Jardin Petit Animal A Proteger Automne 2025
En cette saison où les jardins se parent de couleurs automnales et où les feuilles tombent en silence, un petit mammifère discret mais essentiel arpente les sous-bois, les haies et les pelouses : la musaraigne. Longtemps méconnue, voire crainte à tort, cette créature minuscule joue pourtant un rôle crucial dans l’équilibre de nos écosystèmes domestiques. Loin d’être un nuisible, elle est un allié précieux pour tout jardinier soucieux d’un espace vivant, naturel et durable. Derrière son apparence de souris miniature se cache un chasseur redoutable, un régulateur silencieux, un gardien invisible des sols sains. Découvrons pourquoi il est temps de réhabiliter ce petit géant du jardin naturel.
À première vue, la musaraigne peut effectivement rappeler une souris : taille réduite, mouvements rapides, silhouette furtive. Pourtant, les différences sont fondamentales. Contrairement aux rongeurs, la musaraigne n’appartient pas à l’ordre des rongeurs mais à celui des Eulipotyphla, des insectivores. Elle ne ronge ni les racines, ni les graines, ni les fils électriques. Son museau pointu, presque conique, trahit sa véritable nature : un chasseur d’insectes. Avec ses dents acérées, elle broie coléoptères, araignées, limaces et larves, sans jamais toucher aux végétaux. Ce détail change tout.
La musaraigne est un auxiliaire naturel, un prédateur bénéfique. Une étude menée par l’Université de Cambridge a révélé qu’une seule musaraigne peut consommer jusqu’à 1 200 insectes par jour. Ce chiffre impressionnant en fait un régulateur de populations nuisibles particulièrement efficace. À titre de comparaison, un escargot peut dévorer une jeune plante en une nuit ; une musaraigne, en quelques heures, élimine des centaines de larves qui auraient pu devenir des ravageurs.
Élodie Renard, maraîchère bio dans le Gers, témoigne : « Pendant des années, j’ai cru que ces petites bêtes étaient des souris. J’ai même tenté de les éloigner. Puis, en lisant un article scientifique, j’ai compris que c’étaient des musaraignes. Depuis, je les accueille. Je n’ai plus besoin de traitements contre les limaces. Elles s’en chargent. »
La musaraigne est souvent décrite comme un « métabolisme sur pattes ». Pesant entre 5 et 15 grammes, elle brûle l’énergie à un rythme effréné. Son cœur bat jusqu’à 1 200 fois par minute — près de dix fois plus que celui d’un humain au repos. Ce métabolisme extrême signifie qu’elle doit se nourrir presque en continu, jour et nuit. Elle ne dort pas vraiment ; elle somnole entre deux chasses.
Cette frénésie s’accentue en automne. Avec l’arrivée du froid, ses besoins énergétiques augmentent de 30 %. Or, les proies deviennent plus rares. Les insectes disparaissent, les araignées se cachent, les limaces ralentissent. La musaraigne doit alors redoubler d’efforts pour trouver de quoi survivre. C’est à ce moment qu’elle s’aventure près des habitations, attirée par les zones riches en abris et en nourriture.
Contrairement à d’autres petits mammifères comme le hérisson ou certaines chauves-souris, la musaraigne ne hiberne pas. Elle reste active tout l’hiver, même sous la neige. Cette particularité la rend particulièrement vulnérable aux périodes de gel prolongé, où les proies sont enfouies ou absentes. C’est pourquoi l’automne est une saison charnière : si elle parvient à accumuler assez de ressources, elle pourra traverser l’hiver. Sinon, elle risque de disparaître.
« J’ai observé une musaraigne sous mon compost en janvier dernier », raconte Julien Morel, naturaliste amateur dans les Vosges. « Elle creusait entre les feuilles mortes, cherchant des vers et des larves. Je n’en revenais pas. Elle était vivante, active, alors qu’il faisait -8 °C. C’est une bête incroyablement résistante, mais elle a besoin de notre aide. »
Accueillir la musaraigne ne demande pas de grands travaux. Quelques gestes simples suffisent à transformer un jardin ordinaire en refuge accueillant. Tout commence par la gestion de l’espace au sol. Tondre l’herbe à au moins 5 cm de hauteur, par exemple, permet de créer des couloirs de chasse et de protéger la musaraigne des prédateurs comme les chats ou les belettes.
Ensuite, il faut penser à la couverture du sol. Un paillis de feuilles mortes, laissé en place jusqu’au printemps, est une manne pour la faune du sol. Il abrite insectes, vers et araignées, tout en offrant un abri thermique aux petits mammifères. Les feuillages des vivaces, souvent coupés trop tôt, doivent aussi être conservés. Ils forment des micro-habitats complexes, invisibles mais essentiels.
Les branches, tiges et tiges coupées ne doivent pas être jetées à la déchetterie. Au contraire, ils peuvent être empilés en fagots, placés debout ou couchés contre un mur, sous un arbuste. Ces tas de branchages deviennent des abris précieux. La musaraigne s’y glisse, s’y repose, et y trouve une source constante de nourriture.
« J’ai installé un fagot de branches de noisetier derrière mon cabanon », explique Camille Lefebvre, jardinière à Lyon. « Au bout de deux semaines, j’ai vu des petits tunnels dans la mousse. J’ai su que la musaraigne était là. Depuis, je ne touche plus à ce tas. Il est devenu un sanctuaire. »
Favoriser la musaraigne, c’est aussi favoriser l’ensemble de la chaîne alimentaire. Elle est une proie importante pour des prédateurs comme les chouettes, les hiboux, les belettes ou certains rapaces nocturnes. En assurant sa présence, on soutient indirectement ces espèces souvent menacées.
Les scientifiques en écologie urbaine ont observé que les jardins un peu sauvages, laissant place à la nature, abritent jusqu’à 30 % de biodiversité en plus que les jardins trop entretenus. Ce chiffre n’est pas anecdotique. Il montre que chaque geste en faveur d’une espèce comme la musaraigne a un effet multiplicateur.
Dans un contexte où les jardiniers cherchent à réduire leur impact environnemental, la musaraigne apparaît comme une solution naturelle et durable. Elle permet de limiter l’usage de produits chimiques, souvent inefficaces à long terme et néfastes pour les sols, les eaux et les pollinisateurs.
« Je n’utilise plus aucun produit contre les limaces », affirme Élodie Renard. « Avant, je mettais des granulés, mais ça tuait aussi les vers de terre. Aujourd’hui, je laisse la musaraigne faire son travail. Elle est plus efficace, plus précise, et surtout, elle ne pollue rien. »
La musaraigne vit rarement plus de deux ans. Ce cycle de vie court la rend particulièrement vulnérable aux perturbations : changements climatiques, urbanisation, usage de pesticides, destruction des habitats. Chaque automne, elle doit non seulement survivre, mais aussi assurer la relève. Or, si les conditions sont défavorables, les jeunes n’arrivent pas à maturité.
C’est pourquoi la saison automnale est décisive. Un jardin bien aménagé en septembre et octobre peut faire la différence entre la survie et l’extinction locale de l’espèce. Et ce n’est pas qu’une question de morale : c’est une question d’équilibre.
La musaraigne est discrète, mais des signes peuvent trahir sa présence. Des petits tunnels dans la mousse, des traces de fouilles sous les feuilles mortes, ou encore des excréments minuscules, noirs et brillants. Parfois, on l’entend : un petit cri aigu, presque inaudible, qu’elle émet lorsqu’elle est menacée.
« J’ai d’abord cru que c’était un oiseau », se souvient Julien Morel. « Puis j’ai vu une silhouette furtive, rapide, qui filait entre les racines. J’ai fait des recherches, et j’ai compris : c’était une musaraigne. Depuis, je la protège. Elle fait partie du jardin, comme les abeilles ou les vers de terre. »
Non. La musaraigne ne présente aucun danger. Elle ne mord pas, ne transmet pas de maladie, et ne s’attaque jamais aux humains ou aux animaux domestiques. Elle est timide, furtive, et évite tout contact. Certains pensent qu’elle est venimeuse, mais ce n’est pas exact : elle produit une salive légèrement toxique pour paralyser ses proies, mais cette substance est inoffensive pour l’homme.
Non, il n’est pas nécessaire de la nourrir. Elle se débrouille très bien seule, à condition que son habitat soit favorable. En revanche, il est crucial de lui offrir des abris et des sources de proies naturelles. Un jardin trop propre, trop nettoyé, est un désert pour elle.
Oui, mais elles sont territoriales. Chaque musaraigne occupe un petit territoire, qu’elle défend contre ses congénères. On peut donc en trouver plusieurs dans un grand jardin, mais elles restent solitaires. Elles ne forment pas de colonies.
Il est préférable de ne pas la toucher. La musaraigne est très sensible au stress. Si elle semble en détresse, le mieux est de contacter un centre de soins pour la faune sauvage. En aucun cas elle ne doit être ramenée à l’intérieur ou mise en captivité : elle ne survivrait pas.
La musaraigne, loin d’être un nuisible, est un pilier du jardin naturel. Discrète, active, insatiable, elle travaille sans relâche pour maintenir un équilibre fragile mais vital. En lui offrant un refuge à l’automne, on ne fait pas acte de charité : on investit dans un écosystème plus sain, plus résilient, plus vivant. Ce petit mammifère, longtemps ignoré, mérite enfin sa place au cœur de nos jardins — et de nos considérations.
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