Permis Examen Medical Obligatoire 2025
Paris, un lundi de juin. Roger Affre, 74 ans, retraité de l’éducation nationale, roule depuis cinquante-trois ans avec le même permis rose. Jusqu’à ce que sa petite-fille lui montre un article sur un nouveau projet de loi : un examen médical obligatoire tous les cinq ans pour les plus de 70 ans. « Je n’ai jamais eu d’accident, jamais de convocation, alors pourquoi maintenant ? » sonne-t-il dans le salon de sa maison de Fontainebleau. Quelques kilomètres plus loin, à Barbizon, Solange Ferreira, 68 ans, mdph retraitée, pilote une Citroën C3 flambant neuve. Elle attend son 70e anniversaire avec inquiétude : « L’idée de ressentir une suspicion dès que je monte en voiture me gêne », confie-t-elle. Leur histoire se croise avec une initiative parlementaire déposée en avril à l’Assemblée nationale. Un seul objectif : moderniser la sécurité routière en imitant ce que d’autres pays européens pratiquent déjà depuis longtemps.
Le texte propose deux rythmes d’examen différents. D’abord, à partir de 70 ans, chaque conducteur devra fournir un certificat médical datant de moins de cinq ans pour conserver son permis. Ensuite, tous les autres conducteurs – qu’ils aient 18 ou 69 ans – devront subir un premier examen, puis renouveler l’opération quinze ans plus tard. Pas de visite inopinée : un courrier l’informera trois mois avant l’échéance. Les médecins agréés contrôleront la vision à 20 m, l’audition conversationnelle, la coordination et la vigilance. Si le bilan échoue, le conducteur aura droit à un contre-examen avec un spécialiste. En cas d’échec repéré, une procédure de retrait progressif peut démarrer : permis limité à 50 km/h, interdiction de conduire de nuit ou, au pire, invalidation définitive.
L’Espagne exige un certificat médical dès 65 ans chaque fois que le conducteur renouvelle son permis, limite qui tombait auparavant à 45 ans. Les fournisseurs d’assurances espagnols ont constaté une baisse de 7 % des sinistres graves impliquant des seniors entre 2015 et 2022. En République tchèque, le test clinique comprend un exergue visuel interactif et une mise en situation de freinage d’urgence virtuelle. À Athènes, les services de santé publique assurent le contrôle gratuitement dans les centres de dépistage mobile installés dans les parkings. Ces expériences montrent des parcours très administratifs mais déjà rodés, souvent couplés à une campagne de communication « rouler longtemps, rouler en sécurité ».
Dès 40 ans, tout Portugais doit passer un test psychotechnique tous les dix ans. La mesure est née en 2008 après trois accidents spectaculaires provoqués par des conducteurs victimes de malaises. À 70 ans, l’examen devient complet : tension, dosage sanguin, réflexes et même question sur la prise de somnifères. « J’ai commencé à 42 ans, le médecin m’a diagnostiqué un début de cataracte, relate Joaquim Braz, commercial retraité de Porto. J’ai été opéré et j’ai repris le volant en toute lucidité. » La mortalité routière a chuté de 19 % chez les plus de 70 ans en dix ans, selon l’Institut portugais de la circulation.
Rome pratique une échelle mobile. Jusqu’à 50 ans, un billet d’aptitude valable dix ans suffit ; ensuite la durée rétrécit. À 73 ans, Gioele Tucci, photographe, doit repasser devant le panel médical pour la troisième fois en deux ans. « Attention, on ne parle pas d’examen du style permis code, précise-t-il, mais d’un entretien très orienté : reconnaissance d’images, test de mémoire, épreuves sur simulateur. » Un algorithme évalue si le candidat a des lacunes d’attention trop prononcées. Le dispositif a coûté 17 millions d’euros sur cinq ans aux finances locales, mais les économies liées à la prévention (hospitalisation, sinistres) ont atteint 49 millions selon la Cour des comptes italienne.
Pour ces quatre voisins nordiques et néerlandais, l’harmonisation se fait autour des 70 ans. Tous les cinq ans, un examen médical évalue le risque cardiovasculaire et l’acuité visuelle. Au Danemark, le certificat reçu couvre aussi la permission de tracter une caravane. En Finlande, le cout du test est pris à 80 % par la Sécurité sociale si le patient rapporte un historique diabétique. Au Pays-Bas, des assurances comme Interpolis offrent une réduction de 15 % sur la prime si le conducteur passe un test volontaire dès 65 ans, mesure désormais plébiscitée par les retraités qui voient leur budget essence en bénéficier.
Après 65 ans, la république slovaque impose un examen tous les deux ans. « Les enjeux sont minces mais vitaux », raconte Jana Kalistova, neurologue à Bratislava. Elle a reçu en 2023 un homme de 81 ans en pleine forme qui échoua pourtant au test de perception périphérique : « Ses yeux voyaient devant, mais il ignoraient complètement les dangers venant de la droite. » La conduite a été suspendue pour deux mois et moults rééducations visio-motrices permirent une reprise partielle : restriction à 30 km/h sur voies rapides supprimées. Leur chiffre d’accidents graves a chuté de 22 % sur la même tranche d’âge entre 2015 et 2022.
Chiffres européens à l’appui : en moyenne, les dix pays pratiquant des examens réguliers chez les seniors ont vu leur taux de blessés graves diminuer de 14 % en dix ans, contre seulement 6 % dans les États sans contrôle ciblé. La Commission européenne estime qu’un accident mortel coûte 2,1 millions d’euros à la société (soins, procédures, préjudice moral). Ainsi, prévenir vingt-trois accidents représenterait déjà 48 millions d’euros économisés, soit plus que le budget annuel installé pour l’ensemble des centres de dépistage européens réunis.
Côté opposition, la Ligue pour la défense des usagers de la route redoute « une forme d’âgisme déguisé ». Son président affirme que « 95 % des seniors n’ont aucune affection invalidante ». À l’inverse, l’association Prévention routière rappelle que le vieillissement normal entraîne « une perte de 30 % d’acuité visuelle nocturne entre 65 et 75 ans ». Les assureurs, eux, restent favorables : AXA France promet une baisse de 10 à 12 % de la prime pour les seniors ayant un certificat médical à jour, à l’exemple de leur succursale italienne qui pratique déjà l’avantage.
Julien Riffard, 42 ans conducteur de bus à Lille, a testé un simulateur développé par l’École des mines. Le bilan dure dix minutes : « Il m’a décelé une fatigue oculaire due aux trajets de nuit, je vais changer mes lunettes. Imagine le même geste à 72 ans pour anticiper un accident. » Ce genre de cabine pourrait se planter dans les grandes surfaces pour visualiser la perte de champ visuel en offrant un droit passage immédiat chez l’ophtalmo du centre commercial.
Liste de contrôle : carnet de santé complet, liste des médicaments, dernière ordonnance pour les lunettes et examen auditif datant de moins de cinq ans. Trois rendez vous à planifier : médecin agréé, spécialiste ophtalmo si défaut constaté, ORL si perte d’audition douteuse. Coût estimé : 65 euros pris en charge à 60 % par la mutuelle senior si l’adhésion date de plus d’un an. Le tout dématérialisé via un téléservice prévu par l’ANTS pour faciliter les démarches.
Pour Marie-Claire Litwin, 75 ans, ancienne infirmière : « Je préfère qu’on se soucie de ma santé plutôt que de m’apprendre un drame. » Laurent Bartoli, 33 ans conducteur-livreur, approuve : « Ma grand-mère a 78 ans, elle n’a plus toute sa vue de l’œil gauche, elle freine d’instinct sur la file de gauche. Le test obligatoire est une sécurité pour elle comme pour moi. » Marion Delbos, 19 ans étudiante en sociologie, y voit « une manière de concilier jeunesse et troisième âge sur le même thème : rester mobile sans mettre la vie des autres en danger ».
À l’évidence, la route n’est pas un droit inaliénable, mais un contrat de confiance. La mise sous surveillance médicalisée des seniors comme des plus jeunes n’a pas vocation à retirer le permis, mais à ajuster la vie derrière le volant. Trente millions de Français seront concernés, certains réticents, d’autres soulagés. Le même Roger Affre de Fontainebleau conclut : « Si c’est le prix pour continuer à emmener Julie, ma petite fille de 8 ans, à l’école sans danger, je prends rendez-vous dès demain matin. »
Si le texte est adopté, le premier examen médical arrivera à 70 ans et devra être renouvelé tous les cinq ans.
Oui, tous les conducteurs de quelque âge que ce soit devront passer un premier examen, puis le rééditer quinze ans plus tard.
Entre 60 et 70 euros, avec jusqu’à 60 % de remboursement possible selon la mutuelle.
Un second passage avec un spécialiste est possible, puis, si nécessaire, une limitation ou un retrait temporaire du permis.
Oui, réduction moyenne de 14 % des accidents graves chez les seniors dans les dix pays concernés par des contrôles réguliers.
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