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Un livret d’épargne peut être désactivé après 18 mois d’inactivité en 2025 — ce que les banques ne disent pas

En matière de gestion d’épargne, les consommateurs s’attendent à ce que leurs fonds soient protégés, accessibles et sécurisés, même lorsqu’ils ne les utilisent pas régulièrement. Pourtant, une pratique bancaire méconnue mais bien réelle peut venir bouleverser cette certitude : la désactivation de livrets d’épargne après une période d’inactivité. Ce phénomène, longtemps ignoré du grand public, est aujourd’hui mis en lumière par d’anciens professionnels du secteur, révélant un mécanisme qui touche un nombre croissant d’épargnants. Derrière l’apparente tranquillité d’un compte dormant se cache une réalité administrative souvent opaque, source de frustrations et de complications inutiles. À travers témoignages, explications réglementaires et conseils pratiques, cet article explore les enjeux de cette pratique, ses conséquences concrètes et les moyens d’y échapper.

Qu’est-ce que la désactivation d’un livret d’épargne après inactivité ?

La désactivation d’un livret d’épargne intervient lorsque ce dernier n’a fait l’objet d’aucun mouvement — dépôt, retrait ou consultation — pendant une période définie par la banque. Contrairement à une fermeture pure et simple, la désactivation suspend l’accès au compte sans pour autant le clôturer définitivement. L’argent reste théoriquement sur le compte, mais le titulaire perd la possibilité d’y accéder facilement, ni de percevoir les intérêts dans certains cas.

Julien Moreau, ancien conseiller dans une grande enseigne bancaire, explique : « Cette procédure existe pour des raisons de sécurité et de gestion des risques. Les banques doivent s’assurer que les comptes sont bien utilisés par leurs titulaires légitimes. Un compte inactif pendant plusieurs mois peut être vu comme un risque potentiel de fraude ou d’usurpation. »

Cependant, la manière dont cette règle est appliquée soulève des questions. « Ce qui choque, poursuit Julien Moreau, c’est l’absence totale d’alerte. Beaucoup de clients apprennent la désactivation de leur livret lorsqu’ils tentent d’y accéder, parfois des années après. »

La loi autorise-t-elle cette pratique ?

Oui, mais dans des conditions encadrées. Le Code monétaire et financier, ainsi que les conditions générales des contrats bancaires, permettent aux établissements de suspendre des comptes inactifs. La durée d’inactivité requise varie selon les banques, mais elle se situe généralement entre 12 et 24 mois. Certaines banques en ligne, par exemple, désactivent un livret après 18 mois sans connexion ou opération.

Il est important de noter que cette mesure ne s’applique pas à tous les types de comptes de la même manière. Les livrets réglementés comme le livret A ou le LDDS (Livret de développement durable et solidaire) bénéficient d’une protection accrue, mais ils ne sont pas à l’abri d’une désactivation administrative. En revanche, les livrets dits « boursiers » ou associés à des assurances-vie peuvent être soumis à des règles plus strictes.

Malgré ces dispositions légales, la transparence reste insuffisante. Les clauses relatives à l’inactivité sont souvent noyées dans des documents juridiques longs et complexes, rarement mis en avant lors de l’ouverture du compte. « Beaucoup de clients signent sans avoir lu ces passages », confirme Julien Moreau.

Que s’est-il passé pour Émilie Renaud ?

Émilie Renaud, enseignante de littérature française, a vécu cette situation de plein fouet. Partie enseigner à Montréal pendant deux ans, elle a laissé son livret A, ouvert depuis 15 ans dans une banque traditionnelle, sans aucun mouvement. « Je pensais que mon argent était en sécurité. C’était un petit pécule que je gardais pour un futur projet immobilier », raconte-t-elle.

À son retour en France, elle tente de consulter son solde en ligne. Impossible. Le compte n’apparaît plus sur son espace client. Un appel au service client lui apprend que son livret a été désactivé depuis plus d’un an. « Je suis restée sans voix. Aucun courrier, aucun email, rien. J’ai dû me rendre en agence, présenter une pièce d’identité, un justificatif de domicile, et remplir plusieurs formulaires. »

La réactivation a pris près de trois semaines. Pendant ce temps, elle ne pouvait ni retirer ni transférer les fonds. « Ce qui m’a le plus marquée, c’est le sentiment d’impuissance. On se sent comme un intrus sur son propre compte. »

Quelles sont les conséquences concrètes de la désactivation ?

Outre le stress et la perte de temps, la désactivation d’un livret peut avoir des impacts financiers indirects. D’abord, les intérêts ne sont plus versés pendant la période de suspension, ou leur calcul peut être interrompu. Ensuite, la réactivation peut exiger des justificatifs récents, notamment si le client a changé d’adresse ou de situation administrative.

Pour les personnes vivant à l’étranger ou en mobilité professionnelle, le problème est amplifié. « J’ai un collègue, Antoine Delmas, qui travaille dans l’humanitaire. Il a été en mission au Sénégal pendant 14 mois. À son retour, son livret d’épargne populaire avait été désactivé. Il a fallu qu’il demande une attestation de résidence à l’ambassade française pour prouver son identité », témoigne Émilie.

Comment éviter la désactivation de son livret d’épargne ?

La prévention passe par une vigilance simple mais régulière. Même sans besoin d’utiliser son livret, quelques gestes suffisent à le maintenir actif.

Quelles actions simples peuvent garder un compte actif ?

Un simple accès à son espace client en ligne, une consultation du solde ou un dépôt symbolique — même de 1 euro — suffit dans la plupart des cas à réinitialiser le compteur d’inactivité. Julien Moreau conseille : « Je recommandais à mes clients de programmer un petit virement automatique tous les 12 mois. Un euro, prélevé sur leur compte courant vers leur livret. Cela coûte rien, mais cela évite des mois de démarches. »

Il est également recommandé de garder ses coordonnées à jour. Une adresse email ou postale obsolète empêche la banque de vous contacter, même si elle souhaitait vous avertir. « J’ai vu des clients manquer des courriers importants parce qu’ils avaient déménagé sans prévenir », ajoute-t-il.

Quelles sont les alternatives plus sûres pour épargner ?

Pour ceux qui souhaitent sécuriser leur épargne sans craindre la désactivation, d’autres solutions existent. Les livrets en ligne, par exemple, offrent souvent des conditions plus claires et un meilleur suivi. « Les banques digitales envoient des alertes automatiques si un compte devient inactif. C’est une différence majeure », souligne Julien Moreau.

L’assurance-vie, bien que plus complexe, est un outil d’épargne pérenne. Même en cas d’inactivité, les contrats ne sont pas désactivés. De plus, ils permettent une diversification des placements (fonds en euros, unités de compte) et offrent des avantages fiscaux après huit ans.

Camille Thibault, ingénieure en transition écologique, a fait ce choix après une mauvaise expérience avec un livret bloqué. « J’ai transféré mes économies vers une assurance-vie en ligne. Moins de paperasse, des rendements plus intéressants, et surtout, aucune crainte de perdre l’accès à mes fonds. »

Peut-on diversifier son épargne pour limiter les risques ?

La diversification est une stratégie intelligente. Au lieu de concentrer toutes ses économies sur un seul livret, il est judicieux de répartir ses fonds sur plusieurs supports : livret A, assurance-vie, PEL, ou encore fonds communs de placement (FCP) à faible risque.

Les FCP, en particulier, permettent d’investir dans des paniers d’actifs gérés par des professionnels. Bien qu’ils soient soumis à des fluctuations, les fonds monétaires ou obligataires offrent une stabilité relative et des rendements supérieurs à ceux des livrets réglementés.

« J’ai aidé ma sœur, Léa, à structurer son épargne. Elle a gardé un livret A pour ses économies de précaution, mais a placé le reste dans un FCP équilibré. Elle reçoit des relevés trimestriels, et aucun risque de désactivation », raconte Camille Thibault.

Comment bien lire son contrat bancaire ?

La clé pour éviter les mauvaises surprises réside dans la lecture attentive des conditions générales. Ces documents, souvent jugés rébarbatifs, contiennent des informations cruciales : délais d’inactivité, procédures de réactivation, frais éventuels.

Il est conseillé de garder une copie du contrat à jour et de le relire tous les deux ou trois ans, surtout après un changement de banque ou un nouveau produit souscrit. Certains établissements modifient leurs conditions sans communication massive, ce qui peut impacter les clients.

« J’ai vu des clauses modifiées discrètement dans les CGV. Par exemple, une banque est passée de 24 à 18 mois d’inactivité avant désactivation. Les clients n’ont rien reçu par courrier. Juste un petit message dans l’espace client », révèle Julien Moreau.

A retenir

Un livret d’épargne peut-il être désactivé sans prévenir ?

Oui, selon les conditions du contrat bancaire, un livret peut être désactivé après une période d’inactivité, généralement comprise entre 12 et 24 mois. Cette mesure est légale, mais les banques ne sont pas toujours tenues d’envoyer un avertissement préalable, surtout si les coordonnées du client sont obsolètes.

Mon argent est-il perdu si mon livret est désactivé ?

Non, l’argent n’est pas perdu. Il reste sur le compte, mais l’accès est suspendu. La réactivation est possible, mais elle peut nécessiter des démarches administratives, des justificatifs d’identité et parfois une visite en agence.

Comment savoir si mon livret est toujours actif ?

La meilleure méthode est de consulter régulièrement son espace client en ligne. Un accès, même ponctuel, ou un petit mouvement (dépôt, retrait) suffit à maintenir l’activité du compte. Il est également utile de vérifier que ses coordonnées sont à jour.

Quels types de comptes sont les plus exposés à la désactivation ?

Les livrets d’épargne classiques, notamment ceux liés à des banques traditionnelles ou des comptes secondaires peu utilisés, sont les plus concernés. Les livrets en ligne et les assurances-vie sont généralement moins sujets à ce type de suspension, grâce à des systèmes d’alerte plus performants.

Est-il possible de réclamer des intérêts perdus pendant la désactivation ?

Cela dépend de la banque et du type de livret. Dans certains cas, les intérêts continuent d’être calculés même pendant la suspension. Dans d’autres, le calcul est interrompu. Une réclamation est possible, mais elle n’est pas toujours couronnée de succès. Il est donc préférable de prévenir plutôt que guérir.

Les banques ont-elles intérêt à désactiver les comptes inactifs ?

Oui, pour des raisons de gestion interne, de sécurité et de conformité réglementaire. Un compte inactif représente un risque de fraude ou de blanchiment, surtout s’il n’est pas rattaché à une activité récente. De plus, la désactivation permet aux banques de nettoyer leurs bases de données et de réduire les coûts de maintenance des comptes dormants.

Cependant, cette logique administrative ne doit pas se faire au détriment de la transparence envers les clients. Comme le souligne Julien Moreau : « Il faudrait un minimum de vigilance humaine. Un simple email de rappel, ce n’est pas grand-chose, mais ça éviterait bien des déceptions. »

Anita

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