Épillet : protégez vos animaux cet été – danger caché

En été, les balades champêtres et les jeux dans les prairies sèches cachent parfois des dangers insoupçonnés pour les animaux de compagnie. Parmi ces menaces discrètes, l’épillet, petit fragment d’épi de graminée, se révèle particulièrement redoutable. Ce végétal anodin peut causer des blessures graves, voire des complications mortelles, chez les chiens et les chats. Pour comprendre ce phénomène et apprendre à le prévenir, nous avons interrogé des vétérinaires et des propriétaires confrontés à cette réalité.

Qu’est-ce qu’un épillet et pourquoi est-il dangereux pour les animaux de compagnie ?

L’épillet, également nommé « espigaou » dans le sud-ouest de la France, est un fragment de tige de plantes comme les vulpins ou les agrostides. Dès la fin du printemps, ces végétaux se dessèchent et libèrent des épillets dotés de pointes acérées et de barbes microscopiques. « Ces structures leur permettent de se fixer sur tout ce qui passe à proximité, y compris le pelage des animaux », explique le Dr Charles de Langlois, vétérinaire à Toulouse. Une fois accroché, l’épillet peut migrer sous la peau, perforer des tissus ou se loger dans des cavités sensibles comme les oreilles, les yeux ou les espaces interdigitaux.

Comment un épillet peut-il provoquer des lésions graves chez un animal ?

La structure en spirale de l’épillet lui confère une capacité surprenante : il avance sous la peau en suivant un mouvement unidirectionnel. « Imaginez un ressort qui se visse progressivement dans les tissus », illustre le Dr de Langlois. Cette migration peut entraîner des abcès, des infections profondes, ou même des déplacements vers des organes internes. Un cas récent traité par son équipe a révélé un épillet ayant traversé le tympan d’un chien, causant une otite sévère. « Heureusement, l’intervention chirurgicale a permis de l’extraire avant des dommages irréversibles », ajoute-t-il.

Quels sont les signes qui doivent alerter un propriétaire ?

Les symptômes varient selon l’emplacement de l’épillet. Un chien qui secoue la tête de manière répétée ou penche l’oreille peut avoir un corps étranger dans le conduit auditif. Une boiterie soudaine, accompagnée de léchage excessif d’une patte, suggère souvent un épillet coincé entre les coussinets. Les chats, plus discrets, montrent parfois des signes de gêne en se frottant l’œil ou en refusant de manger, ce qui peut indiquer un épillet logé dans la bouche.

Que faire si l’on suspecte la présence d’un épillet chez son animal ?

« Surtout, ne tentez pas d’extraire l’épillet vous-même », met en garde Lucie Moreau, propriétaire d’un berger allemand nommé Ajax. En 2022, son chien a développé une infection après qu’elle ait essayé de retirer un épillet coincé dans son oreille. « Le vétérinaire a dû pratiquer une anesthésie locale pour accéder au corps étranger. Heureusement, nous avons évité une intervention plus lourde. » Le Dr de Langlois confirme cette prudence : « Les épillets peuvent se fragmenter facilement, laissant des résidus qui aggravent l’infection. »

Quels sont les risques d’une extraction maladroite ?

Une tentative d’extraction sans matériel adapté peut enfoncer davantage l’épillet ou déchirer les tissus. « J’ai vu des cas où un épillet dans la narine a migré vers la cavité nasale, nécessitant une radiographie pour le localiser », raconte Étienne Dubois, propriétaire d’un chat nommé Mistral. Le félin avait développé une respiration sifflante après avoir joué dans un pré. « Le vétérinaire a utilisé un endoscope pour le retirer sans dommage. »

Comment prévenir les accidents liés aux épillets ?

La prévention repose sur trois piliers : l’inspection régulière du pelage, la protection des zones vulnérables et l’adaptation des balades. Les chiens à poils longs, comme les caniches ou les setters, nécessitent un brossage quotidien en période estivale. « Je vérifie systématiquement les oreilles de mon border collie après chaque sortie », témoigne Claire Vigneron, éleveuse dans le Gers. « Une paire de gants en cuir et une lampe frontale m’aident à repérer les épillets coincés dans les plis. »

Quels accessoires peuvent aider à protéger les animaux ?

Les colliers anti-épillets, conçus avec un tissu fin et respirant, protègent les zones du cou et des aisselles. Pour les pattes, des chaussettes en néoprène réduisent les risques d’infiltration entre les doigts. « Mon bouledogue français déteste les chaussettes, mais j’utilise une crème protectrice à base de cire d’abeille sur ses coussinets », explique Marc Lefèvre, marchand de produits pour animaux.

Quelles sont les interventions vétérinaires possibles ?

Le diagnostic commence souvent par un examen clinique approfondi. « Si l’épillet est visible, nous l’extrayons avec des pinces fines sous sédation légère », précise le Dr de Langlois. Pour les cas plus complexes, des examens d’imagerie comme l’échographie ou la tomographie permettent de localiser les épillets migrés. « Un chien a récemment présenté une perforation thoracique due à un épillet. Nous avons pratiqué une thoracoscopie, une technique minimale invasive, pour l’éliminer. »

Combien coûte le traitement d’une infection liée à un épillet ?

Les frais varient selon la gravité. Une extraction simple coûte entre 150 et 300 euros, tandis qu’une chirurgie thoracique ou abdominale peut atteindre 1 500 euros. « Heureusement, les assurances santé animale couvrent généralement ces interventions », rappelle Lucie Moreau, qui a souscrit une formule complète pour Ajax.

Quelles races ou espèces sont les plus vulnérables ?

Les chiens actifs et les races à poils longs ou frisés, comme les shih tzu ou les bretons, sont surreprésentés dans les consultations. « Les chats, bien que plus prudents, ne sont pas épargnés », souligne le Dr de Langlois. Mistral, le chat d’Étienne Dubois, a été victime d’un épillet dans la cavité nasale après avoir chassé des insectes dans un champ. « Son comportement inhabituel — éternuements fréquents et perte d’appétit — m’a alerté. »

Pourquoi les chats sont-ils moins souvent diagnostiqués à temps ?

Leur nature indépendante rend les signes plus difficiles à repérer. « Un chat qui se lèche excessivement une patte peut simplement chercher à se nettoyer », explique Claire Vigneron. « C’est l’association de plusieurs symptômes — boiterie, perte d’énergie, agressivité — qui doit déclencher une consultation. »

A retenir

Quels sont les moments de l’année les plus risqués ?

La période critique s’étend de mai à septembre, lorsque les graminées séchées libèrent des épillets. « Les après-midis chauds et secs voient une recrudescence des cas », note le Dr de Langlois.

Les épillets peuvent-ils affecter les humains ?

Oui, bien que rarement. Les jardiniers ou les randonneurs peuvent sentir un picotement sur la peau, mais les complications graves sont exceptionnelles chez les humains.

Existe-t-il des zones géographiques plus touchées ?

Les régions avec des prairies sèches, comme l’Aquitaine, le Languedoc-Roussillon ou la Provence, enregistrent plus de cas. « Les épillets des vulpins sont particulièrement agressifs », précise le Dr de Langlois.

Comment sensibiliser les nouveaux propriétaires ?

Les vétérinaires recommandent d’aborder ce sujet lors des consultations de vaccination annuelle. « Nous distribuons des fiches illustrées montrant les zones à inspecter et les signes à surveiller », ajoute Lucie Moreau.

En somme, la vigilance et la prévention sont les meilleures armes contre les épillets. Comme le rappelle Étienne Dubois : « Depuis l’incident avec Mistral, je vérifie systématiquement ses oreilles après chaque sortie. C’est un geste simple qui peut éviter des souffrances inutiles. »