Greve Assistantes Dentaires Chu Nantes Mieux Conditions
Dans les couloirs du centre de soins dentaires du CHU de Nantes, l’atmosphère est tendue. Depuis le mercredi 8 octobre, les assistantes médico-administratives du secrétariat ont entamé un mouvement de grève, soutenues par la CGT. Ce n’est pas une décision prise à la légère, mais le résultat d’une accumulation de pression, de surcharge et de conditions de travail qui, selon elles, menacent désormais la qualité des soins prodigués aux patients. Alors que la demande en soins dentaires augmente dans la région en raison d’un manque criant de praticiens libéraux, les effectifs administratifs, eux, diminuent. Ce paradoxe alimente une crise silencieuse, mais bien réelle, au cœur d’un service essentiel.
Le déclencheur principal de ce mouvement de grève réside dans la suppression de deux postes dédiés aux admissions aux urgences. Ces suppressions, intervenues dans le cadre d’une réorganisation interne, ont eu un effet immédiat et brutal sur le reste de l’équipe. Désormais, les tâches autrefois réparties entre plusieurs personnes doivent être absorbées par un effectif réduit. Le guichet unique, mis en place comme une solution d’optimisation, s’est transformé en un goulot d’étranglement.
Selma Bénichou, coordinatrice du service depuis huit ans, témoigne : Avant, chaque assistante avait un rôle précis. Il y avait une personne pour les urgences, une autre pour les rendez-vous programmés, une troisième pour les dossiers administratifs. Aujourd’hui, on doit tout faire, et tout en même temps. Selon elle, le système est devenu ingérable. On arrive le matin avec 30 appels en absence, 50 mails non lus, et une file de patients qui s’impatiente à l’accueil. On ne peut plus assurer un service digne de ce nom.
Les chiffres avancés par la CGT sont alarmants : plus de 600 courriels sont en attente de traitement. Une situation qui illustre parfaitement l’ampleur du débordement. Les assistantes ne parviennent plus à répondre aux appels téléphoniques, ni à scanner les documents nécessaires au suivi des dossiers. Certaines tâches administratives vitales, comme la mise à jour des dossiers patients ou la transmission d’informations aux équipes médicales, sont retardées, voire oubliées.
Le problème ne reste pas confiné au secrétariat. Il a des répercussions directes sur les patients. En raison de dysfonctionnements informatiques liés à la saturation du système, des rendez-vous ont été annulés au dernier moment. J’ai fait deux heures de transport pour venir, et on m’a dit que mon rendez-vous n’existait pas dans l’ordinateur , raconte Élodie Rambert, une patiente de Rezé. J’ai dû repartir sans être soignée. J’ai une rage de dents depuis trois jours. Ce type de situation, malheureusement, se multiplie.
Les assistantes ne rejettent pas la faute sur les patients, mais sur un système qui, selon elles, ne tient plus la route. On ne veut pas qu’ils souffrent à cause de nos conditions de travail , insiste Selma. Mais on ne peut pas continuer à jouer aux pompiers sans renforts.
Le centre de soins dentaires du CHU de Nantes n’est pas en surcharge par caprice. Il joue un rôle de plus en plus central dans l’offre de soins de la région Pays de la Loire. En cause : une pénurie croissante de dentistes en secteur libéral, notamment dans les zones péri-urbaines et rurales. De nombreux patients, particulièrement ceux à faibles revenus ou bénéficiaires de l’aide médicale d’État, n’ont d’autre choix que de se tourner vers les structures hospitalières.
On voit arriver des gens qui n’ont pas vu un dentiste depuis dix ans , explique le docteur Yannick Le Guen, chirurgien-dentiste au CHU. Parfois, ils ont des infections sévères, des abcès, des douleurs chroniques. Ce n’est plus de la prévention, c’est de l’urgence médicale.
Le volume de patients a augmenté de 25 % en deux ans, selon les estimations internes du service. Pourtant, les effectifs administratifs n’ont pas suivi cette croissance. On nous demande de faire plus avec moins, résume Camille Duret, une assistante en grève. C’est humainement impossible.
Les assistantes médico-administratives ne demandent pas des augmentations salariales spectaculaires ni des avantages particuliers. Leur revendication est simple : des moyens humains supplémentaires. Elles exigent la création de postes, notamment au niveau des admissions, mais aussi au sein de l’équipe administrative générale.
On ne veut pas travailler à la chaîne, on veut travailler dignement , affirme Inès Troadec, déléguée syndicale CGT. Un poste supplémentaire à l’accueil, un autre pour le traitement des mails et des dossiers, ce serait déjà un début.
La CGT souligne que l’expérimentation du guichet unique, censée simplifier les processus, a en réalité aggravé la situation. Ce système suppose une fluidité dans les échanges et une stabilité dans les effectifs. Or, on est dans un contexte de pénurie. Il faut revoir le modèle avant qu’il ne s’effondre.
Le CHU a pris acte du mouvement de grève. Dans un communiqué, la direction affirme comprendre les difficultés exprimées par les agents et indique que des discussions sont en cours. Toutefois, aucune annonce concrète de création de postes n’a été faite à ce jour.
Nous sommes dans un contexte budgétaire contraint , justifie le directeur adjoint, Marc Vasseur. Mais nous travaillons à une restructuration du service pour mieux répartir les charges. Des solutions techniques sont également envisagées pour améliorer la gestion informatique des rendez-vous.
Pour les grévistes, ces déclarations restent vagues. On entend ça depuis des mois, soupire Camille Duret. On veut des engagements, pas des promesses.
Le risque principal, c’est que les patients en souffrent. Les assistantes en grève assurent qu’elles font tout pour limiter les perturbations, mais leur absence au poste fragilise un système déjà sous tension. Les appels non traités, les rendez-vous perdus, les dossiers en souffrance : autant de maillons faibles qui peuvent retarder des soins parfois urgents.
Le docteur Le Guen s’inquiète : Si l’administratif bloque, le médical bloque aussi. On ne peut pas soigner un patient si on n’a pas son dossier, si on ne sait pas s’il est allergique à tel ou tel produit.
De plus, la grève intervient à un moment où la pression sur les services hospitaliers est déjà forte. La rentrée médicale, traditionnellement chargée, coïncide avec une vague de reprise des consultations après l’été. On est au bord du gouffre , confie Selma Bénichou. Si rien n’est fait, on risque de voir des erreurs, des oublis, des retards qui mettront en danger des patients.
Le mouvement à Nantes n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une tendance plus large de tension dans les services administratifs des hôpitaux français. Partout, les assistantes médico-administratives dénoncent des conditions de travail dégradées, des effectifs insuffisants, et une reconnaissance insuffisante de leur rôle.
Pourtant, ces professionnelles sont les rouages essentiels du système de santé. Elles sont souvent les premières personnes que croisent les patients. Elles organisent les flux, gèrent les urgences, coordonnent les équipes. Sans elles, rien ne fonctionne.
On est invisibles, mais on tient tout ensemble , résume Inès Troadec. Quand on s’arrête, on se rend compte à quel point on est indispensables.
Pour sortir de cette impasse, plusieurs pistes sont envisageables. La première, la plus urgente, est la création de postes permanents, financés par des crédits dédiés à l’hôpital public. La seconde consiste à repenser les modèles organisationnels, comme le guichet unique, qui doivent être adaptés à la réalité du terrain, et non imposés d’en haut sans évaluation.
Des solutions techniques, comme l’automatisation de certaines tâches administratives ou l’amélioration des logiciels de gestion, pourraient aussi alléger la charge. Mais, comme le souligne Selma Bénichou, la technologie ne remplace pas l’humain. On a besoin de bras, pas juste de bons logiciels.
Enfin, une meilleure reconnaissance du métier d’assistante médico-administrative est nécessaire. On n’est pas des machines à tamponner des dossiers, on est des professionnelles de la santé , insiste Camille Duret. Il faut qu’on soit considérées comme telles, dans les salaires, dans les responsabilités, dans la formation.
Le mouvement à Nantes est encore en cours. Les grévistes espèrent que leur action sera entendue, non pas comme une simple protestation, mais comme un cri d’alerte lancé pour la qualité des soins.
On ne veut pas faire la grève, on veut travailler , répète Inès Troadec. Mais on ne peut pas travailler dans des conditions qui mettent en danger les patients et notre propre santé.
Leur espoir ? Que cette mobilisation serve de déclic à une réforme plus large de l’administration hospitalière, trop souvent oubliée dans les débats sur la santé publique.
La grève des assistantes médico-administratives du CHU de Nantes est bien plus qu’un conflit local. Elle met en lumière une faille structurelle du système de santé français : l’oubli des personnels administratifs, pourtant indispensables au bon fonctionnement des soins. Face à l’augmentation de la demande et à la pénurie de moyens, ces professionnelles tirent la sonnette d’alarme. Leur combat n’est pas seulement pour de meilleures conditions de travail, mais pour la préservation d’un service public de qualité, accessible à tous.
La suppression de deux postes dédiés aux admissions aux urgences a entraîné une surcharge de travail insupportable pour les assistantes médico-administratives restantes, qui réclament désormais des renforts.
Plus de 600 mails sont en attente, les appels ne sont pas traités, les dossiers ne sont pas mis à jour, et des patients se voient annuler leurs rendez-vous à leur arrivée au centre.
En raison de la pénurie de dentistes en secteur libéral, de plus en plus de patients, notamment précaires, se tournent vers le CHU pour obtenir des soins, augmentant ainsi la pression sur les services.
Les assistantes demandent la création de postes supplémentaires, tant aux admissions qu’au sein de l’équipe administrative, afin de faire face à la croissance d’activité et de préserver la qualité des soins.
Le CHU reconnaît les difficultés, mais n’a pas encore annoncé de création de postes. Des discussions sont en cours, mais les grévistes jugent les réponses insuffisantes et trop floues.
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