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Une Fête de la science inédite sur l’intelligence dans le Finistère

Chaque année, la Fête de la science invite les citoyens à explorer les frontières du savoir, à questionner leurs certitudes et à redécouvrir le monde sous l’angle de la curiosité. En 2024, le Finistère s’inscrit avec enthousiasme dans ce mouvement national, en mettant à l’honneur une notion aussi vaste qu’intrigante : l’intelligence. Du 3 au 13 octobre, une quarantaine d’événements – dont 25 coordonnés par Océanopolis – s’empareraient des rues, des médiathèques, des centres de recherche et des salles de spectacle pour interroger cette idée à travers des formats variés : ateliers, conférences, expositions, films et démonstrations. Loin de se limiter à l’intelligence humaine, le programme explore ses formes les plus inattendues, des champignons aux algorithmes, en passant par les écosystèmes marins et les innovations médicales. À travers deux grands villages scientifiques et des rencontres avec des chercheurs passionnés, cette édition invite à repenser ce que signifie penser, s’adapter, innover.

Qu’est-ce que l’intelligence au-delà du cerveau humain ?

L’intelligence, longtemps réservée à la sphère humaine, est aujourd’hui redéfinie par les sciences. Elle ne se limite plus à la capacité de raisonner ou de résoudre des problèmes, mais s’étend à des systèmes vivants ou artificiels qui apprennent, s’adaptent et interagissent. C’est cette vision élargie que la Fête de la science souhaite faire découvrir au grand public. À travers des exemples concrets, les organisateurs montrent que l’intelligence peut être collective, végétale, microbienne, ou même synthétique. Ce changement de perspective permet de mieux comprendre les interconnexions entre les êtres vivants et les technologies, tout en éveillant une réflexion éthique sur notre place dans l’écosystème.

Pourquoi deux villages des sciences dans le Finistère ?

Un village à Brest : un laboratoire grandeur nature

Du samedi 4 au lundi 6 octobre, le Quartz, lieu emblématique de la culture brestoise, se transforme en laboratoire ouvert. Sur trois jours, 31 stands accueillent le public, avec un focus particulier sur les jeunes : près de 1 700 élèves finistériens y sont attendus lors de la journée dédiée. Le village de Brest incarne une volonté de démocratiser l’accès à la science, en la sortant des laboratoires pour la poser au cœur de la cité.

L’un des stands les plus attendus est celui de Laurence Meslet-Cladière, enseignante-chercheure à l’Esiab. Spécialiste des champignons, elle y présente ces organismes fascinants capables de former des réseaux souterrains complexes, capables de transmettre des informations, de partager des ressources et de s’adapter à des environnements extrêmes. Les champignons sont des hyperintelligents du vivant , explique-t-elle. Ils n’ont pas de cerveau, mais ils communiquent, coopèrent, et colonisent des milieux aussi divers que les forêts, les déserts, et même l’océan.

Un jeune collégien, Enzo, 14 ans, raconte son émerveillement : J’ai vu une vidéo où des mycéliums se connectaient à des racines d’arbres pour leur donner de l’eau. On dirait un réseau internet, mais en nature. Ça change tout sur ce qu’on appelle “penser”.

Un parcours dans la presqu’île de Crozon : science et territoire

Entre le 5 et le 26 octobre, quatre communes – Crozon, Lanvéoc, Camaret-sur-Mer et Pont-de-Buis-lès-Quimerc’h – s’associent pour créer un parcours scientifique itinérant. Chaque village accueille des expositions, des ateliers participatifs et des projections de films documentaires. Ce format permet de toucher des publics variés, y compris ceux éloignés des grandes villes universitaires.

À Camaret-sur-Mer, un atelier intitulé L’intelligence des courants attire les familles. Animé par des océanographes de l’IUEM, il montre comment les marées et les flux marins obéissent à des logiques complexes, comparables à des systèmes d’apprentissage. L’océan “apprend” à réagir aux vents, aux saisons, aux changements climatiques , précise Gauthier Schaal, ambassadeur de l’événement dans le Finistère. Ce n’est pas de l’intelligence au sens humain, mais c’est une forme d’adaptation dynamique qui mérite d’être étudiée.

Céline, habitante de Lanvéoc et mère de deux enfants, témoigne : On n’aurait jamais pensé que la science puisse être aussi accessible. Mon fils de 10 ans a construit un petit robot qui suit les ombres. Il dit qu’il veut devenir ingénieur maintenant.

Qui est Gauthier Schaal, ambassadeur de la science en Finistère ?

Gauthier Schaal, enseignant-chercheur en biologie marine à l’Institut universitaire européen de la mer, incarne cette nouvelle génération de scientifiques qui sortent de l’ombre des laboratoires pour dialoguer avec le public. Son engagement dans la Fête de la science n’est pas anodin. Il y voit une réponse à une crise de confiance croissante entre la société et la science. On vit dans un monde où les rumeurs circulent plus vite que les données vérifiées , confie-t-il. Beaucoup de gens croient ce qu’ils voient sur les réseaux sociaux, sans comprendre que la science repose sur des protocoles rigoureux, des expériences reproductibles, des validations par les pairs.

Pour lui, l’intelligence scientifique ne se mesure pas à la quantité de connaissances, mais à la capacité à douter, à expérimenter, à se corriger. Être scientifique, c’est accepter de ne pas tout savoir. C’est poser des questions, pas seulement y répondre.

Il raconte une rencontre marquante avec un pêcheur de Douarnenez, sceptique sur le réchauffement climatique. Il m’a dit : “Moi, je vois les saisons changer, mais je ne crois pas aux modèles.” Alors je lui ai montré les données de température de l’eau collectées par son bateau, grâce à un capteur qu’on avait installé l’année précédente. Il a vu la courbe monter. Il n’a rien dit pendant cinq minutes. Puis il a dit : “C’est moi qui ai pris ces mesures ?” C’est ça, la science : des preuves partagées.

Comment la science médicale redéfinit-elle l’intelligence ?

Les avancées en recherche médicale sont au cœur du débat sur l’intelligence. À Quimper, un événement organisé à l’hôpital local permet de découvrir les technologies d’imagerie cérébrale qui cartographient en temps réel l’activité neuronale. Des chercheurs expliquent comment l’intelligence artificielle aide désormais à diagnostiquer des maladies comme la maladie d’Alzheimer ou les cancers du cerveau, en repérant des anomalies invisibles à l’œil nu.

Driss, étudiant en médecine à Rennes venu en visite, s’enthousiasme : Ce qui est bluffant, c’est que l’IA ne remplace pas le médecin, elle le complète. Elle voit des patterns qu’on rate par fatigue ou routine. Mais c’est toujours le praticien qui interprète, qui prend la décision.

Un autre atelier, intitulé Plastivorace , s’adresse aux enfants. Inspiré du concept de superpouvoirs , il montre comment certaines bactéries ont développé la capacité de dégrader le plastique – une forme d’intelligence évolutionnaire face à la pollution. Les enfants manipulent des modèles 3D de ces micro-organismes et imaginent des scénarios futurs où la nature nettoie nos erreurs. C’est comme si la Terre avait un système immunitaire , résume Lina, 9 ans, lors d’un atelier à Brest.

Quel rôle joue l’intelligence artificielle dans cette édition ?

L’intelligence artificielle (IA) est omniprésente, non seulement comme sujet, mais comme outil. À l’université de Brest, une exposition interactive permet de comparer les décisions prises par un algorithme et celles d’un groupe d’humains face à des dilemmes éthiques. Les résultats sont surprenants : l’IA, bien qu’efficace, manque souvent de nuance, tandis que les humains intègrent des facteurs émotionnels, culturels, moraux.

Un stand propose même de parler à une IA entraînée sur des textes scientifiques. Chloé, bibliothécaire à Quimper, raconte son échange : J’ai demandé : “Qu’est-ce que la conscience ?” Elle m’a donné une définition très technique. Je lui ai dit : “Et si tu ressentais de la tristesse ?” Silence. Puis : “Je ne suis pas conçue pour ressentir.” C’était glaçant, mais ça m’a fait réfléchir à ce que nous, humains, avons de unique.

Comment les arts s’emparent-ils de la notion d’intelligence ?

La science ne dialogue pas seulement avec la technologie, mais aussi avec la création. À Crozon, une performance artistique mêle danse, sons générés par des capteurs biologiques et projections de données océanographiques. Les danseurs portent des capteurs qui mesurent leur rythme cardiaque, leur respiration, et ces signaux modifient en temps réel la musique et les images. C’est une forme d’intelligence émotionnelle mise en scène , explique la chorégraphe, Manon Levasseur. Le corps pense, même sans mots.

Un autre projet, à Lanvéoc, invite les visiteurs à dessiner des formes inspirées du vivant, puis à les scanner pour voir comment une IA les interprète. Les résultats, parfois absurdes, parfois poétiques, montrent les limites et les potentialités de la machine. Elle a transformé mon dessin d’algue en une fusée , rit Thomas, 12 ans. C’est n’importe quoi… mais c’est cool.

Quels sont les enjeux éthiques soulevés par ces découvertes ?

À mesure que les sciences redéfinissent l’intelligence, elles posent des questions incontournables. Si un champignon peut communiquer, un robot prendre des décisions, une IA apprendre, où trace-t-on la frontière du vivant ? Du conscient ? Du digne de respect ?

Une table ronde à Océanopolis réunit philosophes, biologistes et citoyens. Le débat tourne autour de la notion de droits des non-humains . On parle de droits des animaux, mais qu’en est-il des écosystèmes ? Des réseaux fongiques ? , interroge Éléa Rousseau, philosophe des sciences. Si l’intelligence est une capacité d’adaptation et de communication, alors certains systèmes naturels méritent une considération éthique.

Ces discussions ne sont pas réservées aux experts. Des ateliers participatifs invitent les enfants à voter sur des scénarios futurs : Faut-il autoriser les IA à décider des traitements médicaux ? , Peut-on breveter un champignon modifié ? Les réponses, souvent nuancées, montrent une génération plus sensible aux enjeux écologiques et technologiques.

Conclusion

La Fête de la science 2024 dans le Finistère ne se contente pas de présenter des découvertes. Elle propose une révolution douce de la pensée : l’intelligence n’est pas un privilège humain, mais une propriété diffuse, présente dans les réseaux naturels, les algorithmes, les cellules, les marées. En invitant chercheurs, artistes, citoyens et enfants à dialoguer, elle crée un espace où la science n’est plus une autorité, mais une conversation. Gauthier Schaal le dit avec pudeur : Mon rôle n’est pas de convaincre, mais d’ouvrir des portes. Que chacun puisse entrer, regarder, et se poser ses propres questions. C’est peut-être cela, l’intelligence : la capacité à s’émerveiller, à douter, et à vouloir comprendre.

A retenir

Quelles sont les dates clés de la Fête de la science dans le Finistère ?

La Fête de la science se déroule du 3 au 13 octobre 2024, avec des événements prolongés jusqu’au 26 octobre dans la presqu’île de Crozon. Le village de Brest aura lieu du 4 au 6 octobre au Quartz.

Qui coordonne les événements dans le Finistère ?

Océanopolis coordonne 25 événements dans le département, en partenariat avec des universités, des centres de recherche, des communes et des associations.

Quel est le thème central de cette édition ?

Le thème est l’intelligence dans toutes ses formes : humaine, artificielle, végétale, animale, écosystémique. L’objectif est de montrer la diversité des intelligences et de favoriser une réflexion éthique et scientifique.

Qui est l’ambassadeur de la Fête de la science en Finistère ?

Gauthier Schaal, enseignant-chercheur en biologie marine à l’Institut universitaire européen de la mer (IUEM), a été désigné ambassadeur pour sensibiliser le public à la méthode scientifique et au rôle des chercheurs dans la société.

Les événements sont-ils accessibles aux enfants ?

Oui, de nombreux ateliers sont spécifiquement conçus pour les jeunes, notamment autour des superpouvoirs de la nature, de la robotique ou de l’intelligence artificielle. Des journées sont réservées aux scolaires, mais les familles sont également les bienvenues.

Anita

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