Ivy décède, Emy témoigne : « Ils m’ont rendu un bout de cœur » – un hommage bouleversant au crématorium

En France, le deuil d’un animal de compagnie reste longtemps resté dans l’ombre des rituels funéraires. Pourtant, pour des millions de propriétaires, la perte d’un chat, d’un chien ou d’un autre compagnon à quatre pattes est une épreuve profondément humaine, marquée par des émotions intenses, souvent mal comprises. À Milizac-Guipronvel, dans le Finistère, une entreprise a choisi de rompre avec ce silence : Crémalys, premier crématorium pour animaux du département, accompagne désormais les familles dans leur processus de deuil, avec une sensibilité rare. Parmi ces familles, Emy Bonnin, dont le témoignage résonne comme une reconnaissance tardive de la douleur que l’on ressent lorsqu’un animal quitte notre vie.

Qu’est-ce que Crémalys et pourquoi son rôle est-il innovant ?

Crémalys, implanté dans le Finistère, incarne une démarche pionnière dans le domaine du funéraire animalier. Fondée avec une vision claire de dignité et de respect, cette structure propose des services de crémation individuelle ou collective, accompagnés d’un accompagnement psychologique et humain. Ce qui distingue Crémalys, ce n’est pas seulement son infrastructure technique, mais sa capacité à considérer l’animal non comme un être secondaire, mais comme un membre de la famille. Ce changement de regard, bien que progressif, transforme profondément la manière dont les Français vivent le deuil de leurs compagnons.

Pour Emy Bonnin, cette prise en charge a fait toute la différence. Ce sont les premiers à avoir reconnu et légitimé ma douleur , confie-t-elle, les yeux humides mais la voix assurée. À 20 ans, elle vivait seule dans un petit appartement de Brest quand un collègue lui a proposé d’adopter une petite chatte grise et blanche. Elle était timide au début, mais dès la première nuit, elle s’est lovée contre moi. J’ai su qu’elle était là pour rester.

Comment un animal devient-il un pilier émotionnel ?

Les animaux de compagnie occupent une place singulière dans nos vies modernes. Dans un contexte de solitude croissante, d’éloignement géographique des familles et de rythmes de vie accélérés, ils deviennent des repères affectifs stables. Pour Emy, sa chatte, qu’elle a baptisée Lune, a été bien plus qu’un animal domestique : un témoin silencieux de ses joies, de ses angoisses, de ses nuits d’insomnie et de ses premières déceptions amoureuses.

Elle était là chaque soir quand je rentrais du travail, même après une journée difficile. Elle ne jugeait pas, elle était simplement présente. Pendant sept ans, Lune a partagé l’intimité d’Emy, de ses matins en pyjama aux soirées passées à regarder des séries, en passant par les moments de doute. Quand j’ai perdu mon père deux ans après l’arrivée de Lune, c’est elle qui m’a aidée à traverser le pire. Elle sentait quand je pleurais. Elle venait se blottir contre mon visage.

Ce type de lien, profondément affectif, est de plus en plus documenté par les psychologues. Selon le Dr Aurore Lefebvre, psychologue spécialisée dans les relations homme-animal, le deuil d’un animal peut être aussi intense, voire plus intense, que celui d’un être humain, parce que la relation est souvent perçue comme pure, sans conflit. Pourtant, cette douleur reste trop souvent minimisée : On entend fréquemment “ce n’était qu’un chat”, alors que pour la personne endeuillée, c’était tout.

Quelles sont les étapes du deuil accompagné par Crémalys ?

Lorsque Lune est décédée après une longue maladie, Emy a été confrontée à une nouvelle épreuve : que faire de son corps ? Avant, on enterrait l’animal dans le jardin, ou on le laissait chez le vétérinaire sans vraiment savoir ce qu’il advenait de lui. Il n’y avait pas de rituel, pas de fermeture. Crémalys propose justement ce rituel. Le processus commence par la prise en charge du corps dans le respect, avec possibilité pour les propriétaires de dire au revoir dans un espace dédié.

Emy a choisi la crémation individuelle. Cela m’a permis de récupérer ses cendres. J’ai pu les garder, les disperser dans un endroit qui nous était cher, près d’un étang où nous allions souvent en promenade. Ce geste, simple en apparence, a eu un impact émotionnel majeur. C’était ma façon de lui dire merci, de la remercier pour tout ce qu’elle avait été.

Le crématorium propose également des urnes personnalisées, des certificats de crémation, et même des séances d’accompagnement avec des bénévoles formés à l’écoute du deuil animalier. On ne vous vend pas un service, on vous accompagne , insiste Guillaume Le Roux, cofondateur de Crémalys. Beaucoup de gens arrivent en pleurs, certains ne parlent pas, d’autres veulent tout raconter. Notre rôle, c’est d’être là, sans jugement.

Pourquoi le deuil animalier est-il encore tabou ?

Malgré l’évolution des mentalités, le deuil d’un animal reste entouré de tabous. On a peur d’être jugé, de passer pour quelqu’un qui attache trop d’importance à un animal , explique Emy. Elle se souvient avoir hésité à parler de sa douleur autour d’elle. J’ai perdu mon chat, ce n’est pas la mort d’un humain , a-t-elle entendu. Pourtant, les neurosciences montrent que les zones du cerveau activées lors du deuil d’un animal sont les mêmes que celles sollicitées par la perte d’un proche humain.

Le tabou vient aussi d’une vision ancienne de l’animal comme propriété, et non comme sujet de lien affectif. Dans la loi française, un animal est encore considéré comme un bien meuble, ce qui influence la manière dont on perçoit sa perte , souligne le Dr Lefebvre. Mais la réalité vécue par les propriétaires est tout autre. C’est là que des structures comme Crémalys prennent tout leur sens : elles offrent une reconnaissance symbolique et sociale à une douleur longtemps ignorée.

Quel impact l’accompagnement de Crémalys a-t-il eu sur Emy Bonnin ?

Pour Emy, l’accompagnement de Crémalys a été une révélation. Pendant des jours, j’ai eu l’impression de ne pas avoir le droit de pleurer. Et puis, en entrant dans leurs locaux, j’ai vu des gens comme moi, brisés par la perte d’un chien, d’un chat, d’un lapin. J’ai compris que je n’étais pas seule.

Elle a notamment été touchée par la délicatesse avec laquelle les équipes ont traité Lune. Ils m’ont montré des photos du processus, m’ont expliqué chaque étape. C’était rassurant. J’avais l’impression qu’ils la traitaient comme une personne. Ce sentiment de dignité a aidé Emy à traverser les premières semaines de vide. Ce n’est pas un retour à la normale, mais un début de reconstruction.

Depuis, elle participe à des groupes de parole en ligne dédiés au deuil animalier. Je raconte mon expérience, j’écoute les autres. C’est important de dire que ce qu’on ressent est légitime.

Quelles sont les perspectives d’évolution du funéraire animalier en France ?

Le secteur du funéraire animalier est en pleine expansion. Selon une étude récente, plus de 60 % des propriétaires d’animaux souhaitent aujourd’hui des services dignes et personnalisés à la mort de leur compagnon. Des crématoriums comme Crémalys se multiplient, notamment en région parisienne, en Occitanie et en Auvergne-Rhône-Alpes.

Des initiatives innovantes émergent aussi : jardins du souvenir, plaques commémoratives, hommages numériques, et même cimetières animaliers labellisés. Certains vétérinaires proposent désormais des consultations de deuil, et des associations offrent un soutien psychologique gratuit.

Guillaume Le Roux espère que cette évolution entraînera un changement de législation. Il faudrait que la reconnaissance du statut d’animal de compagnie soit accompagnée de droits funéraires, comme pour les humains. Ce n’est pas une question de luxe, mais de respect.

Comment accompagner le deuil d’un animal au quotidien ?

Au-delà des services funéraires, le deuil se vit aussi dans les gestes du quotidien. Pour Emy, cela a passé par des rituels personnels : allumer une bougie chaque semaine, écrire des lettres à Lune, conserver une de ses griffes dans un médaillon. Ces gestes m’ont permis de garder un lien, sans rester bloquée dans la douleur.

Le Dr Lefebvre recommande de ne pas se forcer à “passer à autre chose” trop vite. Le deuil n’a pas de calendrier. Il faut s’autoriser à souffrir, à pleurer, à parler. Elle conseille également de créer un espace de mémoire, qu’il s’agisse d’un album photo, d’un dessin, ou d’un jardin intérieur.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que dire au revoir à un animal, ce n’est pas l’oublier. C’est apprendre à vivre avec son absence.

Conclusion

L’histoire d’Emy Bonnin et de Lune est celle de millions de Français. Elle illustre la profondeur des liens que nous tissons avec nos animaux de compagnie, et la nécessité de reconnaître leur place dans nos vies, jusqu’à leur dernier souffle. Crémalys, par sa démarche humaine et respectueuse, incarne une avancée sociale majeure : celle de légitimer une douleur longtemps invisible. En accompagnant les familles dans leur deuil, ces structures ne rendent pas seulement hommage aux animaux — elles redonnent aux humains le droit de pleurer, de se souvenir, et de guérir.

FAQ

Qu’est-ce qu’une crémation individuelle pour animal ?

Il s’agit d’un processus où le corps de l’animal est incinéré seul, permettant aux propriétaires de récupérer les cendres. Cela garantit un accompagnement personnalisé et une traçabilité totale.

Peut-on organiser une cérémonie de deuil pour un animal ?

Oui, de plus en plus de structures, dont Crémalys, proposent des espaces et des accompagnateurs pour organiser des moments de recueillement, parfois même avec lecture de textes ou dépôt de fleurs.

Le deuil d’un animal peut-il entraîner une dépression ?

Oui, dans certains cas, la perte d’un animal peut déclencher une réaction de deuil pathologique, surtout si la personne est isolée ou déjà fragile psychologiquement. Il est important de ne pas minimiser cette souffrance.

Comment expliquer la perte d’un animal à un enfant ?

Il est conseillé d’être honnête, avec des mots simples. Utiliser des métaphores comme “partir dans un endroit paisible” peut aider, mais il faut éviter les formulations ambiguës comme “partir en voyage”, qui peuvent créer de l’attente.

Existe-t-il des aides psychologiques gratuites pour le deuil animalier ?

Oui, certaines associations, comme l’Association de Soutien au Deuil Animalier (ASDA), proposent des écoutes téléphoniques gratuites, des groupes de parole et des ressources en ligne.

A retenir

Pourquoi Crémalys est-il considéré comme un acteur innovant ?

Parce qu’il ne se contente pas d’offrir un service technique, mais accompagne les familles avec empathie, en reconnaissant la légitimité de leur douleur face à la perte d’un animal de compagnie.

Quel message Emy Bonnin souhaite-t-elle faire passer ?

Que la douleur liée à la perte d’un animal est réelle, profonde, et qu’elle mérite d’être entendue, respectée, et accompagnée comme tout autre deuil.

Quelle est l’importance des rituels dans le deuil animalier ?

Les rituels, qu’ils soient funéraires ou personnels, permettent de marquer la fin d’une présence physique tout en préservant le lien affectif. Ils sont essentiels pour amorcer le processus de guérison.