Lanrh Fete Ses 50 Ans D Aide Aux Travailleurs Handicapes
Depuis un demi-siècle, l’Association pour l’insertion et la réinsertion professionnelle des handicapés (ANRH) a ancré son action dans le tissu économique et social du Trégor, à Pégase, sur la zone industrielle de Lannion, dans les Côtes-d’Armor. Ce vendredi 3 octobre 2025, l’antenne bretonne de cette structure nationale célèbre un jalon exceptionnel : cinquante ans d’engagement, de savoir-faire et d’inclusion. Fondée en 1954, l’ANRH s’est progressivement développée en France, comptant aujourd’hui vingt-cinq antennes, dont celle de Lannion, ouverte en 1975. Plus qu’un simple anniversaire, cette date symbolise la résilience d’un modèle d’entreprise adaptée, où compétence, dignité et accompagnement convergent pour offrir des perspectives concrètes à des personnes souvent écartées du marché du travail.
L’antenne lannionnaise de l’ANRH a vu le jour à une époque où l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap restait un défi majeur. En 1975, alors que l’industrie électronique commençait à s’implanter durablement dans le Trégor, l’association a su saisir une opportunité stratégique : mettre en relation des compétences humaines sous-estimées avec les besoins croissants de câblage électronique. Dès ses débuts, l’établissement s’est positionné comme un maillon essentiel dans la chaîne de production de composants pour des entreprises technologiques régionales et nationales.
Le site de Pégase, aujourd’hui, emploie 89 salariés, dont 82 % sont en situation de handicap. Ce chiffre n’est pas qu’un indicateur statistique : il incarne une philosophie. Ici, on ne parle pas de “faire une faveur” à quelqu’un, on parle de reconnaître des talents , affirme Clémence Ravel, directrice opérationnelle depuis 2018. Originaire de Saint-Brieuc, Clémence a rejoint l’ANRH après une carrière en management de projets dans l’industrie. Ce qui m’a frappée, c’est la précision du travail réalisé par nos équipes. Le câblage, ce n’est pas anodin : une erreur peut coûter cher. Et pourtant, nos taux de rejet sont inférieurs à 0,3 %. C’est du travail d’expert.
Les entreprises adaptées sont un dispositif unique en France, conçu pour permettre aux personnes éloignées de l’emploi, notamment celles en situation de handicap, d’accéder à une activité professionnelle stable. Financées en partie par des subventions et des marchés publics ou privés, elles proposent des postes durables, accompagnés d’un suivi médico-social, de formations continues et d’un encadrement renforcé.
À Lannion, l’ANRH a construit un modèle à la fois humain et industriel. Les salariés sont recrutés après une période d’immersion, souvent en lien avec Cap Emploi ou la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Une fois intégrés, ils bénéficient d’un accompagnement personnalisé : aménagement de poste, suivi psychosocial, tutorat interne. On ne forme pas seulement des câbleurs, on accompagne des individus , insiste Thierry Lemoine, responsable des ressources humaines. Certains arrivent avec des troubles du spectre autistique, d’autres avec des déficiences motrices ou des handicaps psychiques. Mais tous ont une chose en commun : la volonté de travailler.
Spécialisée dans le câblage électronique, l’antenne de Lannion intervient sur des commandes complexes, destinées à des secteurs exigeants : aéronautique, télécommunications, médical. Les salariés assemblent des faisceaux de câbles, soudent des connecteurs, testent les circuits. Chaque opération est soumise à des normes strictes, conformes aux exigences des grands donneurs d’ordres.
On travaille pour des entreprises comme Thales ou Orange , précise Clémence Ravel. Leurs cahiers des charges sont rigoureux, mais nos équipes les respectent à la lettre. Un exemple ? En 2023, l’ANRH a livré 15 000 unités de câblage pour un projet de satellites de communication, avec un délai de livraison respecté à 100 %. Ce qu’on fait ici, c’est de l’industrie de précision, pas de l’occupational therapy , souligne Marc Troadec, ingénieur de production. Nos salariés sont des professionnels, point final.
Derrière les chiffres et les processus industriels, ce sont des parcours individuels qui donnent tout son sens à l’action de l’ANRH. Léa Kerloc’h, 47 ans, travaille à l’atelier câblage depuis 2009. Atteinte d’une maladie neurologique progressive, elle a perdu son emploi dans une entreprise de logistique après dix ans de service. Je me sentais inutile , confie-t-elle. Personne ne voulait me reprendre. Puis j’ai découvert l’ANRH. Ici, on m’a donné une chance. Aujourd’hui, je suis chef d’équipe. Je forme les nouveaux. Et je suis fière de ce que je fais.
Autre parcours, tout aussi inspirant : celui de Yannick Le Goff, 38 ans, entré en 2016 après un long parcours en ESAT. Diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique, Yannick a trouvé à l’ANRH un environnement structuré, bienveillant et valorisant. J’aime la répétition, la précision, les règles claires. Le câblage, c’est comme un puzzle. Chaque fil a sa place. Ici, on me respecte pour mes compétences, pas malgré mon handicap.
Ces témoignages ne sont pas isolés. Ils reflètent une culture d’entreprise où l’humain est au centre. On ne parle pas de “sauver” des gens , reprend Thierry Lemoine. On parle de créer les conditions pour qu’ils puissent s’épanouir dans un travail utile. Et quand on voit Léa ou Yannick évoluer, on mesure l’impact.
L’ANRH ne se contente pas d’insérer des personnes en situation de handicap : elle participe activement à la vitalité économique locale. En 2024, le site de Lannion a généré un chiffre d’affaires de 3,2 millions d’euros, presque entièrement issu de prestations industrielles. On n’est pas une structure assistée, on est un partenaire fiable , insiste Clémence Ravel. Nos clients nous choisissent pour la qualité, pas par charité.
Par ailleurs, l’association entretient des liens étroits avec les acteurs économiques locaux. Des stages sont régulièrement proposés à des jeunes en situation de handicap, en lien avec les lycées professionnels de la région. Des partenariats avec des entreprises comme Technopole Anticipa ou Bretagne Développement Industriel favorisent l’innovation et l’évolution des métiers. On travaille sur l’automatisation partielle de certaines lignes, mais sans remplacer les humains , précise Marc Troadec. L’objectif, c’est de rendre le travail moins pénible, pas de le supprimer.
À l’horizon 2030, l’ANRH lannionnaise fait face à plusieurs enjeux. Le premier est la pérennité de ses marchés. Alors que la concurrence internationale pèse sur les coûts, maintenir des prix compétitifs tout en offrant un salaire décent et un accompagnement de qualité devient un équilibre délicat. On ne peut pas se permettre de baisser nos exigences humaines , affirme Clémence Ravel. Mais il faut aussi innover, gagner en productivité.
Un autre défi concerne le vieillissement de la population de salariés. Beaucoup d’entre nous ont plus de 50 ans , note Thierry Lemoine. Il faut penser à la relève, attirer de nouvelles générations, y compris des jeunes en situation de handicap qui sortent de l’enseignement spécialisé.
Enfin, la reconnaissance sociale reste un combat de longue haleine. On entend encore parfois : “Ah, c’est une entreprise pour les handicapés ?” , raconte Marc Troadec. Alors on montre les certifications, les livraisons, les audits. Et on dit : “Non, c’est une entreprise industrielle. Et par chance, elle est inclusive.”
La célébration du 3 octobre 2025 ne sera pas qu’une simple commémoration. Elle s’inscrit dans une dynamique de valorisation et de projection. Une journée portes ouvertes est prévue, avec des ateliers de découverte du câblage, des témoignages de salariés, et des rencontres avec les partenaires économiques. Un film documentaire, réalisé en interne, retraçera l’histoire du site et les parcours croisés de celles et ceux qui l’ont fait vivre.
On veut montrer que l’inclusion, ce n’est pas une utopie , explique Clémence Ravel. C’est une réalité industrielle, économique, humaine. Et on veut que cette réussite inspire d’autres territoires.
Depuis cinquante ans, l’ANRH de Lannion incarne une vision exigeante de l’insertion professionnelle : celle où le handicap n’est pas un obstacle, mais une diversité à valoriser. Dans un monde du travail souvent excluant, cette entreprise adaptée démontre qu’il est possible de concilier performance industrielle et justice sociale. À l’heure où les entreprises sont appelées à repenser leur responsabilité sociétale, le modèle de Pégase offre une leçon de pragmatisme, d’humanité et de ténacité.
82 % des 89 salariés de l’antenne lannionnaise de l’ANRH sont en situation de handicap. Ce taux reflète l’engagement de l’association en faveur de l’inclusion professionnelle.
L’antenne bretonne de l’ANRH a ouvert ses portes en 1975, soit cinquante ans avant la célébration prévue en octobre 2025.
Le site est spécialisé dans le câblage électronique pour des secteurs à haute exigence comme l’aéronautique, les télécommunications et le médical.
L’ANRH dispose de vingt-cinq antennes réparties sur l’ensemble du territoire national, dont une seule en Bretagne, située à Lannion.
L’association souhaite démontrer que l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap est non seulement possible, mais aussi économiquement viable et humainement enrichissante.
En février 2026, quatre astronautes embarqueront pour un tour de la Lune lors de la…
Une passion née de livres, d’images stellaires et de rêves d’enfance. Jean-Charles Cuillandre incarne une…
Un traqueur GPS pas cher et ultra-efficace pour ne plus perdre ses affaires ? Le…
En Bretagne, deux villages testent un nouveau dispositif pour lutter contre les déserts médicaux :…
Des molécules organiques complexes, précurseurs de la vie, détectées dans les geysers d’Encelade grâce à…
Des chercheurs français ont créé du cartilage humain fonctionnel à partir de pommes décellularisées, une…