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Hausse de la CSG à l’horizon 2025 : les retraités inquiets pour leur pouvoir d’achat

Alors que la préparation du budget 2026 s’accélère dans un climat économique tendu, les retraites deviennent l’un des sujets les plus sensibles du débat public. Avec un coût annuel avoisinant les 350 milliards d’euros, ce volet représente une part colossale des dépenses publiques. Le gouvernement explore plusieurs pistes pour assainir les comptes, dont certaines touchent directement au pouvoir d’achat des retraités. Deux mesures en particulier suscitent l’inquiétude : la possible suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions et l’alignement de la CSG des retraités sur celui des actifs. Ces propositions, encore en phase de réflexion, pourraient transformer en profondeur le quotidien de millions de ménages, surtout ceux aux revenus intermédiaires ou supérieurs.

Qu’est-ce que l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions ?

Depuis plusieurs décennies, les retraités bénéficient d’un abattement de 10 % sur le montant brut de leur pension lors du calcul de leur impôt sur le revenu. Cet avantage, inscrit dans la loi, concerne plus de huit millions de foyers fiscaux. Il s’applique automatiquement et permet de réduire significativement la base imposable, sans condition de ressources. Pour un retraité percevant 2 500 € mensuels, cela équivaut à une économie d’environ 300 € par an, selon son taux marginal d’imposition.

Cet abattement n’est pas une niche fiscale réservée à une élite. Il touche aussi bien des enseignants à la retraite comme Élodie Rambert, 68 ans, ancienne professeure de lettres à Lyon, que des ouvriers retraités comme Marc Léonetti, 71 ans, qui a passé quarante ans dans une usine métallurgique à Saint-Étienne. « Quand j’ai reçu ma première pension, j’ai été soulagée de voir que ce petit coup de pouce existait », confie Élodie. « Ça ne change pas la vie, mais ça aide à tenir le budget, surtout avec les augmentations d’électricité et de chauffage. » Pour Marc, l’enjeu est encore plus concret : « Je fais attention à chaque euro. Si on supprime ça, ce sera comme une hausse d’impôt déguisée. On a déjà donné pendant toute notre vie active. »

Le gouvernement envisage de supprimer cet abattement pour dégager des recettes rapides. L’argument financier est clair : cette mesure pourrait rapporter plusieurs milliards d’euros. Mais son impact social pourrait être lourd, car elle toucherait des millions de ménages qui ne se sentent pas riches, mais qui sont classés comme tels par l’administration.

Pourquoi l’alignement de la CSG est-il envisagé ?

La Contribution Sociale Généralisée (CSG) est un prélèvement destiné à financer la protection sociale. Actuellement, les retraités paient un taux de 8,3 % sur leurs pensions, contre 9,2 % pour les actifs sur leurs salaires. Cette différence, héritée de réformes passées, est régulièrement pointée du doigt par des organisations patronales comme le Medef et la CPME, qui y voient une distorsion d’équité.

Leur raisonnement est simple : si tous les citoyens doivent contribuer au financement de la sécurité sociale, pourquoi les retraités seraient-ils moins taxés que les travailleurs ? « On ne parle pas de stigmatiser les retraités, mais de rétablir une logique de solidarité nationale », explique Sophie Trenet, économiste et conseillère auprès d’un think tank libéral. « Les actifs supportent une pression fiscale croissante. Il est temps que les retraités aux revenus confortables participent davantage. »

Une telle mesure concernerait environ 5,5 millions de retraités, principalement ceux dont les pensions dépassent 2 000 € par personne ou 4 000 € pour un couple. Pour un couple comme Agnès et Pierre Vasseur, retraités à Bordeaux vivant d’une pension combinée de 4 200 €, la hausse représenterait une perte d’environ 450 € par an. « On a mis des années à stabiliser notre budget, avec des petits plaisirs comme un voyage en train deux fois par an », raconte Agnès. « Si on nous prend encore ça, on devra choisir entre le chauffage et les sorties culturelles. »

Le débat dépasse la seule question financière. Il touche à une perception de justice : les retraités ont-ils payé leur dû pendant leur carrière ? Beaucoup, comme Marc Léonetti, estiment que oui. « J’ai cotisé toute ma vie. Je ne vis pas dans le luxe. Alors me dire que je dois payer plus maintenant, alors que je ne travaille plus, c’est dur à accepter. »

Quel serait l’impact réel sur les foyers concernés ?

Les mesures envisagées ne frapperaient pas uniformément tous les retraités. Les plus modestes, déjà exonérés de CSG ou bénéficiant de taux réduits, seraient épargnés. En revanche, les classes moyennes supérieures – souvent oubliées dans les aides sociales – se retrouveraient en première ligne.

Prenez le cas de Jean-François Mercier, 65 ans, ancien cadre dans une entreprise de logistique à Nantes. Sa pension mensuelle s’élève à 3 800 €. Sans abattement et avec une CSG à 9,2 %, il perdrait environ 700 € par an. « Je ne suis pas riche, mais je ne suis pas pauvre non plus », dit-il. « Je paie mon loyer, mes assurances, et j’aide parfois mes enfants. Chaque euro compte. Ce genre de mesure, même si elle semble marginale, fragilise des gens qui pensaient avoir atteint une certaine stabilité. »

Le risque, pour le gouvernement, est de creuser un sentiment d’injustice. Les retraités des classes moyennes ont souvent cotisé longtemps, sans bénéficier de retraites chapeaux ou de régimes spéciaux. Ils ont vu leur pouvoir d’achat érodé par l’inflation, les hausses de loyer, et les tarifs des services publics. Une nouvelle ponction, même ciblée, pourrait être perçue comme une trahison.

Les associations de retraités, comme la CNAV ou la Fédération des retraités CGT, commencent à alerter. « On ne peut pas continuer à demander des efforts aux mêmes populations », affirme Lina Bouvier, porte-parole de l’association Retraités Solidaires. « Les retraités ne sont pas une variable d’ajustement budgétaire. Beaucoup vivent avec des pensions gelées ou insuffisantes. On parle de dignité, pas seulement de chiffres. »

Quelles alternatives au gouvernement ?

Face à la pression, le gouvernement pourrait opter pour des solutions intermédiaires. Par exemple, supprimer l’abattement fiscal uniquement au-delà d’un certain seuil de revenus, ou étaler la hausse de la CSG sur plusieurs années pour limiter l’impact immédiat. Une autre piste serait de compenser partiellement la perte par des allègements ailleurs, comme sur les impôts locaux ou les frais de santé.

Mais ces compromis sont délicats à mettre en œuvre. Toute mesure ciblée nécessite des seuils, des barèmes, et des contrôles, ce qui alourdit la complexité du système. De plus, dans un contexte de déficit budgétaire, les recettes immédiates sont prioritaires. « Le gouvernement cherche des mesures rapides et visibles », analyse Thomas Delmas, politologue à Sciences Po. « Toucher aux retraités, c’est risqué, mais c’est aussi efficace en termes de rentrées fiscales. Et politiquement, les retraités votent, mais ils ne descendent pas toujours dans la rue. »

Pourtant, l’histoire récente montre que les retraités peuvent se mobiliser. Les grèves de 2019 contre la réforme des retraites ont vu des cortèges importants, mêlant jeunes et anciens. Si une mesure est perçue comme injuste, le risque de contestation sociale est réel. « On n’a pas envie de manifester, mais on le fera si nécessaire », prévient Marc Léonetti. « On a encore des jambes, et surtout, on a la mémoire. »

Que retenir de cette possible hausse de la CSG ?

La hausse de la CSG pour les retraités n’est pas une certitude, mais elle est sérieusement envisagée dans le cadre du budget 2026. Elle s’inscrit dans une logique d’équité fiscale et de recherche de nouvelles recettes. Environ 30 % des retraités seraient concernés, avec des pertes annuelles pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros.

Le gouvernement tente de naviguer entre deux écueils : assainir les comptes publics sans briser la confiance des classes moyennes. Les retraités, souvent silencieux, pourraient devenir un enjeu central si les mesures se concrétisent. Le projet de loi de finances devrait être dévoilé en septembre. D’ici là, les débats parlementaires, les pressions syndicales et les réactions du terrain joueront un rôle déterminant. Une chose est sûre : dans un contexte d’austérité, chaque euro compte – mais chaque voix aussi.

A retenir

Quelles sont les mesures envisagées contre les retraités ?

Deux mesures principales sont à l’étude : la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions et l’alignement du taux de CSG des retraités sur celui des actifs, passant de 8,3 % à 9,2 %. Ces pistes visent à dégager des recettes pour le budget 2026.

Qui serait concerné par ces changements ?

Les retraités aux revenus les plus élevés seraient principalement touchés. Environ 5,5 millions de retraités pourraient être impactés par la hausse de la CSG, tandis que plus de huit millions bénéficient actuellement de l’abattement fiscal. Les plus modestes devraient être protégés par des dispositifs existants.

Quel serait le coût pour un ménage retraité ?

Pour un couple percevant 4 000 € par mois, la combinaison des deux mesures pourrait entraîner une perte annuelle d’environ 700 à 900 €, selon la composition du foyer et le taux d’imposition. Cela pèserait sur des postes essentiels comme le logement, les soins ou les dépenses alimentaires.

Y a-t-il une opposition à ces mesures ?

Oui, plusieurs associations de retraités et syndicats s’élèvent contre ces projets, arguant d’un risque d’érosion du pouvoir d’achat et d’injustice fiscale. Des voix politiques, surtout à gauche, mettent en garde contre une possible contestation sociale si ces mesures sont appliquées sans compensation.

Quand saura-t-on si ces mesures seront adoptées ?

Le projet de loi de finances pour 2026 sera présenté en septembre. C’est à ce moment que les contours définitifs des mesures budgétaires seront connus. Les débats parlementaires devraient s’intensifier à l’automne, avec un vote attendu avant la fin de l’année.

Anita

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