Dispositif Anti Reggaeton Ia 2025
Quand le bruit du voisin devient insupportable, certains choisissent d’appeler la police, d’autres frappent au mur. Roni Bandini, lui, a décidé de coder une solution. Ce programmeur argentin, à la fois technicien averti et artiste dans l’âme, a transformé une nuisance sonore répétée en projet innovant : le Reggaeton Be Gone 1.0. Ce dispositif, à mi-chemin entre gadget high-tech et acte de résistance acoustique, utilise l’intelligence artificielle pour identifier et perturber en temps réel les morceaux de reggaeton diffusés via Bluetooth. Si l’idée fait sourire, elle ouvre en réalité un large champ de réflexion sur la manière dont la technologie s’immisce désormais dans les microconflits du quotidien, redéfinissant les frontières entre vie privée, respect du prochain et ingérence numérique.
À Buenos Aires, dans un immeuble modeste du quartier de Palermo, Roni Bandini vivait une situation devenue insoutenable. Tous les soirs, vers 22 heures, les basses sourdes du reggaeton traversaient les murs. « Ce n’était pas juste une chanson, raconte-t-il dans une interview filmée depuis son petit atelier. C’était une pulsation continue, répétitive, qui semblait ne jamais s’arrêter. » Plutôt que d’engager une discussion tendue avec son voisin – un jeune homme qu’il croisait parfois dans l’escalier sans jamais échanger plus que quelques mots – Bandini a opté pour une réponse à sa mesure : la technologie.
Ingénieur en informatique de formation, il s’est mis au travail dans sa chambre, entouré de cartons d’électronique, de câbles et d’un vieux Raspberry Pi récupéré d’un précédent projet. L’idée ? Créer un détecteur intelligent capable de reconnaître le reggaeton – avec ses rythmes caractéristiques, ses battements de caisse claire et ses refrains chantés en espagnol – puis d’envoyer un signal parasite pour interrompre la diffusion Bluetooth. « Je n’avais pas envie de faire la guerre à une personne, explique-t-il. Je voulais juste neutraliser le son, comme on désactive une alarme. »
Pour que son appareil fonctionne, Bandini a dû enseigner à une machine ce qu’est le reggaeton. Il a utilisé Edge Impulse, une plateforme open source dédiée à l’apprentissage automatique embarqué, pour entraîner un modèle d’IA. Pendant des semaines, il a alimenté le système avec des centaines de morceaux du genre : Daddy Yankee, Bad Bunny, J Balvin. Chaque piste a été découpée en fragments audio, puis analysée pour identifier les motifs récurrents – la signature rythmique du dembow, la fréquence des voix, les structures harmoniques simples.
« L’IA ne comprend pas la musique comme nous, précise-t-il. Elle repère des motifs statistiques. Mon but était de créer un filtre acoustique hyper-spécialisé, presque comme un radar sonore. » Une fois le modèle entraîné, il atteignait une précision de 75 % dans l’identification du reggaeton – un taux suffisant, selon lui, pour déclencher une action corrective.
Le Reggaeton Be Gone 1.0 n’a rien d’un produit industriel. Il s’agit d’un boîtier de 15 cm de côté, assemblé à la main, contenant un Raspberry Pi 3, un microphone USB, un écran OLED et une petite antenne Bluetooth. Programmé entièrement en Python, le système fonctionne en deux temps : d’abord, il écoute activement l’environnement sonore via le microphone ; ensuite, lorsqu’il détecte un morceau de reggaeton, il envoie une série de requêtes Bluetooth chaotiques vers l’enceinte ciblée, provoquant des coupures, des sauts de piste ou une déconnexion complète.
« Ce n’est pas une attaque informatique au sens strict, nuance Bandini. C’est une interférence contrôlée, comme quand deux ondes radio se croisent. » Le dispositif ne pirate pas l’appareil, mais exploite une faille de conception : les enceintes Bluetooth grand public acceptent souvent des connexions multiples, ce qui les rend vulnérables à ce type de perturbation.
Malgré son ingéniosité, le Reggaeton Be Gone 1.0 n’est pas infaillible. Sa portée est limitée à environ deux mètres. « Si l’enceinte est de l’autre côté du mur, mon appareil ne peut pas vraiment agir, confie Bandini. Il faut qu’il soit à proximité, dans la même pièce ou juste derrière une fenêtre ouverte. » Dans son cas, le voisin diffusait la musique depuis son balcon, ce qui a permis à Bandini de placer discrètement son boîtier sur sa propre fenêtre, à portée d’action.
« J’ai vu l’enceinte se déconnecter plusieurs fois en une soirée, sourit-il. Mon voisin a fini par la rentrer à l’intérieur. Mission accomplie. »
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Bandini n’a pas l’intention de commercialiser son invention. Il a simplement publié les plans, le code source et la liste des composants sur GitHub, permettant à d’autres bricoleurs de reproduire le projet. « Ce n’est pas une arme, c’est une démonstration », insiste-t-il.
Pourtant, l’accès à cette solution reste limité. Il faut posséder des compétences en programmation, en électronique, et disposer d’un minimum de matériel. « Je ne m’attends pas à voir ça dans tous les foyers, reconnaît-il. Mais peut-être que ça inspirera d’autres projets similaires, pour d’autres genres, d’autres nuisances. »
L’histoire de Bandini a fait le tour des réseaux sociaux, suscitant à la fois l’admiration et la polémique. Pour certains, comme Léa Tournesol, sociologue à l’université de Lyon, ce type d’innovation reflète une déshumanisation des rapports sociaux. « Plutôt que de parler à son voisin, on développe un dispositif pour le neutraliser à distance. C’est une forme de désengagement relationnel, presque une fuite dans la technique. »
En revanche, d’autres voient là une forme de résistance pacifique. « Si les autorités ne régulent pas les nuisances sonores, pourquoi ne pas laisser les citoyens s’auto-protéger ? » s’interroge Malik Zidane, ingénieur en acoustique urbaine, qui vit à Marseille dans un immeuble bruyant. « Moi, j’aimerais bien avoir un truc comme ça pour les soirées étudiantes du dessus. »
Le cas du Reggaeton Be Gone 1.0 touche à un débat plus large : jusqu’où peut-on aller pour protéger son intimité sonore ? Dans de nombreux pays, le droit au silence est encadré par des lois sur les bruits de voisinage. Mais ces textes sont rarement appliqués, surtout dans les zones urbaines denses.
« Il y a une asymétrie fondamentale, observe Camille Roussel, médiatrice spécialisée dans les conflits de copropriété. Celui qui fait du bruit exerce une liberté, mais celui qui subit n’a souvent aucun levier. » Dans ce contexte, des inventions comme celle de Bandini apparaissent comme des correctifs technologiques à des lacunes sociales.
Le Reggaeton Be Gone 1.0 n’est pas une exception isolée. Depuis plusieurs années, des chercheurs expérimentent des systèmes de filtrage sonore intelligent. Au MIT, un projet baptisé « SilenceBox » teste des capteurs capables de localiser une source de bruit et d’émettre un son inverse pour l’annuler – un principe d’anti-bruit utilisé dans les casques audio, mais appliqué à l’espace domestique.
« On entre dans une ère où chaque foyer pourrait avoir son système de défense acoustique », prédit Élias Nouri, chercheur en robotique sociale. « Des capteurs, des IA, des réseaux locaux capables de filtrer ce que l’on entend. »
Pourtant, cibler un genre musical spécifique pose question. Le reggaeton, souvent stigmatisé comme bruyant ou répétitif, est aussi une expression culturelle forte, particulièrement dans les communautés latino-américaines. « En brouillant un genre, on risque de brouiller une identité », alerte Sofia Mendoza, ethnologue spécialisée dans les cultures urbaines latino.
« Ce n’est pas le reggaeton qui est le problème, c’est son volume et son horaire », insiste-t-elle. Bandini, interrogé sur ce point, reconnaît le risque. « Mon appareil est un peu provocateur, admet-il. Mais il ne condamne pas un style musical. Il condamne l’absence de respect du silence. »
L’histoire de Roni Bandini est symptomatique d’une tendance croissante : l’individu qui, face à un problème social, conçoit sa propre solution technique, en marge des institutions. C’est le triomphe du « bricoleur du XXIe siècle », autonome, connecté, capable de coder, câbler, et déployer une réponse personnalisée.
Mais elle révèle aussi une forme de solitude technologique. Plutôt que de frapper à la porte, Bandini a frappé sur son clavier. Plutôt que de négocier, il a programmé. « Il y a quelque chose de triste là-dedans », confie Inès Belkacem, psychologue des relations de voisinage. « On remplace la parole par l’algorithme. Et quand tout le monde fait ça, on finit par vivre dans des bulles numériques, chacun contre tous. »
Le Reggaeton Be Gone 1.0 n’est pas près de devenir un best-seller. Il est trop fragile, trop spécifique, trop controversé. Mais son existence même dit beaucoup sur notre époque : une époque où la technologie n’est plus seulement un outil de communication ou de divertissement, mais une arme de pacification domestique. Elle nous permet de régler des conflits sans avoir à les affronter, de protéger notre intimité sans ouvrir la bouche.
C’est à la fois une avancée et un avertissement. Car si la technologie peut nous offrir du silence, elle ne peut pas nous rendre la conversation. Et c’est peut-être là, dans cet échange perdu, que réside le vrai bruit du monde moderne.
Il s’agit d’un dispositif expérimental conçu par le programmeur argentin Roni Bandini, capable de détecter et de perturber les morceaux de reggaeton diffusés via Bluetooth, en utilisant un système d’intelligence artificielle embarqué sur un Raspberry Pi.
L’appareil écoute l’environnement grâce à un microphone, identifie les caractéristiques sonores du reggaeton via un modèle d’IA entraîné sur Edge Impulse, puis envoie des signaux Bluetooth parasites pour interrompre la lecture sur l’enceinte ciblée.
Le dispositif exploite des failles de sécurité des enceintes Bluetooth, ce qui pourrait poser des questions juridiques selon les pays. Bien qu’il ne vole ni ne pirate de données, son usage pour perturber un appareil tiers pourrait être considéré comme une interférence illégale.
Le choix du reggaeton est à la fois personnel – c’était la musique jouée par le voisin de Bandini – et symbolique. Ce genre, souvent perçu comme envahissant, est devenu une cible emblématique des nuisances sonores urbaines, même si l’invention soulève des débats sur la stigmatisation culturelle.
Oui, Roni Bandini a publié l’intégralité du projet en open source : code Python, schémas électroniques et liste de matériel. Toutefois, sa réalisation nécessite des compétences techniques en programmation et en électronique.
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