Maladies Infectieuses Et Climat 2025
Alors que les conséquences du changement climatique s’accélèrent, un nouveau rapport de l’Institut Pasteur alerte sur un danger insidieux mais potentiellement dévastateur : l’émergence accélérée de pathogènes liés aux bouleversements environnementaux. Ce phénomène, longtemps anticipé par les scientifiques, devient tangible, transformant non seulement les écosystèmes, mais aussi la manière dont l’humanité doit désormais envisager la santé publique. Ce n’est plus seulement une question de températures ou de glaciers fondants, mais bien d’une menace sanitaire globale qui se propage silencieusement, portée par les vents du réchauffement climatique.
Le rapport de l’Institut Pasteur établit une corrélation inquiétante entre les perturbations climatiques et la recrudescence de maladies infectieuses. Les scientifiques observent que le réchauffement global modifie les zones géographiques habitables pour de nombreux vecteurs, tels que les moustiques, les tiques ou encore certains rongeurs. Ces espèces, auparavant cantonnées à des régions tropicales ou tempérées spécifiques, étendent désormais leur aire de répartition vers des zones plus froides, emportant avec elles des virus et bactéries jusque-là absents.
Par exemple, des maladies comme la dengue, le chikungunya ou la fièvre du Nil occidental, autrefois rares en Europe, sont désormais détectées dans des régions comme le sud de la France ou l’Italie. Les conditions climatiques plus chaudes et humides favorisent la reproduction des moustiques vecteurs, tandis que les saisons allongées prolongent leur période d’activité. Ce changement n’est pas anodin : il signifie que des populations sans immunité naturelle ni préparation sanitaire adéquate se retrouvent soudainement exposées à des pathogènes inconnus.
Les écosystèmes en déséquilibre deviennent des terrains propices à l’émergence de maladies. La déforestation, la fonte des glaces, les inondations ou encore la désertification forcent les animaux sauvages à migrer, augmentant les contacts entre espèces différentes — et entre animaux et humains. Ce phénomène, appelé « brèche écologique », multiplie les occasions de transmission de maladies d’origine animale, les zoonoses.
À Madagascar, par exemple, les chercheurs ont observé une augmentation des cas de peste pulmonaire dans des zones touchées par la sécheresse prolongée. La disparition de la végétation pousse les rongeurs porteurs de la bactérie Yersinia pestis à s’approcher des villages à la recherche de nourriture. Chaque événement climatique extrême — sécheresse, inondation, tempête — agit comme un déclencheur, ouvrant la porte à de nouvelles chaînes de contamination.
Les agriculteurs, souvent au premier rang face aux changements environnementaux, deviennent malgré eux les témoins privilégiés de cette transformation sanitaire. C’est le cas de Laurence Berthier, éleveuse laitière dans le Calvados, en Normandie. Depuis cinq ans, elle constate des anomalies chez ses vaches : fièvres inexpliquées, avortements spontanés, baisse de production laitière.
« Au début, on pensait à un problème d’alimentation ou de stress thermique, » confie-t-elle. « Mais quand trois de nos vaches sont mortes en l’espace de deux mois, on a appelé le vétérinaire. Il a diagnostiqué une infection par une bactérie que personne ici n’avait jamais vue — une leptospirose atypique, probablement liée à des conditions climatiques nouvelles. »
Laurence décrit des étés de plus en plus humides, des pluies torrentielles suivies de périodes de chaleur intense. Ces variations favorisent la prolifération de bactéries dans les sols et les points d’eau stagnante. « Avant, on savait à quoi s’attendre chaque saison. Maintenant, c’est comme si les règles du jeu changeaient tous les ans. »
Les maladies animales ne menacent pas seulement les troupeaux, elles compromettent aussi la chaîne alimentaire. Une épidémie dans un élevage peut entraîner des pertes économiques massives, mais aussi des restrictions sanitaires qui bloquent les exportations ou provoquent des pénuries locales. Dans un contexte de croissance démographique et de tensions géopolitiques, la sécurité alimentaire devient un enjeu stratégique.
En 2023, une vague de fièvre catarrhale ovine, transmise par des insectes vecteurs jusque-là absents du nord de la France, a touché plusieurs fermes du centre du pays. Les autorités sanitaires ont dû imposer des mesures de quarantaine, affectant des dizaines d’éleveurs. « On ne parle pas seulement de vaches ou de moutons, » souligne Étienne Rousseau, épidémiologiste à l’Institut Pasteur. « Chaque nouvelle maladie animale est un signal d’alerte pour la santé humaine. Le risque de saut d’espèce est réel. »
Face à cette menace, la médecine préventive doit évoluer. L’approche réactive — identifier une maladie, puis chercher à la contenir — n’est plus suffisante. Il faut désormais anticiper, surveiller, modéliser. C’est là que la science entre en jeu, avec des outils de plus en plus sophistiqués.
Le séquençage génomique, combiné à l’intelligence artificielle, permet désormais d’analyser des milliers de souches microbiennes en temps réel. Des équipes de chercheurs, comme celles dirigées par Camille Lenoir à l’Institut Pasteur, déploient des capteurs dans les zones à risque — marécages, zones frontalières, marchés de produits animaux — pour prélever des échantillons d’eau, de sol ou d’air.
« On ne cherche pas seulement des virus connus, » explique-t-elle. « On cartographie tout ce qui vit dans ces environnements. Grâce à la bio-informatique, on peut détecter des signatures génétiques inconnues, des « virus fantômes » qui pourraient devenir pathogènes. »
Ces systèmes de surveillance prédictive ont déjà permis d’alerter les autorités sur l’émergence d’un nouveau coronavirus chez les chauves-souris en Asie du Sud-Est. Bien qu’il n’ait pas encore infecté l’humain, sa proximité génétique avec le SARS-CoV-2 a déclenché une alerte internationale et des programmes de recherche accélérés.
Les zones rurales, souvent mal desservies en soins et en infrastructures sanitaires, sont particulièrement vulnérables. Pourtant, elles sont aussi des laboratoires d’innovation. En Haute-Loire, un réseau de fermiers a mis en place un système de veille participative : chaque éleveur signale en ligne les symptômes inhabituels observés chez ses animaux. Ces données sont croisées avec les prévisions météorologiques et analysées par des vétérinaires régionaux.
« C’est une forme de médecine de terrain, » explique Malik Gueddari, coordinateur du projet. « Les agriculteurs connaissent leurs animaux mieux que personne. En les associant à la surveillance, on gagne un temps précieux. »
Ce type d’initiative montre que la lutte contre les maladies émergentes ne peut pas se limiter aux laboratoires parisiens ou aux organisations internationales. Elle doit s’appuyer sur des réseaux locaux, formés, connectés, et capables de réagir vite.
Le rapport de l’Institut Pasteur appelle à une coordination internationale renforcée. Les frontières ne protègent pas des virus. Un pathogène apparu en Amazonie peut atteindre l’Europe en quelques semaines via les transports aériens. Pourtant, les systèmes de santé restent fragmentés, inégalement dotés, et souvent mal préparés.
Des initiatives comme le réseau Global Virome Project, qui vise à inventorier tous les virus potentiellement dangereux chez les animaux sauvages, doivent être soutenues. Mais il faut aussi investir dans les systèmes de santé locaux, former les personnels soignants aux maladies tropicales, et développer des plans de réponse rapide.
« On a vu avec la crise du Covid-19 que la préparation était insuffisante, » rappelle Étienne Rousseau. « Aujourd’hui, on sait que le prochain virus pourrait venir du changement climatique. On ne peut plus se permettre de réagir après coup. »
La santé publique du XXIe siècle ne peut plus être pensée indépendamment de l’environnement. La médecine, la climatologie, l’écologie et l’agriculture doivent désormais collaborer étroitement. Des postes de « climatologue sanitaire » pourraient bientôt apparaître dans les ministères de la Santé, chargés de modéliser les risques épidémiques liés aux scénarios climatiques.
Dans les écoles de médecine, les programmes évoluent déjà. À l’université de Montpellier, un module intitulé « Santé, climat et biodiversité » forme les futurs médecins aux interactions entre environnement et maladies infectieuses. « Il faut que chaque praticien comprenne que le climat fait partie du diagnostic, » affirme la professeure Aïcha Mansouri, qui dirige le programme.
Oui, de manière documentée. Le réchauffement climatique modifie les habitats des vecteurs comme les moustiques ou les tiques, étend leur zone de propagation et allonge leur saison d’activité. Cela permet à des maladies comme la dengue ou la fièvre du Nil occidental de s’installer dans des régions auparavant protégées par leur climat. En outre, les perturbations écologiques augmentent les contacts entre espèces sauvages, domestiques et humaines, facilitant les sauts de pathogènes.
Les agriculteurs sont souvent les premiers à observer des anomalies chez leurs animaux ou dans leurs cultures. Leurs fermes sont des interfaces directes entre l’environnement naturel et les populations humaines. En développant des systèmes de surveillance participative et en s’adaptant aux nouvelles menaces sanitaires, ils deviennent des alliés essentiels pour détecter les signaux précoces d’épidémies.
Oui, mais cela demande une transformation profonde de nos systèmes de santé. La prévention passe par une surveillance environnementale accrue, l’utilisation de technologies comme le séquençage génomique, et une coordination internationale renforcée. Des projets existent déjà, mais ils manquent souvent de financement ou de soutien politique. La clé est d’agir avant que la crise n’éclate.
Chaque individu peut contribuer en adoptant des comportements responsables : réduire son empreinte carbone, soutenir des politiques environnementales ambitieuses, signaler des animaux malades ou des insectes inhabituels aux autorités. La vigilance citoyenne, combinée à la science et à la politique, est un levier puissant pour anticiper les risques.
Le rapport de l’Institut Pasteur ne sonne pas seulement l’alarme : il trace une voie. Celle d’une santé globale, intégrant climat, environnement et société. Le témoignage de Laurence Berthier, comme ceux de milliers d’agriculteurs, de vétérinaires ou de chercheurs, rappelle que cette crise n’est pas lointaine. Elle est déjà là, dans les champs, dans les étables, dans les marais. Mais elle ouvre aussi une opportunité : celle de repenser notre rapport au vivant, de construire des systèmes de santé plus résilients, plus justes, et mieux préparés. Car désormais, soigner l’humanité, c’est aussi soigner la planète.
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