Excuses Freinent Evolution Rationalisation Inconsciente
Qui n’a jamais murmuré « Ce n’est pas le bon moment » en repoussant un projet à plus tard ? Ou balayé une opportunité en prétextant un agenda surchargé ? Ces phrases, souvent prononcées avec légèreté, peuvent révéler des mécanismes mentaux complexes qui influencent notre quotidien. Derrière l’apparente simplicité d’une excuse se cache parfois une résistance profonde à l’action, un frein à l’épanouissement personnel. À travers des témoignages et des explications psychologiques, explorons comment ces habitudes se forment, pourquoi elles persistent, et comment les transformer en leviers de changement.
Pour Lucie Moreau, architecte de 38 ans, les excuses ont d’abord été une solution pratique. « J’ai reporté pendant deux ans mon inscription à un concours professionnel en me disant que mes enfants étaient trop petits, que mon emploi du temps était trop chargé », raconte-t-elle. Ce réflexe, pourtant anodin au départ, s’est progressivement transformé en mode de fonctionnement. « Un jour, j’ai réalisé que mes enfants avaient grandi, mon travail était stable, mais l’excuse avait changé : je me sentais “trop vieille” pour tenter quelque chose de nouveau. »
La transition d’un comportement ponctuel à une habitude est insidieuse. Selon les recherches du Centre de psychologie intégrale de Mexico, cette évolution s’explique par l’adaptabilité du cerveau à la facilité. « Chaque fois que nous trouvons une justification, notre système nerveux associe le soulagement temporaire à une récompense, explique le psychologue David Lévy. Au fil des répétitions, cela devient un automatisme, comme un chemin tracé dans une forêt : plus on le prend, plus il est facile d’y revenir. »
La rationalisation, concept central en psychologie, consiste à justifier des décisions par des raisons logiques, même si celles-ci masquent des motivations inconscientes. Nathan Petit, entrepreneur de 42 ans, se souvient avoir annulé une collaboration internationale en invoquant un manque de financement. « En réalité, j’avais peur de l’échec, de ne pas être à la hauteur sur la scène mondiale. Mais dire que c’était “une mauvaise idée financièrement” me permettait de préserver mon image de compétence. »
Ce mécanisme, bien que défensif, peut devenir un piège. « La rationalisation nous protège à court terme, mais à long terme, elle crée une bulle d’autojustification qui empêche l’apprentissage », souligne David Lévy. Pour Élise Dubois, professeure de littérature, cette bulle a duré cinq ans : « J’ai expliqué mon absence de publications par un “manque de temps dû aux cours”, alors que je redoutais les critiques. Quand j’ai enfin osé soumettre un article, la peur s’est apaisée, et les retours ont été constructifs. »
L’ego joue un rôle crucial dans la création d’excuses. « Se convaincre que l’échec est dû à des circonstances externes plutôt qu’à ses propres limites permet de maintenir un sentiment de compétence », explique la psychologue Claire Fournier. Pourtant, cette stratégie a un prix. « J’ai longtemps évité les réseaux sociaux professionnels en me disant que c’était “une perte de temps”, confesse Raphaël Benoît, graphiste. En vérité, j’avais peur que mon travail ne soit jugé par rapport à des standards que je ne maîtrisais pas. »
Ce cercle vicieux est décrit par de nombreux patients en thérapie. « Plus on repousse une action par peur, plus l’anxiété augmente, ce qui renforce la nécessité de nouvelles excuses », résume Claire Fournier. Le cas de Marion Lefèvre, photographe, illustre ce phénomène : après avoir annulé trois expositions en prétextant des “problèmes techniques”, elle a fini par croire qu’elle n’avait pas de talent. « Ce n’est qu’en acceptant ma vulnérabilité que j’ai pu reprendre confiance. »
La frontière entre excuse saine et auto-tromperie est mince. « Quand on commence à croire sincèrement à ses justifications, même face à des preuves contraires, c’est un signal d’alarme », note David Lévy. Pour Amélie Caron, consultante en développement durable, ce moment a été clair : « J’étais persuadée que mes idées n’intéressaient personne, jusqu’à ce qu’un collègue me montre des mails de clients demandant des collaborations. J’ai réalisé que je m’étais enfermée dans un scénario négatif sans fondement. »
Les symptômes d’une auto-tromperie profonde incluent la confusion des priorités, l’épuisement chronique lié au déni, ou encore la dissociation entre ses valeurs et ses actions. « J’ai mis des années à comprendre que mes “priorités familiales” étaient en réalité une fuite face à mes ambitions professionnelles », témoigne Thomas Renaud, père au foyer.
Lucie Moreau a commencé par tenir un journal des excuses qu’elle se donnait. « Au bout d’un mois, je voyais un pattern : chaque fois qu’un défi impliquait de sortir de ma zone de confort, je trouvais une raison logique pour ne pas agir. » Cette prise de conscience est confirmée par les études : noter ses réflexes permet de les objectiver.
« Le dialogue interne doit devenir bienveillant mais honnête », conseille Claire Fournier. Raphaël Benoît a adopté une méthode simple : chaque matin, il se pose la question « Qu’est-ce qui me bloque vraiment aujourd’hui ? » « La première réponse est souvent une excuse, mais en creusant, j’accède à la peur sous-jacente – et ça change tout », explique-t-il.
L’accompagnement professionnel peut être décisif. « En thérapie, j’ai découvert que mes excuses masquaient un syndrome de l’imposteur », témoigne Marion Lefèvre. Les psychologues utilisent souvent des techniques de restructuration cognitive pour déconstruire ces schémas. « Nous travaillons sur des micro-actions concrètes : par exemple, envoyer un seul email de candidature spontanée, pour briser le cercle de l’inaction », précise David Lévy.
Pour Thomas Renaud, abandonner les justifications a transformé sa relation avec ses enfants. « En acceptant que mon désir de carrière n’était pas incompatible avec mon rôle de père, j’ai pu négocier un temps partiel et lancer mon entreprise. Mes fils me voient maintenant comme un modèle de persévérance. »
Les avantages sont multiples : gain de temps (en moyenne 2,5 heures par jour selon une étude de l’université de Lyon), amélioration des relations sociales, et surtout, un sentiment d’autonomie retrouvé. « Quand on arrête de se mentir, on redécouvre ses vraies motivations », souligne Claire Fournier.
Une excuse devient saine lorsqu’elle est temporaire et qu’elle permet de prioriser. Par exemple, reporter un projet pour se former davantage, en assumant pleinement la décision sans culpabilité. « L’important est de distinguer une pause stratégique d’une fuite inconsciente », explique David Lévy.
Une contrainte réelle est mesurable et objective (ex : un délai de livraison impossible à respecter). Une excuse, même habillée en justification, repose souvent sur des émotions non verbalisées. « Si vous ressentez un soulagement immédiat en prononçant votre excuse, c’est probablement un mécanisme de défense », note Claire Fournier.
Le contexte influence nos choix, mais il ne les détermine pas. « On peut être dans un environnement défavorable et choisir d’agir, comme on peut avoir tous les atouts et se paralyser », rappelle Thomas Renaud. L’accompagnement psychologique aide à clarifier ces distinctions.
Non, et ce n’est pas l’objectif. « Les excuses sont parfois des outils de gestion du stress nécessaires, mais il faut apprendre à les utiliser consciemment », conclut David Lévy. Le défi est de transformer ces réflexes en choix éclairés, plutôt qu’en réponses automatiques.
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