Ordinateurs Reconditionnes Bretagne Solidarite
Alors que la digitalisation s’accélère dans tous les domaines de la vie quotidienne, l’accès à un ordinateur devient une condition essentielle pour participer pleinement à la société. Entre démarches administratives, recherche d’emploi, scolarité des enfants ou maintien des liens sociaux, l’informatique n’est plus un luxe mais une nécessité. Pourtant, près de 13 millions de Français rencontrent des difficultés avec les outils numériques, selon les estimations de la Banque des territoires. Face à ce constat, l’État a lancé une initiative ambitieuse : remettre deux millions d’ordinateurs reconditionnés aux ménages les plus modestes d’ici 2027. En Bretagne, un réseau solidaire, Ordi Grand ouest (OGO), incarne déjà ce modèle vertueux, où l’économie circulaire rencontre l’inclusion numérique.
L’illectronisme désigne l’incapacité à utiliser les outils numériques de manière autonome. Contrairement à la fracture numérique, qui renvoie à l’accès matériel, l’illectronisme touche davantage aux compétences. Il affecte particulièrement les personnes âgées, les chômeurs de longue durée, les habitants des zones rurales et les familles aux revenus limités. Pour Élodie Lemaire, conseillère numérique dans un centre social à Quimper, beaucoup de nos usagers arrivent avec un smartphone, mais ils ne savent pas remplir un formulaire en ligne ou imprimer une convocation. Leur isolement s’aggrave quand ils ne peuvent pas accéder à leurs droits .
Les conséquences sont concrètes : exclusion des services publics, difficultés à postuler à un emploi, décrochage scolaire pour les enfants. Un rapport de la Banque des territoires souligne que 40 % des foyers les plus précaires ne possèdent pas d’ordinateur. C’est dans ce contexte que la politique publique de reconditionnement informatique prend tout son sens : il ne s’agit pas seulement de donner un équipement, mais de permettre une autonomie retrouvée.
Le modèle développé par Ordi Grand ouest repose sur une chaîne vertueuse, depuis la collecte jusqu’à la distribution. Des entreprises, des collectivités ou des particuliers donnent leurs anciens ordinateurs. Ces machines sont récupérées par des structures d’insertion, qui les remettent en état. Le processus inclut la désinfection des données, le remplacement des pièces défectueuses, l’installation d’un système d’exploitation sécurisé et la vérification des performances.
Chaque appareil reconditionné est ensuite attribué à un bénéficiaire via un réseau de partenaires sociaux : associations, centres sociaux, missions locales. Ce n’est pas une simple remise de matériel : elle est accompagnée d’une formation de base. On ne donne pas un ordinateur comme on donne un pain, on accompagne , insiste Thomas Régnier, coordinateur d’un atelier numérique à Rennes. Le jour de la remise, on passe deux heures avec la personne pour lui montrer comment allumer l’ordinateur, se connecter à internet, créer une adresse mail.
En Bretagne, une dizaine d’associations sont impliquées dans le reconditionnement. Parmi elles, Écotech 22, basée à Saint-Brieuc, emploie des personnes en parcours d’insertion. Nos techniciens sont formés sur le terrain, mais ils apprennent aussi la communication, la gestion du temps, la rigueur , explique Lucile Pichon, coordinatrice du programme. Beaucoup arrivent sans expérience, mais au bout de six mois, ils savent diagnostiquer une panne, changer un disque dur, sécuriser un système.
Pour certains, comme Samir Bendjelloul, 38 ans, ce passage a été déterminant. J’étais en recherche d’emploi depuis deux ans. Je ne savais pas quoi faire. En travaillant sur les ordinateurs, j’ai découvert une passion. Aujourd’hui, je suis en formation pour devenir technicien informatique.
La Région Bretagne, la Banque des territoires et Pôle emploi soutiennent financièrement le réseau OGO. Des subventions permettent de couvrir les coûts de logistique, de formation et d’achat de pièces détachées. Ce n’est pas du bénévolat, c’est un vrai système économique , précise Hervé Le Goff, chargé de mission au sein de la direction régionale de l’économie. On finance des emplois, on réduit les déchets, on lutte contre l’exclusion. C’est une triple performance : sociale, environnementale et économique.
Le reconditionnement informatique participe à la transition écologique. Chaque ordinateur remis en service évite l’extraction de nouvelles ressources et la production de déchets électroniques. Selon une étude de l’Ademe, la fabrication d’un portable consomme environ 70 % de son empreinte carbone sur l’ensemble de son cycle de vie. En le prolongeant de trois ans, on réduit cette empreinte de 30 %.
En 2023, OGO a reconditionné plus de 8 000 machines en Bretagne. Cela représente des milliers de kilos de déchets évités , calcule Manon Le Roux, ingénieure en économie circulaire. Et ce n’est qu’un début. Si on généralise ce modèle à l’échelle nationale, les gains seront considérables.
Le modèle s’inscrit aussi dans la lutte contre l’obsolescence programmée. En réparant, en mettant à jour, en donnant une seconde vie aux équipements, OGO remet en cause la logique du jeter pour remplacer . Ce n’est pas un gadget, c’est une alternative concrète , affirme Manon.
Pour de nombreuses familles, recevoir un ordinateur reconditionné change la donne. C’est le cas de Clémence Vasseur, mère célibataire de deux enfants à Brest. Avant, mes enfants faisaient leurs devoirs sur mon téléphone. C’était impossible de lire les documents, de rendre des travaux. Quand on nous a remis l’ordinateur, j’ai pleuré. Depuis, ses enfants suivent des cours à distance, elle a pu postuler à plusieurs emplois en ligne et a même commencé une formation de secrétaire médicale à distance.
De son côté, Gérard Le Moal, 72 ans, retraité vivant à Morlaix, a longtemps refusé le numérique. Je me débrouillais avec les papiers, les guichets. Mais depuis la crise sanitaire, tout passe par internet. Grâce à un atelier proposé par une association locale, il a appris à utiliser son nouvel ordinateur. Je vois mes petits-enfants en visio, je paie mes impôts, je commande mes médicaments. Je ne me sens plus oublié.
Ces témoignages illustrent une réalité simple : l’accès au numérique, c’est l’accès à la citoyenneté. Et l’ordinateur, même reconditionné, devient un outil d’émancipation.
Malgré ses réussites, le modèle OGO fait face à plusieurs obstacles. Le premier est la qualité et la disponibilité des équipements donnés. On reçoit parfois des machines très anciennes, qui ne peuvent pas être reconditionnées , regrette Lucile Pichon. Il faudrait mieux sensibiliser les donneurs sur les critères d’éligibilité.
Un autre défi est la montée en compétence des usagers. Donner un ordinateur, c’est bien. Mais si la personne n’a pas d’accès internet ou ne sait pas s’en servir, l’effet est limité , souligne Élodie Lemaire. Pour y répondre, OGO développe des partenariats avec des fournisseurs d’accès internet sociaux et renforce les dispositifs de médiation numérique.
Enfin, le financement reste fragile. Les subventions sont souvent ponctuelles. On a besoin de soutiens pérennes pour stabiliser les emplois et les ateliers , insiste Thomas Régnier. Sinon, on risque de tout perdre.
Le plan national de remise de deux millions d’ordinateurs d’ici 2027 donne une impulsion forte. Mais pour réussir, il faudra s’appuyer sur des modèles régionaux éprouvés comme celui d’OGO. Ce qu’on fait en Bretagne peut être dupliqué ailleurs , affirme Hervé Le Goff. Il faut des hubs régionaux de reconditionnement, des partenariats clairs, et surtout une reconnaissance du rôle des associations d’insertion.
Des expériences similaires existent déjà en Nouvelle-Aquitaine, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Île-de-France. Mais elles manquent souvent de coordination. Une mutualisation des bonnes pratiques, des standards techniques et un accompagnement harmonisé des bénéficiaires pourraient amplifier l’impact.
Le reconditionnement solidaire n’est pas qu’une réponse technique à l’illectronisme. C’est un projet de société. Il allie écologie, inclusion et innovation sociale. Comme le résume Manon Le Roux : On ne recycle pas seulement des ordinateurs. On recycle des vies.
L’État s’est engagé à remettre deux millions d’ordinateurs reconditionnés aux ménages les plus modestes d’ici 2027, afin de lutter contre l’illectronisme et favoriser l’inclusion numérique.
OGO est un réseau breton de reconditionnement informatique solidaire, qui collecte, remet en état et distribue des ordinateurs usagés à des personnes en situation de précarité, tout en accompagnant leur insertion professionnelle et numérique.
Les bénéficiaires sont principalement des ménages aux revenus modestes, des personnes âgées, des chômeurs, des familles monoparentales ou des jeunes en recherche d’emploi, accompagnés par des structures sociales.
Le reconditionnement réduit l’extraction de ressources, limite la production de déchets électroniques et diminue l’empreinte carbone liée à la fabrication de nouveaux équipements.
Oui, les ateliers de reconditionnement emploient des personnes en parcours d’insertion, qui acquièrent des compétences techniques et professionnelles, souvent porteuses d’un avenir durable dans le numérique ou la réparation.
La remise de l’ordinateur est systématiquement accompagnée d’une initiation aux usages de base : navigation, messagerie, démarches en ligne, sécurité. Des ateliers de médiation numérique sont également proposés à distance ou en présentiel.
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