Emplo Multiples Agroalimentaire 2025
Marc Vasseur, un intérimaire de 35 ans spécialisé dans l’agroalimentaire, a bouclé l’année 2022 avec un parcours professionnel hors norme : neuf employeurs différents en douze mois. Son histoire, loin d’être isolée, révèle les nuances d’un statut qui mêle opportunités et précarité. Décryptage d’une réalité économique qui façonne le quotidien de milliers de travailleurs.
Originaire de Picardie, Marc a démarré dans l’intérim agroalimentaire en 2014. De la chaîne de production chez un géant des plats préparés aux contrôles qualité dans une conserverie bretonne, il décrit son quotidien : « Chaque mission est comme un nouveau métier. Chez Lactivore en 2019, j’ai appris le calibrage des machines, puis chez SeaFoodPro l’année suivante, c’était la traçabilité des matières premières. » Une adaptabilité constante qui cache une autre réalité. « En novembre 2022, j’ai passé trois semaines sans mission. Pas de salaire, juste des appels quotidiens à mon agence », confie-t-il.
Pour Marc comme pour 85 % des intérimaires selon la DARES, la réponse combine nécessité économique et stratégie professionnelle : « Avec mon CAP de boucher, trouver un CDI dans ma région rurale était un pari. L’intérim m’a offert un salaire immédiat et des formations certifiantes. » Un avis partagé par Élodie Tamange, 28 ans, rencontrée sur un chantier agroalimentaire lyonnais : « Chez moi en Ardèche, les usines embauchent surtout via l’intérim. Mon contrat de 18 mois chez ViandPro m’a finalement menée à un CDI. »
Les 27 000 € annuels de Marc cachent une réalité en dents de scie. « En mars, avec deux missions simultanées chez FrostFood et GreenPack, j’ai touché 2 900 € net. Mais en août, seulement 1 200 € avec une courte mission d’emballage », détaille-t-il. Comparé au SMIC annuel brut (environ 20 000 €), le revenu semble attractif, mais sans les avantages d’un CDI. « J’ai dû refuser une mission à Nantes car ma complémentaire santé ne couvrait pas le déménagement », regrette-t-il.
Luc Ferrand, responsable syndical dans le Nord, pointe des frais rarement calculés : « Un intérimaire dépense 15 % de plus en transport que ses collègues en CDI, par manque de stabilité géographique. » Marc confirme : « Mes trois changements de logement en 2022 ont englouti 4 000 € d’économies. »
L’envers du décor se niche dans l’organisation personnelle. « Prévoir des vacances ? Impossible », soupire Marc. Pire encore selon Sonia Kovalic, psychologue du travail : « 78 % des intérimaires que je suis présentent des troubles du sommeil liés à l’incertitude permanente. » Marc raconte : « Quand mon fils est né en avril, j’ai dû refuser une mission clé. L’agence m’a blacklisté pendant deux mois. »
« Ma compagne Clara, institutrice, assume la stabilité financière », reconnaît Marc. Un schéma classique selon une étude de l’INSEE : dans 63 % des couples avec un intérimaire, le partenaire possède un emploi stable. « Nos projets d’achat immobilier sont gelés depuis trois ans », confie Clara Vasseur.
Marc liste des gains invisibles sur une fiche de paie : « Chez BioFrost, j’ai appris la gestion des stocks réfrigérés. Chez Pack&Go, c’était la certification HACCP. Ces compétences m’ont ouvert les portes d’une mission mieux payée chez QualiFood. » Un capital professionnel confirmé par une étude de Pôle Emploi : les intérimaires obtiennent 40 % de formations en plus que les CDD classiques.
« Grâce à mon passage chez Delicatessa, j’ai rencontré un chef de production qui m’a recommandé pour mon poste actuel », souligne Marc. Un phénomène mesuré par LinkedIn : les intérimaires étendent leur réseau professionnel 2,7 fois plus vite que les emplois stables.
Avec 28 000 postes non pourvus dans le secteur (source : FranceAgriMer), les entreprises misent sur la flexibilité. « Notre usine tourne à 70 % d’intérimaires », admet Frédéric Molinier, directeur d’une conserverie landaise. Un système qui évolue : « Depuis 2021, les CDI intérimaires se développent », note Marc, qui signe le sien chez MeatPro en janvier 2023 après neuf ans de missions.
« J’ai profité des FIFPL pour me former à l’hygiène industrielle », explique Marc. Une voie encouragée par les nouvelles lois : depuis 2022, les intérimaires bénéficient d’un compte personnel de formation (CPF) majoré de 30 %.
Sur le papier, oui : +35 % en moyenne selon la DARES. Mais les périodes sans rémunération et les frais annexes réduisent souvent l’avantage.
Possible mais exigeant. 41 % des intérimaires dépassent cinq ans d’activité, à condition d’accepter une forte mobilité géographique.
Valoriser chaque mission comme une formation : 68 % des CDI proposés aux intérimaires concernent des travailleurs ayant diversifié leurs compétences pendant leurs contrats.
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