Hommage Jacques Martial Cesaire 15 Aout 2025 France4
Le 15 août, alors que la chaleur de l’été berce les esprits, France 4 opère un geste rare : décaler sa grille pour offrir un espace de mémoire, d’émotion et d’engagement. Ce soir-là, l’écran devient théâtre, et le théâtre, mémoire collective. À travers la rediffusion de Cahier d’un retour au pays natal, la chaîne rend hommage à Jacques Martial, disparu le 13 août à l’âge de soixante-dix ans. Mais ce n’est pas une simple commémoration. C’est un retour au vivant, une reprise du fil tendu entre l’art, la parole et l’identité. Un hommage qui ne se contente pas de regarder en arrière, mais qui invite à écouter, à sentir, à comprendre.
La décision de France 4 n’est pas anodine. En choisissant de diffuser Cahier d’un retour au pays natal, la chaîne ne célèbre pas seulement un acteur populaire, mais un artiste engagé, un passeur de textes fondateurs. Jacques Martial, connu du grand public pour son rôle de « Bain-Marie » aux côtés de Roger Hanin dans Navarro, incarnait bien plus qu’un personnage secondaire. Il portait une présence calme, fidèle, mais profondément humaine. C’est cette densité, cette justesse, que France 4 souhaite préserver.
Le choix du 15 août, juste deux jours après sa disparition, est significatif. Il témoigne d’une volonté de ne pas laisser le silence s’installer. « Ce n’était pas une mort attendue, même si on savait qu’il était malade », confie Léa Béranger, comédienne et ancienne collaboratrice de Jacques Martial au Théâtre de l’Épée de bois. « Il avait cette énergie, cette lumière, même quand il était fatigué. Diffuser son dernier spectacle, c’est comme s’il nous adressait un dernier message. »
France 4 ne rend pas hommage à une carrière, mais à une œuvre vivante, traversée par la poésie, la politique et la scénographie. Jacques Martial n’était pas seulement un acteur, mais un metteur en scène exigeant, un doubleur attentif à la musicalité des voix, un homme public engagé comme adjoint à la maire de Paris, chargé des Outremers. Ce geste télévisuel rassemble tous ces visages, sans emphase, sans pathos, avec une sobriété qui parle plus fort que les mots.
Créé et capté en 2022 au Théâtre de l’Épée de bois, Cahier d’un retour au pays natal est bien plus qu’une lecture scénique. C’est une immersion. Le poème d’Aimé Césaire, publié en 1939, est un cri, un souffle, une révolte lyrique contre l’effacement colonial. À vingt-six ans, Césaire, Martiniquais formé à Paris, invente une langue neuve, fière, déchirante. Il ne revient pas au pays par nostalgie, mais pour le reconstruire, mot après mot, image après image.
Jacques Martial a choisi de l’incarner sans filtre, sans distance. « Il ne voulait pas “jouer” Césaire, il voulait le porter », explique Samuel Koffi, dramaturge qui a travaillé avec lui sur ce spectacle. « Il disait souvent : “Ce texte n’est pas du passé. Il parle de maintenant. Il parle de nous.” » Sur scène, Martial ne se contente pas de réciter. Il traverse le plateau comme on traverse un champ de bataille : avec attention, avec douleur, avec dignité. La scénographie, sobre, met en valeur chaque geste, chaque silence. La lumière suit la voix, comme une respiration.
Le choix de ce texte résonne particulièrement aujourd’hui. Alors que les débats sur les identités, le racisme, la mémoire coloniale s’intensifient, parfois réduits à des querelles de mots, Jacques Martial rappelle que la poésie peut être un lieu de vérité. « Il ne cherchait pas à convaincre, mais à faire entendre », poursuit Léa Béranger. « Quand il prononçait “Je suis venu pieds nus, je suis venu mains nues”, on sentait que c’était une revendication, pas une plainte. »
Le Cahier d’un retour au pays natal n’est pas un document historique. C’est une œuvre vivante, qui continue de questionner, de bousculer. En 1939, il inaugure le mouvement de la Négritude, mais il va bien au-delà. Il parle d’identité, certes, mais aussi de dignité, de révolte, de reconstruction. Il refuse l’aliénation, la soumission, le silence. Et cette exigence, cette clarté, font que le texte traverse les décennies sans perdre de sa force.
Jacques Martial en avait conscience. Il savait que redire Césaire, c’était aussi redire que l’art n’est pas neutre. « Il disait souvent : “On ne peut pas lire ce texte sans être changé après.” », témoigne Samuel Koffi. « Pour lui, c’était une responsabilité. Pas seulement artistique, mais citoyenne. »
La diffusion télévisée de cette captation, à 22h20 le 15 août, n’est pas anodine. Elle place le poème au cœur du temps présent, dans un moment où la télévision pourrait choisir le divertissement. Mais France 4 choisit l’écoute. Et cette écoute, elle est politique. Elle dit que les voix des opprimés, des exilés, des oubliés, ont leur place à l’antenne. Elle dit que la mémoire n’est pas un musée, mais un chantier.
Le hommage à Jacques Martial ne fige pas la mémoire. Il la relance. En diffusant ce spectacle, France 4 ne clôt rien. Elle ouvre. Elle invite à reprendre le texte, à le relire, à le rejouer. Car chaque reprise éclaire autrement une œuvre vivante. « Jacques n’aurait jamais voulu qu’on l’enterre avec des fleurs », sourit Léa Béranger. « Il voulait qu’on continue. Qu’on parle. Qu’on agisse. »
Cette soirée dit aussi que la télévision peut être un lieu de transmission. Pas seulement de divertissement ou d’information, mais de sens. Elle montre que les écrans peuvent devenir des espaces de présence. Jacques Martial, sur scène, regarde le public. Et ce regard, capté, diffusé, continue de nous interroger. « Il avait cette capacité à rendre le théâtre accessible sans jamais le simplifier », analyse Samuel Koffi. « Il croyait que la beauté et la vérité pouvaient aller ensemble. »
Le geste de France 4 est donc un passage. Entre générations, entre médias, entre mémoire et présent. Il ne célèbre pas une fin, mais un commencement. Celui de la relève, de la reprise, de la continuité. Il dit que l’art, quand il est sincère, ne meurt jamais.
Jacques Martial laisse un héritage multiple. Celui de l’acteur engagé, du metteur en scène exigeant, du citoyen attentif. Mais surtout, il laisse un exemple : celui d’un homme qui a refusé les cases. Ni seulement comédien, ni seulement militant, ni seulement fonctionnaire. Il a tout traversé avec la même exigence : celle de la justesse.
« Il m’a appris que chaque mot compte », confie Léa Béranger. « Pas seulement sur scène, mais dans la vie. Il disait : “On ne parle pas pour remplir le silence. On parle pour le traverser.” »
Son travail sur la voix, notamment en tant que doubleur, témoigne de cette recherche constante de la nuance. Il savait que la parole n’est pas neutre. Qu’elle porte des silences, des mémoires, des pouvoirs. Et c’est cette conscience qu’il a transmise, à ses élèves, à ses collègues, à son public.
En rediffusant Cahier d’un retour au pays natal, France 4 ne rend pas seulement hommage à un artiste. Elle transmet une éthique. Celle de l’écoute, de la responsabilité, de la fidélité au texte et au monde. Un héritage qui ne se mesure pas en trophées, mais en voix qui se relèvent.
France 4 a choisi Cahier d’un retour au pays natal parce qu’il incarne l’essence de l’engagement artistique de Jacques Martial : la parole juste, la scénographie exigeante, et un lien profond avec les textes fondateurs. Ce spectacle, créé peu avant sa disparition, est un testament artistique et politique.
Jacques Martial n’était pas seulement interprète de Césaire : il était un passeur de sa pensée. Il voyait dans le Cahier un texte vivant, urgent, qui parle autant du passé que du présent. Son interprétation n’était pas une imitation, mais une incarnation profonde, nourrie par une complicité de sens plus que de forme.
Elle envoie un message clair : la culture n’est pas un luxe, mais une nécessité. La mémoire n’est pas un fardeau, mais une ressource. Et la télévision peut, quand elle le veut, devenir un lieu de rencontre, d’émotion, et de pensée partagée.
Jacques Martial occupait une place singulière : à la fois populaire, par son rôle dans Navarro, et exigeant, par son travail au théâtre. Il incarnait un pont entre le grand public et les textes exigeants, entre l’engagement politique et la beauté scénique. Il était, selon Samuel Koffi, « l’un des rares à pouvoir parler de dignité sans paraître solennel ».
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