Medecine A L Etranger Reve Brixe Par Systeme Opaque 2025
Partir étudier la médecine à l’étranger, c’est souvent une décision prise non par choix, mais par nécessité. Pour Louis Morel, comme pour des dizaines d’autres étudiants français recalés à la première année commune aux études de santé (Paces), la Roumanie est devenue bien plus qu’un plan B : un sas de survie entre une vocation brisée et un avenir à reconstruire. Pourtant, ce chemin, longtemps perçu comme une solution, se heurte désormais à des obstacles nouveaux, invisibles à l’embarquement. Entre incertitudes administratives, coûts exorbitants et barrières psychologiques, ces futurs médecins naviguent dans un système qui semble les repousser alors même qu’ils ont tout sacrifié pour y entrer. Leur question n’est plus seulement : « Puis-je devenir médecin ? » mais : « Où pourrai-je enfin exercer sans renoncer à ce que je suis ? »
Chaque année, des dizaines de jeunes Français quittent leur pays pour s’inscrire dans des facultés de médecine à l’étranger, souvent en Roumanie, en Bulgarie ou en Hongrie. Leur point commun ? Avoir échoué à intégrer le cursus français en raison du numerus clausus, ce système de sélection qui limite le nombre d’étudiants autorisés à poursuivre en deuxième année. En 2023, plus de 1 200 étudiants français suivaient un cursus médical à Cluj-Napoca, seule ville roumaine accueillant une majorité de ces candidats.
À Cluj, l’enseignement suit les standards européens, avec des cours en anglais ou en roumain, des stages cliniques dès la troisième année, et une immersion dans un système de santé différent du modèle français. Louis Morel, aujourd’hui en sixième année, raconte : « On commence à voir des patients à 19 ans, parfois sans filet. C’est dur, mais ça forge une certaine maturité. » Contrairement au système français, où la théorie domine les premières années, les étudiants à l’étranger apprennent en situation réelle, ce qui leur donne une expérience précoce du terrain.
Cependant, ce parcours n’est pas sans contraintes. L’apprentissage du roumain est obligatoire pour les stages, et chaque été, une partie des étudiants revient en France pour effectuer des stages informels dans des hôpitaux, souvent grâce à des contacts personnels. « Je faisais des gardes dans un hôpital de province avec un interne qui avait été dans ma prépa médicale. Il me laissait observer, parfois assister. Ce n’était pas officiel, mais c’était vital, » confie Camille Ferrand, qui a suivi le même chemin.
Le rêve de la plupart de ces étudiants n’est pas de s’exiler définitivement, mais de revenir exercer en France. Pourtant, le retour est semé d’embûches. Une fois leur diplôme obtenu, ils doivent passer les épreuves de sélection nationale (EDN), un concours qui détermine leur spécialité et leur lieu d’internat. Or, depuis la réforme de 2021, les règles ont changé : une note minimale de 14 sur 20 est exigée pour pouvoir candidater, et les évaluations cliniques (ECOS) pèsent lourd dans le classement.
« On a appris la même médecine, mais pas dans les mêmes conditions. On n’a pas eu de simulation en labo, pas d’entraînement aux gestes techniques dans des centres dédiés. On a appris sur le tas, mais ce n’est pas ce que mesure le concours, » explique Louis. Cette inadéquation entre leur formation et les attentes du système français crée un désavantage structurel.
En 2024, seulement neuf étudiants formés à l’étranger ont réussi à intégrer un internat en France, contre plus de cent avant 2023. « C’est un effondrement, » constate Ana Popescu, conseillère pédagogique à la Corporation médicale de Cluj. « Ces jeunes ont payé cher, travaillé dur, et aujourd’hui, on leur dit qu’ils ne sont pas assez bons, alors qu’ils ont les mêmes compétences. »
Face à l’impasse française, certains choisissent de s’orienter vers d’autres pays européens. La Suisse, par exemple, recrute sur dossier et entretien, sans passer par un concours national. L’Allemagne, elle, valorise l’expérience clinique et propose des passerelles pour les diplômés étrangers. « J’ai postulé à Zurich, j’ai été reçu après un entretien et une évaluation de mon portfolio. En six mois, j’étais en poste, » raconte Régis Levasseur, qui a renoncé à tenter les EDN après deux échecs.
D’autres, comme Élodie Baudin, ont choisi de rester en Roumanie pour y faire leur spécialisation. « Ici, je peux devenir chirurgien sans passer par un concours kafkaïen. C’est quatre ans de plus, mais au moins, je sais où je vais. » Élodie, fille de Rémi Baudin, un père devenu militant après le suicide de sa fille étudiante en Roumanie, porte un regard à la fois lucide et douloureux sur ce système : « Ma sœur n’a pas supporté la pression, la solitude, les dettes. Elle croyait que partir serait la solution. C’était le début d’un cauchemar. »
Pour éviter de nouveaux drames, des associations comme la Corporation médicale de Cluj mettent en place des accompagnements psychologiques, des groupes d’entraide et des préparations aux ECOS. « On ne peut pas laisser ces jeunes se débrouiller seuls. Ils sont en première ligne, mais aussi en première ligne du risque de burn-out, » affirme Ana Popescu.
Le système français semble aujourd’hui enfermé dans une contradiction : il manque de médecins, surtout en médecine générale et en psychiatrie, mais il ferme la porte à des professionnels formés, compétents, et souvent motivés par un retour au service public. En 2023, Yannick Neuder, alors député, a déposé une proposition de loi visant à faciliter l’intégration des EDN. Adoptée en première lecture, elle reste bloquée en commission.
« Cette loi prévoit une reconnaissance partielle des acquis, un accompagnement financé pour la préparation aux ECOS, et une harmonisation des épreuves, » explique un collaborateur du ministère de la Santé, qui souhaite rester anonyme. « Mais il y a une résistance, notamment dans les corps d’encadrement, qui craignent une dévaluation du concours national. »
Pourtant, les retours d’expérience sont souvent positifs. Régis Levasseur, aujourd’hui interne dans un hôpital de Lyon, témoigne : « Mes chefs m’ont dit que j’avais une approche plus humaine, plus directe avec les patients. Je savais déjà faire une anamnèse complète à mon arrivée. » Louis Morel, lui, redoute de ne jamais pouvoir exercer en France : « J’ai passé six ans loin de ma famille, j’ai accumulé des dettes, et maintenant, on me dit que je ne suis pas assez bon parce que je n’ai pas fait mes stages dans un CHU français ? C’est absurde. »
Plusieurs pistes sont aujourd’hui discutées par les professionnels et les associations d’étudiants. La première : clarifier les conditions de retour. Un cadre clair, avec des équivalences reconnues et des passerelles définies, permettrait d’éviter les situations d’incertitude qui minent les étudiants.
La deuxième : reconnaître la valeur de la formation à l’étranger. « On parle d’un diplôme reconnu par l’Union européenne. Si un médecin roumain peut travailler en France sans problème, pourquoi un Français diplômé en Roumanie serait-il pénalisé ? » s’interroge Camille Ferrand.
La troisième : soutenir financièrement la préparation aux EDN. Actuellement, les étudiants doivent financer seuls des stages de simulation, des cours privés, des voyages pour les épreuves pratiques. Le coût moyen s’élève à 7 500 euros par an, une somme inaccessible pour beaucoup. « On ne demande pas une aide au chômage, on demande une chance équitable, » insiste Louis.
Enfin, il faut repenser le concours lui-même. L’algorithme de classement, opaque et centralisé, pénalise les profils atypiques. « On sélectionne des têtes bien faites, mais pas forcément des bons praticiens, » regrette Ana Popescu. Des évaluations continues, des entretiens de motivation, une pondération des expériences cliniques pourraient rendre le système plus juste.
Le principal obstacle est l’accès au concours de l’internat en France, notamment depuis la réforme de 2021 qui impose une note minimale de 14 sur 20 aux épreuves de sélection nationale (EDN) et des évaluations cliniques (ECOS) peu préparées dans les cursus étrangers.
En 2024, seulement neuf étudiants formés à l’étranger ont réussi à intégrer un internat en France, contre plus d’une centaine avant 2023.
Ils s’installent en Suisse ou en Allemagne car ces pays recrutent sur dossier et entretien, sans concours national, offrant ainsi une voie plus accessible et prévisible pour exercer leur métier selon leur spécialité choisie.
Ces parcours sont marqués par un isolement social, une pression financière importante, et un sentiment d’incertitude constante, pouvant conduire à des situations de crise, voire de détresse psychologique, comme en témoigne le drame vécu par la famille Baudin.
Des solutions incluent la reconnaissance des équivalences de formation, un accompagnement financé pour la préparation aux ECOS, une transparence accrue du classement, et l’ouverture de passerelles institutionnelles permettant une intégration plus fluide dans le système de santé français.
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