Feuilles de laurier contre moustiques : la vérité scientifique en 2025

Face à l’arrivée des beaux jours, la question du contrôle des moustiques revient chaque été avec insistance. Dans ce contexte, une pratique ancienne refait surface : l’utilisation des feuilles de laurier comme répulsif naturel. Longtemps transmise de génération en génération, cette méthode suscite à la fois l’intérêt des amateurs de solutions écologiques et la prudence des scientifiques. Mais au-delà des croyances populaires, que vaut réellement cette astuce ? Est-elle fondée sur des faits ou relève-t-elle d’un simple effet placebo ? À travers témoignages, analyses scientifiques et recommandations pratiques, faisons la lumière sur cette pratique séculaire.

Le laurier, un répulsif naturel : mythe ou réalité ?

Le laurier, ou plus précisément le laurier noble (Laurus nobilis), est une plante emblématique de la Méditerranée. Utilisé depuis l’Antiquité pour ses vertus culinaires et médicinales, il a également été intégré à diverses traditions populaires pour repousser les insectes. Dans certaines régions rurales d’Italie ou d’Espagne, il était courant de suspendre des rameaux de laurier près des fenêtres ou de les brûler doucement pour éloigner les mouches et les moustiques. Mais cette pratique, transmise oralement, mérite-t-elle d’être validée par la science moderne ?

Une tradition profondément ancrée

La croyance en l’efficacité du laurier comme barrière naturelle contre les insectes trouve ses racines dans des savoirs ancestraux. Dans les campagnes provençales, par exemple, les anciens utilisaient souvent des branches de laurier séchées dans les placards pour éloigner les mites. Ce principe a été étendu aux moustiques, en particulier dans les zones où la chaleur humide favorise leur prolifération. L’idée est simple : les huiles essentielles volatiles contenues dans les feuilles perturberaient le système olfactif des insectes, les incitant à s’éloigner.

Le témoignage de Martine Delaroche, adepte du laurier depuis dix ans

Martine Delaroche, 68 ans, vit à Saint-Rémy-de-Provence, entourée de vignes et d’oliviers. Depuis une décennie, elle a banni les répulsifs chimiques de son quotidien. « Après avoir eu une réaction allergique à un spray anti-moustiques, j’ai cherché une alternative naturelle. Un voisin m’a conseillé de mettre des feuilles de laurier sur la table de jardin, près des bougies. Au début, je n’y croyais pas, mais au bout de deux semaines, je me suis rendu compte que nous étions beaucoup moins piqués », explique-t-elle.

Chaque printemps, Martine dispose une douzaine de feuilles séchées sur sa terrasse, qu’elle remplace toutes les deux semaines. Elle observe aussi une diminution notable des mouches dans sa cuisine depuis qu’elle garde un petit bouquet de laurier près de la fenêtre. « Ce n’est peut-être pas 100 % efficace, mais c’est un geste simple, agréable à l’odorat, et sans danger pour mes petits-enfants ou mes chats. »

Que dit la science sur l’efficacité du laurier contre les moustiques ?

Si les témoignages comme celui de Martine sont nombreux, la communauté scientifique adopte une position plus nuancée. Plusieurs études ont examiné les propriétés insectifuges des huiles essentielles extraites du laurier, notamment celles contenant du 1,8-cinéole (également appelé eucalyptol) et de l’eugénol.

Des composés actifs, mais en faible concentration

Une recherche publiée en 2018 dans le *Journal of Insect Science* a mis en évidence que l’huile essentielle de laurier, lorsqu’elle est vaporisée ou diffusée, peut repousser temporairement les moustiques Aedes aegypti, vecteur de maladies comme la dengue. Cependant, l’étude précise que l’efficacité est inférieure à celle du DEET ou de l’icaridine, et qu’elle dure moins de deux heures. En outre, les feuilles fraîches ou séchées, utilisées telles quelles, libèrent une quantité très limitée de ces composés volatils. « Le laurier contient bien des molécules insectifuges, mais leur concentration dans une feuille posée sur une table est trop faible pour créer un véritable effet répulsif », précise le docteur Antoine Lefebvre, chercheur en phytochimie à l’université d’Aix-Marseille.

Un effet localisé, mais non fiable

Les experts s’accordent à dire que le laurier peut avoir un effet léger, localisé et très temporaire. Il pourrait suffire à dissuader quelques insectes dans un espace restreint, mais ne protège en aucun cas une personne exposée à un environnement fortement infesté. « Ce n’est pas une solution de substitution, mais éventuellement un complément », nuance l’entomologiste Camille Reynaud, spécialiste des insectes vecteurs à l’Institut Pasteur.

Pourquoi certaines personnes jurent-elles par le laurier ?

Le paradoxe entre l’efficacité scientifique mesurée et les témoignages enthousiastes peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Tout d’abord, le pouvoir psychologique d’une action visible – comme disposer des feuilles sur une table – peut modifier la perception du risque. Ensuite, l’odeur du laurier, puissante et aromatique, peut masquer d’autres odeurs que les moustiques utilisent pour détecter leurs proies, comme le dioxyde de carbone ou l’acide lactique de la sueur.

Le cas de Thomas Berthier, jardinier à Grasse

Thomas Berthier, 42 ans, cultive des plantes aromatiques dans les Alpes-Maritimes. Il utilise le laurier non seulement comme répulsif, mais aussi en association avec d’autres plantes. « J’ai planté du laurier près de mon abri de jardin, et j’y ajoute des feuilles de citronnelle broyées. Je ne dis pas que c’est magique, mais je remarque qu’il y a moins d’insectes la nuit. Et puis, l’odeur est tellement agréable que ça rend l’expérience plus agréable. »

Thomas souligne aussi l’importance du contexte : « Je vis à 300 mètres d’altitude, loin des marais. Ici, les moustiques sont présents, mais pas en nuées. Dans une zone marécageuse, cette méthode ne suffirait probablement à rien. »

Quelles alternatives naturelles sont réellement efficaces ?

Si le laurier peut jouer un rôle mineur, d’autres plantes ont fait leurs preuves face aux moustiques. L’huile de citronnelle, extraite de la plante Cymbopogon nardus, est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé comme répulsif naturel. De même, l’huile d’eucalyptus citronné, approuvée par l’EPA (Agence américaine de protection de l’environnement), offre une protection de plusieurs heures.

Des plantes à intégrer en complément

Des espèces comme la lavande, la menthe poivrée, ou encore la mélisse sont également réputées pour leur action répulsive. Leur efficacité repose sur la concentration en monoterpènes et autres composés volatils, souvent plus élevée que dans le laurier. Toutefois, comme pour le laurier, ces plantes doivent être utilisées en synergie avec d’autres méthodes pour être réellement efficaces.

Comment maximiser l’efficacité des solutions naturelles ?

Plutôt que de miser sur une seule méthode, les experts recommandent une approche intégrée. Cela signifie combiner les plantes répulsives avec des mesures physiques et environnementales.

Des stratégies combinées pour une meilleure protection

Éliminer les points d’eau stagnante, installer des moustiquaires aux fenêtres, utiliser des ventilateurs en soirée (les moustiques volent mal dans les courants d’air), ou encore allumer des bougies à base d’huiles essentielles sont autant de gestes simples mais efficaces. « Un ventilateur dirigé vers vous peut suffire à briser le vol des moustiques, même sans produit chimique », affirme Camille Reynaud.

Le retour d’expérience de Léa Dubosc, maman de deux enfants

Léa Dubosc, 37 ans, vit à Nîmes avec sa famille. Très sensible aux produits chimiques, elle a testé différentes solutions naturelles. « J’ai commencé avec du laurier, mais mes enfants se faisaient encore piquer. J’ai alors ajouté une moustiquaire à leur chambre, installé un ventilateur sur la terrasse, et commencé à utiliser un spray à base d’huile de citronnelle. Depuis, c’est une autre vie. »

Pour elle, le laurier fait partie du décor, mais n’est pas le pilier de sa stratégie. « C’est un petit plus, une touche d’ambiance, mais je ne m’y fierais pas seule. »

Conclusion : le laurier, une aide bienvenue, mais pas une solution miracle

En somme, l’utilisation des feuilles de laurier comme répulsif naturel contre les moustiques n’est ni totalement infondée, ni suffisamment efficace pour être utilisée seule. Elle repose sur des principes chimiques réels, mais limités par la faible libération des composés actifs. Dans un environnement peu infesté, ou en complément d’autres mesures, elle peut contribuer à réduire la gêne occasionnée par les insectes. Toutefois, dans les zones à risque ou en cas de forte infestation, elle ne saurait remplacer des méthodes éprouvées.

La meilleure approche reste une combinaison intelligente de prévention : élimination des lieux de reproduction des moustiques, barrières physiques, ventilation, et utilisation ciblée de répulsifs validés scientifiquement. Le laurier, avec son parfum subtil et son héritage culturel, peut trouver sa place dans ce dispositif – non pas comme remède miracle, mais comme un élément parmi d’autres d’un art de vivre plus sain et plus harmonieux avec la nature.

FAQ

Le laurier repousse-t-il tous les types de moustiques ?

Non, il n’existe aucune preuve que le laurier soit efficace contre tous les types de moustiques. Son action, si elle existe, serait limitée à certaines espèces et dépendrait fortement de la concentration des composés volatils, qui est très faible dans les feuilles non traitées.

Peut-on brûler des feuilles de laurier pour repousser les moustiques ?

La combustion de feuilles de laurier peut libérer davantage d’huiles essentielles et produire une fumée odorante qui gêne temporairement les insectes. Cependant, cette pratique n’est pas sans risque pour la santé respiratoire et son efficacité reste très limitée par rapport à des répulsifs spécifiques.

Quelle est la meilleure plante naturelle contre les moustiques ?

L’huile d’eucalyptus citronné est l’une des plantes naturelles les plus efficaces, avec une protection pouvant atteindre 6 heures. La citronnelle et la lavande sont également recommandées, surtout lorsqu’elles sont utilisées sous forme d’huiles essentielles dans des diffuseurs ou sprays.

Le laurier est-il toxique pour les animaux de compagnie ?

Les feuilles de laurier ne sont pas toxiques en petites quantités, mais leur ingestion en grande quantité peut provoquer des troubles digestifs chez les chiens et chats. Il est donc préférable de ne pas laisser les animaux mâcher les feuilles utilisées comme répulsif.

A retenir

Le laurier a-t-il un effet réel sur les moustiques ?

Oui, mais très limité. Les composés chimiques qu’il contient ont des propriétés insectifuges, mais leur libération est trop faible dans les conditions d’utilisation courantes pour offrir une protection significative.

Faut-il abandonner le laurier comme répulsif ?

Non, mais il faut l’utiliser à sa juste valeur : comme complément d’une stratégie plus globale, et non comme solution unique. Son rôle est davantage préventif et symbolique qu’efficace à 100 %.

Quelle est la méthode naturelle la plus fiable ?

Aucune méthode naturelle n’égale l’efficacité des répulsifs chimiques comme le DEET ou l’icaridine. Toutefois, l’association de plantes répulsives, de moustiquaires et de bonnes pratiques environnementales constitue la meilleure alternative naturelle disponible.