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Une nouvelle équipe dirige Ose Immuno à Nantes et Paris — ce que cela change pour la biotech en 2025

Le monde des biotechnologies, souvent perçu comme un écosystème feutré et technique, n’est pas à l’abri des luttes de pouvoir. À Nantes, Ose Immunotherapeutics, société spécialisée dans le développement de traitements innovants contre le cancer et les maladies inflammatoires, vient de vivre un tournant décisif. Une recomposition radicale de son conseil d’administration, orchestrée par des actionnaires historiques, a bouleversé l’équilibre interne de l’entreprise. Ce changement, loin d’être anecdotique, reflète une volonté collective de recentrer la stratégie sur des priorités claires : la recherche de partenariats pharmaceutiques solides et la poursuite du développement de médicaments prometteurs, comme Tedopi, sans compromettre les fondamentaux qui ont fait la réputation de la société depuis sa création en 2016.

Qui sont les acteurs de ce changement de cap à Ose Immunotherapeutics ?

À l’origine du renouvellement du conseil d’administration d’Ose Immunotherapeutics, trois figures emblématiques du parcours de la société : Émile Loria, investisseur averti et soutien de longue date ; Dominique Costantini, cofondatrice, dont la vision scientifique a guidé les premières années de la biotech ; et Alexis Peyroles, ancien dirigeant, revenu au cœur du jeu stratégique. Ensemble, ils ont mené une campagne d’actionnariat ciblée, convaincant une majorité lors de l’assemblée générale du 30 septembre. Leur résolution a été adoptée, marquant la fin d’un cycle et l’ouverture d’un nouveau chapitre.

Le départ de Didier Hoch, ancien président du conseil d’administration, symbolise cette rupture. Bien que respecté pour son parcours, son orientation stratégique semblait s’éloigner des principes fondateurs. Il y avait une forme de dérive, une tendance à vouloir tout internaliser, à ne pas chercher assez tôt les alliances nécessaires , confie un cadre anonyme de la société, qui préfère rester discret sur les tensions internes. Nous avons besoin de respirer, de nous appuyer sur des partenaires capables de porter les essais cliniques à grande échelle.

Qui est Markus Cappel, le nouveau président ?

Le choix de Markus Cappel comme nouveau président du conseil d’administration n’est pas anodin. Cet Allemand, fort de plus de trente ans d’expérience dans l’industrie biopharmaceutique, notamment aux États-Unis, incarne une expertise internationale rare. Son parcours l’a mené à diriger des filiales de grands groupes, à négocier des partenariats transatlantiques et à accompagner des sociétés en phase de croissance exponentielle.

Markus n’est pas un homme de laboratoire, mais un bâtisseur d’alliances , explique Pascale Briand, nouvelle administratrice et spécialiste des affaires réglementaires. Il sait comment faire passer un médicament du stade de la recherche à celui du marché. C’est exactement ce dont nous avons besoin.

Le profil de Cappel rassure aussi les petits actionnaires. Il parle le langage des investisseurs, mais il comprend la science , ajoute Jonathan Cool, autre nouveau membre du conseil, ancien consultant en biotech. Il peut servir de pont entre les scientifiques et les financiers, ce qui est crucial à ce stade de développement.

Pourquoi ce changement est-il perçu comme une victoire pour les fondateurs ?

Depuis plusieurs mois, Ose Immunotherapeutics était secouée par des divergences stratégiques profondes. Les fondateurs, dont Dominique Costantini, ont toujours défendu une approche collaborative : développer des candidats médicaments en partenariat avec de grands groupes pharmaceutiques pour mutualiser les risques financiers et accélérer les essais cliniques. Cette méthode, éprouvée dans le secteur, permet de préserver la trésorerie tout en assurant une visibilité internationale.

Or, l’équipe précédente semblait vouloir emprunter une autre voie : une stratégie plus indépendante, plus risquée, visant à conserver la pleine propriété des brevets et à assumer seul le coût des phases avancées de développement. Une vision qui, selon les opposants, mettait en péril la pérennité de l’entreprise. Ce n’était pas une question de personnes, mais de méthode , insiste Émile Loria dans un entretien exclusif. Nous avons bâti Ose sur la prudence et l’innovation ciblée. Il ne s’agit pas de tout miser sur un seul cheval, mais de construire un portefeuille solide avec des partenaires de confiance.

Quel avenir pour Nicolas Poirier, le directeur général ?

Nicolas Poirier, directeur général d’Ose Immunotherapeutics, a été révoqué de son poste d’administrateur, mais conserve, pour l’instant, ses fonctions opérationnelles. Une situation ambiguë, qui interpelle les observateurs. Le conseil d’administration doit l’entendre, ainsi que le directeur financier, le jeudi 2 octobre. Une audition qui pourrait décider de son avenir.

C’est un excellent manager, mais il était trop aligné sur la précédente stratégie , analyse Marc Le Bozec, nouveau membre du conseil et expert en gouvernance d’entreprise. Nous devons maintenant évaluer sa capacité à s’adapter au nouveau cap.

Des rumeurs circulent déjà dans les couloirs du siège nantais. Certains salariés craignent un climat de suspicion, d’autres espèrent un renouveau. Caroline Mary, représentante des actionnaires salariés au sein du conseil, tente de rassurer : Le but n’est pas de sanctionner, mais de clarifier. Nous voulons une direction alignée sur les objectifs du conseil, rien de plus.

Quel impact sur les projets phares de la société ?

Ose Immunotherapeutics dispose d’un portefeuille de médicaments en développement particulièrement prometteur. Tedopi, son vaccin thérapeutique contre les cancers du poumon non à petites cellules et du pancréas, a déjà fait l’objet d’essais cliniques encourageants. Le traitement cible spécifiquement les cellules tumorales en stimulant le système immunitaire, une approche novatrice dans la lutte contre des cancers particulièrement résistants.

Autre projet clé : Lusvertikimab, un anticorps monoclonal destiné aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, notamment la rectocolite hémorragique. Cette pathologie, qui touche des millions de personnes en Europe, manque encore de traitements efficaces et bien tolérés. Lusvertikimab pourrait combler un vide thérapeutique majeur , affirme Shihong Nicolaou, chercheuse et membre du nouveau conseil. Mais pour y parvenir, il faut des essais à grande échelle, financés par des partenaires solides.

Le nouveau conseil entend donc accélérer les discussions avec des laboratoires internationaux. Nous ne voulons pas vendre nos projets, mais les co-développer , précise Alexis Peyroles. C’est la seule façon de garantir leur succès sans compromettre l’indépendance scientifique de la société.

Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?

Le renouvellement du conseil d’administration a été salué par les investisseurs. En deux jours, le cours de l’action Ose Immunotherapeutics a bondi de plus de 20 %, s’établissant à 7,3 €. Une performance remarquable dans un secteur où la volatilité est fréquente et les annonces souvent mal interprétées.

Ce regain de confiance s’explique par la clarté du message , analyse Léa Fontaine, analyste financière spécialisée en biotech. Les actionnaires voient en Markus Cappel une figure rassurante, capable de naviguer dans les eaux complexes du développement pharmaceutique. Et le retour des fondateurs donne un sentiment de continuité.

Pour Émile Loria, cette réaction est un encouragement : Ce n’est pas un triomphe, c’est un début. Le vrai travail commence maintenant.

Quelles leçons tirer de ce cas pour les autres biotechs ?

L’affaire Ose Immunotherapeutics illustre un enjeu majeur pour les jeunes sociétés innovantes : l’équilibre entre ambition scientifique et réalité économique. Trop souvent, les fondateurs, passionnés par leur recherche, sous-estiment les contraintes de financement et de gouvernance. À l’inverse, les dirigeants recrutés pour leur expertise managériale peuvent perdre de vue les fondements scientifiques de l’entreprise.

Ce qui s’est passé à Nantes est un rappel à l’ordre , estime Dominique Costantini. Une biotech ne peut réussir que si ses dirigeants parlent à la fois le langage des chercheurs, des patients et des investisseurs.

Le nouveau conseil d’Ose semble avoir compris cette équation. Avec un mélange d’expérience internationale, d’expertise scientifique et de proximité avec les racines de la société, il incarne une gouvernance plus équilibrée.

Quel rôle jouent les salariés dans cette transition ?

Les 70 salariés d’Ose Immunotherapeutics, répartis entre Nantes et Paris, sont au cœur de cette transformation. Pour beaucoup, le changement de gouvernance est synonyme d’espoir. On sent une énergie nouvelle , confie un chercheur du centre de R&D nantais, qui travaille sur Tedopi depuis cinq ans. On a l’impression que nos efforts vont enfin être valorisés à l’échelle internationale.

Caroline Mary, élue par les salariés actionnaires, insiste sur l’importance de la transparence : Le conseil a besoin de nous autant que nous avons besoin de lui. Nos retours sur le terrain sont essentiels pour ajuster la stratégie.

Conclusion

Le renouvellement du conseil d’administration d’Ose Immunotherapeutics n’est pas seulement un changement de personnel. C’est un choix stratégique clair : recentrer la société sur ses fondamentaux, en misant sur la collaboration, la prudence financière et l’excellence scientifique. Avec Markus Cappel à la tête du conseil et les fondateurs de retour au premier plan, Ose semble prête à franchir une nouvelle étape. Le succès de Tedopi ou de Lusvertikimab n’est pas encore garanti, mais les conditions sont désormais réunies pour y croire.

A retenir

Quelle est la raison du changement de conseil d’administration ?

Le changement résulte d’un désaccord stratégique entre actionnaires historiques et la direction sortante. Les fondateurs souhaitent prioriser les partenariats pharmaceutiques pour sécuriser le développement des médicaments, une approche jugée plus durable que la stratégie d’indépendance totale.

Qui est le nouveau président du conseil d’administration ?

Markus Cappel, homme d’expérience dans le secteur biopharmaceutique avec plus de trente ans de carrière, notamment aux États-Unis, a été nommé président du conseil d’administration. Son profil est perçu comme un gage de professionnalisme et de capacité à nouer des alliances stratégiques.

Le directeur général Nicolas Poirier est-il menacé ?

Nicolas Poirier a été révoqué de son poste d’administrateur mais reste en fonction en tant que directeur général. Une audition par le nouveau conseil d’administration est prévue pour évaluer son alignement avec la nouvelle stratégie.

Quels sont les projets phares d’Ose Immunotherapeutics ?

La société développe notamment Tedopi, un vaccin thérapeutique contre les cancers du poumon et du pancréas, et Lusvertikimab, un traitement pour les maladies inflammatoires de l’intestin comme la rectocolite hémorragique. Ces deux candidats-médicaments sont en phase avancée de développement.

Comment la bourse a-t-elle réagi ?

Le titre Ose Immunotherapeutics a gagné plus de 20 % en deux jours après l’assemblée générale, passant à 7,3 €. Cette réaction positive traduit la confiance retrouvée des investisseurs dans la nouvelle gouvernance.

Anita

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