Normande Armagnac Maison Prestige Histoire Méconnue
À une époque où les spiritueux français rivalisent d’innovation et de prestige sur les marchés internationaux, certaines figures discrètes façonnent, loin des projecteurs, l’avenir de traditions séculaires. Catherine Robine-Bouteloup en est une. À 55 ans, elle incarne une nouvelle génération de dirigeantes dans le monde des alcools forts, alliant rigueur technique et sensibilité gustative. Son domaine ? Veuve Goudoulin, une maison d’Armagnac fondée en 1935 dans le Gers, mais dont les ambitions dépassent aujourd’hui les frontières régionales. Installée à Saint-Lô, entre deux déplacements entre le nord de la France et le sud-ouest, elle partage avec une sincérité rare sa vision d’un métier en pleine transformation.
Créée en 1935 par Jeanne Ménal Goudoulin à Mouchan, dans le département du Gers, Veuve Goudoulin est une maison d’Armagnac qui porte en elle l’héritage des femmes pionnières dans un secteur longtemps dominé par les hommes. Jeanne, veuve à une époque où cette condition pouvait être un frein social, a su imposer son savoir-faire et sa détermination. Aujourd’hui, c’est Catherine Robine-Bouteloup qui perpétue cet esprit d’indépendance. Elle n’est pas issue d’une famille de distillateurs, mais son parcours atypique – entre gestion d’entreprises agroalimentaires et passion pour les terroirs – lui a permis de s’imposer avec autorité. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas né dans une cuve qu’on ne peut pas comprendre le vin, encore moins l’Armagnac , confie-t-elle avec un sourire malicieux.
La maison produit des Armagnacs millésimés, des blends élaborés avec soin, mais aussi des dérivés innovants. Ce n’est pas une rupture avec la tradition, mais une adaptation. On ne trahit pas le passé en inventant l’avenir , résume Catherine. Elle dirige une équipe de quatre personnes, dont trois femmes, un détail qui n’en est pas un : dans un milieu encore marqué par des codes masculins, cette parité est un message fort. Léa Fontenelle, œnologue de 32 ans, explique : Chez Veuve Goudoulin, on ne nous demande pas de nous fondre dans un moule. On nous écoute, on nous fait goûter, on nous fait décider.
La décision de produire du whisky et du gin aux côtés de l’Armagnac peut surprendre. Mais pour Catherine, c’est une stratégie à la fois commerciale et culturelle. L’Armagnac, contrairement au cognac, n’a pas de locomotive. Pas de maison de luxe qui le porte dans les palaces ou les campagnes de pub internationales. Il manque de visibilité. Alors, j’ai proposé à mon patron de nous appuyer sur une autre de ses productions : le whisky français, qu’il distille en Alsace.
L’idée ? Vieillir ce whisky dans des fûts de chêne ayant contenu de l’Armagnac. Un mariage de terroirs et de saveurs. C’est une double valorisation , explique-t-elle. D’un côté, on donne une seconde vie aux fûts. De l’autre, on crée un whisky unique, marqué par les arômes de l’Armagnac – des notes de prune, de vanille, de rancio. Ce n’est pas du cognac, ce n’est pas du bourbon, c’est du français, du terroir, du sincère.
Le résultat, baptisé *Goudoulin X*, a séduit les amateurs de spiritueux d’exception. Marc Tissier, caviste à Bordeaux, témoigne : Je l’ai servi à des clients habitués aux whiskies écossais. Ils ont été bluffés. Ce n’est pas une copie, c’est une proposition. Et ça parle de la France autrement.
Le débat Armagnac contre cognac est ancien, mais il prend une nouvelle dimension à l’heure où les consommateurs cherchent de l’authenticité. Le cognac, c’est le luxe, la diplomatie, les grands crus millésimés servis dans des verres en cristal , analyse Catherine. L’Armagnac, c’est plus rustique, plus humain. On le boit à la table familiale, au coin du feu. Il a une âme.
Pourtant, sur les marchés étrangers, le cognac domine. Il bénéficie d’un réseau de distribution puissant, de campagnes marketing massives, et d’une image glamour. L’Armagnac, lui, reste souvent perçu comme un produit de niche. Mais c’est aussi une chance , nuance Catherine. On n’est pas obligés de suivre les modes. On peut innover sans trahir. On peut parler d’un produit vivant, qui évolue en bouteille, qui change avec le temps.
Des initiatives comme celle de Veuve Goudoulin montrent que l’Armagnac peut s’adapter. En 2024, la maison a lancé une gamme bio, certifiée Haute Valeur Environnementale, et mis en place des circuits courts avec des restaurateurs engagés. On veut que chaque bouteille raconte une histoire , insiste Catherine. Pas seulement celle de la distillation, mais celle des hommes, des femmes, des saisons.
Pour Catherine, la dégustation n’est pas un rituel, c’est un outil de travail. Je ne suis pas maître de chai, c’est vrai. Frédéric, notre expert, a trente ans d’expérience. Mais je participe à chaque assemblage, à chaque décision de vieillissement. Et pour ça, il faut savoir goûter, vraiment.
Elle suit régulièrement des ateliers de dégustation, parfois avec des sommeliers, parfois avec des amateurs passionnés. L’un des pièges, c’est de penser qu’on déguste toujours pareil. Mais notre palais change, selon le moment, la fatigue, l’émotion. Il faut apprendre à se connaître autant que le produit.
Un jour, lors d’un atelier à Mouchan, elle a demandé à son équipe de déguster un Armagnac de 1978 les yeux bandés, sans connaître l’année ni l’origine. On a tous noté des choses différentes. Léa parlait de tabac blond, Frédéric de mirabelle confite, moi de cuir vieilli. Et c’était juste. Parce que ce n’est pas une science exacte, c’est une sensibilité partagée.
Le secteur des alcools forts reste largement masculin, mais les choses bougent. Catherine Robine-Bouteloup est l’une des rares femmes à diriger une maison d’Armagnac de cette taille. Quand je suis arrivée, certains me regardaient comme si j’étais perdue. “Vous êtes là pour les relations publiques ?” Non, je suis là pour décider.
Elle cite avec admiration des figures comme Béatrice Goujon, présidente de la maison Courvoisier, ou encore Céline Villa, œnologue renommée dans le Cognac. On n’est pas là pour faire joli. On est là pour apporter une autre vision. Parfois plus fine, plus attentive aux équilibres. Et pourquoi pas, plus audacieuse.
Elle a fait de l’inclusion une priorité. J’ai recruté Léa parce qu’elle avait un nez incroyable, pas parce qu’elle est femme. Mais je sais que son parcours aurait été plus difficile ailleurs. Ici, on valorise les compétences, pas les étiquettes.
La réponse de Catherine est claire : On ne choisit pas entre tradition et innovation. On les marie. Elle donne l’exemple des fûts de chêne : traditionnellement utilisés pour vieillir l’Armagnac, ils sont désormais réutilisés pour le whisky, prolongeant leur vie et leur impact. C’est du circulaire avant l’heure.
Autre innovation : la digitalisation du suivi des cuves. Grâce à des capteurs connectés, l’équipe peut surveiller en temps réel la température, l’hygrométrie, l’évolution du degré d’alcool. On ne remplace pas l’œil du maître de chai, mais on l’aide. C’est comme un stéthoscope pour le cœur du fût.
Elle raconte aussi l’histoire d’un millésime 2010, initialement jugé trop puissant. On aurait pu le rectifier, le diluer. Mais on a choisi de le laisser mûrir plus longtemps, de lui laisser une chance. Aujourd’hui, c’est notre best-seller aux États-Unis. Parfois, l’innovation, c’est simplement la patience.
Le principal défi, selon Catherine, est la transmission. On a des jeunes qui veulent s’installer, mais ils manquent de moyens, de visibilité. Il faut repenser la filière. Elle milite pour un label Armagnac plus protecteur, plus valorisant, comparable à l’AOC du vin. On ne peut pas laisser les grandes marques du cognac dicter les règles du jeu.
Autre enjeu : la sobriété alcoolique. On ne nie pas la tendance. Mais on peut aussi proposer autre chose : des bouteilles plus petites, des expériences sensorielles, des mélanges avec des plantes, des jus de fruits. L’alcool n’est plus seulement une boisson, c’est une expérience.
Elle cite le cas d’un bar à Paris, *L’Étincelle*, qui propose un cocktail à base d’Armagnac, de thé fermenté et de zestes de citron confits. Ils vendent plus d’Armagnac en trois mois que certains cavistes en un an. Parce qu’ils le rendent accessible, moderne, désirable.
Il faut avoir la tête sur les épaules et en même temps être épicurienne , répète-t-elle. Cette phrase, elle l’a prononcée un lundi soir à Saint-Lô, alors que le soleil couchant illuminait la façade du Grand Balcon. Elle résume tout : la rigueur, la gestion, la stratégie d’entreprise – mais aussi le plaisir, la sensualité du goût, la poésie des arômes.
Pour elle, diriger une maison de spiritueux, c’est être à la fois chef d’orchestre et artiste. On ne produit pas un liquide. On produit du temps, de la mémoire, des émotions. Chaque bouteille contient des saisons, des pluies, des vendanges, des nuits passées à surveiller les alambics.
Elle conclut en citant Jeanne Ménal Goudoulin : “Un bon Armagnac, c’est comme une bonne histoire : il faut du temps pour la raconter, mais une seule gorgée pour la retenir.”
Catherine Robine-Bouteloup incarne une nouvelle ère pour l’Armagnac : celle d’un artisanat exigeant, ouvert au monde, respectueux de ses racines mais audacieux dans ses choix. À la tête de Veuve Goudoulin, elle prouve que l’on peut honorer le passé tout en inventant l’avenir. Entre whisky vieilli en fûts d’Armagnac, équipes mixtes et démarches durables, son parcours est une leçon de modernité ancrée dans le terroir. Et si l’Armagnac manque encore de locomotive, peut-être que des femmes comme elle en sont les vraies conductrices.
Fondée en 1935 par Jeanne Ménal Goudoulin à Mouchan, dans le Gers, Veuve Goudoulin est une maison spécialisée dans la production d’Armagnac, aujourd’hui dirigée par Catherine Robine-Bouteloup.
Pour renforcer la visibilité de l’Armagnac, la maison a lancé une gamme de whisky français vieilli en fûts ayant contenu de l’Armagnac, créant ainsi un produit unique et valorisant les ressources existantes.
Elle souligne que le cognac est souvent associé au luxe et à la diplomatie, tandis que l’Armagnac incarne une dimension plus humaine, rustique et authentique, proche des traditions familiales.
Des figures comme Catherine Robine-Bouteloup, Béatrice Goujon ou Céline Villa montrent qu’une autre vision, plus sensible aux équilibres et à l’innovation, émerge dans un secteur historiquement masculin.
La transmission aux nouvelles générations, la reconnaissance internationale, la concurrence du cognac et l’évolution des consommations (sobriété, expériences sensorielles) sont les principaux enjeux pour les producteurs d’Armagnac.
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