Gifi Ferme 11 Magasins France 2025 Decouvrez Le Votre
En plein cœur d’une mutation douloureuse, GiFi, emblème du discount à la française, opère un virage stratégique sans précédent. Depuis le 3 avril 2025, l’enseigne a entamé une restructuration drastique, marquée par la fermeture de 11 magasins et la suppression de 302 postes, dont une large part au siège de Villeneuve-sur-Lot. Ce plan, présenté comme une opération de survie, s’inscrit dans une logique de rationalisation face à une concurrence de plus en plus agressive et à une crise interne qui a fragilisé le groupe. Mais derrière ces chiffres froids, ce sont des vies, des parcours, des villes entières qui ressentent les effets d’un changement de cap que certains qualifient de nécessaire, d’autres de brutal.
La décision de fermer 11 points de vente n’est pas le fruit du hasard, mais d’une analyse poussée de la performance commerciale et logistique de chaque site. Ces magasins, jugés non viables, souffraient d’un manque chronique de rentabilité, aggravé par des loyers élevés, une faible fréquentation ou des contraintes de surface. Malgré plusieurs tentatives de relance, aucun repreneur n’a été trouvé pour reprendre les activités, contraignant GiFi à fermer définitivement les portes.
Ces suppressions représentent moins de 2 % du réseau national, qui compte encore 570 magasins, mais elles marquent un tournant symbolique. Pour la première fois, l’enseigne, fondée en 1981 par Philippe Ginestet, opère un retrait géographique ciblé, signe que la croissance effrénée des années précédentes cède la place à une gestion plus rigoureuse. Le contexte économique, marqué par la montée en puissance des géants du discount comme Action, mais aussi des plateformes low-cost comme Temu ou Maxi Bazar, a contraint GiFi à revoir sa stratégie de fond en comble.
Les fermetures touchent des villes réparties sur tout le territoire, illustrant que la crise n’épargne ni le nord, ni le sud, ni l’est de la France. Les sites concernés sont :
Chaque fermeture a un impact local. À Saint-Claude, par exemple, le magasin GiFi employait 14 personnes et était devenu un repère pour les habitants des environs, attirés par ses prix bas sur les produits du quotidien. « On venait ici pour faire ses courses sans se ruiner », témoigne Céline Rambert, mère de deux enfants, qui habitait à moins de cinq minutes à pied. « Maintenant, il faut aller à Lons-le-Saunier, et ce n’est pas accessible pour tout le monde. »
Les 302 suppressions d’emplois frappent de plein fouet les équipes de terrain et le siège historique de Villeneuve-sur-Lot. Sur ce total, 116 salariés sont directement impactés par les fermetures de magasins, tandis que 186 postes sont supprimés au siège, dans des fonctions administratives, logistiques ou commerciales. Une restructuration qui bouscule des carrières entières.
À Villeneuve-sur-Lot, la nouvelle a été vécue comme un coup dur. Marc Delmas, 52 ans, cadre dans la gestion des stocks depuis 1998, raconte : « J’ai vu GiFi grandir, se moderniser, traverser des crises. Mais là, c’est différent. On sent que l’entreprise se replie. » Il fait partie des 186 concernés, et bien que des mesures de reclassement soient promises, l’avenir reste incertain. « On parle de mobilité interne, mais vers où ? Les magasins ferment, le siège rapetisse. »
Le redressement de GiFi repose sur un plan en cinq axes, piloté par Philippe Brochard, nouveau dirigeant nommé en début d’année 2025. Ancien cadre dans la distribution, il a été choisi pour son expertise en transformation d’entreprises en difficulté. Son objectif : redonner à GiFi une identité claire, compétitive et durable.
Le premier pilier du plan est le repositionnement de l’offre produit. GiFi entend mieux cibler les attentes des consommateurs en multipliant les gammes locales, en privilégiant les produits éco-responsables et en développant des exclusivités. Le deuxième axe, l’agressivité sur les prix, vise à regagner des parts de marché face à Action, qui impose une pression constante sur les marges.
Le troisième volet concerne la logistique. Après la défaillance informatique de 2024, qui avait paralysé les livraisons pendant plusieurs semaines, GiFi modernise entièrement son système de gestion des stocks. Un nouveau logiciel, en phase de déploiement, doit permettre une meilleure anticipation des besoins et une réduction des ruptures.
Le quatrième axe, le remodeling des magasins, prévoit la rénovation de 80 boutiques d’ici la fin de l’année. L’idée est de créer une expérience client plus fluide, avec des allées plus larges, un éclairage amélioré et une signalétique plus claire. Enfin, la refonte marketing vise à renouveler l’image de marque, jugée vieillissante par certains observateurs.
Philippe Brochard incarne le nouveau visage de GiFi. Arrivé en pleine tempête, il a hérité d’une entreprise en crise mais avec un potentiel encore intact. « GiFi a un atout majeur : sa proximité », explique-t-il lors d’une réunion avec les équipes de Toulouse. « 80 % des Français vivent à moins de vingt minutes d’un de nos magasins. C’est une force qu’il faut capitaliser. »
Sa stratégie est claire : recentrer l’enseigne sur ses fondamentaux – le prix, l’accessibilité, la diversité – tout en modernisant ses processus. Il insiste sur la nécessité de « reprendre le contrôle » après une période de dérives. « Nous avons trop longtemps fonctionné en pilotage automatique. Il fallait un reset. »
Ce discours trouve un écho mitigé chez les salariés. Pour certains, comme Élodie Fournier, responsable d’un magasin à Bordeaux, Brochard apporte une bouffée d’air frais. « Enfin, on a un dirigeant qui écoute, qui parle clair. » Pour d’autres, comme Marc Delmas, la méfiance demeure. « On a déjà entendu ce genre de promesses. Cette fois, on verra si les actes suivent. »
La crise de 2024 a été un électrochoc. Tout a commencé par une panne informatique majeure, touchant le système de gestion des approvisionnements. Pendant plusieurs semaines, les commandes n’ont plus été traitées correctement, entraînant des ruptures de stock massives dans les magasins. Les clients, habitués à trouver tout à bas prix, se sont détournés.
La situation a révélé des failles structurelles : une dépendance excessive à un système obsolète, une gestion des flux trop centralisée, et un manque de réactivité face aux aléas. Le groupe a vu son chiffre d’affaires chuter de 12 % sur l’année, poussant les banques à intervenir pour éviter la faillite.
En janvier 2025, un accord de sauvetage a été signé, avec injection de fonds et mise en place d’une nouvelle gouvernance. Philippe Ginestet, fondateur et actionnaire majoritaire, a cédé la direction opérationnelle à Brochard, tout en réinjectant personnellement plusieurs millions d’euros. « Je crois encore en GiFi », a-t-il déclaré. Mais son retrait du terrain marque la fin d’une ère.
Le calendrier est serré. Philippe Brochard mise sur un rebond dès la fin de l’année 2025, porté par une conjoncture favorable : le marché du discount connaît une croissance annuelle de 8 %, et la pression sur le pouvoir d’achat pousse les consommateurs vers les enseignes low-cost.
Le pari est audacieux. Il repose sur la capacité de GiFi à transformer rapidement ses magasins, à stabiliser sa logistique et à regagner la confiance des clients. Des chantiers complexes, mais pas impossibles. « On a vu d’autres enseignes remonter la pente », souligne Sophie Leroy, consultante en distribution. « Le plus important, c’est la cohérence du message. GiFi doit dire clairement ce qu’il est : pas un supermarché, pas un bazar, mais un lieu où on trouve de tout à prix cassé, sans compromis sur la qualité. »
Les 116 salariés des magasins fermés bénéficient d’un plan de reclassement. GiFi affirme étudier chaque dossier individuellement, en proposant des mutations dans d’autres boutiques, des formations ou des accompagnements vers l’extérieur. Des cellules d’aide à l’emploi ont été mises en place en collaboration avec Pôle Emploi.
À Thiais, Aïcha Benali, vendeuse depuis huit ans, a été proposée pour un poste à Créteil. « C’est plus loin, mais au moins j’ai une chance de continuer. » D’autres, comme Thomas Gallet, à Tonnerre, envisagent de changer de secteur. « J’ai appris à gérer un point de vente, je pense que ça peut servir ailleurs. »
Pourtant, dans des villes plus petites, les opportunités sont rares. À La Ferté Macé, par exemple, le marché de l’emploi local est tendu. « On ne peut pas demander à tout le monde de déménager », note une élue locale, Émilie Charpentier. « Ces fermetures, c’est aussi une perte pour l’économie locale. »
Les réactions sont partagées. Certains, comme Jean-Marc Vasseur, habitant de Neuville-en-Ferrain, regrettent vivement la fermeture. « GiFi, c’était pratique, pas cher, et on trouvait toujours ce qu’on cherchait. Maintenant, je dois aller à Lille, et les parkings sont pleins. »
D’autres, en revanche, saluent la modernisation. « J’ai vu le nouveau magasin à Nantes, témoigne Lucie Nguyen. C’est plus agréable, plus clair. Si les prix restent bas, je reviendrai. »
GiFi est à un carrefour. Entre fermetures douloureuses, restructurations internes et tentatives de renaissance, l’enseigne tente de sauver ce qui peut l’être. Le chemin sera long, parsemé d’incertitudes, mais pas sans espoir. L’enjeu n’est pas seulement économique : il s’agit de préserver une marque ancrée dans le quotidien de millions de Français. Réussira-t-elle à se réinventer sans perdre son âme ? La réponse se jouera dans les mois à venir.
GiFi a fermé 11 magasins en avril 2025, situés dans des villes comme Thiais, Lyon, Toulouse ou Besançon, en raison d’un manque de rentabilité et d’absence de repreneur.
302 postes ont été supprimés, dont 116 dans les magasins fermés et 186 au siège de Villeneuve-sur-Lot.
Philippe Brochard a pris la direction opérationnelle de GiFi en 2025, après la crise informatique et financière de 2024. Il pilote un plan de transformation ambitieux.
Une panne majeure du système informatique a paralysé la gestion des approvisionnements, entraînant des ruptures de stock, une chute du chiffre d’affaires et une intervention des banques pour éviter la faillite.
Oui, GiFi mise sur un redressement dès fin 2025, en modernisant son offre, ses magasins et sa logistique, tout en capitalisant sur sa présence territoriale et la croissance du marché du discount.
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