Lannion Sous Le Feu Des Sciences Ia Photonique Innovations Bretagne
Chaque année, la Fête de la Science transforme les villes de France en laboratoires géants, ouvrant les portes de la recherche au grand public. En 2025, c’est à Lannion, berceau de l’innovation technologique en Bretagne, que l’événement prendra une ampleur particulière. Au cœur de cette mobilisation scientifique, Thierry Chartier, enseignant-chercheur en photonique, incarne le lien entre savoir académique et curiosité populaire en tant qu’ambassadeur régional. Son parcours, marqué par une passion précoce pour la lumière et ses applications, illustre la trajectoire d’un scientifique engagé dans la vulgarisation. À l’approche de cette édition placée sous le thème Intelligence(s) , il incarne une science accessible, vivante, et ancrée dans le territoire breton.
Thierry Chartier n’est pas seulement un chercheur spécialisé dans la photonique, il est aussi un passeur de savoir. Né dans une famille d’enseignants du sud de la France, c’est dès le lycée qu’il développe une fascination pour les phénomènes physiques invisibles à l’œil nu. J’ai toujours été intrigué par ce qu’on ne voit pas mais qui change le monde , confie-t-il. Diplômé d’un doctorat en physique à l’Université de Rennes en 1997, il entame sa carrière à Rouen, où il enseigne tout en poursuivant des recherches sur les matériaux optiques. Mais c’est à Lannion, quelques années plus tard, qu’il trouve un écosystème idéal pour conjuguer recherche de pointe et transmission du savoir.
Recruté à l’École nationale supérieure des sciences appliquées et de technologie de Lannion (ENSSAT), il s’investit rapidement dans des projets interdisciplinaires, notamment dans le développement de capteurs photoniques pour les télécommunications. La photonique, c’est la science de la lumière appliquée. Elle est partout : dans les fibres optiques, les capteurs médicaux, les systèmes d’imagerie… Mais peu de gens en parlent. Mon rôle, c’est aussi de la rendre visible , explique-t-il. C’est cette double casquette — chercheur rigoureux et médiateur passionné — qui lui vaut d’être choisi comme ambassadeur de la Fête de la Science 2025.
Le thème national de l’édition 2025, Intelligence(s) , s’inscrit dans une réflexion contemporaine sur les multiples formes d’intelligence : artificielle, humaine, animale, collective, voire végétale. En choisissant ce mot au pluriel, les organisateurs invitent à dépasser la vision technocentrée pour explorer des intelligences souvent oubliées. À Lannion, ce thème résonne particulièrement bien. Surnommée la Silicon Valley bretonne , la ville abrite des centaines de startups et des instituts de recherche spécialisés en numérique, en télécommunications et en intelligence artificielle.
Ce n’est pas un hasard si ce thème s’installe ici , souligne Éléonore Vasseur, coordinatrice scientifique de l’événement. Lannion est un lieu où l’on conçoit des algorithmes, mais aussi où l’on questionne leur impact. La Fête de la Science, c’est l’occasion de mettre en dialogue les ingénieurs, les citoyens, les artistes, et même les philosophes. Des ateliers sur l’éthique de l’IA côtoieront ainsi des démonstrations de robots collaboratifs, tandis que des biologistes discuteront de l’intelligence des écosystèmes marins avec les visiteurs.
Le cœur de l’événement bat à Lannion, plus précisément dans la salle des Ursulines, qui se métamorphosera en village scientifique pendant tout le week-end du 11 et 12 octobre 2025. Ce lieu central accueillera des stands interactifs, des conférences courtes et dynamiques, des expériences en direct, et des rencontres avec des chercheurs. Chaque espace sera conçu comme une invitation à l’exploration : des enfants manipuleront des lasers miniatures, des adolescents programmeront des drones, et des adultes débattront de l’avenir du travail face à l’automatisation.
Mais l’événement ne se limite pas à une seule ville. La Cité des Télécoms, à Pleumeur-Bodou, ouvrira ses portes à des démonstrations sur l’histoire des communications, depuis le télégraphe jusqu’aux réseaux 6G. Le Planétarium de Bretagne proposera des sessions immersives sur l’intelligence des systèmes planétaires et les algorithmes utilisés pour détecter des exoplanètes. Quant à l’Aquarium marin de Trégastel, il accueillera des biologistes marins qui exploreront les comportements complexes des céphalopodes — des animaux capables de résoudre des problèmes, de s’adapter, et même de jouer des tours aux humains.
Ce qui est beau, c’est que chaque lieu apporte une dimension différente , note Thierry Chartier. À l’Aquarium, on parle d’intelligence animale ; à la Cité des Télécoms, d’intelligence technologique ; au Planétarium, d’intelligence cosmique. Ensemble, ils forment un puzzle fascinant.
La photonique, discipline phare à Lannion, joue un rôle central dans de nombreuses formes d’intelligence moderne. Elle est notamment au cœur des systèmes de traitement de données massives, indispensables à l’IA. Les ordinateurs quantiques, les réseaux de neurones, les capteurs intelligents — tous dépendent de la transmission ultra-rapide de l’information par la lumière , précise Thierry Chartier. Lors de la Fête, son équipe présentera une expérience en temps réel : un faisceau laser transmettant des données à travers un cristal photonique, visualisé grâce à un logiciel de simulation en 3D.
Un autre stand, conçu avec des étudiants de l’ENSSAT, permettra au public de voir la lumière en action. On utilise des caméras hyperspectrales capables de détecter des longueurs d’onde invisibles. Les gens s’approchent, et soudain, ils voient leur peau, leurs vêtements, sous un angle totalement nouveau. C’est une forme d’intelligence sensorielle qu’on ne soupçonne pas , décrit-il. Des jeunes comme Camille Le Guen, étudiante en troisième année d’ingénierie, participent activement à ces animations. C’est gratifiant de montrer ce qu’on apprend à des enfants qui posent des questions qu’on ne s’était jamais posées soi-même , témoigne-t-elle.
L’ambassadeur n’est pas seulement un visage médiatique : il est un relais entre les institutions scientifiques, les collectivités locales et le public. Thierry Chartier a ainsi participé dès 2024 à la conception des animations, en veillant à ce qu’elles soient à la fois rigoureuses et accessibles. Il a aussi mobilisé ses collègues chercheurs, souvent réticents à sortir de leurs laboratoires. Beaucoup pensent qu’on va les poser des questions impossibles. Mais en réalité, les gens sont curieux, pas agressifs. Il suffit d’oser parler simplement , affirme-t-il.
Son engagement va au-delà de la coordination. Il animera lui-même plusieurs ateliers, notamment un débat intitulé L’intelligence artificielle peut-elle ressentir ? , en dialogue avec une philosophe des sciences, Clara Mével. Ce genre d’échange montre que la science ne progresse pas seule. Elle a besoin de la société pour s’interroger sur ses finalités , ajoute-t-il. Son objectif ? Faire de la Fête de la Science un moment de rencontre, pas seulement de spectacle.
Les éditions précédentes ont laissé des traces positives dans la mémoire collective. En 2023, plus de 12 000 personnes ont participé aux animations dans les Côtes-d’Armor. Parmi elles, Raphaël Kerdraon, un collégien de 14 ans, qui a découvert la robotique lors d’un atelier à la Cité des Télécoms. J’ai construit un petit robot avec des capteurs. Depuis, j’ai changé d’orientation : je veux faire de la recherche en IA appliquée à la santé , raconte-t-il. Son professeur de technologie, Hervé Le Goff, confirme l’impact : Des élèves qui ne s’intéressaient pas aux sciences se mettent à poser des questions, à rêver. C’est transformateur.
Ces témoignages illustrent l’un des enjeux majeurs de la Fête : susciter des vocations. On ne cherche pas à former des chercheurs en un week-end, mais à ouvrir des portes, à faire naître des étincelles , résume Thierry Chartier. Des étincelles qui, parfois, deviennent des carrières.
Les organisateurs visent une participation record, avec l’objectif de 15 000 visiteurs sur l’ensemble du territoire. Mais plus que les chiffres, c’est la qualité de l’engagement qui compte. On veut que chaque personne reparte avec une idée, une question, une émotion , insiste Éléonore Vasseur. Des partenariats ont été tissés avec des associations culturelles, des écoles, et même des artistes locaux, pour créer des performances hybrides science-art.
Une nouveauté de 2025 : un passeport scientifique distribué aux enfants, qui les invite à collecter des timbres en participant à différentes activités. À la fin, ils reçoivent un petit diplôme et un kit d’expériences à faire à la maison. C’est une manière ludique de prolonger l’expérience , explique Camille Le Guen.
L’ambassadeur incarne la science locale et en assure la visibilité. Il participe à la conception des animations, anime des ateliers, et sert de relais entre la communauté scientifique et le grand public. Il doit allier expertise et capacité de vulgarisation.
Lannion est un pôle d’excellence en technologies de l’information, en télécommunications et en photonique. Surnommée la Silicon Valley bretonne , elle rassemble des talents, des entreprises et des écoles d’ingénieurs, ce qui en fait un terrain idéal pour explorer les intelligences du futur.
L’événement est ouvert à tous : enfants, familles, étudiants, enseignants, retraités. Les animations sont conçues pour tous les niveaux, avec des activités adaptées à chaque tranche d’âge et à chaque centre d’intérêt.
La Fête de la Science renforce l’attractivité du territoire, valorise les métiers de la recherche, et favorise les vocations scientifiques chez les jeunes. Elle crée aussi du lien social en rassemblant des acteurs variés autour d’un projet commun.
Des appels à participation sont lancés plusieurs mois à l’avance via les sites des organisateurs et des établissements scientifiques. Étudiants, chercheurs, enseignants ou simples passionnés peuvent proposer des ateliers, des conférences ou aider à l’animation sur place.
En 2025, la Fête de la Science en Côtes-d’Armor ne sera pas seulement une célébration du savoir, mais une invitation à penser autrement les intelligences qui nous entourent. À travers les regards émerveillés d’un enfant manipulant un laser, les échanges passionnés entre chercheurs et citoyens, ou les débats sur l’avenir de la technologie, c’est une vision exigeante et humaniste de la science qui prendra vie à Lannion.
En février 2026, quatre astronautes embarqueront pour un tour de la Lune lors de la…
Une passion née de livres, d’images stellaires et de rêves d’enfance. Jean-Charles Cuillandre incarne une…
Un traqueur GPS pas cher et ultra-efficace pour ne plus perdre ses affaires ? Le…
En Bretagne, deux villages testent un nouveau dispositif pour lutter contre les déserts médicaux :…
Des molécules organiques complexes, précurseurs de la vie, détectées dans les geysers d’Encelade grâce à…
Des chercheurs français ont créé du cartilage humain fonctionnel à partir de pommes décellularisées, une…