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Les nouvelles heures creuses arrivent en 2025 : ce que ça change pour votre facture

À partir de 2025, un changement profond s’opère dans la manière dont les Français consomment leur électricité. Les heures creuses, longtemps figées dans des plages horaires fixes, s’adaptent désormais à une nouvelle réalité énergétique : celle d’un réseau plus intelligent, plus souple, et aligné sur la production d’électricité, notamment renouvelable. Ce n’est pas une simple modification technique, mais une transformation culturelle qui s’installe progressivement. Pour Élodie Vasseur, ingénieure en transition énergétique à Grenoble, « cette réforme marque une étape majeure : nous passons d’un modèle de consommation passive à un modèle actif, où chaque foyer devient un acteur du bon fonctionnement du réseau ». Les usagers ne sont plus seulement des consommateurs, mais des partenaires dans l’équilibre énergétique national.

Qu’est-ce qui change fondamentalement dans l’organisation des heures creuses ?

Jusqu’alors, les heures creuses étaient souvent réparties en deux tranches : une le matin, une autre en soirée, selon des plages prédéfinies par Enedis. Désormais, le modèle évolue vers une logique binaire et saisonnière : nuit contre jour. À partir du 1ᵉʳ novembre 2025, chaque foyer concerné bénéficiera d’un bloc continu d’au moins cinq heures durant la nuit, compris entre 23 h et 7 h. Ce changement vise à simplifier les usages tout en renforçant l’efficacité du réseau. « On supprime la fragmentation », explique Thomas Lemaire, technicien réseau à Bordeaux. « Une plage continue permet de mieux programmer les appareils, surtout les ballons d’eau chaude ou les machines à laver, sans risquer de couper en plein cycle. »

L’autre innovation majeure concerne la journée. En été, une nouvelle fenêtre d’heures creuses s’ouvre entre 11 h et 17 h. Cette plage coïncide avec le pic de production solaire, moment où l’électricité est la plus abondante et la moins coûteuse à produire. « C’est une logique de valorisation », précise Élodie Vasseur. « On ne dit plus seulement : consommez moins. On dit : consommez au bon moment. » Pour les ménages équipés de panneaux photovoltaïques, cette fenêtre devient un levier d’autonomie énergétique. Camille Régnier, enseignante à Montpellier et utilisatrice de panneaux solaires depuis 2021, témoigne : « Avant, je rechargeais mon lave-vaisselle la nuit. Maintenant, je le fais à 13 h, quand mes panneaux produisent à plein. Je consomme ma propre électricité, je paye moins cher, et je soulage le réseau. C’est gagnant-gagnant. »

Pourquoi cette réforme est-elle indispensable aujourd’hui ?

Le réseau électrique français est soumis à des pressions croissantes. La montée en puissance des énergies renouvelables, notamment solaires et éoliennes, impose une adaptation des comportements de consommation. « L’électricité ne se stocke pas à grande échelle », rappelle Thomas Lemaire. « Quand il y a trop de soleil en journée, on risque de gaspiller l’énergie si personne ne consomme. Et l’hiver, quand tout le monde allume le chauffage en même temps, le réseau est saturé. »

C’est pour répondre à cet équilibre fragile que la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a validé cette réforme. Elle s’inscrit dans le cadre plus large de la transition énergétique, avec un objectif clair : réduire les pics de consommation et mieux valoriser les surplus de production. La décision n’est pas arbitraire. Elle repose sur des données de charge du réseau analysées sur plusieurs années. « On constate que les comportements changent », note Élodie Vasseur. « De plus en plus de gens travaillent à distance, chargent leur voiture électrique à la maison, ou ont des systèmes de domotique. Il fallait un cadre plus intelligent. »

La réforme concerne près de 14,5 millions de foyers d’ici 2027. Le déploiement se fait par vagues, selon les régions et les contrats en cours, pour éviter les surcharges administratives et techniques. « Ce n’est pas une bascule brutale », insiste Thomas Lemaire. « C’est une transition progressive, pensée pour que personne ne se retrouve désorienté. »

Comment les foyers vont-ils être informés et accompagnés ?

La transparence est au cœur de la stratégie. Enedis s’engage à prévenir chaque foyer concerné au moins six mois avant la modification de ses heures creuses. Le fournisseur d’électricité envoie ensuite une confirmation un mois avant la mise en œuvre. « L’idée est de donner du temps », explique Camille Régnier. « Quand j’ai reçu mon courrier, j’ai pu reprogrammer mes appareils tranquillement, sans stress. »

Les outils numériques jouent un rôle central. La plupart des fournisseurs proposent désormais des applications mobiles qui affichent en temps réel les plages d’heures creuses, les prévisions de production solaire, et même des conseils personnalisés. « J’ai configuré mon application pour qu’elle m’envoie une alerte quand une fenêtre creuse s’ouvre », raconte Yannick Berthier, artisan menuisier à Rennes. « Du coup, je lance mon four ou ma machine à laver à ce moment-là. C’est devenu un réflexe. »

La domotique est aussi un allié précieux. Les thermostats intelligents, les prises programmables ou les systèmes de gestion d’énergie permettent d’automatiser les consommations. Pour les ménages équipés, la transition est quasi transparente. « Mon ballon d’eau chaude se met en route tout seul à 3 h du matin », sourit Yannick. « Et l’été, il se déclenche à 14 h. Je n’ai rien à faire. »

Quels sont les impacts concrets sur la facture d’électricité ?

L’un des objectifs de la réforme est de permettre des économies réelles. En utilisant les équipements énergivores pendant les heures creuses, les foyers bénéficient d’un tarif réduit, parfois jusqu’à 50 % moins cher qu’en heure pleine. Mais la clé est la régularité et la planification. « Ce n’est pas une économie spectaculaire d’un seul coup », nuance Élodie Vasseur. « C’est une optimisation continue, qui, sur une année, peut représenter plusieurs centaines d’euros d’économies. »

Les fournisseurs introduisent par ailleurs des tarifs saisonniers. En hiver, certaines plages, même nocturnes, pourraient être légèrement plus chères en raison de la forte demande. « Il faudra apprendre à comparer les offres », conseille Thomas Lemaire. « Certains contrats seront plus avantageux en été, d’autres en hiver. Le consommateur devra être plus actif dans son choix. »

Pour les utilisateurs de véhicules électriques, l’enjeu est double. La recharge nocturne reste la norme, mais la fenêtre estivale de 11 h à 17 h ouvre de nouvelles possibilités. « Je recharge mon utilitaire électrique à 15 h quand je suis à l’atelier », explique Yannick Berthier. « L’électricité est moins chère, et je profite du soleil. C’est bon pour mon budget, et pour l’environnement. »

Quelles sont les bonnes pratiques pour s’adapter sans difficulté ?

L’adaptation passe par de petits gestes du quotidien. La programmation différée des appareils reste la base. Lave-linge, lave-vaisselle, sèche-linge ou chauffe-eau doivent être configurés pour fonctionner uniquement en heures creuses. « C’est un changement de routine, pas de confort », insiste Camille Régnier. « Je lance mes machines le soir avant de dormir, et elles tournent pendant la nuit. Je n’y pense même plus. »

La surveillance des courbes de consommation via l’application du fournisseur permet aussi d’ajuster ses habitudes. « J’ai découvert que je consommais beaucoup en fin de matinée, sans m’en rendre compte », raconte Yannick. « Depuis que j’ai visualisé mes pics, j’ai décalé certains usages. Résultat : ma facture a baissé de 12 % en six mois. »

Un autre changement important entre en vigueur à partir de 2026 : la suppression de deux journées spéciales d’heures creuses, qui existaient jusqu’alors pour des raisons historiques. Cette mesure, souvent méconnue, s’inscrit dans la simplification globale du système. « On supprime des exceptions qui ne servent plus », confirme Thomas Lemaire. « Le but est d’avoir un cadre stable, prévisible, et facile à comprendre. »

Quel avenir pour la consommation d’électricité en France ?

Cette réforme marque le début d’une nouvelle ère : celle d’un consommateur énergétiquement responsable, informé et actif. Le réseau électrique devient un écosystème où chaque décision individuelle a un impact collectif. « On est en train de passer d’un modèle centralisé à un modèle décentralisé », analyse Élodie Vasseur. « Chaque foyer peut contribuer à la stabilité du réseau, simplement en déplaçant ses usages. »

À long terme, cette logique pourrait s’étendre à d’autres domaines : gestion de la climatisation, pilotage des pompes à chaleur, ou coordination des bornes de recharge dans les copropriétés. « L’électricité du futur ne sera pas seulement verte, mais intelligente », prédit Thomas Lemaire. « Et les heures creuses, telles qu’on les connaît aujourd’hui, ne seront bientôt plus qu’un souvenir. »

A retenir

Quand commence la réforme des heures creuses ?

La nouvelle organisation des heures creuses entre en vigueur à partir du 1ᵉʳ novembre 2025. Le déploiement se fera progressivement jusqu’en 2027, selon les régions et les contrats en cours.

Quelles sont les nouvelles plages d’heures creuses ?

Deux blocs principaux sont instaurés : un bloc nocturne continu de cinq heures minimum entre 23 h et 7 h, et une fenêtre diurne en été, entre 11 h et 17 h, pour valoriser la production solaire.

Comment serai-je informé du changement ?

Enedis vous enverra une notification au moins six mois avant la modification. Votre fournisseur complétera cette information un mois avant la bascule, avec des détails précis sur vos nouvelles plages.

Est-ce que je dois changer mon compteur ?

Dans la plupart des cas, non. Les compteurs Linky permettent déjà la gestion des nouvelles plages. Si vous avez un ancien compteur, Enedis pourra le remplacer dans le cadre du déploiement national.

Les tarifs vont-ils augmenter ?

Les tarifs d’heures creuses restent avantageux. Toutefois, certains fournisseurs proposeront des options avec des tarifs saisonniers, plus élevés en hiver. Il sera important de comparer les offres pour choisir celle qui correspond le mieux à votre consommation.

Les personnes vivant à l’étranger ou absentes fréquemment sont-elles concernées ?

Oui, tous les foyers sous contrat d’heures creuses seront concernés. Si vous êtes absent, vous pouvez programmer vos appareils à distance via des systèmes domotiques ou simplement désactiver temporairement certains équipements.

Anita

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