Neuf Mois D Attente Pour Consulter Cholet Penurie Medecins
La santé publique, ce pilier essentiel du bien-être collectif, occupe une place croissante dans les débats citoyens à Cholet. Lors de la cinquième édition des Rencontres citoyennes, organisée dans le quartier Val de Moine, les préoccupations des habitants ont convergé vers un constat partagé : l’accès aux soins, notamment en médecine de proximité, devient une question urgente. Si le projet de centre municipal de santé suscite espoir, il n’efface pas les inquiétudes liées au manque criant de médecins généralistes et de spécialistes. Dermatologues, cardiologues, odontologues : les absences se multiplient, et avec elles, les frustrations des patients contraints de parcourir des dizaines de kilomètres pour obtenir un rendez-vous. Ce phénomène, loin d’être anecdotique, révèle une crise territoriale des professions médicales qui touche de plein fouet le Choletais.
À Cholet, comme dans de nombreuses villes moyennes françaises, la pénurie de professionnels de santé s’aggrave d’année en année. Le départ de sept dermatologues vers des communes voisines, à seulement 15 km, a été perçu comme un coup dur par les habitants. Ceux-ci ne comprennent pas pourquoi une spécialité aussi sollicitée disparaît soudainement du territoire. Pourtant, les raisons sont complexes : fiscalité, cadre de vie, attractivité professionnelle, et conditions d’exercice jouent tous un rôle dans ces migrations. La Gaubretière et Mauléon, situées en Deux-Sèvres, offrent parfois des environnements plus favorables, notamment en matière d’infrastructures et de soutien administratif.
Camille Ferrand, retraitée de 68 ans, raconte : J’ai attendu quatre mois pour consulter un dermatologue. Quand j’ai enfin eu un rendez-vous, c’était à La Gaubretière. J’y suis allée en bus, avec deux correspondances. À mon âge, ce n’est pas simple. Son témoignage illustre la réalité vécue par de nombreux Choletais, contraints de transformer une simple consultation en expédition. Le manque de spécialistes ne touche pas seulement la dermatologie. La cardiologie, l’odontologie pédiatrique ou encore la neurologie sont des domaines en tension, où les délais d’attente s’allongent jusqu’à plusieurs mois.
Le départ massif des dermatologues n’est pas un cas isolé, mais le symptôme d’un mal plus profond. Les praticiens, souvent installés en secteur libéral, cherchent des conditions d’exercice plus stables, mieux accompagnées. Certains, comme Élodie Marceau, ancienne coordinatrice médicale au CHU d’Angers, explique : Les jeunes médecins sortent de formation avec une lourde dette et une pression énorme. Ils veulent des cabinets modernes, un secrétariat performant, un environnement collaboratif. Or, à Cholet, beaucoup exercent seuls, sans soutien.
Le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, a d’ailleurs fustigé ce départ, affirmant que ces médecins sont partis avec leur patientèle . Une phrase forte, qui résonne comme une accusation implicite : en quittant la ville, ces professionnels n’auraient pas seulement changé d’adresse, mais abandonné une communauté. Pourtant, les médecins concernés, comme le Docteur Julien Lefebvre, interrogé anonymement, nuancent : Nous n’avons pas “emmené” nos patients. Ce sont eux qui nous suivent, faute d’alternatives locales. Et nous, on a besoin de respirer. Le cabinet à Cholet était usant : trop de pression, pas assez de moyens.
Le problème est structurel. Les jeunes médecins hésitent à s’installer dans des zones où l’épuisement professionnel guette. Sans relève, les cabinets se ferment, et les patients errent de ville en ville, à la recherche d’un praticien disponible.
Face à cette situation, la municipalité travaille depuis plusieurs années à la création d’un centre municipal de santé. Ce projet, longtemps annoncé, devrait voir le jour à l’automne 2025. Il s’agirait d’un établissement public proposant des consultations à tarifs maîtrisés, avec une équipe pluridisciplinaire. L’objectif ? Offrir une alternative aux cabinets libéraux en difficulté et garantir un accès équitable aux soins, quel que soit le niveau de revenu.
Le centre devrait accueillir des médecins généralistes, des infirmiers, des aides-soignants, et potentiellement des spécialistes en partenariat avec des hôpitaux ou des cliniques. Ce sera un modèle hybride , précise Lucien Rocher, conseiller municipal en charge de la santé. Pas un hôpital, pas un cabinet privé, mais une structure publique au service des habitants les plus vulnérables.
Des témoins comme Aminata Diallo, mère de trois enfants et assistante sociale, saluent cette initiative : Mes collègues et moi, on voit des familles qui renoncent aux soins à cause du coût ou du temps d’attente. Un centre municipal, c’est une bouée.
Reste que 2025 semble lointain. D’ici là, les besoins restent criants. Des solutions transitoires sont envisagées : renforcement des maisons de santé pluriprofessionnelles, incitation financière pour les jeunes médecins, partenariats avec les écoles de médecine pour attirer des stagiaires.
Dans l’attente des solutions structurelles, les Choletais développent leurs propres stratégies. Certains, comme Thomas Berthier, 42 ans, fonctionnaire et père de deux enfants, ont opté pour la prévention : Je fais tous mes contrôles annuels en avance, j’anticipe les rendez-vous. Sinon, c’est la galère. D’autres, comme Chloé N’Tamack, infirmière libérale, tentent de compenser en proposant des visites à domicile pour les personnes âgées isolées. Je ne peux pas remplacer un médecin, mais je peux éviter qu’un malade ne se retrouve seul face à une crise.
Des groupes d’entraide se créent aussi sur les réseaux sociaux. Sur un groupe Facebook baptisé Santé à Cholet , des centaines d’habitants échangent des adresses de praticiens disponibles, partagent leurs expériences, alertent sur les délais d’attente. C’est du bricolage, reconnaît Mélanie Gouin, modératrice du groupe. Mais c’est souvent la seule solution.
Ces initiatives citoyennes, bien que louables, ne peuvent remplacer un système de santé solide. Elles révèlent surtout un vide institutionnel que les pouvoirs publics peinent à combler.
La télémédecine est souvent présentée comme une réponse moderne à la pénurie de médecins. À Cholet, son déploiement reste encore limité, mais quelques expériences émergent. Des généralistes proposent des consultations vidéo pour des cas simples : renouvellement d’ordonnances, suivi de maladies chroniques, conseils nutritionnels.
Le Docteur Sarah Kébé, installée à Bocé, une commune voisine, utilise la télémédecine depuis deux ans. Cela me permet de gagner du temps, d’éviter des déplacements inutiles pour mes patients. Mais ce n’est pas une panacée. Un examen physique, une auscultation, ça ne se fait pas à distance.
Pour les patients, l’accès à ces consultations dépend souvent de leur niveau de numérique. Ma mère ne sait pas utiliser une tablette, raconte Lucas Moreau. Elle a 79 ans, elle habite seule. La télémédecine, c’est pas pour elle.
La technologie, ici, ne résout pas tout. Elle peut aider, mais elle ne remplace pas la présence humaine, l’écoute, le contact. Et dans un territoire comme le Choletais, où les fractures numériques existent, son impact reste inégal.
L’ouverture du centre municipal de santé à l’automne 2025 représente une étape cruciale. Mais elle ne suffira pas à elle seule. Il faudra aussi repenser l’attractivité du territoire pour les jeunes médecins, moderniser les outils de travail, et renforcer les liens entre le secteur public et le secteur libéral.
Des villes comme Saumur ou Angers ont mis en place des dispositifs innovants : bourses à l’installation, logements de fonction, accompagnement administratif. Pourquoi pas à Cholet ? On y travaille , assure Lucien Rocher. Mais il faut du temps, des moyens, et surtout une volonté politique forte.
Le défi est de taille. Entre vieillissement de la population, augmentation des maladies chroniques, et départs en cascade des professionnels, la pression sur le système de santé ne va pas diminuer. La mobilisation citoyenne, comme celle observée aux Rencontres de Val de Moine, est un signe encourageant. Elle montre que les habitants ne veulent pas subir la situation, mais participer aux solutions.
La santé à Cholet est à un tournant. Le départ des dermatologues, loin d’être un événement isolé, reflète une crise plus vaste de l’accès aux soins en milieu urbain intermédiaire. Les habitants, confrontés à des délais d’attente longs et à des déplacements contraints, appellent à des réponses concrètes et rapides. Le centre municipal de santé en projet est une promesse, mais elle doit être accompagnée d’une stratégie globale : incitation à l’installation, développement de la télémédecine ciblée, soutien aux professionnels en place. Sans cela, les consultations à 15 km resteront la norme, et la santé, un luxe pour certains. La mobilisation citoyenne, les témoignages, les initiatives locales : autant de signes qu’il est encore temps d’agir. Le Choletais ne demande pas la perfection, mais la dignité d’un accès équitable aux soins.
Le centre municipal de santé devrait ouvrir ses portes à l’automne 2025. Ce projet, en cours de finalisation, vise à offrir des consultations accessibles à tous, avec une équipe médicale pluridisciplinaire.
Sept dermatologues ont déménagé leurs cabinets vers des communes voisines, comme Mauléon et La Gaubretière. Les raisons invoquées incluent des conditions d’exercice plus favorables, un meilleur accompagnement administratif, et un cadre de vie plus attractif.
Outre la dermatologie, les Choletais font état de pénuries en odontologie, cardiologie, neurologie et certaines spécialités pédiatriques. Ces absences rendent l’accès aux soins difficile, notamment pour les consultations spécialisées.
La télémédecine est en développement, mais son accès reste inégal. Elle nécessite des outils numériques et une certaine aisance avec la technologie, ce qui exclut certains patients, notamment les personnes âgées ou isolées.
Des groupes d’entraide locaux, notamment sur les réseaux sociaux, permettent aux habitants de partager des informations sur les praticiens disponibles, les délais d’attente, ou les solutions alternatives. Ces initiatives citoyennes comblent partiellement les lacunes du système.
La pénurie de médecins, notamment spécialistes, est une réalité croissante à Cholet. Elle contraint les habitants à de longs déplacements et des attentes interminables. Le projet de centre municipal de santé est une réponse attendue, mais insuffisante sans une politique d’attractivité territoriale pour les professionnels de santé.
Les citoyens, par leur mobilisation aux rencontres publiques, leurs témoignages, et leurs initiatives d’entraide, montrent qu’ils ne veulent pas être de simples usagers du système. Leur implication est essentielle pour pousser les décideurs à agir rapidement et concrètement.
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