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Ce médicament courant réduirait de moitié le risque de récidive du cancer du côlon, selon une étude en 2025

Depuis des décennies, l’aspirine trône discrètement dans les armoires à pharmacie, utilisée principalement pour soulager les douleurs ou faire baisser la fièvre. Pourtant, cette molécule ancienne, bon marché et largement répandue, pourrait bien être en passe de devenir une alliée inattendue dans la lutte contre un fléau moderne : le cancer colorectal. Une étude scandinave majeure, publiée en septembre 2025 dans le prestigieux New England Journal of Medicine, révèle un résultat spectaculaire : une prise quotidienne d’aspirine à faible dose après une chirurgie de cancer colorectal réduit de moitié le risque de récidive. Ce chiffre, 50 %, n’est pas anodin. Il ouvre la voie à une nouvelle stratégie thérapeutique, à la fois simple, accessible et personnalisée, qui pourrait transformer la prise en charge de millions de patients à travers le monde.

Quelle est l’ampleur de l’étude qui met en lumière l’effet de l’aspirine ?

L’étude, menée sur une période de trois ans, a impliqué 626 patients originaires de Suède, Norvège, Finlande et Danemark, tous récemment opérés d’un cancer colorectal. Âgés de 31 à 80 ans, ces participants ont été répartis en deux groupes : l’un recevant un placebo, l’autre une dose quotidienne de 160 mg d’aspirine. Le protocole a été rigoureusement suivi dans 33 hôpitaux, assurant une méthodologie solide et des résultats fiables. À l’issue des trois années, les chercheurs ont constaté une différence flagrante : les patients sous aspirine ont vu leur risque de rechute – locale ou métastatique – diminuer de 50 % par rapport au groupe témoin.

Ce résultat a marqué un tournant pour les équipes impliquées. Clara Lundgren, chirurgienne oncologue à l’hôpital universitaire d’Uppsala, qui a participé à l’étude, témoigne : “Nous étions sceptiques au départ. L’aspirine, c’est un médicament du XXe siècle. Mais les données sont formelles. Chez certains patients, l’effet est même supérieur à ce que nous espérions.”

Comment l’aspirine agit-elle contre la récidive du cancer ?

L’aspirine ne tue pas directement les cellules cancéreuses. Son rôle est plus subtil, mais tout aussi puissant. Elle intervient sur plusieurs mécanismes biologiques qui favorisent la réapparition du cancer :

  • Elle diminue l’inflammation chronique, un terrain propice à la prolifération tumorale.

  • Elle inhibe l’agrégation des plaquettes, qui peuvent protéger les cellules cancéreuses circulantes et faciliter leur implantation ailleurs dans l’organisme.

  • Elle ralentit le développement des micro-tumeurs résiduelles après chirurgie.

  • Elle modifie certains signaux moléculaires impliqués dans la division cellulaire, notamment via des voies comme PI3K.

En agissant sur ces leviers, l’aspirine crée un environnement moins favorable à la rechute. C’est une approche préventive, non curative, mais extrêmement pertinente dans le contexte post-opératoire, où l’objectif est de limiter tout risque de résurgence.

Pourquoi l’effet est-il encore plus fort chez certains patients ?

La grande surprise de l’étude réside dans une découverte clé : l’efficacité de l’aspirine est particulièrement marquée chez les patients porteurs d’une mutation génétique appelée PIK3, présente dans environ 40 % des cas de cancer colorectal. Chez eux, la réduction du risque de récidive atteint 55 %.

Ce détail change tout. Il montre que l’aspirine n’est pas un remède universel, mais un outil de médecine de précision. “Nous ne parlons plus de traitement aléatoire, mais ciblé”, explique Erik Söderström, généticien à l’Institut Karolinska. “En identifiant la mutation PIK3, nous pouvons prédire quels patients tireront le plus grand bénéfice de l’aspirine. C’est exactement ce que nous cherchons en oncologie : des traitements adaptés à la biologie du patient.”

Ce profilage moléculaire permettrait d’éviter une surmédication inutile tout en maximisant l’efficacité. Pour un patient comme Thomas Berthier, 58 ans, diagnostiqué en 2024 à Lyon, cette découverte est rassurante. “Après mon opération, j’avais peur que le cancer revienne. On m’a proposé de participer à un essai basé sur mon profil génétique. Depuis que je prends l’aspirine, je me sens plus en sécurité. C’est un petit comprimé, mais il pèse lourd dans mon esprit.”

Quels sont les avantages d’un traitement aussi simple ?

L’un des aspects les plus prometteurs de cette découverte est l’accessibilité du traitement. Contrairement aux thérapies ciblées ou aux immunothérapies, souvent coûteuses et complexes, l’aspirine est un médicament générique, produit à grande échelle, disponible dans tous les pays, y compris les plus pauvres.

  • Elle coûte quelques centimes par jour.

  • Elle ne nécessite pas de surveillance médicale intensive.

  • Elle est bien tolérée, avec peu d’effets secondaires rapportés dans l’étude.

  • Elle peut être intégrée facilement dans la routine quotidienne des patients.

“C’est une révolution silencieuse”, estime Sophie Renard, pharmacologue à l’université de Genève. “Nous avons tendance à penser que l’innovation passe par des molécules complexes et chères. Or, parfois, la réponse est dans une molécule vieille de plus d’un siècle, réutilisée intelligemment.”

Quelles précautions doivent être prises avant de prescrire l’aspirine ?

Malgré ses bénéfices, l’aspirine n’est pas sans risques. Elle peut provoquer des saignements gastro-intestinaux, notamment chez les patients âgés ou ceux ayant des antécédents d’ulcère. C’est pourquoi sa prescription doit être encadrée et personnalisée.

“Il ne s’agit pas de recommander l’aspirine à tous les patients opérés d’un cancer colorectal”, précise Anna Martling, professeure à l’Institut Karolinska et cheville ouvrière de l’étude. “Il faut évaluer le profil génétique, mais aussi l’état de santé global. Pour certains, le bénéfice l’emporte sur le risque. Pour d’autres, ce n’est pas le cas.”

Les chercheurs insistent sur la nécessité de tests diagnostiques préalables, notamment une analyse de la mutation PIK3, et une évaluation du risque hémorragique. “Ce n’est pas un automédicament”, rappelle Clara Lundgren. “Mais dans un cadre médical, il peut devenir un pilier de la prévention secondaire.”

Pourquoi cette découverte pourrait-elle changer la donne à l’échelle mondiale ?

Le cancer colorectal est l’un des cancers les plus fréquents dans le monde. En France, près de 50 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. En 2020, il a causé plus d’un million de décès à l’échelle planétaire. Pourtant, les taux de dépistage restent faibles : moins de 30 % des Français éligibles participent au programme gratuit entre 50 et 74 ans.

L’intérêt de l’aspirine réside dans sa capacité à combler un vide thérapeutique. “Beaucoup de patients n’ont pas accès aux traitements coûteux”, souligne Erik Söderström. “Mais presque tous peuvent avoir une boîte d’aspirine. Si on arrive à identifier les bons patients, on peut sauver des vies partout, du nord de la Scandinavie au sud de l’Afrique.”

Dans des pays à ressources limitées, où la chimiothérapie ou les traitements ciblés sont inaccessibles, une stratégie basée sur l’aspirine pourrait offrir une alternative réaliste. “C’est une médecine low-cost, mais high-impact”, résume Sophie Renard.

Quel avenir pour la “stratégie aspirine” en oncologie ?

Ce que les chercheurs appellent désormais la “stratégie aspirine” va au-delà d’un simple traitement. Elle incarne un nouveau paradigme : réutiliser des molécules anciennes, bien connues, mais en les adaptant à la biologie individuelle des patients. Ce concept, appelé “drug repurposing”, gagne du terrain dans la recherche médicale.

“Nous avons des centaines de médicaments sous la main, dont nous ne connaissons pas tous les usages”, explique Anna Martling. “L’aspirine est un exemple parfait. Elle a été étudiée pour les maladies cardiovasculaires, pour la prévention des AVC, et maintenant pour le cancer. Chaque fois, elle révèle de nouvelles facettes.”

Des essais sont déjà en cours pour explorer son effet dans d’autres types de cancers, comme le cancer du sein ou du pancréas. “Nous ne sommes qu’au début”, affirme Thomas Berthier, qui suit désormais son traitement avec régularité. “Je ne sais pas si l’aspirine me sauvera la vie. Mais elle me donne une chance supplémentaire. Et ça, c’est précieux.”

Conclusion

L’étude scandinave sur l’aspirine et le cancer colorectal est bien plus qu’un simple résultat scientifique. Elle symbolise un changement de cap : une médecine plus humble, plus accessible, mais profondément efficace. En combinant une molécule ancienne, un profilage génétique précis et une approche préventive, elle ouvre la voie à une oncologie nouvelle, où la simplicité ne rime plus avec insuffisance. Pour des millions de patients à travers le monde, un petit comprimé blanc pourrait devenir un allié de taille dans la lutte contre la récidive du cancer.

A retenir

Quel est l’effet de l’aspirine sur la récidive du cancer colorectal ?

Une prise quotidienne de 160 mg d’aspirine pendant trois ans après une chirurgie de cancer colorectal réduit de 50 % le risque de récidive, selon une étude scandinave publiée en 2025.

Y a-t-il des patients pour lesquels l’effet est plus fort ?

Oui. Les patients porteurs de la mutation génétique PIK3, présente dans environ 40 % des cas, voient leur risque de rechute chuter de 55 %.

L’aspirine remplace-t-elle la chimiothérapie ?

Non. L’aspirine ne remplace ni la chirurgie ni la chimiothérapie. Elle s’inscrit dans une stratégie de prévention secondaire, visant à réduire le risque de récidive après traitement initial.

Est-ce que l’aspirine est sans danger ?

Elle est globalement bien tolérée, mais peut provoquer des saignements gastro-intestinaux. Sa prise doit être encadrée par un médecin, après évaluation du profil génétique et du risque hémorragique.

Pourquoi parle-t-on de “médecine personnalisée low-cost” ?

Parce que l’aspirine est un médicament bon marché, accessible partout, mais dont l’efficacité est maximisée en ciblant les patients ayant une mutation spécifique, rendant le traitement à la fois économique et précis.

Anita

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