Herissons En Danger Retirez Cet Objet Vite
En cette saison automnale où les feuilles roussissent et les nuits s’allongent, un drame silencieux se joue dans les jardins français. Les hérissons, ces petits mammifères discrets et précieux, entament leur course contre la montre pour survivre à l’hiver. Alors qu’ils sont perçus comme des alliés naturels du jardinier, capables de réguler les populations de limaces et d’insectes nuisibles, ils se retrouvent de plus en plus piégés – parfois littéralement – dans des obstacles invisibles, souvent laissés sans surveillance. Entre hibernation imminente et dangers domestiqués par l’humain, leur vulnérabilité atteint un niveau critique.
Entre septembre et novembre, les hérissons entrent dans une phase cruciale de leur cycle annuel : la préparation à l’hibernation. Pour tenir plusieurs mois sans manger, ils doivent accumuler des réserves de graisse équivalant à près de 30 % de leur poids corporel. Cette nécessité les pousse à quadriller les jardins, les parcs et les friches urbaines, à la recherche de nourriture et d’un abri sécurisé.
C’est précisément cette frénésie qui les met en danger. Contrairement à une idée reçue, les hérissons ne hibernent pas n’importe où. Ils recherchent des lieux protégés, souvent au sol, sous des tas de feuilles mortes, des buissons denses ou des cabanes improvisées. Et c’est là que le piège peut se refermer.
Non, les hérissons ne sont pas imprudents. Mais leur instinct de survie les pousse à explorer des zones qu’ils ne fréquenteraient pas en d’autres saisons. C’est le cas de Clémentine, une naturaliste bénévole au sein d’un refuge pour hérissons en région Bourgogne, qui raconte : « L’an dernier, nous avons secouru un mâle âgé d’environ deux ans, complètement emmêlé dans un filet de protection contre les oiseaux. Il avait dû le prendre pour un buisson dense, un abri idéal. En réalité, il s’est retrouvé prisonnier en moins de deux heures. »
Les hérissons, nocturnes et myopes, perçoivent mal les obstacles artificiels. Leur vision floue, couplée à leur mode de déplacement – lent et furtif –, les rend incapables d’éviter des pièges comme les filets ou les bâches laissées à même le sol.
Les filets de protection, souvent utilisés pour protéger les cultures des oiseaux ou des rongeurs, sont devenus l’un des principaux fléaux pour les hérissons. Leur danger réside dans leur discrétion : posés au ras du sol, abandonnés en tas ou mal fixés, ils deviennent des pièges mortels en quelques heures.
Le mécanisme est cruellement simple. Lorsqu’un hérisson s’approche d’un filet mal tendu, ses piquants s’accrochent aux mailles. Paniqué, l’animal réagit en se roulant instinctivement en boule – une défense naturelle contre les prédateurs. Mais cette posture aggrave la situation : plus il se contracte, plus les piquants s’enfoncent dans le tissu, l’empêchant de se dégager.
« C’est un cauchemar », confie Thomas Lefebvre, vétérinaire spécialisé en faune sauvage à Dijon. « J’en vois plusieurs chaque automne. Certains sont déshydratés, affamés, avec des plaies profondes causées par les piquants qui se sont brisés ou ont pénétré leur propre peau. Dans les cas les plus graves, l’animal meurt d’épuisement ou d’infection. »
Les associations de protection animale, comme Pro Igel en Suisse, alertent régulièrement sur ce risque. Selon leurs données, les filets – qu’ils soient destinés aux oiseaux, aux tomates ou aux baies – sont responsables d’un nombre croissant de décès chaque année. Et le pire, c’est que ces accidents sont parfaitement évitables.
Les filets ne sont qu’un maillon dans une chaîne de menaces domestiques. Beaucoup d’objets du quotidien, laissés sans surveillance, deviennent des pièges mortels pour les hérissons.
Les points d’eau, souvent inaccessibles, sont particulièrement redoutables. Un hérisson peut tomber dans une bâche de récupération d’eau de pluie ou une piscine sans rampe de sortie. Incapable de nager longtemps ni de grimper sur les parois lisses, il se noie en quelques heures.
Élodie Rambert, habitante de Lyon, s’en veut encore : « J’ai trouvé un hérisson noyé dans ma bâche d’eau de pluie. Je ne savais même pas qu’il était là. Depuis, j’ai installé une petite planche en pente. J’ai vu un autre hérisson s’en servir pour sortir. C’est si simple, et pourtant, tant de gens n’y pensent pas. »
Les robots tondeuses, pratiques mais redoutables, fonctionnent souvent la nuit – précisément l’heure de sortie des hérissons. Sans capteur de détection efficace, ces machines peuvent écraser ou mutiler les animaux. L’association « Sauvegarde des hérissons français » a recensé plusieurs cas chaque année, notamment dans les zones périurbaines.
Les boîtes de conserve abandonnées, même partiellement pleines d’eau, peuvent piéger un hérisson qui tente d’y boire. De même, les fosses à compost mal couvertes deviennent des puits sans fond. Et les restes de barbecue ? Ils peuvent contenir des aliments fermentés, toxiques pour les hérissons. « Un morceau de pain rassis ou une croûte de saucisse peut provoquer une intoxication fatale », précise Thomas Lefebvre.
Protéger les hérissons ne demande pas de grands sacrifices, mais une attention accrue aux gestes du quotidien. Chaque jardin peut devenir un sanctuaire, à condition d’adopter quelques règles simples.
La règle d’or est de ne jamais laisser un filet traîner au sol. Il doit être tendu à au moins 20 cm de hauteur et solidement fixé. Mieux encore : le retirer dès que la saison de culture est terminée. « Un filet rangé est un filet inoffensif », résume Clémentine. « Et si vous devez l’utiliser, vérifiez chaque soir qu’aucun animal n’y est coincé. »
Plusieurs gestes simples font la différence :
« J’ai transformé un coin de mon jardin en refuge », témoigne Julien Moreau, retraité à Bordeaux. « J’y ai mis un petit abri en bois, une planche dans la mare, et j’ai bouché les trous sous la terrasse. L’année dernière, j’ai vu trois hérissons s’y installer. Savoir qu’ils sont en sécurité, ça me fait du bien. »
Les mentalités évoluent, lentement mais sûrement. De plus en plus de collectivités installent des passages à hérissons sous les clôtures publiques, et certaines villes proposent des kits de sensibilisation aux habitants. Les réseaux sociaux jouent aussi un rôle clé : des vidéos de sauvetage, des témoignages de jardiniers engagés, des conseils partagés en masse.
Cependant, le chemin reste long. « On reçoit encore trop d’appels d’urgence », déplore Clémentine. « 40 % des hérissons secourus entre septembre et novembre sont victimes de pièges domestiques. Ce sont des morts inutiles. »
Parce qu’ils doivent accumuler des réserves de graisse et trouver un abri sécurisé avant l’hibernation. Cette quête les pousse à explorer des zones inhabituelles, souvent dangereuses, comme les jardins mal aménagés.
Les filets mal tendus ou laissés au sol piègent les hérissons par leurs piquants. Leur réflexe de se rouler en boule aggrave l’emmêlement, les empêchant de se libérer. Sans secours rapide, ils meurent d’épuisement, de déshydratation ou d’infection.
Les bâches d’eau de pluie, les piscines sans rampe, les tondeuses automatiques nocturnes, les boîtes de conserve, les fosses à compost mal couvertes et les restes de nourriture fermentée sont autant de pièges potentiels.
Tendre les filets à 20 cm du sol ou les ranger, installer des planches de sortie dans les points d’eau, laisser une zone sauvage, vérifier les tas de feuilles avant de les brûler, et éviter de tonder la nuit. Ces gestes simples peuvent sauver des vies.
Oui, et c’est même bénéfique. Les hérissons régulent naturellement les populations de limaces, d’insectes et de vers. En aménageant son jardin de façon respectueuse, on favorise une biodiversité saine et on participe à la préservation d’une espèce en déclin.
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