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L’IA à l’école : la France loin derrière les pays de l’OCDE

Alors que l’intelligence artificielle révolutionne les secteurs de la santé, de l’industrie ou encore du commerce, son intégration dans le champ éducatif apparaît encore timide en France. Selon les dernières données de l’enquête internationale Talis , publiée le 7 octobre 2025 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le système éducatif français accuse un retard significatif dans l’adoption des outils numériques, notamment ceux fondés sur l’IA. Eric Charbonnier, analyste des politiques scolaires à l’OCDE, tire la sonnette d’alarme : L’intelligence artificielle ? L’Éducation nationale a pris beaucoup de retard par rapport aux autres pays. Un constat inquiétant alors que, dans les classes, les élèves ont déjà franchi le pas, utilisant massivement des assistants comme ChatGPT pour leurs devoirs. Entre résistance institutionnelle, manque de formation et inégalités d’accès, comment expliquer ce décalage ? Et surtout, quel avenir pour l’école à l’ère du numérique ?

Quel est le niveau d’adoption de l’IA dans les classes françaises ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : seulement 14 % des enseignants français déclarent utiliser régulièrement des outils d’intelligence artificielle dans leur pratique pédagogique. Ce taux, parmi les plus bas de l’OCDE, place la France en queue de peloton, loin derrière des pays comme la Corée du Sud, le Canada ou encore la Finlande, où plus de 60 % des professeurs intègrent ces technologies au quotidien. L’enquête Talis révèle que ce faible recours ne s’explique ni par un manque d’intérêt, ni par une opposition frontale, mais par une absence de cadre clair, de formation adaptée et de ressources techniques accessibles.

Camille Lefebvre, professeure de français dans un collège de Nantes, témoigne : J’ai essayé d’utiliser un outil d’écriture assistée pour aider mes élèves en difficulté à structurer leurs rédactions. Mais je me suis retrouvée seule face à la technique, sans support, sans exemple concret. Au bout de deux semaines, j’ai abandonné. Ce témoignage illustre une réalité vécue par de nombreux enseignants : l’innovation technologique arrive sans accompagnement. Contrairement à d’autres nations où des dispositifs de formation continue sont mis en place, la France peine à doter ses équipes pédagogiques des compétences nécessaires.

Pourquoi l’Éducation nationale tarde-t-elle à s’emparer de ces outils ?

Le retard français ne s’explique pas uniquement par des contraintes techniques. Il s’inscrit dans un contexte plus large de prudence institutionnelle. Depuis plusieurs années, le ministère de l’Éducation nationale adopte une posture de vigilance face aux technologies émergentes, craignant notamment une perte de rigueur intellectuelle ou une dépendance excessive des élèves aux machines. Cette méfiance se traduit par des directives floues, voire contradictoires, laissant les enseignants dans l’incertitude.

En 2023, l’interdiction de l’usage de ChatGPT dans les établissements scolaires a été temporairement instaurée, avant d’être levée sans qu’aucune stratégie claire ne soit proposée en remplacement. On nous dit : “Ne l’utilisez pas”, puis : “Mais peut-être que si, un peu…”, mais sans formation, sans outils validés, sans évaluation de l’impact. C’est le flou total , déplore Théo Mercier, professeur de sciences économiques et sociales dans un lycée de Toulouse.

Par ailleurs, l’absence d’un plan national coordonné freine toute avancée. Alors que des initiatives locales émergent ici et là — comme à Lyon, où un groupe de professeurs expérimente des IA génératives pour la correction automatisée de copies —, ces projets restent isolés, sans possibilité de mutualisation ni de pérennisation. On fait du bricolage pédagogique, alors qu’on aurait besoin d’une vision d’ensemble , ajoute Camille Lefebvre.

Les élèves, eux, ont déjà adopté l’IA

Pendant que les enseignants hésitent, les élèves s’approprient les outils d’intelligence artificielle. Une étude menée en septembre 2025 dans plusieurs collèges de la région parisienne révèle que 58 % des élèves de sixième à troisième ont déjà utilisé ChatGPT ou un assistant similaire pour rédiger des devoirs, préparer des exposés ou réviser leurs leçons. Pour beaucoup, ces outils sont devenus des alliés invisibles, accessibles en quelques clics.

Au début, je demandais à l’IA de me résumer des chapitres. Puis j’ai commencé à lui faire écrire mes rédactions. Maintenant, je sais qu’il faut que je relise, que je modifie, sinon ça se voit trop , confie Lina, 14 ans, élève en quatrième dans un collège de Saint-Denis. Ce phénomène inquiète certains enseignants, mais d’autres y voient une opportunité. Plutôt que de l’interdire, on devrait enseigner aux élèves comment l’utiliser de manière critique et éthique , estime Théo Mercier.

Le risque, cependant, est celui d’une fracture numérique accrue. Les élèves issus de milieux favorisés ont souvent accès à des outils performants, à une connexion stable, et bénéficient parfois de l’aide de leurs parents pour les utiliser efficacement. Ceux des quartiers prioritaires, en revanche, sont plus souvent laissés pour compte. L’IA peut amplifier les inégalités si on ne fait rien , alerte Élodie Toussaint, chercheuse en éducation à l’université de Lille.

Quels sont les exemples internationaux à suivre ?

Dans les pays leaders, l’intégration de l’IA dans l’éducation repose sur trois piliers : formation des enseignants, outils pédagogiques validés, et accompagnement éthique. En Finlande, par exemple, chaque professeur bénéficie d’un module obligatoire sur l’usage responsable des technologies numériques, intégré à sa formation continue. Les outils d’IA sont utilisés pour personnaliser l’apprentissage, adapter les contenus aux niveaux des élèves, ou encore automatiser les tâches administratives.

En Corée du Sud, des plateformes d’apprentissage intelligentes sont déployées à grande échelle, permettant aux élèves de recevoir des exercices adaptés en temps réel selon leurs difficultés. Les enseignants, formés à l’interprétation des données générées, peuvent ainsi intervenir plus précisément. Ce n’est pas l’IA qui enseigne, c’est l’enseignant assisté par l’IA , résume Ji-Hoon Park, professeur à Séoul.

Le Canada, quant à lui, a mis en place des chartes éthiques pour l’usage de l’IA en classe, développées en concertation avec les syndicats, les parents et les élèves. Ces documents encadrent l’utilisation des outils, définissent les limites, et promeuvent une culture numérique responsable. Il ne s’agit pas de remplacer l’humain, mais de libérer du temps pour ce que seul l’humain peut faire : accompagner, motiver, inspirer , explique Sarah Thompson, enseignante à Toronto.

Quelles solutions pour rattraper le retard français ?

Pour inverser la tendance, les experts s’accordent sur plusieurs leviers d’action. Premièrement, une formation massive et continue des enseignants est indispensable. Il faut des modules concrets, accessibles, testés en situation réelle , insiste Élodie Toussaint. Une telle formation ne devrait pas se limiter à la technique, mais intégrer les dimensions pédagogiques, éthiques et sociales de l’IA.

Deuxièmement, le ministère doit proposer des outils d’IA certifiés, sécurisés et adaptés au programme scolaire. On ne peut pas laisser les enseignants se débrouiller avec des applications commerciales non régulées , affirme Eric Charbonnier. Un label national pour les applications éducatives pourrait garantir la qualité, la neutralité et la protection des données.

Enfin, il est urgent de faire évoluer les programmes pour intégrer l’éducation aux médias et aux technologies numériques. Comprendre comment fonctionne une IA, savoir détecter une information biaisée, maîtriser les limites des outils : autant de compétences essentielles pour les élèves du XXIe siècle. On ne forme pas des techniciens, on forme des citoyens , rappelle Camille Lefebvre.

Quel avenir pour l’école à l’ère de l’intelligence artificielle ?

L’enjeu n’est pas de savoir si l’IA entrera dans les classes — elle y est déjà — mais comment elle y sera accueillie. Le choix est clair : continuer à subir la technologie, ou décider de la maîtriser. L’école française se trouve à un carrefour. Elle peut devenir un lieu d’innovation, d’équité et de vigilance, ou rester un système en décalage avec son temps.

Théo Mercier, malgré les difficultés, garde espoir : J’ai vu un élève, en difficulté depuis des années, s’investir dans un projet de journal numérique alimenté par l’IA. Il a appris à questionner les réponses, à les reformuler, à les enrichir. Ce n’est pas l’outil qui a tout fait, c’est lui. Mais l’outil lui a ouvert une porte.

Le défi, désormais, est de s’assurer que toutes les portes soient ouvertes à tous. Que l’écart ne se creuse pas entre les élèves, entre les établissements, entre la France et le reste du monde. L’intelligence artificielle n’est pas une menace en soi. Elle est un miroir. Celui de nos choix éducatifs, de nos valeurs, de notre capacité à innover sans exclure.

A retenir

Pourquoi la France est-elle en retard dans l’usage de l’IA à l’école ?

Le retard français s’explique par une combinaison de facteurs : absence de formation des enseignants, manque de directives claires du ministère, et absence d’outils pédagogiques validés. Contrairement à d’autres pays, la France n’a pas encore mis en place de stratégie nationale cohérente pour intégrer l’intelligence artificielle dans l’enseignement.

Les élèves utilisent-ils déjà l’IA ?

Oui, massivement. Une étude révèle que plus de la moitié des élèves de collège ont déjà utilisé des outils comme ChatGPT pour leurs devoirs. Cette adoption spontanée soulève des questions sur l’éthique, la fraude, mais aussi sur les inégalités d’accès aux technologies.

Quels pays sont en avance sur ce sujet ?

La Finlande, le Canada et la Corée du Sud sont souvent cités en exemple. Ces pays ont mis en place des formations pour les enseignants, des outils pédagogiques intégrés, et des cadres éthiques clairs pour encadrer l’usage de l’IA en classe.

Quelles sont les solutions pour améliorer la situation en France ?

Il faut former massivement les enseignants, proposer des outils d’IA sécurisés et certifiés, et intégrer l’éducation aux technologies numériques dans les programmes. Une approche systémique, accompagnée d’un soutien institutionnel fort, est indispensable pour rattraper le retard.

L’IA va-t-elle remplacer les professeurs ?

Non. L’enjeu n’est pas la substitution, mais l’accompagnement. L’IA peut automatiser certaines tâches (correction, personnalisation des exercices), mais elle ne remplace ni la relation pédagogique, ni le jugement humain, ni l’accompagnement émotionnel que les enseignants offrent aux élèves.

Anita

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