Jardin Reponses Specialiste Potager
L’automne, souvent perçu comme une saison de ralentissement, est en réalité une période charnière dans le rythme du jardin. C’est un moment de transition où chaque geste compte pour préparer le sol, protéger les plantations et anticiper le renouveau printanier. Entre cueillette des derniers fruits, plantation de bulbes et entretien des massifs, les jardiniers amateurs comme les plus expérimentés trouvent ici une myriade de tâches essentielles. À l’occasion d’un échange en direct avec Thomas Alamy, spécialiste reconnu du jardinage, plusieurs passionnés ont pu poser leurs questions. Leurs préoccupations reflètent les enjeux concrets du jardin à l’approche de l’hiver. À travers leurs témoignages, leurs doutes et leurs expériences, c’est un véritable guide de saison qui prend forme, alliant conseils techniques et sagesse du terrain.
Michel, jardinier à Saint-Brieuc depuis plus de quinze ans, a longtemps hésité sur le bon moment pour épandre du fumier. J’ai vu des voisins le faire en plein hiver, d’autres en septembre. Je ne savais plus quoi faire , confie-t-il. La réponse de Thomas Alamy est claire : début d’automne est le moment idéal. Le fumier, bien que bénéfique, doit être intégré progressivement au sol pour ne pas brûler les racines ou perturber les micro-organismes. L’épandre maintenant permet une décomposition lente et naturelle, favorisée par les pluies régulières de la saison. Il couvre également le sol nu laissé par les dernières récoltes, évitant l’érosion et la prolifération des mauvaises herbes. Pour les jardiniers pressés ou en retard, Alamy précise qu’il est encore possible d’ajouter du fumier décomposé jusqu’en fin d’hiver, mais jamais frais. Un fumier trop vert, comme on dit chez nous, c’est une bombe pour les racines , résume-t-il avec humour.
Pascal, retraité passionné par son rosier grimpant ‘New Dawn’, a toujours taillé ses rosiers en octobre, persuadé que cela les préparait mieux à l’hiver. Pourtant, chaque printemps, ses fleurs étaient rares. J’ai compris que je coupais les bourgeons à peine formés , raconte-t-il. Alamy explique que les rosiers doivent être taillés en fin de repos végétatif, soit entre fin février et mars. À cette période, les bourgeons sont visibles et bien gonflés, ce qui permet une taille précise. Une taille trop précoce, en automne, peut provoquer une repousse prématurée en cas de douceur hivernale, exposant les jeunes pousses aux gelées. En automne, contentez-vous d’un nettoyage : enlevez les fleurs fanées et raccourcissez les tiges trop longues pour éviter qu’elles ne cassent sous le vent , conseille-t-il. Pascal a suivi le conseil l’an passé et a vu sa floraison doubler.
Daniel, père de famille et adepte du potager bio, cherche chaque année à prolonger sa production maraîchère. Je veux que mes enfants mangent frais le plus longtemps possible , dit-il. En automne, les options sont nombreuses : salades d’hiver, choux frisés, mâche, épinards et carottes d’hiver. Il faut choisir des variétés résistantes au froid, comme la ‘Brune d’hiver’ ou la ‘Merveille d’hiver’. C’est aussi le moment clé pour planter l’ail, les oignons blancs et les fèves. L’ail violet, en particulier, adore le sol frais et humide de l’automne. Il se développe lentement, mais sort fort au printemps , précise Alamy. Daniel a semé de la mâche sous cloche l’an dernier et a pu récolter jusqu’en février.
Catherine, habituée des boutures, voulait savoir si l’automne était propice à cette pratique. La réponse est un oui franc. Jusqu’à mi-octobre, les tiges semi-ligneuses — celles dont la base commence à durcir — sont parfaites pour bouturer des arbustes comme les hortensias, les lilas des Indes, les rosiers ou les buis. J’ai réussi à bouturer un vieux rosier de ma grand-mère grâce à cette période , témoigne-t-elle. Vers la fin de l’automne, on passe aux boutures à bois sec : figuier, groseillier, buddléia. Certaines vivaces, comme la sauge d’ornement ou les pélargoniums, se bouturent aussi très bien. L’astuce d’Alamy ? Choisissez des tiges saines, de 15 à 20 cm, et plantez-les dans un mélange de terre et de sable. Arrosez modérément et protégez-les du gel avec un voile d’hivernage.
Même si Michel avait déjà posé une question sur le fumier, il revenait avec une autre inquiétude : la date limite pour semer ses laitues d’hiver. Je suis toujours en retard , avoue-t-il. La période idéale s’étend de mi-août à fin septembre. Passé cette date, les chances de levée diminuent, surtout si les températures chutent. Toutefois, la mâche reste une option jusqu’en octobre. J’ai semé de la mâche en potager forcé, sous tunnel, et j’ai eu des récoltes jusqu’en décembre , raconte Alamy. Pour les chicorées, c’est plus risqué, mais un essai peut être tenté si l’hiver s’annonce doux.
Patricia, habitante d’un village près de Nantes, a toujours taillé ses hortensias après la chute des feuilles. Je trouvais ça plus propre , dit-elle. Mais elle a remarqué une baisse de floraison. Alamy l’explique : les hortensias fleurissent sur le bois de l’année précédente. Tailler trop tôt risque de supprimer les bourgeons floraux. Mieux vaut attendre mars, quand les bourgeons sont bien visibles. Enlevez d’abord le bois mort, puis taillez juste au-dessus d’une paire de bourgeons, en formant une couronne arrondie. Patricia a suivi ce conseil et a vu ses hortensias exploser en couleur l’été dernier. Je n’ai jamais eu autant de fleurs !
David, soucieux de l’environnement, refuse d’utiliser des produits chimiques. Mais le trèfle envahit sa pelouse. Je pensais que c’était une mauvaise herbe , dit-il. Alamy le rassure : le trèfle n’est pas nuisible. Au contraire, ses fleurs blanches ou roses attirent les abeilles et enrichissent le sol en azote. Sa présence indique souvent une carence en azote dans le gazon. La solution ? Apporter un engrais riche en azote, en plusieurs apports légers. Arrosez après chaque apport pour bien faire pénétrer. En quelques semaines, le gazon reprend le dessus. David a testé cette méthode et constate que le trèfle diminue, mais les abeilles sont toujours là. C’est parfait .
Christophe, propriétaire d’une grande pelouse à Rennes, remarque que son gazon devient de plus en plus compact, avec de la mousse. Je sens que l’air ne passe plus , dit-il. Alamy confirme : le début de l’automne est l’un des deux meilleurs moments pour scarifier, avec le printemps (mars-avril). Le scarificateur fait des incisions pour éliminer le feutre, ce mélange de racines mortes et de mousse qui étouffe l’herbe. Il recommande de le faire une à deux fois par an. Après scarification, il faut apporter un engrais et arroser. Le gazon se régénère vite à cette période. Christophe a scarifié en septembre et a vu sa pelouse devenir plus dense et verte dès octobre.
Michèle, jardinère méticuleuse, ramasse chaque automne des sacs de feuilles. Je les mets au compost, mais elles mettent des années à disparaître , dit-elle. Alamy explique que les feuilles fines, comme celles du tilleul, se décomposent bien seules. Mais celles de chêne, châtaignier ou hêtre sont coriaces. Broyez-les avec une tondeuse ou un broyeur. Elles se décomposeront 3 à 4 fois plus vite et prendront moins de place. Il conseille aussi de les alterner avec des déchets verts pour équilibrer le compost. Michèle a adopté la tondeuse l’an dernier et constate que mon compost est plus homogène et prêt plus tôt .
Christine, maraîchère à mi-temps, se demande quoi faire de son carré de pommes de terre une fois la récolte terminée. Je ne veux pas laisser la terre nue , dit-elle. Plusieurs options : épandre du compost ou du fumier, semer des engrais verts (comme le phacélie ou la moutarde), ou planter des légumes d’hiver. Les fèves, l’ail et les oignons s’installent très bien après les pommes de terre. Ils n’ont pas besoin d’un sol très riche , précise Alamy. Christine a semé de la mâche et planté de l’ail. J’ai eu une double récolte l’année suivante : des oignons en juin et des fèves en avril.
L’automne n’est pas une saison de repos pour le jardin, mais une période stratégique où chaque geste prépare l’avenir. Entre fumure, taille, semis et compostage, les jardiniers ont les moyens d’optimiser leur espace tout en respectant les cycles naturels. Les témoignages de Michel, Pascal, Daniel, Catherine, Patricia, David, Christophe, Michèle et Christine illustrent combien les bonnes pratiques, simples mais bien appliquées, transforment les résultats. Comme le dit Thomas Alamy : Un jardin bien préparé en automne est un jardin heureux au printemps.
Le fumier est idéalement épandu en début d’automne pour se décomposer lentement. S’il est utilisé en hiver, il doit être bien composté pour ne pas brûler les racines.
La taille se fait en fin d’hiver, entre février et mars, pour éviter les gelées sur les jeunes pousses et mieux repérer les bourgeons.
Salades d’hiver, mâche, épinards, carottes, fèves, ail et oignons sont les cultures d’automne incontournables.
Les boutures de tiges semi-ligneuses (hortensias, rosiers, buis) se font jusqu’à mi-octobre. En fin d’automne, on passe aux boutures à bois sec (figuier, groseillier).
Le trèfle n’est pas nuisible. Il signale une carence en azote. Un apport d’engrais riche en azote permet de rééquilibrer le gazon sans herbicides.
Oui, le début de l’automne est une période idéale pour scarifier, éliminer le feutre et aérer le sol, favorisant une pelouse dense et saine.
Les feuilles épaisses (chêne, hêtre) doivent être broyées pour accélérer leur décomposition. Les feuilles fines peuvent être compostées telles quelles.
On peut enrichir le sol avec du compost, semer des engrais verts ou planter des légumes d’hiver comme l’ail, les oignons ou les fèves.
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