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Indignons-nous ! Un rassemblement festif pour sauver l’hôpital d’Alençon

Le samedi 4 octobre 2025, les rues d’Alençon, en plein cœur de l’Orne, s’apprêtent à vibrer au rythme d’un message fort : celui de la solidarité envers un système de santé en péril. Ce n’est pas une simple manifestation, mais une journée festive, militante et citoyenne, organisée par le collectif Indignons-nous ! , qui entend allier convivialité et mobilisation pour défendre un bien commun menacé. Entre goûters partagés, ateliers participatifs et concerts improvisés, cette initiative rassemble des habitants, des soignants et des syndicalistes autour d’un objectif clair : sauver l’hôpital public et exiger une Sécurité sociale digne de ce nom. Alors que le pays célèbre les 80 ans de la Sécurité sociale, la situation à Alençon sonne comme un avertissement : derrière les anniversaires, des fermetures de lits, des suppressions de postes et un plan social déguisé mettent à mal un établissement autrefois central dans le tissu social local.

Quelle est la raison de ce rassemblement à Alençon ?

Le collectif Indignons-nous ! , né de l’exaspération citoyenne face à la dégradation des services publics, a choisi Alençon comme lieu symbolique pour cette journée de mobilisation. L’ancien site de l’hôpital, désormais désaffecté après le déménagement de l’établissement, devient un terrain de mémoire et de résistance. C’est précisément devant ce lieu chargé d’histoire que les manifestants se rassembleront à 14 heures. Pour Camille Lefebvre, infirmière en psychiatrie au CHICAM (Centre Hospitalier Intercommunal Alençon-Mamers), ce choix n’est pas anodin : Cet hôpital, c’est là où j’ai fait mes premières gardes, où j’ai appris à soigner, à écouter. Aujourd’hui, on nous dit qu’il faut “moderniser”, mais en réalité, on démantèle tout, sans concertation.

Le CHICAM traverse une période de mutations profondes : fusion de services, non-renouvellement de contrats précaires, et réduction du nombre de lits disponibles. Selon les syndicats, dont la CGT et Sud Solidaires, ces mesures constituent un plan social qui ne dit pas son nom . Le terme, employé dès le 3 octobre dans la presse locale, résonne comme une accusation voilée contre une gestion hospitalière perçue comme technocratique et déconnectée des besoins réels des patients et du personnel.

Pourquoi parler de “plan social” dans un hôpital ?

En apparence, aucune annonce officielle de licenciements n’a été faite. Pourtant, le terme de plan social est utilisé par les syndicats pour décrire une situation de dégradation progressive : fin des CDD non renouvelés, réaffectations forcées, services fusionnés sans garantie de continuité des soins. On ne parle pas de plans sociaux comme dans une entreprise privée, mais les effets sont les mêmes : du personnel en moins, plus de pression, et une qualité de soins qui baisse , explique Malik Bensalem, délégué syndical Sud Solidaires à Alençon.

Depuis six mois, le CHICAM a vu partir près de trente agents en CDD, principalement dans les services de soins de suite et de réadaptation. Aucun recrutement n’a été lancé pour les remplacer. On nous demande de faire plus avec moins, mais à un moment, la machine casse , ajoute Camille Lefebvre. J’ai vu des collègues partir en burn-out, d’autres démissionner. Ce n’est pas de la politique, c’est de la survie.

Le collectif Indignons-nous ! voit dans cette situation un reflet d’une tendance nationale : la transformation du service public de santé en un système soumis aux logiques de rentabilité, au détriment de l’humain. L’hôpital n’est pas une entreprise, rappelle Malik Bensalem. Il ne doit pas être géré comme une usine où on optimise les coûts. Chaque lit fermé, c’est un patient qui ne sera pas soigné. Chaque poste supprimé, c’est une main qui ne tiendra pas celle d’un malade.

Quel est le lien avec les 80 ans de la Sécurité sociale ?

L’année 2025 marque le 80e anniversaire de la création de la Sécurité sociale en France, un système fondé sur les principes de solidarité, d’universalité et d’égalité d’accès aux soins. Pour les organisateurs de la journée, cette date est à la fois une célébration et un appel à la vigilance. On ne peut pas fêter 80 ans de protection sociale en fermant des hôpitaux , lance Élise Dubreuil, porte-parole du collectif. C’est comme décorer un arbre mort.

Le paradoxe est frappant : alors que le gouvernement appelle à honorer l’héritage de la Sécurité sociale, les budgets hospitaliers sont contraints, les hôpitaux de proximité menacés, et les personnels en tension. À Alençon, le déplacement du CHICAM vers un nouveau site a été vendu comme une modernisation. Mais pour beaucoup, il s’agit d’un abandon progressif du lien territorial. Avant, l’hôpital était au cœur de la ville, accessible à pied pour les personnes âgées , témoigne Roland Pichon, retraité de 78 ans. Aujourd’hui, il est en périphérie, mal desservi par les transports. Pour moi, c’est une exclusion.

Que propose le collectif Indignons-nous ! ?

Au-delà de la protestation, le collectif entend construire une alternative. La journée du 4 octobre n’est pas seulement un cri de colère, mais une proposition concrète de réappropriation citoyenne du système de santé. Les ateliers prévus aborderont des thèmes comme la démocratie en santé, le rôle des usagers dans la gestion des établissements, ou encore les modèles de soins basés sur la prévention et la proximité.

On ne veut pas juste dire non, on veut dire oui à autre chose , insiste Élise Dubreuil. Oui à un hôpital public financé à hauteur de ses besoins. Oui à des personnels stables, formés, respectés. Oui à une Sécurité sociale qui protège vraiment tout le monde, sans distinction.

Le goûter partagé, loin d’être une simple pause conviviale, symbolise cet idéal de solidarité. Préparé par des bénévoles et des familles de soignants, il sera servi sur des nappes blanches, comme un hommage aux repas pris en commun dans les services hospitaliers, ces moments de pause où les équipes se ressourcent. On soigne aussi avec de la chaleur humaine , souligne Camille Lefebvre. Ce goûter, c’est un peu ça : dire que la santé, c’est du lien.

Quel soutien syndical pour cette mobilisation ?

Le rassemblement est soutenu par l’Union syndicale Sud Solidaires de l’Orne, qui appelle à y participer massivement. Dans un communiqué, le syndicat exige une Sécurité sociale solidaire, universelle, égalitaire et démocratique . Pour Malik Bensalem, cette journée s’inscrit dans une stratégie plus large de reconquête du terrain syndical auprès des citoyens. Il ne s’agit plus seulement de défendre les droits des agents, mais de défendre le service public lui-même. Et pour ça, il faut sortir des seules revendications salariales. Il faut parler de ce que devrait être la santé pour tous.

La CGT, également mobilisée, a qualifié les mesures en cours à Alençon de démantèlement silencieux . Dans un entretien publié le 3 octobre, un porte-parole du syndicat affirmait que les chiffres du ministère parlent d’efficience, mais ce qu’on voit sur le terrain, c’est de l’abandon . Ce soutien croissant des syndicats donne à la journée une dimension à la fois locale et nationale, en phase avec d’autres mobilisations en cours dans les hôpitaux de province.

Quel impact espèrent les organisateurs ?

Le collectif ne se fait pas d’illusions : une seule journée ne suffira pas à renverser les politiques de santé en cours. Mais il croit en la force du symbole. On veut montrer qu’il y a encore une volonté collective de défendre l’hôpital public , dit Élise Dubreuil. Et qu’il n’est pas réservé aux seuls soignants. Les patients, les familles, les retraités, les jeunes : tout le monde a un intérêt à ce que ce système survive.

Des témoignages comme celui de Roland Pichon, qui a bénéficié de soins à l’ancien hôpital après un AVC, renforcent ce message. Sans eux, je ne serais plus là , dit-il simplement. Aujourd’hui, je marche, je parle, je vis. Et je veux que d’autres puissent en profiter.

A retenir

Quel est l’objectif de la journée du 4 octobre à Alençon ?

L’objectif est de mobiliser citoyens, soignants et syndicats autour d’une défense concrète et festive du système de santé public, en réponse à la dégradation du CHICAM et à la menace d’un plan social déguisé. La journée entend allier action militante et rassemblement populaire.

Qu’est-ce qu’un “plan social qui ne dit pas son nom” ?

Il s’agit d’une expression utilisée par les syndicats pour décrire des mesures de réduction du personnel et des services sans annonce officielle de plan social. À Alençon, cela se traduit par des non-renouvellements de contrats, des fermetures de lits et une pression accrue sur les équipes soignantes.

Pourquoi organiser cet événement en 2025 ?

L’année 2025 marque le 80e anniversaire de la Sécurité sociale en France. Le collectif entend profiter de cette date symbolique pour rappeler les valeurs fondatrices du système de santé français et dénoncer les politiques qui les compromettent.

Quel rôle joue le collectif “Indignons-nous !” ?

Il s’agit d’un collectif citoyen né de la mobilisation locale, qui coordonne l’événement en lien avec les syndicats et les habitants. Il milite pour une santé publique accessible, humaine et démocratique, et rejette les logiques de marchandisation des soins.

Qui participe à cette journée ?

La mobilisation rassemble des soignants du CHICAM, des syndicalistes de Sud Solidaires et de la CGT, des patients, des retraités, des familles et des bénévoles. Elle s’adresse à tous ceux qui considèrent l’hôpital public comme un bien commun à préserver.

Conclusion

La journée du 4 octobre à Alençon ne sera pas seulement une manifestation. Elle sera un acte de résistance joyeuse, un hommage aux soignants, un cri d’alerte pour l’avenir de la santé publique. Dans une France où les hôpitaux de proximité ferment, où les personnels s’épuisent, où les politiques de santé semblent ignorer les réalités du terrain, ce rassemblement incarne une autre voie : celle de la solidarité, de la démocratie et de l’humain d’abord. Comme le dit Camille Lefebvre avant de rejoindre la préparation des ateliers : On ne lutte pas contre un système. On lutte pour en construire un autre. Et on commence par un goûter.

Anita

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