Lesatco Loudeac 50 Ans Inclusion Travail
En ce début d’automne 2025, l’air est doux à Loudéac. Dans les allées du Vélodrome de Bretagne, une effervescence joyeuse s’installe. Ce jeudi 2 octobre, l’Établissement et service d’accompagnement par le travail (Esat) de la ville célèbre un jalon exceptionnel : cinquante ans d’engagement, de solidarité et de transformation sociale. Depuis 1975, cet espace d’inclusion professionnelle a permis à des centaines de personnes en situation de handicap de trouver une place dans le monde du travail, mais surtout, une dignité, une voix, et une communauté. Ce demi-siècle d’existence mérite bien une journée à la hauteur de ses réalisations : hommages, souvenirs, musique et partage.
L’Esat de Loudéac, aussi connu sous le nom d’Esatco, n’est pas simplement un lieu de travail adapté. C’est un écosystème humain où se croisent parcours de vie, projets professionnels et accompagnement social. Créé à une époque où l’inclusion des personnes en situation de handicap était encore balbutiante, l’établissement a su s’imposer comme un acteur majeur du territoire breton. Il accueille aujourd’hui une soixantaine de travailleurs en situation de handicap, accompagnés par une équipe pluridisciplinaire de professionnels : éducateurs, psychologues, encadrants techniques, et coordinateurs.
Ce qui nous distingue, ce n’est pas seulement le travail que nous faisons, mais la manière dont nous le faisons , explique Gaëlle Aubry, responsable du service de soutien. Ici, chaque personne est considérée dans sa singularité. On ne parle pas de bénéficiaires , mais de collaborateurs.
L’Esatco propose des activités variées : conditionnement, logistique, entretien de locaux, fabrication de produits d’entretien écologiques, et même des services de blanchisserie pour les établissements hospitaliers. Ces activités sont conçues pour être à la fois porteuses de sens et adaptées aux capacités de chacun. L’objectif ? Favoriser l’autonomie, l’estime de soi, et, pour certains, une éventuelle transition vers le milieu ordinaire du travail.
La préparation de l’anniversaire a mobilisé plusieurs mois d’efforts, mêlant mémoire collective et créativité. Le cœur du projet : un film documentaire tourné dans les locaux mêmes de l’Esat. Ce document, d’une trentaine de minutes, retrace l’histoire de l’établissement à travers des témoignages de salariés, d’anciens directeurs, de familles, et de bénévoles.
On voulait que ce film soit un miroir vivant de ce qu’on a construit , confie Lucien Kervella, ancien éducateur spécialisé, aujourd’hui à la retraite. J’ai commencé ici en 1983. À l’époque, on travaillait dans des locaux provisoires, avec très peu de moyens. Mais l’énergie, la volonté… c’était déjà là.
Le film alterne entre archives en noir et blanc, photos d’époque, et scènes actuelles tournées dans les ateliers. On y voit Élodie Le Goff, employée depuis douze ans, qui raconte comment l’Esat lui a permis de sortir d’un isolement profond : Avant, je restais des jours entiers chez mes parents. Ici, j’ai appris à parler aux autres, à me sentir utile. Aujourd’hui, je suis fière de ce que je fais.
La réalisation a été confiée à un collectif local, dont une partie des membres ont eux-mêmes été accompagnés par des structures similaires. Un choix symbolique, qui renforce l’idée d’une transmission intergénérationnelle de l’inclusion.
La cérémonie débutera par un moment solennel : la remise des médailles du travail à 27 professionnels. Parmi eux, plusieurs ont consacré plus de trente ans de leur carrière à l’Esat. C’est rare, dans un secteur comme le nôtre, de voir autant de fidélité , observe Gaëlle Aubry. Ces personnes ont vu évoluer les mentalités, les politiques publiques, les besoins. Elles ont été les piliers silencieux de cette réussite.
Un des récipiendaires, Denis Le Berre, encadrant technique depuis 1991, raconte son parcours avec émotion : J’ai commencé comme intérimaire. Je ne savais pas ce qu’était un Esat. Et puis, j’ai rencontré les équipes, les salariés… Je me suis dit que c’était ici que je voulais faire ma vie professionnelle.
La remise des médailles sera suivie d’un temps d’échange avec les familles, les partenaires institutionnels et les élus locaux. Un hommage sera également rendu à trois anciens directeurs, dont l’un, Yvon Le Moal, décédé en 2020, avait posé les bases de la modernisation de l’établissement dans les années 2000.
La journée ne se veut pas seulement un événement interne. Elle s’ouvre largement au public, dans une volonté de sensibilisation et de partage. Après la cérémonie, un repas convivial réunira environ 300 personnes sur le parvis du Vélodrome. Ce repas est entièrement préparé par les cuisines de l’Esat, qui ont développé depuis 2018 un atelier de restauration collective.
On a formé une dizaine de salariés à la cuisine, à la gestion de stocks, à la logistique , précise Sophie Tanguy, coordinatrice de l’atelier. Aujourd’hui, on fournit des repas à trois écoles de la région. Et pour l’anniversaire, bien sûr, on a voulu tout faire nous-mêmes.
Le menu, élaboré avec des produits locaux, reflète les valeurs de l’établissement : qualité, inclusion, et lien au territoire. Des animations musicales ponctueront la journée, assurées par un groupe composé de salariés de l’Esat et de musiciens extérieurs. Leur morceau phare, Main dans la main , a été écrit à l’occasion de l’anniversaire, avec des paroles qui parlent d’espoir, de persévérance, et de fraternité.
Des stands d’information seront également installés, permettant de découvrir les métiers exercés à l’Esat, les partenariats avec les entreprises du coin, et les projets d’avenir. Un espace mémoire présentera des objets, des photos, et des témoignages d’époque, offrant un voyage dans le temps à travers les cinquante ans de l’institution.
Au fil des décennies, l’Esat de Loudéac est devenu un acteur économique et social reconnu. Il collabore avec plus de quarante entreprises locales, de la coopérative agricole aux centres hospitaliers. On ne fait pas de la charité ici, on fait du travail , insiste Gaëlle Aubry. Nos prestations sont payées au juste prix, et la qualité est exigée.
Le maire de Loudéac, Jean-Marc Le Floch, souligne l’importance de cette structure : L’Esat, c’est une chance pour notre ville. Il montre que l’économie peut être humaine, inclusive, et performante.
Des initiatives citoyennes ont également émergé autour de l’établissement : des ateliers de jardinage partagé, des expositions d’art faites par les salariés, ou encore des journées portes ouvertes dans les écoles. On a fait venir une classe de CM2 l’année dernière , raconte Élodie Le Goff. Les enfants nous posaient plein de questions. Certains avaient peur au début. Mais à la fin, ils riaient, ils voulaient nous faire des dessins. C’était beau.
Alors que l’Esat fête ses cinquante ans, l’équipe pense déjà à l’avenir. Les défis sont nombreux : le vieillissement du personnel, les évolutions des besoins des usagers, la pression sur les financements publics. Mais les ambitions sont grandes.
Un projet de rénovation des locaux est en cours, avec un objectif de transition écologique : installation de panneaux solaires, réduction des déchets, circuits courts alimentaires. On veut que l’Esat devienne un modèle d’économie circulaire adaptée , affirme Gaëlle Aubry.
Un autre chantier porte sur l’autonomie numérique. Depuis 2023, un atelier numérique et inclusion a été lancé, où des salariés apprennent à utiliser des outils informatiques, à créer des contenus, ou à gérer des bases de données. Le numérique, c’est l’avenir du travail , explique Thomas Rivoallan, formateur dans cet atelier. On ne peut pas laisser nos collègues en marge de cette révolution.
Des discussions sont aussi en cours avec Pôle emploi et les Cap Emploi pour développer des passerelles vers le milieu ordinaire. Le but n’est pas de garder les gens toute leur vie à l’Esat , précise Gaëlle Aubry. C’est de leur donner les outils pour choisir.
Pour beaucoup, cette journée est une reconnaissance. Cinquante ans, c’est long. Mais quand on voit ce qu’on a construit, ça donne du courage , confie Denis Le Berre. On a vu des jeunes arriver timides, et repartir avec le sourire. On a vu des familles soulagées. C’est ça, notre récompense.
Élodie Le Goff, elle, attend la projection du film avec impatience : J’ai dit une phrase qu’on a gardée au montage : “Je ne suis pas un cas social. Je suis une personne qui travaille.” Quand je l’ai entendue, j’ai pleuré.
Le sentiment dominant, chez les salariés comme chez les équipes, est celui de la fierté. Une fierté discrète, mais profonde. Une fierté d’avoir fait exister un lieu où la différence n’est pas un obstacle, mais une richesse.
À une époque où l’inclusion est souvent brandie comme un slogan, l’Esat de Loudéac incarne une réalité concrète. Il montre qu’il est possible de construire un modèle où la solidarité, la dignité et l’efficacité ne s’opposent pas. Il interpelle aussi les consciences : combien d’autres structures comme celle-ci manquent encore sur le territoire ? Combien de personnes en situation de handicap restent à l’écart ?
On n’est pas là pour être admirés , conclut Gaëlle Aubry. On est là pour montrer que c’est possible. Et pour continuer.
Le 2 octobre 2025 restera une date marquante pour Loudéac. Ce n’est pas seulement l’anniversaire d’un établissement, mais la célébration d’un engagement humain qui traverse les générations. Cinquante ans de travail, de résilience, de rencontres. Cinquante ans à dire, chaque jour, que la dignité n’a pas de norme, et que le travail peut être un chemin de liberté. L’Esatco n’est pas un musée du passé. C’est une promesse pour l’avenir.
L’objectif principal est d’accompagner des personnes en situation de handicap dans une activité professionnelle adaptée, en favorisant leur autonomie, leur inclusion sociale et, si possible, leur transition vers le milieu ordinaire du travail.
L’établissement accueille environ soixante salariés en situation de handicap, accompagnés par une équipe de professionnels du médico-social.
Les activités incluent le conditionnement, la logistique, la blanchisserie, l’entretien de locaux, la fabrication de produits d’entretien écologiques, et un atelier de restauration collective.
Une journée d’anniversaire est organisée au Vélodrome de Bretagne, comprenant la remise de médailles du travail à 27 professionnels, un repas préparé par les salariés, une animation musicale, et la projection d’un film documentaire sur l’histoire de l’Esat.
Les projets incluent la rénovation écologique des locaux, le développement de l’autonomie numérique des salariés, et la création de passerelles vers le milieu ordinaire du travail en collaboration avec Pôle emploi et les Cap Emploi.
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