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Le jeu de société, c’est le partage qui compte : il anime les soirées près du Mans

Le jeu, bien plus qu’une simple distraction, est devenu un véritable outil de lien social, d’apprentissage et d’évasion. À l’heure où les écrans dominent notre quotidien, des initiatives locales redonnent à l’humain sa place autour d’une table, de dés, de cartes ou de plateaux colorés. C’est précisément le pari de Guillaume Guittonneau, 43 ans, fondateur de l’association Ori-Game-i, basée à Montbizot, en Sarthe. Ce passionné de jeux de société modernes s’attache à repenser l’expérience ludique comme un moment de partage, d’intelligence collective et de créativité. À l’approche d’une grande soirée jeu organisée le vendredi 3 octobre 2025 à La Guierche, il dresse un portrait vivant d’un univers trop souvent sous-estimé.

Qu’est-ce qu’un jeu de société moderne, et en quoi diffère-t-il des jeux traditionnels ?

Les jeux de société modernes, souvent appelés « eurogames » ou « jeux de stratégie », se distinguent radicalement des jeux classiques comme le jeu de l’oie ou le Cluedo. Contrairement aux jeux de pur hasard, où le dé décide du destin des joueurs, ces créations contemporaines misent sur la réflexion, la gestion de ressources, la négociation ou encore la narration. Leur mécanique est pensée pour équilibrer chance et compétence, tout en favorisant l’interaction humaine. Guillaume Guittonneau insiste : « Ici, on ne joue pas contre le hasard, on joue avec les autres. Le challenge, c’est l’anticipation, la prise de décision, parfois la diplomatie. »

À Ori-Game-i, les membres découvrent des titres comme Terraforming Mars, où l’on colonise la planète rouge en investissant dans des technologies futuristes, ou Wingspan, un jeu d’ornithologie poétique où chaque joueur construit un sanctuaire pour oiseaux. « Ce qui fascine, c’est la richesse thématique », explique Élodie Rombaut, bibliothécaire à Le Mans et participante régulière. « On peut être un explorateur arctique, un architecte de temples japonais, ou un chef d’orchestre. Le jeu devient une fenêtre sur des mondes insoupçonnés. »

Comment le jeu peut-il devenir un levier d’inclusion et de lien social ?

Pour Guillaume, le jeu n’est pas qu’un loisir : c’est un espace d’égalité. « Quand on s’assoit autour d’un plateau, on laisse ses soucis à la porte. Le statut social, l’âge, le métier – tout ça s’efface. Il ne reste que la stratégie, la bonne humeur, et parfois un peu de bluff. » Cette philosophie se traduit dans la diversité des participants : étudiants, retraités, parents isolés, personnes en situation de handicap. Tous trouvent leur place.

Maxime Lecœur, éducateur spécialisé, témoigne : « J’ai introduit certains de mes jeunes dans des parties de Dixit ou de Concept. Très vite, ils se sont exprimés autrement. Ceux qui parlent peu en atelier verbalisent leurs idées à travers des images ou des indices. Le jeu devient un langage universel. » Ori-Game-i collabore d’ailleurs avec des structures médico-sociales, proposant des séances adaptées aux troubles de l’attention ou aux difficultés relationnelles.

Le jeu, en ce sens, devient un terrain d’expérimentation sociale. Il apprend à attendre son tour, à perdre avec dignité, à coopérer. « On a vu des adolescents timides devenir animateurs de parties, des seniors redécouvrir leur esprit d’équipe », ajoute Guillaume. « Le jeu, c’est de la pédagogie déguisée. »

Quel rôle joue la créativité dans les nouveaux jeux de société ?

La montée en puissance des jeux narratifs ou coopératifs illustre un changement de paradigme : on ne veut plus seulement gagner, on veut vivre une histoire. Des jeux comme Mysterium, où un fantôme guide des médiums par des visions oniriques, ou Pandemic Legacy, où chaque partie modifie le plateau de manière permanente, transforment les soirées en sagas immersives.

Camille Thibierge, illustratrice et membre de l’association, souligne l’importance du graphisme : « Un jeu, c’est aussi un objet sensoriel. Le toucher du bois, la qualité des cartes, les illustrations qui racontent une ambiance… C’est du design appliqué au plaisir. » Ori-Game-i privilégie d’ailleurs les créations indépendantes, souvent signées par de jeunes auteurs français, dont les projets sont financés en partie via des campagnes de crowdfunding.

« On est dans une renaissance du jeu », affirme Guillaume. « Les auteurs osent tout : des mécaniques inédites, des thèmes sensibles, des formats hybrides. Certains jeux abordent la migration, le climat, ou la santé mentale. Ce n’est plus du divertissement passif, c’est une forme d’engagement. »

Comment Ori-Game-i construit-elle une communauté autour du jeu ?

L’association, fondée il y a cinq ans, ne se contente pas d’organiser des soirées. Elle construit un écosystème ludique local. Chaque mois, des ateliers d’initiation sont proposés aux débutants. Des tournois amicaux rythment l’année, et des partenariats avec des écoles ou des centres de loisirs permettent d’initier les enfants dès le plus jeune âge.

« On a commencé avec une dizaine de passionnés dans un garage », raconte Guillaume. « Aujourd’hui, on compte plus de 120 membres actifs, et on prête des jeux à plus de 30 familles. » La soirée du 3 octobre 2025 à La Guierche s’inscrit dans cette dynamique : ouverte à tous, gratuite, elle accueillera des dizaines de jeux, des animations en continu, et même un concours de création de règles pour les plus jeunes.

« Ce qu’on cherche, c’est que chacun se sente bienvenu », précise Lucie Aveline, bénévole depuis 2022. « On ne juge pas ton niveau. On t’aide à découvrir. Et souvent, tu repars avec des copains. »

Le jeu de société peut-il rivaliser avec les loisirs numériques ?

Dans un monde saturé d’écrans, la question se pose. Pourtant, les chiffres montrent une tendance inverse : le marché du jeu de société ne cesse de croître en France, avec des ventes en hausse de 15 % par an selon la Fédération des Industries du Jouet. « Le jeu physique répond à un besoin de connexion réelle », analyse Guillaume. « Les gens sont fatigués du virtuel. Ils veulent toucher, rire ensemble, voir les réactions de l’autre. »

Antoine Verlaine, développeur de jeux vidéo de profession, confirme : « Mon métier, c’est les mondes numériques. Mais chez moi, le vendredi soir, c’est plateau. Pourquoi ? Parce qu’avec mon fils de 10 ans, on construit des routes dans Carcassonne, on rigole, on triche un peu… Ce sont des souvenirs. Pas des données. »

Le jeu de société n’est pas un concurrent des jeux vidéo, mais un complément. De plus en plus de créations hybridant les deux mondes émergent, comme des jeux avec applications mobiles pour enrichir la narration. « L’important, c’est que le jeu serve l’humain, pas l’inverse », conclut Guillaume.

Quel est l’avenir du jeu de société en milieu associatif ?

Les associations comme Ori-Game-i jouent un rôle clé dans la démocratisation du jeu moderne. Elles offrent un accès sans barrière financière – acheter un bon jeu peut coûter jusqu’à 70 euros – et un cadre sécurisé pour expérimenter. « On ne veut pas que le jeu devienne un luxe », insiste Guillaume. « C’est un bien commun. »

À l’horizon 2030, il imagine des « maisons du jeu » dans chaque commune, des médiathèques équipées de fonds spécialisés, et des formations pour les animateurs. « Le jeu devrait faire partie des politiques culturelles locales, comme le théâtre ou la musique. »

Des villes comme Nantes ou Strasbourg ont déjà lancé des politiques publiques du jeu. Montbizot, bien que plus modeste, suit le mouvement. « On a obtenu une subvention municipale cette année », se réjouit Guillaume. « C’est un signe que les élus comprennent l’enjeu : le jeu, c’est de la prévention sociale, de la culture, de la santé mentale. »

Comment participer à la soirée du 3 octobre à La Guierche ?

La soirée, organisée à la salle polyvalente de La Guierche, est entièrement gratuite et ouverte à tous, dès 16 h 30 jusqu’à minuit. Pas besoin d’expérience : des animateurs seront présents pour guider les nouveaux venus. Des jeux pour enfants, adolescents et adultes seront disponibles, ainsi que des pauses gourmandes et des moments musicaux.

« On veut que cette soirée soit une invitation », explique Guillaume. « Une porte d’entrée dans un monde où on pense moins à son téléphone, où on parle, où on rit. » Les inscriptions, bien que non obligatoires, sont conseillées via le site de l’association pour anticiper les besoins logistiques.

Des bénévoles comme Chloé Rétif, étudiante en sociologie, s’investissent pour que tout soit fluide : « J’aime l’ambiance qu’on crée. On prépare les tables, on explique les règles, on voit des inconnus devenir complices. C’est magique. »

Conclusion

Le jeu de société moderne n’est plus un passe-temps marginal. Il s’impose comme une réponse contemporaine à l’isolement, à la surconsommation numérique, et à la perte de lien social. À travers des initiatives locales comme Ori-Game-i, des passionnés redonnent du sens au temps partagé. Guillaume Guittonneau incarne cette nouvelle génération d’acteurs culturels qui croient au pouvoir transformateur du jeu. Le 3 octobre 2025, à La Guierche, ce ne sera pas seulement une soirée jeu : ce sera une célébration de l’humain.

A retenir

Quel est l’objectif principal d’Ori-Game-i ?

L’association Ori-Game-i vise à promouvoir les jeux de société modernes comme outils de lien social, d’apprentissage et d’évasion. Elle propose des espaces de jeu accessibles à tous, indépendamment de l’âge ou du niveau d’expérience, et travaille à intégrer le jeu dans des projets éducatifs et sociaux.

Qui peut participer aux événements d’Ori-Game-i ?

Tout le monde est le bienvenu : enfants, adolescents, adultes, familles, seniors, ou personnes en situation de handicap. Les événements sont conçus pour être inclusifs, avec des jeux adaptés à chaque tranche d’âge et des animateurs formés à l’accueil.

Le jeu de société moderne est-il adapté aux enfants ?

Oui, de nombreux jeux sont spécialement conçus pour les jeunes joueurs, avec des règles simples, des mécaniques pédagogiques et des thèmes ludiques. Ori-Game-i propose d’ailleurs des ateliers dédiés aux écoles et centres de loisirs pour initier les enfants dès le plus jeune âge.

Quelle est la différence entre un jeu de société moderne et un jeu traditionnel ?

Les jeux modernes mettent l’accent sur la stratégie, la coopération, la gestion de ressources et l’interaction, contrairement aux jeux traditionnels souvent basés sur le hasard pur. Ils offrent des expériences plus riches, avec des thèmes variés et des mécaniques innovantes.

La soirée du 3 octobre 2025 est-elle payante ?

Non, l’événement est entièrement gratuit. Il est financé par l’association, des subventions locales et des partenariats. Des dons volontaires sont toutefois les bienvenus pour soutenir les futures actions d’Ori-Game-i.

Anita

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