Marseille Alerte Canicule Orange Chaleur Extreme 2025
À Marseille, l’été 2025 bascule dans l’urgence climatique. Une canicule d’une intensité rare s’installe progressivement depuis le samedi 9 août, mais c’est ce dimanche 10 août que la situation franchit un seuil critique. Le département des Bouches-du-Rhône passe en alerte orange, marquant officiellement le début d’un épisode de canicule. L’air, chargé de chaleur, pèse sur les corps, les esprits et les infrastructures urbaines. Les nuits ne suffisent plus à apaiser les températures, et l’accumulation thermique menace les plus vulnérables. Dans ce contexte, chaque geste compte, chaque décision individuelle peut faire la différence. Entre vigilance collective, adaptation des comportements et solidarité citoyenne, la ville se mobilise pour traverser ces jours extrêmes.
Le passage du niveau jaune au niveau orange n’est pas une formalité. Il traduit une escalade réelle du danger. À partir de midi ce dimanche, les autorités sanitaires et la préfecture des Bouches-du-Rhône ont activé le niveau orange, signe que les seuils de température critiques sont dépassés de manière prolongée. Cela signifie que l’air ne se rafraîchit plus suffisamment, même en soirée, et que les organismes n’ont plus le temps de récupérer. La chaleur devient cumulative, insidieuse, et touche aussi bien les jeunes actifs que les personnes âgées.
Le dispositif d’urgence s’active alors dans les services municipaux. Les équipes de nettoiement, les pompiers, les agents sociaux et les établissements de santé renforcent leurs effectifs. Le SAMU et les centres hospitaliers surveillent de près les cas d’hyperthermie. À l’hôpital Nord, Clara Véran, infirmière en unité gériatrique, explique : « On a vu arriver trois patients hier soir avec des symptômes de déshydratation sévère. Deux vivaient seuls, sans climatisation. Ce matin, on a lancé des appels de rappel aux familles des patients à risque. »
Ce basculement implique aussi une responsabilité partagée. La préfecture appelle à la prudence collective : éviter les déplacements superflus, reporter les événements extérieurs, adapter les horaires de travail. « Ce n’est plus une vague de chaleur, c’est une canicule durable », insiste la préfecture dans son communiqué. Et cette durée, jusqu’à mardi au moins, impose une stratégie de longue haleine.
Le contraste entre littoral et arrière-pays est saisissant. Samedi, les côtes affichaient 32 à 34 °C, un niveau déjà inconfortable, mais gérable. Ce dimanche, les valeurs montent encore : 34 à 37 °C en bord de mer. À Marseille même, le bitume irradie la chaleur accumulée depuis l’aube. Les ruelles étroites du Vieux-Port deviennent des fournaise, et même les brises marines peinent à s’imposer.
Plus au nord, vers Aix-en-Provence ou Salon-de-Provence, les températures explosent. Entre 38 et 41 °C, avec des pointes à 42 °C dans certaines zones. Ces chiffres dépassent largement les moyennes saisonnières. La chaleur ne se contente pas de brûler l’air, elle s’infiltre dans les bâtiments, surtout ceux construits en béton ou en pierre ancienne, qui restituent lentement la chaleur la nuit. C’est ce phénomène que les météorologues appellent « l’effet îlot de chaleur urbain ».
Et la nuit, loin d’être une trêve, devient une nouvelle source de stress. Une « nuit tropicale » est annoncée : jusqu’à 26 °C à Marseille après minuit. Le sommeil est fragmenté, la transpiration continue, le cœur bat plus vite. « Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit », confie Julien Mercier, épicier à Noailles. « Mon logement est au-dessus du magasin, les murs chauffent, et le ventilateur ne fait que brasser de l’air chaud. J’ai dormi en short sur le canapé, avec des serviettes mouillées sur la nuque. »
La nuit devrait être le moment de récupération. Or, quand les températures ne descendent pas en dessous de 20 °C, le corps ne parvient pas à se refroidir. Le système cardiovasculaire reste en tension, la pression artérielle fluctue, et le risque de malaise augmente, surtout chez les personnes souffrant de maladies chroniques.
Les effets se font sentir dès le lendemain matin : fatigue, maux de tête, baisse de concentration. Pour les travailleurs de nuit ou les livreurs comme Samir Benhima, qui livre des repas à vélo, c’est un cauchemar. « Je commence à 4h du matin, mais même à cette heure, il fait déjà 25 °C. Mes collègues et moi, on alterne les tournées, on s’arrête toutes les heures pour boire. Mais on sent que le corps est à bout. »
Les personnes âgées sont particulièrement exposées. À la résidence Les Oliviers, dans le 15e arrondissement, l’équipe soignante a mis en place un tour de veille. « On vérifie la température des chambres toutes les deux heures, on propose des douches fraîches, et on hydrate les résidents même s’ils n’ont pas soif », précise Élodie Rambert, aide-soignante. « Hier soir, une résidente de 88 ans a fait un début de coup de chaleur. Heureusement, on l’a prise à temps. »
La réponse à la canicule ne réside pas dans des technologies complexes, mais dans des gestes simples, accessibles à tous. Garder son logement frais est primordial : fermer les volets et fenêtres pendant la journée, aérer intensément la nuit, quand l’air extérieur devient plus supportable. Utiliser des serviettes humides, placées devant un ventilateur, permet de créer un effet de brumisation naturelle, sans surcharger le réseau électrique.
L’hydratation est un pilier. Il ne faut pas attendre d’avoir soif pour boire. Fractionner les apports d’eau tout au long de la journée permet de maintenir un bon équilibre hydrique. Attention toutefois aux boissons sucrées ou alcoolisées, qui aggravent la déshydratation. Les enfants, les personnes âgées et les malades chroniques doivent être surveillés en priorité.
La Ville de Marseille a pris des mesures concrètes : les piscines municipales sont gratuites pendant toute la durée de l’alerte orange. « C’est une bouée de sauvetage », lance Léa Chassagne, mère de deux enfants, venue se rafraîchir au stade nautique de Saint-Giniez. « On ne peut pas se permettre la climatisation à la maison, mais ici, au moins, on peut respirer. »
Les lieux publics climatisés deviennent des refuges : bibliothèques, centres sociaux, supermarchés. La Ville a également ouvert des « points fraîcheur » dans plusieurs arrondissements. « On a vu une trentaine de personnes venir hier soir, surtout des seniors et des sans-abri », rapporte Thomas Lefebvre, agent municipal à la mairie du 4e. « Certains sont restés jusqu’à minuit. »
Le rythme de vie doit être repensé. Les déplacements sont à limiter entre 12h et 18h, les heures les plus dangereuses. Si une sortie est nécessaire, privilégier les zones ombragées, porter des vêtements légers et clairs, et éviter l’effort physique. Même les sportifs aguerris doivent modérer leurs entraînements.
Les entreprises et établissements scolaires adaptent leurs horaires. À l’université de la Méditerranée, les cours matinaux ont été avancés à 7h30. « On a fait ce choix vendredi soir, après concertation avec les syndicats », explique le recteur, Antoine Roussel. « La sécurité des étudiants passe avant tout. »
Dans les quartiers populaires, la solidarité s’organise spontanément. À la cité des Aygalades, un groupe de voisins a installé une table à l’ombre d’un platane, avec des bouteilles d’eau et des éventails en papier. « On appelle ça le “café frais” », sourit Fatima Zouari, retraitée. « On surveille les uns et les autres. Si quelqu’un manque, on va voir. »
La préfecture annonce que l’épisode de canicule devrait durer au moins jusqu’à mardi. Ce délai impose une vision à moyen terme. Il ne s’agit plus de réagir à chaud, mais de s’organiser durablement. Chaque jour compte, chaque erreur d’hydratation ou de surmenage peut avoir des conséquences cumulatives.
Il est essentiel de planifier les journées : prévoir des pauses fraîches, anticiper les courses, informer les proches vulnérables. Les réseaux de voisinage, les associations et les services sociaux jouent un rôle clé. La plateforme téléphonique « Canicule info-service » a vu son trafic tripler depuis samedi.
À l’approche de mardi, les météorologues surveillent l’arrivée éventuelle d’un changement de masse d’air. Une perturbation en provenance de l’ouest pourrait apporter un peu de fraîcheur, mais rien n’est encore certain. En attendant, la prudence reste de mise.
La vigilance jaune indique un risque de fortes chaleurs, mais sans dépassement prolongé des seuils critiques. L’alerte orange signifie que la canicule est confirmée : les températures élevées durent plusieurs heures d’affilée, y compris en soirée, et la population est exposée à un danger accru, notamment les personnes vulnérables.
Sur le littoral, les maximales atteignent 34 à 37 °C, tandis que dans l’arrière-pays, elles grimpent entre 38 et 41 °C, avec des pointes localement à 42 °C. Les nuits restent très chaudes, avec des minimales jusqu’à 26 °C en ville.
Il faut garder son logement frais en fermant volets et fenêtres le jour, aérer la nuit, s’hydrater régulièrement, éviter les efforts physiques aux heures chaudes, et passer plusieurs heures par jour dans un lieu frais. Les piscines municipales sont gratuites pendant l’alerte orange à Marseille.
Les personnes âgées, les enfants, les malades chroniques, les travailleurs en extérieur, les sans-abri et les personnes isolées sont particulièrement vulnérables. Une attention collective est nécessaire pour les protéger.
La canicule devrait perdurer au moins jusqu’à mardi 12 août 2025. Les autorités recommandent de maintenir les gestes de prévention et de rester informé via les canaux officiels.
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