rôle joue la Chine dans cette affaire ?

Une stratégie géopolitique de long terme

La Chine a fait du thorium une priorité nationale. Depuis 2011, elle finance massivement la recherche sur les réacteurs au thorium, avec l’objectif d’en déployer à grande échelle d’ici 2035. Son modèle économique repose sur l’acquisition de ressources critiques à l’étranger, souvent via des filiales discrètes, pour sécuriser sa transition énergétique.

« La Chine ne cherche pas seulement de l’énergie, elle cherche de la souveraineté », analyse Thomas Lefebvre, chercheur à l’IFRI. « En contrôlant les gisements de thorium en Australie, au Canada, et maintenant en France, elle se positionne comme le futur leader du nucléaire de troisième génération. »

Une coopération économique ou une forme de néocolonialisme ?

Le terme est fort, mais il circule dans les discussions locales. « On n’est pas contre le progrès, ni contre les échanges internationaux », tempère Jean-Marc Viallet. « Mais quand une entreprise étrangère vient exploiter nos ressources sans nous associer, sans nous payer, sans nous consulter… ça ressemble à ce que les livres d’histoire appellent du colonialisme. »

Des voix s’élèvent aussi dans la classe politique. Le député du Cantal, Olivier Tournier, a déposé une proposition de loi visant à renforcer le contrôle des cessions de droits miniers. « Il faut que les ressources naturelles françaises servent d’abord les Français », martèle-t-il.

Quels bénéfices économiques pour la commune ?

Un vide juridique aux conséquences désastreuses

Le contrat signé entre l’État et New Horizons Global ne prévoit aucune clause de développement local. Aucun fonds d’indemnisation, aucune promesse d’emplois, aucun engagement de réinvestissement dans les infrastructures. Les bénéfices, estimés à plusieurs centaines de millions d’euros sur vingt ans, seront versés à la société mère basée à Pékin.

« C’est une aberration », déclare Élise Rambert. « En Norvège ou au Canada, une telle découverte aurait déclenché des négociations avec les communautés locales, des compensations, des partenariats public-privé. Ici, rien. »

Des retombées indirectes limitées

Quelques emplois temporaires pourraient être créés lors des phases de forage et d’exploration. Mais les postes qualifiés – ingénieurs, chimistes, responsables de sécurité – seront pour la plupart pourvus par des experts venus de l’étranger. Quant aux taxes, elles seront versées à l’État, sans mécanisme de redistribution automatique vers la commune.

Quelles sont les implications environnementales et sanitaires ?

Un risque de pollution mal évalué

Le thorium en lui-même n’est pas très radioactif, mais son extraction libère des éléments associés, comme le radium ou le plomb 210, qui peuvent contaminer l’eau et les sols. Les techniques de traitement, souvent basées sur des lixiviats acides, posent des questions de gestion des résidus.

« On ne peut pas comparer cela à une mine de charbon du XIXe siècle, mais les risques existent », prévient Sophie Delmas, hydrogéologue. « Dans une zone rurale comme celle-ci, une pollution même mineure pourrait avoir des effets irréversibles sur l’agriculture et la santé publique. »

Un débat sur la durabilité du nucléaire au thorium

Si le thorium est souvent présenté comme une énergie propre, son cycle complet – extraction, traitement, stockage – n’est pas sans impact. Et les déchets, bien que moins durables que ceux de l’uranium, restent radioactifs pendant des milliers d’années. « Aucune énergie n’est totalement verte », rappelle Thomas Lefebvre. « Le choix du thorium est techniquement pertinent, mais il doit s’accompagner d’une éthique de l’exploitation. »

Quelles solutions pour un avenir plus juste ?

Un appel à la transparence et à la souveraineté locale

Face à la colère montante, des collectifs citoyens se forment. « Nous ne voulons pas bloquer le progrès, mais nous voulons en être les acteurs », affirme Marie-Ange Laroche, devenue porte-parole du mouvement « Thorium Cantal ». Le collectif réclame une suspension des travaux, une enquête publique, et la création d’un fonds de développement local alimenté par une redevance sur l’extraction.

Une réforme du droit minier à l’étude

Le ministère de la Transition énergétique a annoncé l’examen d’une révision du code minier français, pour inclure des clauses de bénéfice partagé, de consultation des populations, et de protection environnementale renforcée. « Ce n’est pas une révolution, mais un pas vers plus de justice », commente Olivier Tournier.

A retenir

Le thorium découvert dans le Cantal : pourquoi est-ce important ?

Le thorium est un élément prometteur pour l’avenir du nucléaire, offrant une alternative plus sûre et durable à l’uranium. La découverte d’un gisement en France représente un enjeu stratégique majeur, tant sur le plan énergétique que géopolitique.

Pourquoi la commune ne bénéficie-t-elle pas de cette ressource ?

Les droits d’exploitation ont été cédés à une société chinoise via une filiale française, dans le cadre d’un contrat opaque conclu avant la découverte. Aucune clause ne garantit de retombées économiques ou sociales pour la population locale.

Quels sont les risques environnementaux liés à l’extraction du thorium ?

L’extraction et le traitement du thorium peuvent entraîner une contamination des sols et des nappes phréatiques, notamment par des éléments radioactifs secondaires. La gestion des déchets reste un défi technique et écologique.

La Chine cherche-t-elle à dominer le marché du thorium ?

Oui. La Chine investit massivement dans la recherche et l’acquisition de gisements de thorium à travers le monde, dans une stratégie de sécurisation de ses futures sources d’énergie propre et de positionnement géopolitique.

Que peuvent faire les habitants pour influer sur la situation ?

Les citoyens peuvent s’organiser en collectifs, exiger des enquêtes publiques, pousser à la révision des lois sur les droits miniers, et réclamer des compensations économiques et environnementales. Leur mobilisation pourrait servir de modèle pour d’autres territoires confrontés à des enjeux similaires.

Anita

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