Fille Bruno Solo Temoigne Troubles Invisibles 2025
Un silence pesant, des regards qui glissent, des mots qui se perdent en chemin. C’est dans cette réalité invisible que grandit Angèle Clochepin, fille de l’humoriste Bruno Solo, dont le témoignage récent a fait l’effet d’un électrochoc. À l’heure où les réseaux sociaux amplifient les voix marginalisées, c’est une parole intime, crue et sincère, qui vient bousculer les idées reçues sur les troubles neurodéveloppementaux. Ce n’est pas une plainte, mais un acte de clarification : celui d’une jeune femme de 20 ans qui, après des années d’incompréhension, décide de raconter son combat. Et derrière ce récit personnel, c’est toute une société qui est invitée à revoir ses présupposés.
Angèle Clochepin grandit dans une famille aimante, loin des projecteurs. Son père, Bruno Solo, connu pour son humour acide et son engagement social, choisit de préserver l’intimité de son foyer. Pourtant, derrière cette discrétion, une enfance marquée par les rendez-vous médicaux, les évaluations, les attentes déçues. Dès le plus jeune âge, Angèle ne parvient pas à suivre les rythmes attendus : nouer ses lacets à l’âge de 10 ans, lire l’heure, compter de l’argent — des gestes simples pour la plupart, mais autant d’obstacles insurmontables pour elle. « À l’école, je voyais les autres avancer, et moi je restais plantée là, avec l’impression d’être paresseuse, alors que je faisais des efforts énormes », confie-t-elle dans une vidéo poignante publiée sur TikTok.
Son frère, Tom, adopté par Bruno Solo avant la naissance d’Angèle, témoigne : « Elle n’était pas en retard, elle était sur une autre planète. Et personne ne lui avait donné la carte. » Ce témoignage familial, sincère et sans pathos, révèle une vérité souvent ignorée : les troubles invisibles ne se mesurent pas à l’immobilité, mais à la fatigue constante de devoir tout apprendre deux fois, de devoir tout décoder. Angèle n’est pas passive : elle est en lutte permanente contre un système qui ne reconnaît que les formes classiques d’intelligence.
Angèle se décrit comme « multi dys » avec un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Cette combinaison, loin d’être rare, reste pourtant méconnue du grand public. La dyslexie, la dyspraxie, la dysphasie — ces troubles spécifiques du développement affectent des millions d’enfants en France, sans que l’école ni la société ne soient toujours préparées à les accueillir. Selon la Fédération française des DYS, entre 6 et 8 % des enfants sont concernés par au moins un trouble dys. Dans une classe de 30 élèves, cela signifie qu’au moins deux d’entre eux peinent à lire, écrire, compter ou coordonner leurs gestes, non par manque d’intelligence, mais par une différence neurologique.
« Je mettais dix minutes pour lire une phrase. Pas parce que je ne voulais pas, mais parce que les lettres dansaient, les sons s’embrouillaient, et mon attention filait ailleurs », explique Angèle. La dyspraxie complique les gestes moteurs : enfiler un pull, se brosser les dents, tenir un crayon. La dyslexie brouille l’écriture. La dysphasie entrave la compréhension du langage. Et le TDAH, loin de se résumer à l’hyperactivité, fragilise la concentration, la mémoire de travail, et la régulation émotionnelle. Ensemble, ces troubles créent un quotidien en surcharge permanente.
Pourtant, pendant des années, Angèle n’a pas de diagnostic. Elle accumule les échecs scolaires, les regards condescendants, les phrases blessantes : « Tu pourrais faire un effort », « Tu es paresseuse », « Tu n’écoutes pas ». Des propos que Lucie Blanchard, psychologue spécialisée en troubles neurodéveloppementaux, entend trop souvent : « On stigmatise l’enfant au lieu de comprendre son fonctionnement. On lui dit qu’il est en faute, alors qu’il est en souffrance. »
Le chemin vers un diagnostic clair est semé d’embûches. Pour Angèle, il faudra attendre ses 17 ans, et des allers-retours entre Paris et Lyon, pour enfin obtenir une évaluation sérieuse. Jusque-là, elle subit des « professionnels » qui minimisent, jugent, ou pire, humilient. « J’ai entendu des médecins dire que c’était psychologique, que je devais “bien vouloir travailler” », raconte-t-elle. Ces mots, prononcés avec autorité, laissent des traces profondes. L’estime de soi s’effrite, l’isolement s’installe.
Le harcèlement scolaire aggrave tout. Pendant treize ans, Angèle est la cible de moqueries, d’exclusion, de brimades. « Je n’étais pas méchante, je n’étais pas agressive. Je ne comprenais pas les codes, je parlais trop vite ou pas assez, je faisais des gestes maladroits. Et ça suffisait à être rejetée. » Tom, son frère, se souvient : « Elle rentrait du collège en silence, les yeux rouges. On savait qu’elle ne disait pas tout. »
C’est finalement une AVS (auxiliaire de vie scolaire) exceptionnelle qui change le cours des choses. Elle voit Angèle non comme une élève en échec, mais comme une personne en souffrance. Elle adapte, accompagne, protège. Mais même ce soutien ne suffit pas à compenser un système inadapté. La déscolarisation devient inévitable. « Mon corps et mon esprit étaient en burn-out », confie Angèle. Un mot dur, mais juste. Le prix à payer pour une enfance passée à se battre contre des murs invisibles.
La reconstruction ne vient pas d’un coup de baguette magique. Elle s’inscrit dans un accompagnement patient, collectif, humain. La famille joue un rôle central. Bruno Solo, bien qu’habitué aux plateaux télé, reste discret. « Il ne m’a jamais poussée à parler, mais il m’a toujours dit : “Tu es intelligente, tu vaux quelque chose, même si le monde ne le voit pas.” » Ce soutien sans pression, cette reconnaissance inconditionnelle, devient un socle. La mère, Véronique, assure un ancrage quotidien, une présence rassurante. Et Tom, bien qu’ayant un parcours différent, reste un repère stable : « Il m’a appris à ne pas me comparer. À être moi. »
Angèle intègre une école de théâtre l’année dernière. Une décision symbolique. La scène, lieu de visibilité, de parole, de corps en mouvement, devient un espace de réparation. « Le théâtre, c’est une autre manière d’apprendre. Il n’y a pas de bon ou de mauvais, il y a l’essai, l’erreur, la répétition. » Elle rejoint une troupe de comédie musicale, où l’improvisation, la bienveillance et le jeu collectif remplacent les jugements. « Il y a un an, je n’aurais pas pu monter sur scène. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de parler. »
Chaque progrès est mesuré. Prendre le métro seul, une victoire. Apprendre à gérer ses impulsions, un combat quotidien. La conduite, impossible pour l’instant : TDAH et dyspraxie rendent la coordination trop complexe. Mais ce n’est pas une défaite. C’est une adaptation. « Je ne conduirai peut-être jamais. Et c’est OK. Ce qui compte, c’est que je puisse vivre ma vie, à ma manière. »
Le choix d’Angèle de parler publiquement n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une dynamique plus large : celle des personnes neurodivergentes qui, enfin, reprennent la parole sur leur propre expérience. Longtemps, les troubles neurodéveloppementaux ont été décrits par des experts, des parents, des enseignants. Rarement par ceux qui les vivent. Or, comme le souligne Lucie Blanchard, « il n’y a pas de vérité sur la dys sans la voix des dys ». Le témoignage d’Angèle, porté par une notoriété médiatique indirecte (celle de son père), amplifie un message crucial : la différence n’est pas un défaut.
Il appelle à une révolution culturelle : celle de l’adaptation. Des aménagements simples — temps supplémentaire, supports visuels, écoute bienveillante — peuvent tout changer. Mais ils supposent une reconnaissance préalable. « On ne demande pas aux dys de devenir “normaux”. On demande à la norme d’accepter la diversité », résume Angèle. Son message n’est pas de la revendication, mais de l’inclusion. Une inclusion qui passe par l’éducation, le travail, mais aussi les regards croisés dans la rue, les commentaires en famille, les échanges entre amis.
Le chemin est encore long. Malgré des avancées législatives, le dépistage précoce reste inégal. Trop d’enfants passent à travers les mailles du filet. Trop d’enseignants ne sont pas formés. Trop de familles s’épuisent dans des parcours de soins chaotiques. « Il faut sortir de la logique du “faire avec” », insiste Lucie Blanchard. « Il faut mettre en place des parcours de prise en charge fluides, des formations obligatoires, et surtout, une culture du neuro-équilibre. »
Le rôle des médias, des personnalités publiques, est ici décisif. En parlant, Angèle ne se met pas en scène : elle ouvre une brèche. Elle permet à d’autres de se reconnaître. « Depuis ma vidéo, j’ai reçu des dizaines de messages. Des adolescents qui disent : “Je suis comme toi, et je ne savais pas que c’était possible de le dire.” » Ce réseau d’empathie, fragile mais puissant, devient un levier de changement.
Angèle ne cherche ni la pitié ni la reconnaissance. Son objectif est clair : rendre visible l’invisible. Elle veut que les personnes comme elle cessent d’être jugées, stigmatisées, ou simplement ignorées. En parlant, elle offre une clé : celle de la compréhension. Et elle montre que la différence, loin d’être un obstacle, peut devenir une force, à condition d’être accompagnée.
Bruno Solo n’a jamais exposé sa famille. Mais son soutien, discret et constant, a été déterminant. Il a protégé, rassuré, et surtout, affirmé la valeur d’Angèle, indépendamment de ses performances. Ce rôle de père bienveillant, sans pression ni attente, a permis à Angèle de grandir malgré les obstacles. Il incarne un modèle de parentalité consciente, centrée sur l’écoute plutôt que sur la performance.
Plusieurs enseignements émergent. D’abord, l’importance du diagnostic précoce et bienveillant. Ensuite, la nécessité de repenser l’école comme un lieu d’inclusion, non d’évaluation normative. Enfin, la puissance de la parole : en racontant son parcours, Angèle ne se libère pas seulement — elle libère d’autres voix. Et c’est là, peut-être, le plus grand acte de courage : parler pour que d’autres puissent exister.
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