Espagne : un algorithme va permettre de rouler à 150 km/h sur l’autoroute, et ça change tout

L’Espagne s’apprête à tester une innovation audacieuse sur ses autoroutes. Imaginez : une limitation de vitesse qui s’adapte en temps réel, permettant sous conditions optimales de rouler jusqu’à 150 km/h au lieu des 130 km/h habituels. Cette expérimentation sur l’AP-7 près de Barcelone pourrait redéfinir notre rapport à la conduite. Entre enthousiasme technologique et questions de sécurité, plongeons dans les détails de cette révolution routière.

Comment fonctionne l’algorithme qui modifie les limitations de vitesse ?

Au cœur du projet, un système intelligent analyse en continu une multitude de données : météo, état de la chaussée, densité du trafic, voire même le type de véhicules présents. « C’est comme avoir un régulateur de vitesse à l’échelle d’une autoroute », explique Théo Vercambre, ingénieur en systèmes de transport. Les panneaux électroniques se mettent à jour automatiquement, guidant les conducteurs vers la vitesse optimale pour chaque tronçon.

Sophie Lenoir, une commerciale qui emprunte quotidiennement l’AP-7, témoigne : « La première fois que le panneau est passé de 120 à 140 km/h devant moi, j’ai douté. Mais en voyant la route dégagée et le temps sec, j’ai compris la logique. »

Pourquoi autoriser 150 km/h quand d’autres pays réduisent les vitesses ?

Alors que les Pays-Bas viennent de limiter certaines sections à 100 km/h, l’approche espagnole semble contre-intuitive. Pourtant, les promoteurs du projet argumentent que vitesse ne rime pas automatiquement avec danger. « Sur une autoroute conçue pour, avec un trafic fluide et des conditions parfaites, 150 km/h peut être plus sûr que 130 km/h dans un trafic dense », avance Carlos Mendez, expert en infrastructure routière.

L’idée est de lisser les flux plutôt que d’imposer des limitations rigides. « Quand tout le monde roule à la même vitesse adaptée aux conditions, on réduit les écarts de vitesse entre véhicules – principale cause des accidents », ajoute-t-il.

Quels bénéfices concrets pour les conducteurs et l’environnement ?

Les gains potentiels sont multiples :

• Jusqu’à 15% de temps de trajet en moins sur certains parcours
• Une réduction de 8 à 12% de la consommation de carburant grâce à une conduite plus fluide
• Moins de freinages brusques et d’accélérations inutiles

Marc Fabrel, routier depuis 20 ans, constate déjà la différence : « Avant, je devais constamment ajuster ma vitesse. Maintenant, l’autoroute semble ‘respirer’ avec le trafic. Je fais des économies de gasoil non négligeables. »

Quels sont les risques et objections à ce système ?

Les détracteurs pointent plusieurs dangers :

• Un possible effet d’accoutumance à la vitesse élevée
• La difficulté pour certains conducteurs à s’adapter aux changements fréquents
• Le risque de défaillance technologique

Anaïs Cordoba, présidente d’une association de sécurité routière, s’inquiète : « Nous craignons l’effet ‘pente glissante’. Une fois habitués à 150 km/h, les conducteurs auront du mal à revenir à des vitesses raisonnables dans les zones urbaines. »

D’autres soulignent le paradoxe écologique : « Augmenter les vitesses va à l’encontre de tous les efforts pour réduire les émissions », rappelle Julien Peltier, militant écologiste.

A retenir

Quand ce système sera-t-il opérationnel ?

La phase de test sur l’AP-7 devrait durer 18 mois avant une éventuelle généralisation. Les premiers résultats seront analysés fin 2024.

Les radars s’adapteront-ils à cette vitesse variable ?

Oui, les contrôles automatiques utiliseront les mêmes données que les panneaux pour déterminer la vitesse légale au moment de l’infraction.

Cette technologie pourrait-elle arriver en France ?

Les autorités françaises suivent l’expérience avec intérêt, mais aucune décision ne sera prise avant d’avoir des retours concrets sur son efficacité et sa sécurité.

Conclusion

Cette innovation espagnole ouvre un débat fascinant sur l’avenir de la mobilité. Entre optimisation technologique et prudence nécessaire, elle illustre la complexité des choix en matière de politique routière. Une certitude : le monde des transports entame une mutation profonde où données et algorithmes joueront un rôle croissant dans notre façon de nous déplacer.