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Alors que le monde s’interroge sur les voies d’une transition énergétique viable, le Japon s’apprête à franchir une étape historique : après plus de dix ans d’abstinence nucléaire consécutive à la catastrophe de Fukushima, le pays envisage de relancer la construction de nouveaux réacteurs. Ce tournant, porté par une demande croissante en électricité propre et la montée en puissance de technologies gourmandes en énergie, pourrait redessiner le paysage énergétique japonais. Le projet phare ? Un nouveau réacteur à Mihama, porté par Kansai Electric, qui symboliserait non seulement un retour au nucléaire, mais aussi une volonté affirmée de concilier sécurité, innovation et sobriété carbone. Entre enjeux économiques, acceptation sociale et pression technologique, cette décision s’inscrit dans un contexte mondial où le nucléaire redevient une option stratégique.
La question hante encore les esprits japonais. En 2011, la triple catastrophe – séisme, tsunami, accident nucléaire – a profondément marqué la société. Mais aujourd’hui, alors que les villes se couvrent de data centers alimentant l’intelligence artificielle et que les industries high-tech exigent une électricité stable et abondante, le pays se retrouve face à un dilemme : renoncer à ses ambitions carbone zéro ou réintégrer une énergie à faible émission de CO₂, malgré les traumatismes du passé.
Le projet de Mihama, sur la côte ouest de l’île de Honshu, est emblématique. Ce site, qui abrite déjà des réacteurs en fonctionnement après modernisation, pourrait accueillir un nouveau bloc, basé sur le modèle SRZ-1200 développé par Mitsubishi Heavy Industries. Ce réacteur de troisième génération intègre des systèmes de sécurité passifs, capables de se refroidir sans alimentation électrique, une réponse directe aux failles techniques de Fukushima.
Nozomu Mori, président de Kansai Electric, a défendu cette vision lors d’une conférence à Osaka : « Le Japon n’a pas le luxe de l’indécision. Nos ressources naturelles sont limitées, nos besoins explosent. Le solaire et l’éolien sont importants, mais ils ne garantissent pas la base de charge. Le nucléaire, bien conçu et rigoureusement encadré, est une clé du puzzle. »
Le contexte économique est crucial. Le Japon, longtemps dépendant des importations de gaz et de charbon, a vu ses coûts énergétiques grimper après l’arrêt de ses réacteurs. En 2023, près de 30 % de l’électricité provenait encore des énergies fossiles, un paradoxe pour une nation engagée dans la lutte contre le changement climatique.
Le retour au nucléaire n’est pas seulement une question de production, mais aussi d’indépendance stratégique. « Nous ne pouvons pas continuer à jouer notre souveraineté énergétique à pile ou face », confie Aiko Tanaka, économiste à l’Institut de recherche de Kyoto. « Chaque yen dépensé pour importer du gaz est un yen qui ne circule pas dans notre industrie. Relancer le nucléaire, c’est aussi relancer notre chaîne de valeur : ingénierie, construction, maintenance. »
Le secteur privé suit. Les actions de Kansai Electric ont bondi de 5 % à l’annonce des études préliminaires pour Mihama. D’autres compagnies, comme Tokyo Electric, surveillent de près l’évolution du projet, espérant pouvoir relancer leurs propres chantiers. Mitsubishi Heavy Industries, qui a mis au point le SRZ-1200, voit dans ce projet une opportunité de renouer avec l’exportation de technologie nucléaire, notamment en Asie du Sud-Est.
Un facteur souvent sous-estimé : la montée fulgurante des besoins liés à l’intelligence artificielle. Les data centers, en plein essor à Tokyo, Osaka et Fukuoka, consomment des quantités d’électricité comparables à celles de petites villes. Un seul centre de traitement de données de grande envergure peut émettre autant de CO₂ qu’un village de 10 000 habitants.
« L’IA n’est pas qu’un outil technologique, c’est un gouffre énergétique », explique Kenji Sato, ingénieur en charge des infrastructures numériques chez Fujitsu. « Pour que cette révolution soit durable, elle doit être alimentée par une électricité propre et constante. Le nucléaire est, à ce jour, la seule source capable de fournir cette base de charge sans émettre de carbone. »
Les grandes entreprises japonaises, comme SoftBank ou Sony, ont commencé à faire pression en coulisses pour un retour au nucléaire, voyant dans cette énergie une condition sine qua non à la compétitivité numérique du pays.
La réticence reste forte. Un sondage réalisé en 2024 par l’Institut de sociologie de Tokyo indique que 58 % des citoyens s’opposent à la construction de nouveaux réacteurs. « Fukushima n’est pas un souvenir lointain, c’est une mémoire vivante », témoigne Emi Nakamura, 67 ans, enseignante à Fukushima-ken. « Beaucoup de nos anciens élèves ont dû fuir. Certains ne sont jamais revenus. On ne peut pas effacer ça avec un bouton “redémarrage”. »
Pourtant, une nouvelle génération émerge. Les jeunes électeurs, moins marqués par le traumatisme de 2011 et plus sensibles aux enjeux climatiques, montrent une ouverture accrue. Un groupe d’étudiants de l’université de Waseda a lancé une campagne intitulée « Nucléaire responsable », plaidant pour un retour encadré, basé sur la transparence et la science.
« Nous ne voulons pas revivre Fukushima, mais nous ne voulons pas non plus sacrifier notre avenir climatique », affirme Rina Kobayashi, 23 ans, coordinatrice du mouvement. « Si le nucléaire peut être sûr, vert et local, pourquoi le rejeter a priori ? »
Les autorités devront donc naviguer entre ces deux réalités : une société encore meurtrie, et une jeunesse pressée d’agir. La clé ? Une communication honnête, des consultations publiques inclusives, et des garanties techniques irréfutables.
Le Japon n’est pas seul à reconsidérer le nucléaire. En France, aux États-Unis, en Pologne ou en Inde, des gouvernements relancent leurs programmes. Microsoft et Amazon ont récemment signé des accords pour alimenter leurs data centers avec de l’énergie nucléaire. Le Japon, longtemps vu comme un cas d’école de mise en garde, pourrait devenir un modèle de relance contrôlée.
« Le monde observe ce qui se passe à Mihama », souligne Laurent Dubois, expert en énergie au sein de l’Agence internationale de l’énergie. « Si le Japon parvient à construire un nouveau réacteur en respectant les normes les plus strictes, avec l’approbation du public, cela pourrait redonner confiance à d’autres nations hésitantes. »
Le projet Mihama pourrait aussi influencer les politiques de financement. La Banque asiatique d’investissement pour le développement (BAID) a indiqué qu’elle étudiait des critères pour inclure le nucléaire dans ses projets verts, une évolution majeure. Un signal clair : le nucléaire, s’il est sûr, peut être considéré comme une énergie de transition.
Le chemin vers la construction effective est semé d’embûches. Les études de site, en cours, doivent évaluer la stabilité sismique, la gestion des déchets, et l’impact sur les écosystèmes marins. Le processus de certification par l’Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA) peut prendre plusieurs années.
Le choix du modèle SRZ-1200, bien que prometteur, n’est pas encore validé. Ce réacteur, conçu pour durer 60 ans, intègre des matériaux résistants aux hautes températures et des systèmes de refroidissement redondants. Mais son coût, estimé à 12 milliards d’euros, reste un sujet de débat.
« Le défi n’est pas seulement technique, c’est aussi financier », prévient Haruto Yamaguchi, analyste à la NRA. « Il faut s’assurer que ce projet ne devienne pas une charge pour les contribuables, comme ce fut le cas après Fukushima. »
La réponse passe par une approche holistique. Le gouvernement japonais a annoncé la création d’un comité citoyen indépendant chargé de suivre le projet Mihama. Composé d’experts, de représentants locaux et d’ONG environnementales, ce comité aura accès à toutes les données techniques et pourra formuler des recommandations publiques.
Par ailleurs, des simulations de crise en temps réel, diffusées en ligne, seront organisées régulièrement. L’objectif ? Rassurer la population en montrant que les scénarios catastrophes sont anticipés, et que les procédures d’évacuation sont à jour.
« La transparence, c’est la nouvelle sécurité », résume Nozomu Mori. « Nous ne pouvons pas imposer une décision d’en haut. Nous devons la construire avec les citoyens. »
Oui. Bien qu’aucun calendrier officiel ne soit encore annoncé, Kansai Electric mène des études préliminaires pour construire un nouveau réacteur à Mihama, utilisant le modèle SRZ-1200 de Mitsubishi Heavy Industries. Ce projet, s’il est approuvé, serait le premier nouveau chantier nucléaire au Japon depuis Fukushima.
La demande croissante en électricité, notamment due à l’essor des data centers et de l’intelligence artificielle, combinée à la nécessité de réduire les émissions de carbone, pousse le Japon à réévaluer ses options. Le nucléaire est perçu comme une source stable, sans carbone, capable de garantir la base de charge énergétique.
L’opinion publique reste divisée. Une majorité reste méfiante en raison du souvenir de Fukushima, mais une part croissante de la jeunesse et des acteurs industriels soutient un retour encadré, basé sur la sécurité et la transparence.
Oui. Si le Japon parvient à mener à bien ce projet avec succès, sécurité et acceptation sociale, cela pourrait servir de modèle à d’autres nations hésitantes à relancer leurs programmes nucléaires, notamment en Europe et en Asie.
Les études de site se poursuivent. Si les résultats sont favorables, une demande formelle de construction sera déposée auprès de l’Autorité de régulation nucléaire. Ce processus pourrait prendre plusieurs années, avec des consultations publiques obligatoires et des audits internationaux.
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