Lissage Cheveux Toxique Insuffisance Renale 2025
En apparence, un simple soin capillaire. Derrière, une cascade de symptômes, une alerte sanitaire silencieuse, et un réveil douloureux. Le témoignage de Camille Béranger, 27 ans, est celui d’une génération qui a grandi avec les tendances de beauté express, sans toujours en mesurer les conséquences. Ce n’est pas un accident banal, mais une crise rénale aiguë déclenchée, selon les médecins, par un lissage brésilien. Son parcours, minutieusement reconstitué par les services hospitaliers, soulève des questions cruciales sur la sécurité des produits cosmétiques, la formation des professionnels, et l’information des consommateurs. Ce qui devait être une mise en beauté a failli coûter très cher.
Le mardi 10 juin, Camille sort d’un salon de coiffure à La Rochelle, satisfaite de son nouveau lissage brésilien. Ses cheveux sont doux, brillants, parfaitement disciplinés. Mais dès le soir, une fatigue inhabituelle s’installe. Elle se couche tôt, pensant à un simple coup de fatigue. Vers minuit, des douleurs abdominales la réveillent, intenses, localisées au bas du ventre. « C’était comme des contractions, mais sans lien avec mes cycles », raconte-t-elle. Elle prend du paracétamol, qui atténue la douleur quelques heures, mais au réveil, une nouvelle douleur, cette fois au niveau du dos, irradiante, persistante.
Elle contacte le 116 117, le numéro de régulation médicale. Le médecin en ligne évoque une infection urinaire ou des coliques néphrétiques, deux diagnostics fréquents chez les jeunes femmes. Orientée vers la garde médicale de Longeville-sur-Mer, elle passe une première échographie. Aucune infection détectée. Les reins semblent « tendus », selon les termes du radiologue. L’hypothèse de coliques se renforce. Elle repart avec une ordonnance d’antidouleurs, mais la douleur empire dans la soirée. Le lendemain matin, son médecin traitant, le docteur Lefebvre, insiste : « Vous allez aux urgences, maintenant. »
À l’hôpital, les examens s’enchaînent. Les analyses sanguines révèlent une créatinine à 280 µmol/L — un taux alarmant, alors que son dernier bilan, six mois plus tôt, était normal. L’échographie montre une dilatation des voies urinaires. Le scanner confirme une insuffisance rénale aiguë. Le diagnostic tombe : il ne s’agit pas d’une colique, mais d’une atteinte rénale sévère, probablement toxique. Le transfert vers le service de néphrologie de La Roche-sur-Yon est immédiat.
À l’hôpital, la néphrologue, le docteur Sonia Ménard, mène un interrogatoire méticuleux. Elle remonte chaque étape de la semaine précédente : alimentation, médicaments, activités, cosmétiques. C’est là que Camille mentionne le lissage capillaire. « Je ne pensais pas que ça pouvait être lié », confie-t-elle. Pourtant, le docteur Ménard connaît les cas rares mais documentés de néphrotoxicité liée à certains traitements capillaires.
Le lissage brésilien, en particulier, utilise parfois des produits contenant de l’acide glyoxylique, un composé chimique utilisé comme alternative au formaldéhyde, lui-même interdit ou fortement réglementé. Or, l’acide glyoxylique, bien que moins volatil, peut être absorbé par le cuir chevelu ou inhalé lors de la chauffe au fer à lisser, et se transformer dans l’organisme en acide oxalique — une substance néphrotoxique connue, capable de cristalliser dans les reins et de provoquer des lésions irréversibles.
Le salon est contacté. Le produit utilisé, importé d’Espagne, affiche une composition partielle. L’acide glyoxylique n’y figure pas, pourtant les effets cliniques — douleurs rénales, élévation de la créatinine, présence d’oxalates dans les urines — pointent directement vers cette molécule. Le centre antipoison d’Angers est alerté. Après analyse, le verdict est sans appel : exposition probable à l’acide glyoxylique via un produit mal étiqueté.
La réglementation européenne impose une liste d’ingrédients à déclarer sur les emballages, mais certaines substances peuvent être omises sous certaines conditions — notamment si elles sont classées comme « ingrédients techniques » ou si leur concentration est inférieure à un seuil. De plus, les produits importés hors UE échappent parfois aux contrôles stricts appliqués sur le territoire français.
Camille découvre avec effarement que le produit utilisé dans son salon, bien que vendu comme « sans formaldéhyde », contenait un composé tout aussi risqué, mais non mentionné. « On nous dit “sans formaldéhyde”, comme si c’était une garantie de sécurité. Mais personne ne parle de ce qui le remplace », s’indigne-t-elle. L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, a déjà publié plusieurs avis sur les risques des lissages brésiliens, notamment en 2021 et 2023, alertant sur les substances de substitution, dont l’acide glyoxylique.
Pourtant, aucune certification obligatoire n’est requise pour pratiquer ces soins. Une formation de quelques jours suffit à certains professionnels pour se lancer. Les protocoles varient d’un salon à l’autre : temps de pose, température du fer, ventilation, rinçage — autant de paramètres qui influencent l’absorption des produits. « Il n’y a pas de norme commune. Chaque salon fait comme il peut », constate le docteur Ménard.
Après dix jours d’hospitalisation, Camille sort avec une fonction rénale partiellement restaurée. Mais les dégâts sont visibles : sa filtration glomérulaire reste inférieure à 60 ml/min, un niveau typique chez des patients de plus de 80 ans. « À 27 ans, j’ai des reins d’octogénaire », répète-t-elle, avec une pointe d’amertume. Elle doit désormais surveiller son alimentation, éviter les aliments riches en oxalates (épinards, chocolat, noix), limiter les efforts prolongés debout, et subir des bilans sanguins réguliers.
Les douleurs reviennent parfois, surtout après une mauvaise hydratation ou une exposition à la chaleur. « Je ne peux plus aller à la plage sans craindre une poussée », dit-elle. Elle a dû renoncer à son métier d’animatrice sportive, trop physique. Aujourd’hui, elle travaille en télétravail, mais reste marquée par ce qu’elle appelle « un viol chimique » : « On m’a appliqué une substance toxique sur la tête en me disant que c’était un soin. Personne ne m’a prévenue. »
Elle ne veut pas diaboliser la coiffure, mais insiste : « Ce n’est pas un simple brushing. C’est une technique chimique qui agit sur la kératine du cheveu, et donc potentiellement sur le corps entier. »
Camille a changé de comportement. Avant tout rendez-vous, elle demande systématiquement la fiche technique du produit utilisé. « Je veux voir la composition complète, pas juste le nom du produit. Je veux savoir d’où il vient, s’il est homologué en France. » Elle refuse désormais tout traitement sans traçabilité. Elle a aussi sensibilisé son entourage : sa sœur, Élise, 19 ans, a renoncé à un lissage après avoir entendu son récit.
Elle recommande de noter la date du soin, le nom du produit, et de surveiller les symptômes dans les 72 heures suivantes : fatigue, nausées, douleurs dorsales ou abdominales, maux de tête. « Si quelque chose cloche, appelez le 15 ou le 116 117. Ne minimisez pas. » Elle a également contacté l’ARS (Agence régionale de santé) pour signaler le cas, et encourage d’autres victimes à faire de même.
Le docteur Ménard partage cette vigilance : « Les patients doivent poser des questions. Les professionnels doivent être transparents. Et les autorités doivent renforcer les contrôles sur les produits importés. »
Le salon concerné, après avoir été informé, a retiré le produit incriminé de son offre. Le propriétaire, Julien Morel, reconnaît : « On nous vend ces produits comme “sécurisés”, “certifiés”. On fait confiance aux fournisseurs. » Il a depuis exigé des fiches techniques complètes de tous ses fournisseurs et formé son équipe à la lecture des étiquettes.
Mais le problème est plus large. Les importateurs, souvent basés en dehors de l’UE, ne sont pas toujours tenus de respecter les mêmes normes. Les distributeurs en ligne, sur des plateformes internationales, vendent des produits sans contrôle. Et les consommateurs, souvent mal informés, cherchent surtout le résultat esthétique, pas la sécurité.
Camille ne cherche pas à poursuivre en justice, mais elle appelle à une régulation plus stricte : « Il faut une certification obligatoire pour pratiquer ces soins. Il faut interdire les produits opaques. Il faut que les salons affichent la composition des produits, comme les restaurants affichent les allergènes. »
L’Anses, dans ses derniers rapports, recommande une surveillance accrue des produits de lissage capillaire, notamment ceux contenant des acides alpha-hydroxylés comme l’acide glyoxylique. Elle appelle à une meilleure traçabilité, à des tests de libération de formaldéhyde ou d’acides toxiques lors de la chauffe, et à une information claire des consommateurs.
L’Union des syndicats de l’esthétique et de la coiffure (UNEC) a publié un guide de bonnes pratiques en 2023, mais son application reste volontaire. Certains professionnels, comme Julien Morel, réclament désormais une obligation légale de formation spécifique, comme celle existant pour les colorations ou les permanents.
La clé, selon Camille et les médecins, est la prévention par l’information. Avant tout lissage, demandez :
Si des symptômes apparaissent, consultez immédiatement et mentionnez le soin capillaire. Conservez tous les documents : ticket de caisse, photo de l’emballage, nom du coiffeur. Signalez tout incident au centre antipoison ou à l’ARS.
L’acide glyoxylique, souvent utilisé comme substitut au formaldéhyde dans les traitements de lissage, peut se transformer en acide oxalique dans l’organisme, provoquant des cristallisations rénales et une atteinte néphrotoxique. Même en l’absence de formaldéhyde, ce composé représente un risque sérieux, surtout lors de chauffe prolongée.
La réglementation permet parfois d’omettre certains composants, notamment s’ils sont considérés comme ingrédients techniques ou présents en faible concentration. Les produits importés hors UE peuvent aussi échapper aux contrôles stricts de l’Union européenne, rendant la traçabilité difficile.
Une fatigue intense, des douleurs abdominales ou dorsales, des nausées, des maux de tête ou une diminution de la diurèse dans les heures ou jours suivant un lissage doivent être pris au sérieux. Ces signes peuvent indiquer une intoxication chimique nécessitant une prise en charge urgente.
Oui, à condition que le produit utilisé soit transparent dans sa composition, homologué en UE, et appliqué selon un protocole strict (temps de pose contrôlé, bonne ventilation, température adaptée). Le professionnel doit être formé, informer le client des risques, et fournir toutes les données techniques du produit.
Consulter immédiatement un médecin ou les urgences, en précisant le type de soin reçu. Conserver tous les éléments liés au traitement (nom du produit, date, salon). Signaler l’incident au centre antipoison ou à l’Agence régionale de santé pour contribuer à la surveillance sanitaire.
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